BARRY, JOHN ALEXANDER, marchand et homme politique, né à Shelburne, N.-É., vers 1790 ; le 20 juin 1814, il épousa à Halifax Mary Black (décédée en 1833), fille du révérend William Black*, ministre méthodiste, et ils eurent 5 enfants, puis, le 30 avril 1835 à New York, Eliza (Elisa) Ann (Anna) Mercein, et ils eurent 2 enfants, et enfin, vers 1860, Sophia Pernette ; décédé le 2 octobre 1872 à La Have, N.-É.
John Alexander Barry était le fils de Mary Jessop et de Robert Barry, marin écossais qui abandonna son navire à New York, s’y installa et devint un méthodiste dévoué. En 1783, vers la fin de la révolution américaine, il s’enfuit avec d’autres loyalistes new-yorkais à Port Roseway (Shelburne), où il s’établit rapidement comme un marchand prospère en faisant le commerce de produits en provenance des Antilles et de l’Angleterre. Il exploita plusieurs magasins en Nouvelle-Écosse et un au Nouveau-Brunswick ; il achemina également des marchandises jusqu’à Terre-Neuve. Des descriptions de son entreprise de transport et de ses efforts pour encourager la propagation du méthodisme figurent dans les journaux intimes de son ami Simeon Perkins*.
John Alexander Barry intégra l’entreprise paternelle, à l’instar de ses frères. En 1827, il fut élu à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse en tant que représentant du canton de Shelburne. Deux ans plus tard, il fit beaucoup parler de lui, au point de devenir quelque temps un héros populaire en Nouvelle-Écosse. En effet, il laissa entendre en chambre qu’un des membres de l’Assemblée, le colonel Joseph Freeman, s’était livré à la contrebande. Malgré l’ordre de l’Assemblée, il refusa de se rétracter et se montra dès lors si intransigeant et si fougueux que la chambre finit par le bannir et ordonna son incarcération pour la durée de la session. Lorsque la chambre blâma publiquement les rédacteurs de deux journaux de Halifax, l’Acadian Recorder et le Free Press, d’avoir fourni à Barry l’occasion de se défendre, Joseph Howe, propriétaire du journal Novascotian, déclara en guise d’avertissement : « si les rédacteurs sont blâmés devant la Chambre, les membres de l’Assemblée peuvent s’attendre à comparaître ensemble ou à tour de rôle au tribunal de l’opinion publique qui les jugera sévèrement ».
La population eut plus de sympathie pour Barry que pour l’Assemblée et plusieurs députés furent « hués dans les rues, sifflés sur leur passage, atteints par de la neige, de la boue, des pierres et autres projectiles, et accueillis par toutes les injures que la colère peut inspirer à une populace irresponsable et écervelée ». L’Assemblée rétablit très vite son autorité mais les « émeutes de Barry » entrèrent dans le folklore de la province. Après sa libération, Barry fit des recherches minutieuses dans les comptes rendus des débats de la chambre des Communes de Londres et publia 25 lettres dans l’Acadian Recorder afin de démontrer qu’il n’existait, dans l’histoire parlementaire de Grande-Bretagne, aucun précédent qui justifiât son arrestation ou son expulsion. Comme il s’était rangé du côté des tories durant la fameuse « querelle du brandy » en 1830 [V. Enos Collins], Barry ne réussit jamais à se faire réélire à l’Assemblée.
En 1847, Barry se retrouva à nouveau dans un imbroglio juridique. Il devint la figure centrale d’une bataille judiciaire qui concernait la garde de la fille née de son deuxième mariage. La mère, Eliza Mercein, avait quitté la Nouvelle-Écosse et était retournée dans son New York natal. Cinq années de « longs procès controversés » s’ensuivirent. L’affaire fut finalement portée devant la Cour suprême des États-Unis, qui la rejeta pour défaut de compétence. Même si elle n’aboutit pas, l’affaire Barry c. Mercein s’avéra un précédent important dans la définition des limites de l’autorité judiciaire fédérale dans la vie familiale des Américains.
Par la suite, Barry ne retint l’attention du public que par ses conférences sur les Micmacs (Mi’gmaqs), leurs chefs, leurs coutumes et leur artisanat, ainsi que sur d’autres nations autochtones d’Amérique du Nord. Il donna la plupart de ses conférences à Halifax, sans toutefois susciter le même enthousiasme qu’en 1829.
Acadian Recorder (Halifax), 1829–1830.— Novascotian (Halifax), 1829–1830.— J. M. Beck, Privileges and powers of the Nova Scotia House of Assembly, Dal. Rev., XXXV (1955–1956), 351–361.— George Cox, John Alexander Barry and his times, N.S. Hist. Soc. Coll., XXVIII (1949), 133–146.
Bibliographie de la version modifiée :
Ancestry.com, « Registres paroissiaux de l’Église méthodiste unie, New York, New Jersey et Connecticut, États-Unis, 1775 à 1949 », John A. Barry et Elisa Anna [Ann] Mercein, New York, 30 avril 1835.— N.S. Arch. (Halifax), MG 1, vol. 90E et 120 (Barry, Hicks family) ; « Nova Scotia births, marriages, and deaths », John A. Barry et Mary Black, Halifax, 20 juin 1814 (marriage bond).— Barry c. Mercein (1847), U.S. Reports (Boston), 46 (5 How.) : 103—121.— Simeon Perkins, The diary of Simeon Perkins, H. A. Innis et al., édit. (5 vol., Toronto, 1948–1978).
J. Murray Beck, « BARRY, JOHN ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 juin 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/barry_john_alexander_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/barry_john_alexander_10F.html |
Auteur de l'article: | J. Murray Beck |
Titre de l'article: | BARRY, JOHN ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 2025 |
Date de consultation: | 5 juin 2025 |