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CHARTIER, ÉTIENNE, journaliste, avocat, éducateur, prêtre catholique, administrateur scolaire et patriote, né le 26 décembre 1798 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, Bas-Canada, fils de Jean-Baptiste Chartier et de Marie-Geneviève Picard Destroimaisons ; décédé le 6 juillet 1853 à Québec.
Fils de cultivateur, Étienne Chartier est le sixième d’une famille de dix enfants. Son enfance se déroule dans un milieu solidement attaché aux valeurs du monde rural et aux traditions religieuses qui en font partie : travail des champs, relations étroites entre voisins et échanges de vues sur les récoltes, pratique religieuse intense, autorité morale considérable du curé. À Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud où ils se sont établis un peu avant 1760, les Chartier passent pour des gens de caractère difficile, de voisinage redoutable et de tendance contestataire. À l’occasion, il leur arrive de s’en prendre au curé de la paroisse. En 1803, par exemple, lorsque le curé de Saint-Pierre-du-Sud, Joseph-Michel Paquet, décide d’abolir la fête patronale, sujette à des réjouissances et à des débordements de toutes sortes, le père d’Étienne Chartier manifeste ouvertement sa désapprobation. L’hostilité des Chartier envers les Britanniques est aussi connue de tous. Attitude au demeurant peu surprenante dans une famille où les grands-pères paternel et maternel se sont joints aux Bostonnais lors de l’occupation américaine de 1776 pour repousser les troupes britanniques installées dans la paroisse. Aussi, dès ses premières années, le jeune Étienne a-t-il appris à maudire le despotisme britannique et a-t-il développé en lui les premiers aspects d’un esprit d’indépendance dont il fera de plus en plus preuve à mesure qu’il grandira.
Chartier aurait pu suivre les traces de son père et de ses frères. Mais comme il est de nature chétive, ses parents considèrent qu’il ne sera pas un bon cultivateur et décident de l’envoyer à la petite école latine de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud dont le principal professeur est M. Lavignon, ex-sacristain de la chapelle des jésuites, à Québec. Ce dernier l’initie, entre autres, à la piété rigoriste, jouant ainsi un rôle fondamental dans l’acquisition des premières convictions religieuses de son élève. Après sa première année de latin en 1810–1811, Chartier entre directement en cinquième année au petit séminaire de Québec en septembre 1811. À ce jeune campagnard qui a été élevé dans un milieu nationaliste, la ville de Québec avec sa chambre d’Assemblée, enceinte des débats parlementaires et de nombreuses luttes politiques, donne l’occasion de renforcer son sentiment d’appartenance à son milieu. Chartier éprouve de la sympathie pour la cause canadienne-française. Il a sans doute la possibilité de discuter de ces questions avec Elzéar Bédard*, fils de Pierre-Stanislas Bédard*, qui compte parmi ses confrères de classe. Lorsqu’il atteint les hautes classes, il s’intéresse encore davantage à la vie publique qui le passionne. À l’instar de ses collègues, il suit de près la carrière de Louis-Joseph Papineau* au moment où celui-ci s’affirme de plus en plus comme le nouveau leader des Canadiens français. Transporté d’admiration pour ce dernier, il est un des témoins à la signature de son contrat de mariage en avril 1818.
Cette année-là, Chartier termine de bonnes études au petit séminaire de Québec. Exceptionnellement doué, il figure parmi les premiers de sa classe et remporte l’essentiel des prix au palmarès de fin d’année. Attiré par le sacerdoce, il se lie d’amitié avec des confrères de classe qui partagent les mêmes aspirations. Ignace Bourget*, futur évêque de Montréal, est sans doute celui qu’il fréquente le plus au cours de ses années passées au séminaire. Toutefois, à cette époque, les deux jeunes hommes ne semblent pas avoir exercé l’un sur l’autre une influence considérable tant leur personnalité respective était déjà fort différente.
À la fin de ses études, Chartier décide d’abord de devenir prêtre, puis, se ravisant, il opte pour la carrière d’avocat. Son dernier choix ne doit pas pour autant surprendre : il correspond à une grande vogue pour les professions libérales chez les finissants des collèges classiques du début du xixe siècle. Depuis l’avènement du régime parlementaire et le déclin de la classe des seigneurs, les gens de professions libérales en imposent par leur notabilité et leur leadership au sein de la société canadienne-française. Au même titre, ils prennent en charge le nationalisme de leurs compatriotes, en expriment les intérêts, les valeurs et les lignes de force. Certains d’entre eux sont même conquis par les idéaux de la république, de la démocratie et de la laïcité. Une fois sorti du séminaire et de son univers de certitude, Chartier se sentira lié aux idéaux de cette nouvelle classe, qui marqueront en lui le début de révisions importantes.
