On ignore tout de la vie de Peter Byers (mort en 1815), dit Black Peter, sauf les événements qui se produisirent durant ses derniers jours. Les membres de sa famille, d’anciens esclaves, étaient probablement arrivés dans la colonie après la guerre d’Indépendance américaine avec leur maître d’alors. À cette époque-là, dans ce qui deviendrait l’Île-du-Prince-Édouard, il n’y avait que la pendaison pour punir le vol, crime pour lequel Byers plaida coupable.

BYERS, PETER, dit Black Peter, travailleur, né probablement après 1796 dans l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) ; décédé en mars 1815 à Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard.

Au milieu de la deuxième décennie du xixe siècle, l’esclavage était probablement devenu chose du passé dans l’Île-du-Prince-Édouard. Mais la petite population noire de la colonie comptait beaucoup d’anciens esclaves. Une des familles de cette communauté était celle de John Byers, dit Black Jack, désigné en 1796 comme « un Nègre du colonel Robinson » ; son maître était sans aucun doute Joseph Robinson, alors un des juges adjoints de la Cour suprême. Byers et sa femme, Amelia, étaient probablement venus dans l’île avec Robinson après la Révolution américaine. Ils avaient un certain nombre d’enfants, mais on ne connaît pas au juste le rang qu’occupait Peter dans la famille. Au reste, on ignore tout de lui, à part les événements qui conduisirent à sa mort. Il n’eut apparemment aucun démêlé avec la justice avant 1815, même si son père avait été accusé de vol l’année précédente. Défendu par un avocat de Charlottetown, James Bardin Palmer*, Byers père avait été reconnu non coupable.

Au début de 1815, une effraction fut commise pendant la nuit à la boutique de James Gibson, marchand de tabac, et l’on y vola la somme de £5 environ. Un certain nombre de pièces de monnaie étaient identifiables, dont « une demi-couronne anglaise à l’effigie du roi Guillaume, qui avait un trou du côté des armoiries et près du centre de celles-ci ». Le 24 février, Peter Byers donna cette pièce, parmi plusieurs autres, au constructeur de moulins John Spittal, en paiement d’une dette. Spittal, qu’on avait averti d’être à l’affût des pièces volées, porta directement l’affaire devant les autorités. On lança un mandat d’arrestation contre Byers, qui fut longuement questionné.

Pendant les trois jours suivants, les transactions financières de la famille Byers au complet firent l’objet d’une enquête ; il semble que plusieurs d’entre eux furent trouvés en possession de fonds aux origines inexpliquées. Au fur et à mesure qu’on poussa l’enquête, un fatras d’explications contradictoires se fit jour. Peter lui-même, tout d’abord, affirma que la demi-couronne qui avait amené son arrestation faisait partie d’une somme d’argent qu’il avait reçue comme salaire et donnée à sa mère ; cette dernière lui avait plus tard remis la pièce en question. John et Amelia, pour leur part, affirmèrent qu’aucune somme en leur possession ne leur était venue de Peter, et que l’argent qu’ils avaient récemment dépensé avait été trouvé par John sur la route. Interrogé de nouveau le 4 mars, Peter admit finalement avoir participé au vol, affirmant que William Billinger, un autre Noir, et lui avaient projeté de faire un vol dans le magasin, mais que c’est Billinger qui défonça la porte et prit l’argent où il était caché. Il expliqua sa nouvelle version en disant qu’il avait « raconté tant de mensonges dans cette affaire qu’il ne pouvait plus trouver le repos ». Mais Billinger avait un alibi : il était si ivre, le soir en question, qu’il avait été incapable de quitter la maison où s’était déroulée la beuverie. Son employeur, William Gardner, confirma cette version.

L’affaire fut portée devant la cour, pour être jugée, le 8 mars ; le tribunal était présidé par le juge en chef Thomas Tremlett*, et Peter plaida coupable. Il reçut sa sentence trois jours plus tard. Le fait de revendiquer le privilège de clergie avait eu pour résultat d’alléger la sentence de personnes reconnues coupables de crimes capitaux, mais une loi de 1792 avait éliminé le vol simple et le vol de nuit avec effraction de la liste des crimes éligibles à ce privilège. Peter, dès lors, n’avait aucun recours : il fut condamné à être pendu. Douze jours plus tôt, dans la même salle d’audience, son frère Sancho avait reçu la même sentence pour avoir volé un pain et une livre de beurre.

Ces sentences furent exécutées dès la fin du mois. Leur rigueur n’était pas disproportionnée, compte tenu d’autres sentences de l’époque, et elle reflétait les valeurs de la société coloniale. Le droit de propriété était garanti par la loi, et l’effraction, particulièrement de nuit, était considérée comme un crime odieux ; même lors de la réforme du droit criminel, en 1836, le vol de nuit avec effraction demeura une offense punissable de mort. Peter et Sancho Byers furent condamnés à la pendaison, non en raison de leur couleur, mais parce qu’ils furent jugés coupables et qu’il n’y avait point d’autre peine pour de tels crimes.

H. T. Holman

APC, MG 24, D99 : 8–10.— PAPEI, RG 6, Supreme Court, case papers, 1814, King v. John Byers ; 1815, King v. Peter Byers ; King v. Sancho Byers ; minutes, 1814–1815.— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), Reg. of baptisms (mfm aux PAPEI).— J. A. Mathieson, « Bench and bar », Past and present of Prince Edward Island [...], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 121–142.

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H. T. Holman, « BYERS, PETER, dit Black Peter », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byers_peter_5F.html.

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Titre de l'article:    BYERS, PETER, dit Black Peter
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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