HOMER, JOHN, capitaine de navire, marchand, homme politique et auteur, né le 3 septembre 1781 à Barrington, Nouvelle-Écosse, fils de Joseph Homer et de Mary Atwood ; en 1812, il épousa Elizabeth B. White, et ils eurent trois fils, puis le 21 juillet 1823, à Halifax, Nancy Crocker, veuve, et de ce mariage naquirent deux fils et deux filles ; décédé le 3 mars 1836 à Halifax.

John Homer était le petit-fils d’un marchand de Boston qui s’était établi à Barrington au début de la Révolution américaine. Son père fut pendant plus de 20 ans commis et teneur de livres chez un autre marchand de la même ville, John Sargent*. John prit la mer très jeune, comme beaucoup d’autres garçons de la côte néo-écossaise. Il se fixa aux États-Unis à l’âge de 17 ans et « pour des raisons commerciales devint citoyen de ce pays ». En 1814, à cause de la guerre qui sévissait entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, il prêta le serment d’allégeance à George III, construisit une maison à Barrington et y installa sa famille.

Une fois la guerre terminée, en 1815, Homer, comme d’autres Néo-Écossais, transporta des cargaisons de poisson aux Antilles, investit le produit de ses ventes dans l’achat de denrées et fit souvent voile vers les États-Unis pour y acheter de la farine et des céréales panifiables qu’il revendait ensuite chez lui. Après qu’on eut banni des ports américains les navires immatriculés en Nouvelle-Écosse en septembre 1818, Homer voyagea « sur des navires attachés à Boston, soi-disant à titre de pilote mais en réalité comme capitaine ». En cinq ans, il fit une cinquantaine de voyages au cours desquels il emportait chaque fois « entre trois et trente milliers de dollars » pour acheter de la farine et d’autres marchandises aux États-Unis. Il fit également du commerce en Hollande, au Danemark, en Norvège et en Suède.

Le 6 juillet 1826, Homer fut élu député du canton de Barrington. Pendant les années où il siégea à l’Assemblée, il n’y avait pas encore de partis politiques organisés, mais en général il vota du côté de la minorité. Ainsi, en 1829, il faisait partie du groupe restreint de dix députés qui réclamèrent l’annulation de la résolution qui condamnait le député John Alexander Barry* à l’emprisonnement et, en 1834, il se trouva au sein de la minorité qui vota en faveur d’un conseil électif. Selon le compte rendu du débat sur l’ampleur de la liste civile, tenu la même année, Homer déclara qu’« on lui-avait prêté publiquement l’intention de voter contre tout – il voterait contre tout ce qui est mauvais, et il voterait certainement contre tout ajout à la liste civile, quel qu’il soit ». « Est-il conforme à la justice et aux droits de l’homme, demandait-il, qu’un individu qui occupe une charge publique reçoive, à lui seul, 69 fois plus que ce qu’un travailleur peut gagner ? »

Homer fut particulièrement actif au sein du comité des pêches, dont il fit partie de 1827 à 1835. Le coût élevé de l’équipement des expéditions de pêche faisait constamment l’objet de plaintes, et à titre de député d’un canton où presque toute la population mâle travaillait dans les pêches, le transport maritime ou la construction de navires, Homer préconisait que le gouvernement provincial verse des primes généreuses sur le sel, le poisson et le tonnage des bateaux. Avec d’autres députés qui représentaient des régions de pêche, il parvint à faire adopter à cette fin des projets de loi ; cependant, le Conseil de la Nouvelle-Écosse, plus intéressé à l’exportation qu’à la pêche, les bloqua. Toutefois, en 1828, par suite d’un compromis, le Parlement affecta £15 000 au versement de primes sur la morue séchée exportable et sur le tonnage des navires immatriculés dont le propriétaire résidait en Nouvelle-Écosse et qui pêchaient à proximité des rives, en mer ou au Labrador.

En 1833, le comité des pêches recommanda de mettre £12 000 de côté pour aider les pêches pendant trois autres années, mais on n’adopta pas son rapport. L’année suivante, les capitaines des bateaux qui pêchaient au Labrador à partir de Barrington demandèrent une prime « pour encourager [leurs] pêcheurs à faire leurs expéditions à partir de chez eux dans [des] bateaux [néo-écossais] » plutôt qu’américains. En qualité de président du comité des pêches, Homer fit remarquer que le gouvernement américain versait une prime de 4 $ le tonneau et que bien des pêcheurs de Barrington et d’Argyle travaillaient sur des navires attachés à Easport, dans le Maine. Il demanda qu’on verse une prime de tonnage équivalente à la prime américaine ; il réclama également une prime pour ceux qui pêchaient « le maquereau à l’hameçon entre le cap de Sable et le cap Canso ». L’Assemblée accepta de verser pendant trois ans une prime de tonnage, mais le conseil rejeta le projet de loi ; l’Assemblée refusa d’aider la pêche au maquereau.