À l’automne de 1818, Chartier décide de rester à Québec pour y faire son droit. Il entreprend alors son stage de clerc sous la direction de Louis Lagueux*, qui sera député de la circonscription de Dorchester à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada en 1820. Cet avocat libéral et nationaliste accueille Chartier avec courtoisie et le loge chez son père, Louis Lagueux. Jeune débutant dans un cabinet, sans fortune et sans appui, Chartier a le goût des idées et des livres. Tout l’intéresse et le passionne. Au début des années 1820, époque où la lutte politique porte sur la question des subsides, Chartier brûle d’intervenir dans le débat et c’est à cette fin, selon toute vraisemblance, qu’il accepte l’emploi de rédacteur en chef du Canadien, remis sur pied par François Blanchet*. Il y rencontre Augustin-Norbert Morin* qui assume comme lui la direction du journal. Il s’entend très bien avec ce jeune intellectuel nationaliste et une amitié durable s’établit entre eux. Tous les deux rédigent des articles de fond : Chartier s’intéresse à la question de l’éducation et Morin porte son attention sur la question des subsides. Toutefois, en 1821, un an après leur engagement, les deux jeunes journalistes démissionnent à la suite de divergences idéologiques avec les propriétaires au sujet de l’orientation à donner à ce journal.
Trompé dans ses espoirs, Chartier prend la décision, la même année, d’aller poursuivre ses études au bureau de Denis-Benjamin Viger*, à Montréal. Le cabinet de Viger est sans aucun doute la meilleure école que Chartier ait pu choisir dans ce milieu de gens de professions libérales. À cette époque, Viger n’a pas moins de six jeunes clercs sous sa direction. Après Papineau, il est le leader le plus en vue du parti canadien. Chartier poursuit son stage de clerc dans un milieu qui le stimule et le passionne. Il y côtoie une jeunesse ardente, nationaliste et pétrie d’idéaux libéraux. Le 31 décembre 1823, il reçoit du gouverneur en chef du Canada, lord Dalhousie [Ramsay*], sa commission d’avocat, rejoignant ainsi les effectifs nombreux des professions libérales. Montréal compte déjà pas moins d’une cinquantaine d’avocats ; dans ce domaine, les Britanniques exercent une concurrence implacable. Criblé de dettes, contractées lorsqu’il faisait ses études de droit, et menacé de poursuites par ses créanciers, Chartier se trouve en mauvaise posture au moment où il commence à exercer sa profession.
En janvier 1825, le curé de Saint-Pierre-du-Portage (paroisse de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge), à L’Assomption, Rémi Gaulin, invite Chartier à fonder une école de fabrique dans sa paroisse. Lorsqu’il quitte Montréal le même mois, Chartier éprouve le besoin d’une période de réflexion et forme encore les projets les plus vagues sur sa vocation. Aussitôt installé dans cette paroisse, il ne tarde pas à rassembler les enfants du voisinage pour leur faire la classe. Jusque-là, Chartier est bien vu de l’ensemble du clergé et ne rencontre aucune difficulté avec ses supérieurs. Le 25 décembre 1825, Mgr Jean-Jacques Lartigue*, évêque auxiliaire de Québec à Montréal, lui confère la tonsure dans l’église Saint-Jacques. Néanmoins, sa vocation sacerdotale continue de préoccuper Chartier et de lui causer du souci. Dans les derniers moments, il devient de plus en plus difficile de cerner ses intentions. Tantôt il n’ose répondre à une vocation qui s’affirme avec constance depuis plus d’un an ; tantôt il déclare qu’il se fera prêtre lorsque le clergé paiera ses dettes. Il accusera même Jacques-Guillaume Roque*, son confesseur, d’avoir précipité sa tonsure. Son incertitude quant au choix de sa vocation va sûrement aggraver le climat d’instabilité dans lequel il remplira sa fonction de prêtre. Il est évident que le sacerdoce n’apportera pas la paix à cet être instable et passionné. Pour cette raison et pour plusieurs autres inconnues, certaines autorités ecclésiastiques vont s’opposer à ce qu’il fasse son entrée au grand séminaire de Québec. Mais très tôt celles-ci se raviseront. C’est que les diocèses de Québec et de Montréal manquent de prêtres ; le clergé vieillit et les recrues sont rares.
À l’automne de 1826, Chartier entre au grand séminaire de Québec. Quelques semaines auparavant, son frère Pierre avait consenti à faire un emprunt afin qu’il puisse liquider ses dettes. Étienne Chartier se conforme ainsi à la règle qui veut que tout candidat au sous-diaconat soit exempt de dettes. Pendant son séjour au grand séminaire, ce dernier fait surtout de l’enseignement et de la surveillance et, comme ses collègues, il a peu de temps à consacrer à sa formation théologique. Il s’en accommode d’ailleurs fort bien, puisque ses études théologiques lui apparaissent pauvres et routinières. En février 1828, une courte maladie l’oblige à un temps d’arrêt. Il en profite pour se livrer à des travaux sur l’éducation. Informé de ses recherches, le curé de Sainte-Anne, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière), Charles-François Painchaud*, songe à faire de lui le directeur du nouveau collège et l’invite à exposer dans un mémoire le système d’éducation qu’il entend mettre en application. Chartier se met résolument à la tâche.
