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CHEWETT (Chewitt), WILLIAM, fonctionnaire, arpenteur, juge de paix et officier de milice, né le 21 décembre 1753 à Londres ; en 1791, il épousa Isabella Macdonell et ils eurent quatre enfants ; décédé le 24 septembre 1849 à Toronto.
Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur hydrographe de l’East India Collège de Londres, William Chewett vint à Québec en 1771 et, trois ans plus tard, commença à y exercer un emploi auprès de l’arpenteur général adjoint, John Collins*. Pendant le siège de Québec par les Américains en 1775–1776, il traça des plans de fortifications et détermina la distance des batteries de l’ennemi. En 1777, il fut nommé payeur par intérim à l’île aux Noix et au fort Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), où il travailla jusqu’en 1785. Il retourna ensuite à Québec et au bureau de l’arpenteur général.
Fonctionnaire dévoué, Chewett subit de nombreuses frustrations pendant sa carrière. En 1791, son poste fut mis en danger par la décision que prit le Conseil exécutif d’abolir l’année suivante le programme de règlement des réclamations des militaires ; déçu, Chewett écrivit à Collins : « Je découvre aujourd’hui que j’ai travaillé toute ma vie pour rien [...] aucun arpenteur de ma spécialité n’est autant en droit que moi, qui ai toujours été en service, de s’attendre à poursuivre ses activités [...] J’espère que vous pourrez me trouver un emploi dans notre département ou dans un autre avant l’échéance. »
L’espoir de Chewett s’avéra bien fondé : en 1792, il avait une place dans l’administration de la nouvelle province du Haut-Canada. La charge d’arpenteur général, à laquelle il aspirait, alla cependant à David William Smith. Chewett ne cessa de soutenir que le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* lui avait fait « lui-même de nombreuses promesses, bien connues des principaux personnages de presque tous les milieux des deux provinces, et qui n’aboutirent qu’à un tas de balivernes ». Chewett attribua son insuccès au fait que des « insinuations mensongères et des rapports défavorables » circulaient sur son compte. Il fut nommé arpenteur principal et dessinateur. Il s’installa avec sa famille dans le canton de Williamsburgh, qu’il quitta en 1796 pour s’établir à York (Toronto), la nouvelle capitale. Il subit une autre déception en 1798 quand il ne fut pas choisi pour remplacer l’inspecteur adjoint des forêts, Christopher Robinson* ; le président, Peter Russell*, refusa d’appuyer la candidature de Chewett, par crainte qu’une nouvelle charge ne gêne son efficacité dans ses autres fonctions.
En 1800, Chewett devint greffier de la Cour de surrogate pour le district de Home. L’année suivante, il occupa le poste de directeur du scrutin à l’élection complémentaire que remporta Angus Macdonell* (Collachie) dans la circonscription de Durham, Simcoe, and the East Riding of York. La même année, Collachie fut relevé de ses fonctions de greffier de la chambre d’Assemblée et les pressions que fit Chewett pour lui succéder furent infructueuses, malgré l’appui puissant que lui accordèrent Smith et le juge en chef John Elmsley*. Quand l’arpenteur général Smith retourna en Angleterre en juillet 1802, il chargea Chewett et le premier commis, Thomas Ridout*, d’assurer conjointement la suppléance. Chewett tenta de nouveau d’obtenir la charge d’arpenteur général. En 1804, Smith démissionna et c’est Charles Burton Wyatt qui prit sa place, même si le lieutenant-gouverneur Peter Hunter* avait promis de recommander la nomination de Chewett. Wyatt essaya de faire renvoyer ce dernier, mais le Conseil exécutif s’y opposa. En 1807, le lieutenant-gouverneur Francis Gore* suspendit Wyatt ; Chewett et Ridout assumèrent alors à nouveau la direction intérimaire du bureau. À l’automne de 1809, Ridout, avec la bénédiction de Gore, se rendit en Angleterre pour solliciter le poste vacant. Chewett dirigea seul le bureau jusqu’à ce que Ridout revienne, l’année suivante, avec le titre d’arpenteur général. C’est manifestement pour compenser que Gore confia à Chewett le poste de commis principal, qui s’ajouta à ses multiples charges.
En plus d’exercer divers emplois au bureau de l’arpenteur général, Chewett fut juge de paix pendant de nombreuses années dans le district de Home. Il fit longtemps partie de la milice, dans laquelle il servit à titre de capitaine dans le district d’Eastern, puis à York. Pendant la guerre de 1812, il commandait le 3rd York Militia. Il travailla également comme dessinateur auprès du major général Isaac Brock* à Detroit et le long de la frontière du Niagara. Quand le major général sir Roger Hale Sheaffe* retira ses troupes d’York en avril 1813, Chewett et William Allan*, à titre d’officiers supérieurs de milice, négocièrent les conditions de la capitulation avec les Américains victorieux. Pendant cette guerre, Chewett fut aussi membre de la Loyal and Patriotic Society of Upper Canada. Sa santé défaillante l’obligea à quitter la milice en 1818.