Homer ne se contenta pas d’une action politique dans le domaine de la pêche. Il fonda la Halifax and Barrington Fishing Association, qui exploita trois bateaux pendant plusieurs années. Les voyages du schooner Betsey rapportèrent quelques bénéfices mais, dans l’ensemble, l’entreprise connut des pertes beaucoup plus lourdes que prévu. Au cours d’une réunion des actionnaires à Halifax, en février 1835, Homer déclara que l’association était « une affaire ruineuse », et les actionnaires décidèrent de vendre les bateaux et tous leurs autres biens aux enchères.

Même s’il représentait une circonscription dont l’activité principale était la pêche, Homer demeura « un grand ami des agriculteurs ». Il fit partie du comité d’agriculture de l’Assemblée de 1829 à 1835 et fut président de la Barrington Agricultural Society, fondée en 1831. En 1834, il publia à Halifax A brief sketch of the present state of the province of Nova-Scotia, with a project offered for its relief. Il y préconisait de protéger les fermiers néo-écossais par des mesures similaires aux Corn Laws britanniques : bannissement de l’importation de farine américaine, aide gouvernementale aux moulins qui produisaient de la farine de blé et d’avoine, établissement d’un grenier central à Halifax où on pourrait inspecter, emballer et distribuer la farine de la colonie. Ces mesures, assurait-il, apporteraient aussi une aide énorme aux pêcheurs, puisqu’elles mettraient fin « à la fuite constante de numéraire [néo-écossais] causée par l’achat de farine aux États-Unis ».

Homer mourut d’une maladie pulmonaire pendant une session législative ; le Conseil de la Nouvelle-Écosse et l’Assemblée suspendirent leurs travaux pour assister à ses funérailles, le 5 mars 1836. On peut lire sur sa tombe, au cimetière St Paul, qu’à titre de député il avait « défendu les droits du peuple avec honnêteté et constance ». L’Acadian Recorder rendit hommage à sa « franche sincérité de caractère [et à] l’invariable indépendance de sa conduite », tandis qu’Alexander Lawson* du Yarmouth Herald notait : « avec zèle et conviction, il mit toujours ses aptitudes au service de ce qu’il croyait être à l’avantage de sa terre natale ».

Dans son testament, John Homer légua une moitié de ses biens aux fils qu’il avait eus de son premier mariage, et l’autre moitié à sa femme. Malheureusement, il mourut insolvable avec des dettes qui totalisaient £l 238. L’inventaire de la succession révèle qu’il possédait un intérieur plus luxueux que n’en avait d’ordinaire un pêcheur ou un commerçant, car il s’y trouvait une quantité considérable de meubles en acajou, de porcelaine, de verrerie, d’argenterie et de livres – dont des œuvres d’Adam Smith, de Joseph Addison et de sir Walter Scott. On autorisa sa veuve à conserver quelques meubles et ustensiles pour elle et ses quatre jeunes enfants, mais on vendit le reste.

Phyllis R. Blakeley

PANS, MG 3, 1873 ; RG 1, 227, doc. 20–21 ; RG 5, P, 42, 1834 ; 121–122 ; RG 14, 58, no 61.— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of marriages, 21 juill. 1823 ; reg. of burials, 5 mars 1836 (mfm aux PANS).— « Barrington, Nova Scotia, vital records », A. A. Doane, édit., Mayflower Descendants (Boston), 8 (1906) : 140.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1826–1836.— Acadian Recorder, 11 nov. 1820, 7 févr. 1835, 5 mars 1836.— Novascotian, or Colonial Herald, 11 mars, 1er, 29 avril, 17 juin 1830, 8, 16 févr., 29 mars 1832, 27 févr., 10, 17, 24 avril, 4, 11, 25 déc. 1834, 3 mars 1836.— Yarmouth Herald and Western Advertiser (Yarmouth, N.-É.), 12, 18 mars 1836.— Directory of N.S. MLAs.— Edwin Crowell, A history of Barrington Township and vicinity [...] 1604–1870 (Yarmouth, [1923] ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 293, 298–299, 311, 418–420, 492–493.— A. A. Lomas, « The industrial development of Nova Scotia, 1830–1854 » (thèse de m.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1950), chap. 4.— W. G. Crowell, « John Homer, M.L.A., of Barrington », N. S. Hist. Soc., Coll., 32 (1959) : 31–54.

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Phyllis R. Blakeley, « HOMER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/homer_john_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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