Imbu d’idées libérales, Chartier axe son mémoire sur l’idée de liberté et se fait le promoteur de la raison. Au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le châtiment corporel sera banni, les amitiés particulières seront tolérées, les billets de confession seront proscrits, la confession et la communion, même dans le temps pascal, ne seront pas obligatoires. À toutes fins utiles, la discipline fera place au sens des responsabilités et au sentiment d’honneur et de loyauté des adolescents. L’éducation politique ira dans le même sens. Comme dans la société, les élèves du collège seront appelés à choisir leurs représentants ; ils auront aussi leur propre journal et les autorités ne s’en mêleront point. Un tribunal, composé d’un jury d’élèves dûment élu et présidé par le directeur de l’institution, sera chargé de reprendre ceux qui commettront des abus. Cette éducation politique se doublera d’un puissant moyen d’éducation nationale. Le collège deviendra en quelque sorte une immense cité où chacun accomplira ses devoirs mais exercera aussi ses droits. Quant aux méthodes proprement dites d’enseignement, les professeurs du collège mettront l’accent sur la raison et rejetteront systématiquement la mémorisation comme processus d’apprentissage. Chartier n’est quand même pas le seul à proposer des réformes en matière d’éducation. Depuis le début du siècle, certains membres de la bourgeoisie libérale dénonçaient la discipline qui régnait dans les collèges et préconisaient un renouveau pédagogique. Chartier, qu’il l’ait senti ou non, a écrit son mémoire au cours d’une période d’inquiétude et de mécontentement. Travailleur infatigable, il a aussi mis en chantier pour l’institution un abrégé de grammaire française raisonnée à l’usage des élèves du collège.
C’est à la fin de 1828 que Chartier franchit les derniers degrés qui le conduiront au sacerdoce. Le 8 décembre, il reçoit le diaconat et, trois semaines plus tard, il est ordonné prêtre dans la cathédrale de Québec. Toutefois, il devra attendre encore huit mois avant que le collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière ne lui ouvre ses portes. Dans l’intervalle, l’évêque de Québec, Mgr Bernard-Claude Panet*, le nomme vicaire de la paroisse Saint-Gervais, près de Québec. Chartier est encore à cette période de sa vie un prêtre connu tout juste dans le milieu restreint où il se dévoue. Ses idées personnelles mûrissent peu à peu, mais il évite de les exprimer ouvertement. C’est au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière qu’il aura l’occasion de les faire connaître. Au début de septembre 1829, Chartier est nommé officiellement directeur de cette institution. Dès son arrivée, il est invité à prononcer le discours d’inauguration du collège. En présence de Mgr Joseph Signay*, coadjuteur de l’évêque de Québec, et de hauts dignitaires locaux, il en profite pour s’attaquer à l’oligarchie anglaise qu’il rend responsable des maux de la colonie. Dans son allocution, il condamne aussi certains de ses compatriotes propagandistes du libéralisme doctrinaire. Ces derniers propos pourraient faire penser qu’il avait finalement rejeté le libéralisme et qu’il s’était rapproché de ses confrères ecclésiastiques sur cette question. Néanmoins, d’autres paroles montreront qu’il n’avait rien renié de ses idées libérales antérieures.
Les propos de Chartier font scandale. Les journaux anglais du Bas-Canada s’emparent de l’affaire et réclament sa démission. La presse canadienne-française riposte et acclame ses attaques contre la bureaucratie anglaise. L’incident prend la proportion d’une affaire d’État. Le Parlement de Londres est saisi de la question. Au début de novembre, l’administrateur du Bas-Canada, sir James Kempt, et l’évêque de Québec le convoquent et exigent des explications sur sa conduite. Chartier n’est pas démis de ses fonctions ; il n’en demeure pas moins meurtri et ébranlé. D’autre part, depuis l’affaire de son discours, son projet d’éducation est fort mal accueilli. De plus en plus, il est perçu comme un intrus, qui plus est, un intrus qui aime faire du scandale. Le curé Painchaud et les jeunes professeurs prennent alors tous les moyens pour le chasser du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. On insinue, entre autres, qu’il a débauché des élèves. La rumeur se répand comme une traînée de poudre dans le milieu ecclésiastique. Au cours de l’été de 1830, la vulnérabilité de Chartier ne cesse de s’accroître sous l’effet de tensions résultant des réactions suscitées par son discours et des nombreuses rumeurs de sodomie qui circulent à son sujet. Mis au courant de l’affaire, Mgr Panet le soumet à une retraite fermée au grand séminaire de Québec. Chartier est déjà un prêtre flétri, à jamais condamné par les autorités ecclésiastiques. Sa carrière commence à l’image de ce qu’elle ne cessera d’être au travers de vicissitudes nombreuses.
En mars 1831, après six mois de réclusion, Chartier est nommé curé de la paroisse Sainte-Martine, près de Châteauguay. Dans cette paroisse populeuse, où l’habitat est dispersé, il est appelé à exercer un ministère difficile, chaque jour alourdi par d’incessants déplacements. Il s’acquitte dignement de sa tâche, mais n’arrive pas à se libérer de dettes contractées après son ordination. En dépit des expériences difficiles qu’il a faites à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ses convictions politiques sont restées les mêmes. Il continue de lire la Minerve et correspond avec Ludger Duvernay, qui a été emprisonné au début de 1832. Ses nombreux voyages à Montréal l’amènent également à maintenir des rapports suivis avec le milieu patriote. Aussi éveille-t-il rapidement la méfiance de Mgr Lartigue, si bien que les deux hommes ne tardent pas à se heurter.