Dans son rôle d’arpenteur et de dessinateur, Chewett établit des plans et des élévations pour les résidences de Simcoe, d’Elmsley et de Smith, dont il supervisa aussi la construction. En 1796, il arpenta avec Æneas Shaw* les terrains réservés pour l’église, la prison, le palais de justice et la place du marché d’York. Il aida peut-être Smith à dresser la première carte imprimée du Haut-Canada, publiée en 1800. Plus tard, Chewett conseilla Ridout quant à l’établissement d’une nouvelle carte de la province, destinée à remplacer celle qui avait été détruite pendant l’occupation d’York par les Américains en 1813. Bien que Chewett ait fait la carte de nombreux cantons et districts, ainsi que celle de la province, son nom ne figure que sur une seule carte publiée, qui parut à Londres en 1813. Après la mort de Ridout en 1829, Chewett fut appelé à remplir la charge d’arpenteur général suppléant pour une dernière fois. Quand il apprit que la succession de Ridout allait à Samuel Proudfoot Hurd*, il demanda l’autorisation de prendre sa retraite, ce qu’on lui accorda. Après l’entrée en fonction de Hurd en 1832, Chewett se retira avec plein traitement.
Tout au long de sa carrière, William Chewett vit constamment ses ambitions contrariées. Il occupa souvent le poste d’arpenteur général suppléant, mais en dépit de son ancienneté considérable il ne réussit jamais à obtenir la permanence, pas plus d’ailleurs qu’à entrer au Conseil exécutif. La dernière requête qu’il adressa au lieutenant-gouverneur sir John Colborne* et à la chambre d’Assemblée, en 1831, révèle un homme aigri, frustré par le favoritisme du régime colonial et par les barrières sociales. Au cours de sa carrière d’arpenteur, il avait pourtant dressé, reproduit et soumis plus de cartes qu’aucun de ses contemporains (et probablement plus que tout autre employé qu’ait jamais eu le bureau de l’arpenteur général), apportant ainsi une contribution importante à la colonisation du Haut-Canada et à ses archives cartographiques permanentes.
Des extraits d’un journal de William Chewett, qui couvrent les années 1792–1793, constituent la plus grande partie de l’article « Biographical sketch of the rate Colonel Chewett », Assoc. of Ontario Land Surveyors, Proc. (Toronto), 1890 : 101–116. Une gravure de Chewett faite à partir d’une miniature en ivoire de Hoppner Francis Meyer est reproduite sur la page frontispice du volume et décrite à la page 101 de la biographie ; l’original de la gravure se trouve dans la bibliothèque de l’association à Toronto.
ANQ-Q, E21/356.— AO, MS 35, unbound papers, William Chewitt and J. B. Robinson, report of committee of Loyal and Patriotic Society, 1er mai 1815 ; MS 75, Russell à John Wentworth, 17 déc. 1798 ; MS 537, Chewitt à Ridout, 20 avril 1812 ; MU 2036, 1812, no 6 ; RG 1, A-I-1, 1 : 3 ; 2 : 55–57, 61–65 ; 8 : 383 ; 14 : 116, 136, 138–139, 160, 166–167 ; 15 : 116 ; 16 : 79, 114, 202 ; 17 : 16 ; 18 : 14, 20 ; 40 : 163, 169 ; 49 : 527, 540, 543, 639, 1071–1072 ; A-I-2, 14 : 1658 ; 16 : 2471, 3472, 3486 ; 20 : 3776–3777 ; 22 : 11–12 ; 25 : 203 ; A-I-4 ; A-I-7 ; A-II-1 ; B-IV ; C-I-9, 2 : 9 ; CB-1, box 42 ; RG 22, sér. 155.— APC, RG 5, A1 : 2306, 5149.— MTRL, John Elmsley letter-book, 24 nov. 1800 ; Peter Russell papers, misc. letters, 7 nov. 1796, janv.–mai 1797 ; office-book, 1796 ; D. W. Smith papers, B7 : 3, 23.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1831–1832, app., 176–199.— Town of York, 1793–1815 (Firth).— Scadding, Toronto of old (1873).
Richard J. Simpson, « CHEWETT (Chewitt), WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chewett_william_7F.html.
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Auteur de l'article: | Richard J. Simpson |
Titre de l'article: | CHEWETT (Chewitt), WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |