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CRIPPS, ELEANOR ELIZA (Kennedy), missionnaire laïque, musicienne et femme d’affaires, née le 2 novembre 1825 à Finchley (Londres), fille de William Cripps et d’une prénommée Hannah ; le 29 novembre 1859, elle épousa à Londres William Kennedy*, et ils eurent un fils et une fille ; décédée le 4 octobre 1913 à Virden, Manitoba.

Eleanor Eliza Cripps était issue de la haute société et reçut une bonne éducation. Elle parlait couramment le français, pouvait converser en allemand, avait des aptitudes rares pour la musique, la couture et la broderie, et s’intéressait à la littérature. Fervente sympathisante des abolitionnistes américains, elle évoquait souvent ses rencontres avec des esclaves enfuis, dont la personne qui avait servi de modèle à Harriet Beecher Stowe pour créer le personnage d’Eliza dans la Case de l’oncle Tom.

En 1859, Eleanor Eliza Cripps épousa William Kennedy, qui avait été trafiquant de fourrures à la Hudson’s Bay Company et avait exploré l’Arctique. Deux ans plus tard, malgré le rhumatisme dont souffrait Kennedy, le couple, très croyant, décida d’aller faire du travail missionnaire pour l’Église d’Angleterre dans les territoires de la Hudson’s Bay Company. Les Kennedy quittèrent l’Angleterre en 1861 à destination d’Upper Fort Garry (Winnipeg), après avoir recueilli des fonds pour acheter de l’équipement et des vivres. Des inondations dans la vallée de la rivière Rouge les obligèrent à s’arrêter un mois à St Paul, au Minnesota. Enfin, ayant péniblement gagné Georgetown en diligence et à bord de petits bateaux (mis d’urgence en service après que des ponts furent emportés), ils s’embarquèrent pour la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) sur un vapeur pour franchir la dernière étape de leur voyage. Mme Kennedy a décrit ces déplacements en 1905 dans des mémoires restés inédits, « Our journey to Red River ».

Les Kennedy passèrent trois mois à St Andrews, dans la colonie de la Rivière-Rouge, à se reposer et à attendre la naissance de leur premier enfant, William Theodore Ballentine. Ensuite, ils s’installèrent à Fairford, sur le bord du lac Manitoba. Ils enseignaient aux autochtones non seulement l’évangile, mais aussi « les arts simples de la civilisation ». Ils avaient d’ailleurs apporté à cette fin « toutes sortes d’outils de menuiserie [et] de forge, des charrues, des herses, etc. »

William étant de plus en plus handicapé par le rhumatisme, les Kennedy résolurent de rentrer en Angleterre en 1862. Cependant, à cause des soulèvements sioux [V. Tatanka-najin*], ils ne purent traverser le Minnesota. Ils retournèrent donc à la Rivière-Rouge. En 1863, Eleanor Eliza mit au monde une fille, Mary Louisa. La même année, à la mort de la mère de William, Aggathas, une Amérindienne crie, les Kennedy firent l’acquisition de sa propriété, le lot 63 dans la paroisse St Andrews. Quelques années plus tard, ils avaient bâti une maison de pierre « très élégante », baptisée Maple Grove.

Ayant importé un piano (le deuxième de la Rivière-Rouge), les Kennedy donnaient des soirées musicales au cours desquelles, souvent, Eleanor jouait et chantait. On admirait beaucoup ses talents de musicienne ; elle dirigeait la chorale et tenait l’orgue à l’église St Andrews. Le chanoine John Grisdale, futur évêque anglican de Qu’Appelle, l’appelait « notre unique prima donna ». C’était, diton, « une femme grande et solide », d’une « beauté remarquable » ; on la surnommait souvent « la Duchesse » en raison de son allure « aristocratique ».

Que ce soit en organisant des concerts ou en cousant pour les nécessiteux, Eleanor Eliza Kennedy se dévouait inlassablement pour la collectivité. À la fin des années 1860, pendant les épidémies de sauterelles, elle organisa, avec d’autres femmes de la Rivière-Rouge, une « collecte de vêtements et [un] bazar » pour les gens dans le besoin. Cette initiative remporta un franc succès. On dit aussi que « ces dames furent les premières [à s’employer] à la fondation d’un hôpital ».

Au cours du soulèvement de 1869–1870, les Kennedy, soucieux de mettre un terme à l’effusion de sang, tentèrent d’intercéder auprès de Louis Riel* en faveur des prisonniers des Métis. Mme Kennedy remit elle-même à Riel une lettre de son mari. Peu après la disparition du chef métis et la propagation d’une rumeur concernant son emprisonnement, on se mit à raconter qu’elle avait demandé sa grâce. Puis on prétendit aussi qu’elle avait réclamé en 1870 la mise à mort de Thomas Scott*, un des prisonniers des troupes de Riel. Consternée par ces bruits, Mme Kennedy fit enquête et découvrit qu’ils avaient pour origine une remarque de son curé, le révérend Joseph Phelps Gardiner. Elle refusa de recevoir la communion de lui et menaça de cesser de fréquenter l’église. Finalement, elle en appela à Robert Machray*, l’évêque de la terre de Rupert. Machray lui conseilla de ne pas s’abstenir de communier et, ayant obtenu des excuses de Gardiner, l’exhorta à pardonner au curé et à reprendre ses activités dans la paroisse. Toute cette affaire affecta profondément Mme Kennedy, d’autant plus, peut-être, que, peu de temps auparavant, elle avait perdu, à cause d’une fausse couche, un enfant qu’elle désirait ardemment.

Au début des années 1870, William Kennedy souffrait tellement du rhumatisme qu’il devait passer des jours alité. Mme Kennedy enseignait déjà la musique à l’école de Matilda Davis, mais en plus, avec l’aide d’amis restés en Angleterre, elle lança un petit commerce. Deux fois l’an, elle importait de Londres et de Paris des articles de mode et des vêtements « exclusifs et chic » pour dames et enfants. Elle tenait aussi un assortiment de produits d’alimentation britanniques. Les clients venaient de toute la région ; la prospérité semblait proche. Puis, William se mit à stocker des produits de qualité inférieure et à accepter en guise de paiement des titres fonciers et des certificats de concession de terre. Le magasin périclita et les Kennedy durent l’abandonner. Il restait à William des titres de propriété sur environ 17 000 acres, mais quand se termina le boom foncier du Manitoba vers 1885, une grande partie de ces terres ne valaient plus rien.

Eleanor Eliza Kennedy retourna en Angleterre une seule fois, en 1887–1888, pour voir sa famille. Ce fut une période sombre : une de ses nièces et un de ses neveux moururent dans des circonstances tragiques, et elle prit soin de sa sœur invalide jusqu’au décès de celle-ci. Le 25 janvier 1890, William Kennedy s’éteignit à son tour. L’année suivante, Mme Kennedy vendit Maple Grove et alla s’installer avec sa fille à Virden, où son fils était registrateur. Artiste de talent, elle aimait à peindre des paysages et des plantes ; elle continua de le faire une fois à Virden. En outre, elle écrivait des poèmes, notait des souvenirs et, à l’occasion, jouait de l’orgue à l’église St Mary ou donnait des concerts de piano dans la localité. Elle fut nommée membre honoraire du Women’s Canadian Club de Winnipeg.

En prenant de l’âge, Eleanor Eliza Cripps Kennedy se mit elle aussi à souffrir du rhumatisme. Onze semaines avant sa mort, une chute la rendit invalide. Ses obsèques eurent lieu à Virden et elle fut inhumée à St Andrews. Les journaux locaux signalèrent qu’« [un] train spécial de wagons électriques conduir[ait de Winnipeg à St Andrews] ceux qui souhait[aient] assister aux funérailles ». Après une brève cérémonie dirigée par le révérend John William Matheson, Eleanor Eliza Kennedy fut inhumée aux côtés de son mari.

Vera K. Fast

La correspondance d’Eleanor Eliza Cripps Kennedy et son manuscrit intitulé « Our Journey to Red River » sont conservés dans ses papiers aux PAM, MG 2, C2. On trouve aussi aux PAM deux poèmes inédits du sujet classés sous MG 14, C1 (papiers de Mary Louisa Kennedy). Il semble que l’album intitulé « A book of flower paintings ; water colors of English and Manitoba wild flowers painted between 1842 and 1854 by the late Mrs William Kennedy [...] of St Andrews and Virden, Manitoba » conservé dans la Rare Book Room du Manitoba Museum of Man and Nature Library, à Winnipeg, soit la seule œuvre artistique qui subsiste d’Eleanor Eliza Cripps.

Manitoba, Legislative Library (Winnipeg), Vert. file, Kennedy family.— PAM, MG 1, D16 ; P 2342 ; P 2343 ; P 2348.— Manitoba Free Press, 27 janv. 1890, 25 juill. 1908, 22 janv. 1912, 6 oct. 1913, 17 févr. 1923.— Virden Empire-Advance, 9 oct. 1913.— Winnipeg Free Press, 21 oct. 1970.— Winnipeg Tribune, 16 févr. 1942, 7 sept. 1960, 14 nov. 1968.— W. J. Healy, Women of Red River : being a book written from the recollections of women surviving from the Red River era (Winnipeg, 1923).— Manitoba Culture, Heritage and Recreation, Hist. resources branch, Captain William Kennedy ([Winnipeg], 1985).— Pioneers of Manitoba (Morley et al.).

Bibliographie générale

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Vera K. Fast, « CRIPPS, ELEANOR ELIZA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cripps_eleanor_eliza_14F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/cripps_eleanor_eliza_14F.html
Auteur de l'article:    Vera K. Fast
Titre de l'article:    CRIPPS, ELEANOR ELIZA
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024