Tout débute lorsque Chartier s’oppose à ce que les marguilliers de sa paroisse utilisent l’argent de la fabrique pour la réfection et la décoration de la voûte de l’église. Celui-ci juge que la fabrique de Sainte-Martine n’a pas suffisamment de ressources pour assumer de telles dépenses. Les marguilliers appuyés par les notables de la paroisse lui déclarent alors une guerre ouverte. Dans les circonstances, Mgr Lartigue veut éviter le pire en offrant à Chartier une autre cure. L’incident est peu important si l’on songe que plusieurs curés subissaient le même sort durant leur carrière à cette époque. Mais dans son cas, Chartier refuse de se soumettre à cette décision et, demande de rencontrer l’évêque de Québec dans l’espoir d’obtenir une cure dans ce diocèse. Vexé, Mgr Lartigue le réprimande violemment. Voilà qu’entre eux se dessine une fissure qui avec le temps s’élargira en abîme. Le conflit se résorbera momentanément lorsque les deux évêques s’entendront pour nommer Chartier curé de Saint-Pierre-les-Becquets (à Les Becquets), paroisse où l’autorité diocésaine plaçait les membres du clergé offrant « peu de garanties » et qu’aucun prêtre ne souhaitait avoir.
En effet, depuis une dizaine d’années, cette paroisse était en proie à de violentes querelles engendrées par le problème de la construction de l’église. Deux groupes s’étaient formés selon les lignes classiques d’un clivage vertical : l’un, composé du seigneur, de petits marchands et de gens de professions libérales, tenait à ce que l’on construise l’église dans le village ; l’autre, populaire, formé de cultivateurs, voulait faire ériger l’église un peu plus loin dans les terres. Lorsque Chartier arrive à Saint-Pierre-les-Becquets à la fin de 1833, la crise a atteint son point culminant. L’affaire éclate dans les journaux, et l’un des clans engage un procès. Au tout début, le nouveau curé hésite à prendre position pour l’une ou l’autre des parties ; il se ravise et accorde son appui au groupe des cultivateurs. De tous côtés, on lui fait grief d’avoir soutenu ce groupe. Les notables du village interviennent alors auprès du nouvel évêque de Québec, Mgr Signay, et exigent que Chartier soit renvoyé de la paroisse. Encore une fois, son évêque le sacrifiera et le destinera à une autre cure.
De son côté, Chartier n’acceptera jamais d’avoir été abandonné par l’évêque de Québec et semble avoir été plus affecté par l’attitude adoptée par Mgr Signay en 1834 que par celle que Mgr Lartigue avait prise l’année précédente. Ses mutations qu’il juge intempestives le conduisent forcément à critiquer le système de l’amovibilité des cures. Selon Chartier, ce système a créé dans le Bas-Canada les conditions d’une réelle dépendance du clergé envers son évêque. Aussi réclame-t-il l’application du droit tridentin qui garantira l’inamovibilité des titulaires de paroisse. À cet égard, Chartier se trouve à reprendre à son compte le courant de mécontentement qui, depuis une dizaine d’années surtout, agite les rangs du bas clergé canadien-français. Néanmoins, ce n’est pas la seule revendication qu’il formule contre l’autorité épiscopale. Son expérience difficile de curé de campagne l’amène aussi à se montrer beaucoup plus critique à l’égard des organisations institutionnelles et disciplinaires de l’Église, de sorte qu’il oriente sa curiosité vers des problèmes souvent passés sous silence : pouvoir de décision au sein de l’Église, carrière de prêtre, usage de sanctions contre les plus récalcitrants. De toute évidence, c’est tout l’édifice de la hiérarchie ecclésiastique avec ses mécanismes de décision et ses formes de participation que Chartier tend à remettre en question. Bien entendu, son action individuelle ne fait pas le poids au moment où les autorités diocésaines sont parvenues à rétablir la discipline ecclésiastique et à mettre fin à un certain courant de contestation au sein de l’Église. Livré à lui-même, Chartier court de plus en plus à sa perte.
Au cours de l’automne de 1834, Chartier entreprend aussi de contester les autorités politiques, et rallie le parti patriote sur la question des biens des jésuites [V. Antoine-Nicolas Braun*] et celle des assemblées de fabrique [V. Louis Bourdages*]. C’est à partir de ce moment que Chartier commence à fréquenter de façon assidue les principaux leaders de ce parti. Il prend une part active à la campagne électorale dans la circonscription de Nicolet et défend ardemment le programme des Quatre-vingt-douze Résolutions. La même année, il insiste pour que le clergé ne se tienne pas à l’écart des luttes politiques. Malgré le schisme qui s’est produit entre le clergé et les membres de la chambre d’Assemblée lors du débat concernant le projet de loi sur les assemblées de fabrique, il invite ses collègues à accorder leur appui au parti patriote. Avec ses dernières prises de position, c’est le conflit ouvert avec ses supérieurs. À la fin de 1834, l’évêque de Québec le destitue officiellement de sa cure de Saint-Pierre-les-Becquets et lui confie la misérable paroisse Saint-Patrice (à Rivière-du-Loup). Dans les mois qui suivent, Chartier ne change rien à ses convictions et les défend avec la même détermination. Mais le poids de ses dettes continue de l’accabler et l’oblige à se trouver une meilleure cure. Au cours de l’été de 1835, Mgr Lartigue refuse carrément d’octroyer à Chartier une cure dans son diocèse. Puis il se ravise et accepte de le nommer curé de la paroisse Saint-Benoît (à Mirabel) à condition qu’il cesse de lutter contre le Conseil exécutif et qu’il renonce à ses idées sur l’inamovibilité des cures et les assemblées de fabrique. Après la rébellion de 1837, lorsque les relations seront extrêmement tendues entre Mgr Lartigue et lui, Chartier ira jusqu’à accuser son évêque de l’avoir jeté dans un guet-apens en lui confiant la paroisse Saint-Benoît.
En 1836, Saint-Benoît constitue déjà l’un des principaux foyers d’agitation politique. De nombreuses assemblées publiques s’y tiennent ; plusieurs leaders de la région du lac des Deux-Montagnes, notamment Jean-Olivier Chénier* et Jean-Baptiste Dumouchel*, viennent prêcher la révolution. Dans cette ambiance partisane, Chartier ne tarde pas à devenir très actif dans les milieux patriotes des environs. Il siège à tous les comités, assiste à toutes les réunions et participe à peu près à toutes les manifestations populaires du comté. De même, il se signale par la violence de ses propos, surtout dans ses sermons où il vitupère contre le gouvernement britannique et le régime colonial. Il continue également de s’en prendre à ses supérieurs et il le fait avec la même vigueur et la même détermination que par les années précédentes. Tous les prétextes sont bons pour lutter contre Mgr Lartigue, qui se méfie de ses débordements de caractère et le considère comme « une tête croche ».
De leur côté, les leaders patriotes ont de l’estime pour Chartier et recherchent de plus en plus son appui pour mettre en confiance la population. En mai 1837, celui-ci est appelé à participer à la campagne électorale de Ludger Duvernay dans la circonscription de Lachenaie. En juin, à l’assemblée de Sainte- Scholastique (Mirabel), Chartier harangue ses concitoyens et présente Papineau « comme le sauveur du pays ». À l’automne, il prononce plusieurs sermons où il incite ses paroissiens à la révolte armée. Toujours actif, toujours passionné, il lui arrive même de visiter les paroisses voisines pour tenter de rallier les cultivateurs à la cause patriote. À la fin d’octobre, le mandement de Mgr Lartigue lui donne encore l’occasion d’appuyer les visées révolutionnaires du mouvement patriote et de s’en prendre aux positions officielles de l’Église sur les rébellions. Chartier reproche principalement à Mgr Lartigue d’avoir adopté dans son mandement la théorie de l’absolutisme théocratique qui ne voit de pouvoir dans la société humaine que celui des souverains nommés par Dieu et destinés à régner d’une manière absolue sur les hommes. Il y a, dit Chartier, « des cas où le souverain peut perdre son pouvoir, à savoir quand il opprime la religion de son peuple ou quand il viole les lois fondamentales de son état ».
Aucun autre curé n’a osé critiquer le mandement dans cette perspective. Plus encore, la majorité des curés suivent aveuglément les directives de leur supérieur et blâment en termes violents le mouvement révolutionnaire. Comme leur évêque, ces prêtres idéalisent l’Ancien Régime et la monarchie de droit divin, défendent ardemment l’obéissance au pouvoir civil et affirment leur hostilité farouche à toute révolution. De fait, Chartier est le seul curé qui s’engage activement dans le mouvement révolutionnaire. À la veille de la bataille de Saint-Eustache, le 13 décembre 1837, il se rend dans cette paroisse pour haranguer les forces armées du village. Le même jour, il assiste à une importante réunion de l’état-major du bataillon de milice du comté de Deux-Montagnes. Il se trouve encore dans cette paroisse lorsque commence le combat, mais il a tôt fait de comprendre que la cause est désespérée et s’empresse de fuir aux États-Unis. Sa participation à la bataille de Saint-Eustache provoque un conflit plus grave que tous les précédents. Le 27 janvier 1838, Mgr Lartigue s’engage à lui faire un procès canonique et le suspend de sa cure. Quant au gouvernement britannique, il offre une récompense de £500 pour sa capture.
Une fois installé aux États-Unis, Chartier se met en contact avec les principaux leaders patriotes réfugiés près de la frontière. Le 9 janvier 1838, il assiste à l’assemblée tenue à Swanton, dans le Vermont. À cette réunion, Robert Nelson* et Cyrille-Hector-Octave Côté* imposent leurs vues et projettent de mettre sur pied un plan d’invasion du Bas-Canada. Chartier souscrit sûrement à ces objectifs, mais il souhaite alors avant tout se trouver une nouvelle cure. C’est pourquoi son rôle parmi les réfugiés reste difficile à cerner. Chose certaine, il n’a pas participé à la tentative d’invasion en février. Après la rencontre de Swanton, il se rend directement en Pennsylvanie. Il s’installe d’abord à Clearfield, puis, quelques mois plus tard, à Philadelphie. Là, il rencontre l’évêque du diocèse, Mgr Henry Conwell, qui lui confie la paroisse St Augustine. Il s’entend très bien avec ce dernier et lui voue une vive admiration, car il personnifie à ses yeux le prélat démocrate et libéral. Chartier incite alors Mgr Conwell à intervenir auprès de Mgr Lartigue afin que celui-ci lui restitue ses droits de prêtre. En août 1838, grâce aux bons offices de l’évêque de Philadelphie, Mgr Lartigue accepte un compromis : Chartier pourra exercer son ministère aux États-Unis, mais ne pourra reprendre ses fonctions dans la région de Montréal. L’intervention de Chartier auprès de Mgr John England, évêque de Charleston, en Caroline du Sud, et légat du Saint-Siège aux États-Unis, est encore plus directe et au bout du compte vise à préparer une nouvelle lutte contre le mandement publié par Mgr Lartigue en octobre 1837.
À Philadelphie, Chartier ne chôme pas. Il s’occupe activement de la paroisse St Augustine, émerveillé d’y trouver des hommes et des femmes gagnés au libéralisme, admirateurs des institutions démocratiques et ennemis jurés de la monarchie britannique. Dans ses écrits, il exprime à maintes reprises le ferme espoir de voir un jour les deux Canadas devenir indépendants. En juillet 1838, Papineau séjourne quelques semaines à Philadelphie. Chartier a l’occasion de rencontrer le leader patriote et présente ce dernier à l’évêque de Philadelphie. S’il n’exerce pas à cette époque une influence immédiate sur l’organisation révolutionnaire, Chartier n’en continue pas moins d’être en relation directe avec certains réfugiés. Au début d’octobre, il apprend qu’une nouvelle insurrection se prépare près de la frontière canado-américaine. Sans aucune hésitation, il quitte Philadelphie et se fait octroyer une nouvelle cure à Salina, près de Syracuse, dans l’état de New York. De là, il se rend régulièrement à Plattsburgh, à Swanton et à St Albans, pour se mettre en communication avec les réfugiés. Il s’engage même personnellement dans la préparation du soulèvement de novembre, marquant par là son appui inconditionnel au groupe radical de Côté et de Nelson. Peu à peu, son rôle au sein de l’organisation révolutionnaire lui vaut d’y occuper une place aussi importante qu’en 1837.
Après l’échec de novembre 1838, les insurgés se détournent de plus en plus de Papineau. La réunion de Swanton, le 24 janvier 1839, et celle de Corbeau, dans l’état de New York, le 18 mars suivant, reflètent cet état d’esprit. Au cours des délibérations, Chartier n’hésite pas à accorder son appui à Nelson et à Côté. Il a trop idolâtré Papineau pour ne pas lui demander des comptes sur son rôle et sa participation aux rébellions de 1837–1838. Il est de ceux qui, bien que n’acceptant pas l’idéologie des radicaux, sont prêts à rejeter Papineau et à se lancer dans une nouvelle aventure révolutionnaire, se disant que les différends idéologiques s’estomperaient après la victoire. Avec Nelson, Côté, Édouard-Élisée Malhiot* et plusieurs autres collaborateurs, il incite Papineau à se rendre en France, car son attitude passive, voire désapprobatrice, cause un tort considérable au mouvement. C’est lui-même qui intervient auprès de l’épouse de Papineau, Julie Bruneau, pour lui demander d’influer sur la décision de son mari. Par la suite, avec Nelson et Côté, il tente sans succès de mettre sur pied plusieurs projets d’invasion du Bas-Canada. En 1839, il s’y rend incognito dans l’espoir de rallier de nouveau les cultivateurs à la cause révolutionnaire.
Mais très tôt les conflits surgissent entre Chartier et le groupe de Nelson. Tout en restant profondément indépendantiste, le curé révolutionnaire continue de professer un libéralisme modéré. Il ne parvient pas à accepter le programme social des radicaux qui revendiquent notamment la séparation de l’Église et de l’État, l’abolition de la dîme et des droits seigneuriaux. Désabusé, il se retourne contre ceux-ci et décide de nouveau d’appuyer Papineau. En novembre 1839, il lui écrit une longue lettre dans laquelle il lui reproche sa lâcheté et l’invite à prendre la tête d’un nouveau mouvement révolutionnaire. Il dénonce aussi ses faits et gestes avant et durant la rébellion de 1837. En février 1840, le comité révolutionnaire, sans doute pour se débarrasser de Chartier, le délègue en France afin qu’il puisse juger sur place du succès de la mission de Papineau qui devait trouver des alliés politiques dans ce pays. Chartier reçoit l’ordre de remplacer Papineau si cela s’avère nécessaire. Cette mission auprès de l’ancien leader patriote convient à Chartier, car il veut connaître les véritables intentions de ce dernier à l’égard du mouvement révolutionnaire. C’est aussi une occasion pour lui de plaider sa cause à Rome contre Mgr Lartigue. À Paris, Chartier rencontre Papineau, alors peu enclin à collaborer et peu soucieux de chercher des appuis pour organiser une autre révolte. À son sujet, il déclare : « C’est purement et simplement un démagogue, et nullement un homme d’État. » Sa déception est amère. L’angoisse et le découragement font naître en Chartier le doute sur sa mission. La mort de Mgr Lartigue ayant rendu son voyage à Rome inutile, il s’embarque de nouveau pour les États-Unis en août 1840. En quelques mois, sa conduite lui a valu l’hostilité de Papineau et du groupe radical de Nelson. Aussitôt débarqué, Chartier s’installe dans l’Indiana, où Mgr Célestin de La Hailandière, évêque de Vincennes, lui confie la cure de Madisonville (Madison).
À la suite de ses nombreuses déceptions éprouvées dans le milieu patriote et du vacuum laissé par l’échec de 1837–1838, Chartier décide d’abandonner le mouvement révolutionnaire. En 1841, il retourne au Bas-Canada pour demander publiquement pardon à Mgr Bourget, le successeur de Mgr Lartigue. Le 10 décembre, il fait publier dans le Canadien une longue lettre dans laquelle il désavoue ses activités antérieures. Mgr Bourget le convainc de rester un certain temps aux États-Unis afin que l’on oublie dans le Bas-Canada son image de révolutionnaire. En mars 1842, Charrier s’installe de nouveau à Madisonville ; par la suite, il projette d’entrer dans la communauté des Frères de Saint-Joseph. Il semble avoir abandonné ce projet, puisqu’en 1843 il est nommé directeur du grand séminaire de Vincennes. Puis, en 1844–1845, il est en Louisiane où il dessert la paroisse des Avoyelles, à Marksville. La passion des voyages n’est sûrement pas étrangère à ces déplacements, encore que les mobiles réels restent assez mal connus. De toute manière, Chartier ne peut négliger une aussi belle occasion de parfaire ses connaissances sur la société américaine. Toutefois, le sort réservé à la population noire et à la minorité française ne tarde pas à l’indigner. Dans ces conditions, l’annexion du Bas-Canada aux États-Unis ne lui apparaît plus comme une solution valable pour sauvegarder les institutions et la langue de ses compatriotes. À la suite de son expérience difficile en Louisiane, Chartier souhaite revenir au pays. Après plusieurs démarches infructueuses auprès de l’épiscopat de Québec et de Montréal, il se voit enfin octroyer par Mgr Bourget à la fin de 1845 la paroisse Saint-Grégoire (à Mont-Saint-Grégoire).
À son retour d’exil, Chartier épouse ouvertement les idées modérées du groupe de Louis-Hippolyte La Fontaine* et rejette catégoriquement celles de ses anciens amis patriotes. Les rancœurs, les frustrations passées et les nombreuses dénonciations l’amènent à prendre de plus en plus ses distances face à ses nouveaux supérieurs. Dans sa nouvelle paroisse, il fait encore preuve d’une activité débordante : il console, réconforte et veille à ce que ses paroissiens reçoivent régulièrement les sacrements. Souhaitant gagner la confiance de Mgr Bourget, il mène une lutte ouverte contre le prosélytisme protestant qui se répand dans la région de Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu) [V. Henriette Odin*]. En 1849, le groupe modéré de La Fontaine, craignant la force des « rouges » et les conséquences du retour d’exil de Papineau, intervient auprès de lui et l’incite à publier dans les journaux sa fameuse lettre de 1839 adressée à Papineau. Chartier se prête à cette manœuvre dont il ignore tous les dessous, croyant ainsi travailler à l’émancipation de ses compatriotes. Ce geste lui vaudra la foudre de certains journaux et celle d’anciens amis patriotes. De fait, ce devait être là sa dernière intervention politique ; amèrement déçu par les siens, jamais plus il ne voudra s’engager activement dans les affaires publiques.
En 1850, à la suite de conflits avec certains de ses paroissiens, Chartier demande qu’on le transfère à la paroisse Sainte-Philomène (à Mercier). Là encore, il se trouve au cœur d’une querelle suscitée par le problème des travaux de réparation de l’église. Craignant le pire, il exhorte l’évêque de Montréal à l’envoyer comme missionnaire à Arichat, en Nouvelle-Écosse. Un an plus tard, il demande sa réintégration dans le diocèse de Québec et obtient la cure de Saint-Gilles, près de Québec. C’est un homme brisé, qui n’a pratiquement plus aucune relation avec les hommes politiques et les prêtres qui l’entourent. En 1852, encore endetté, il réclame £455 de la commission chargée d’enquêter sur les pertes subies pendant la rébellion pour ses effets pillés par les volontaires à Saint-Benoît. Le 6 juillet 1853, il s’éteint à l’Hôpital Général de Québec, des suites d’une maladie de foie, et est inhumé à Saint-Gilles. Seuls un membre de sa famille et deux prêtres du séminaire de Québec assistent à ses obsèques.
Tout au long de sa vie, Étienne Chartier a fait figure de curé complètement différent de ses collègues. Homme de son temps, il s’est intéressé de près aux problèmes de ses contemporains et il a pris des positions qui ont entraîné son isolement. Chartier a été à son époque un catalyseur de grandes passions qui, malheureusement, se sont jouées de lui et ont fini par en faire une victime honnie, exécrée et méprisée de tous.
Étienne Chartier est l’auteur d’essais traitant surtout de questions d’éducation. Il a écrit, entre autres, un plan raisonné d’un cours d’études pour le collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière, Québec) en 1828 ainsi qu’un abrégé de grammaire française raisonnée à l’usage des élèves du collège et un plan d’éducation du collège en 1829. Le plan raisonné et le plan d’éducation sont conservés aux Arch. du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le premier, sous la cote Collège, 112-II, et le second, sous la cote Collège, 51-VI.
Une documentation abondante se rapportant à Chartier est conservée dans plusieurs fonds d’archives. Pour les documents concernant son enfance, sa jeunesse et sa formation, voir : ACAM, 355.114, 826–3 ; ANQ-M, CN1-28, 18 sept. 1821 ; APC, RG 4, B8, 21 : 7659–7662 ; Arch. de l’évêché de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Saint-Pierre-du-Sud, Corr. J.-M. Paquet ; Corr. M. Vallée.
En ce qui a trait à sa carrière de prêtre, il faut consulter les documents suivants : AAQ, 210 A ; 26 CP, VI : 45 ; ACAM, 420.048 ; RLL ; RLB ; Arch. de la chancellerie de l’évêché de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), XVII.C.33, Corr. Étienne Chartier ; Arch. de la chancellerie de l’évêché de Valleyfield (Valleyfield, Québec), Sainte-Martine, Corr. Étienne Chartier ; Sainte-Philomène (Mercier), Corr. Étienne Chartier ; Arch. de l’évêché de Nicolet, Saint-Pierre-les-Becquets (Les Becquets), Corr. Étienne Chartier ; Arch. de l’évêché de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Sainte-Anne (La Pocatière), Chartier à C.-F. Cazeau, 12 juill. 1830 ; Saint-Patrice (Rivière-du-Loup), Corr. Étienne Chartier ; Arch. de l’évêché de Saint-Jérôme (Saint-Jérôme, Québec), Saint-Benoît (Mirabel), V1A20K, Corr. Étienne Chartier-, Arch. du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Collège ; Fonds Painchaud ; ASN, AP-G, L.-É. Bois, G, 6 : 348 ; 8 : 40–42 ; 10 : 235 ; 12 : 291–296 ; ASQ, Séminaire, 9, nº 84 ; ASSH, F, Fg-2.
Quant à ses activités de patriote et de révolutionnaire, il est nécessaire de se référer à différents fonds d’archives. Les ANQ-Q possèdent sans doute les sources les plus riches sur cet aspect de la vie de Chartier. Il faut y consulter le fonds famille Papineau (P-417), les papiers Ludger Duvernay (P–68) et le fonds sur les événements de 1837–1838 (E17/6–52). On peut consulter aussi aux ASQ le fonds Viger-Verreau qui contient de nombreux documents sur l’activité politique de Chartier. Il faut également souligner l’important fonds Ægidius Fauteux, déposé à la BVM-G. Les APC conservent d’autre part plusieurs documents sur Chartier et sa participation à la rébellion de 1837–1838, notamment dans les papiers Papineau (MG 24, B2), les papiers Perrault (MG 24, B37) et les papiers L.-É. Bois (MG 24, K36). La Univ. of B.C. Library (Vancouver), Special Coll. Division, conserve de plus une lettre de Chartier à Robert Nelson, écrite en juillet 1839. Par ailleurs, les actes de baptême et de sépulture de Chartier se trouvent aux ANQ-Q, sous les cotes respectives de CE2-6, 26 déc. 1798, et CE1-1, 8 juill. 1853.
Plusieurs travaux ont paru sur Chartier, dont les plus importants sont : F.-J. Audet, « l’Abbé Étienne Chartier », Cahiers des Dix, 6 (1941) : 211–223 ; Ægidius Fauteux, « les Carnets d’un curieux : Étienne Chartier ou les avatars d’un curé révolutionnaire », la Patrie, 9 déc. 1933 : 36–37, 39–40 ; Pascal Potvin, « l’Aumônier des patriotes de 1837 », le Canada français (Québec), 2e sér., 25 (1937–1938) : 417–432. V. aussi « Un document important du curé Étienne Chartier sur les rébellions de 1837–38 : lettre du curé Chartier adressée à Louis-Joseph Papineau en novembre 1839, à St Albans, Vermont », Richard Chabot, édit., Écrits du Canada français (Montréal), 39 (1974) : 223–255 ; Chabot, le Curé de campagne ; « le Rôle du bas clergé face au mouvement insurrectionnel de 1837 », Cahiers de Sainte-Marie (Montréal), 5 (1967) : 89–98. [r. c.]
Richard Chabot, « CHARTIER, ÉTIENNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chartier_etienne_8F.html.
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Auteur de l'article: | Richard Chabot |
Titre de l'article: | CHARTIER, ÉTIENNE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |