DION, GEORGES-AUGUSTE, prêtre et religieux de Sainte-Croix, professeur et supérieur provincial, né le 19 septembre 1852 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, Bas-Canada, fils de Calixte Dion, cultivateur, et d’Angèle Picard ; décédé le 8 octobre 1918 à Côte-des-Neiges (Montréal).

Georges-Auguste est le cadet des 12 enfants Dion. Après avoir terminé ses études à l’école du rang, il rejoint ses quatre frères sur la terre paternelle, tandis que son père s’adonne plutôt à son métier de forgeron. En septembre 1868, il commence au séminaire de Nicolet ses études classiques qu’il va poursuivre quatre ans plus tard au collège de Saint-Laurent, près de Montréal. Peu après, il entre au noviciat des pères de Sainte-Croix, prend l’habit religieux, le 13 février 1873, et prononce ses vœux, le 19 mars 1874. Il est fait prêtre le 24 septembre 1876. Désormais, sa vie tout entière sera consacrée à Dieu et à sa congrégation.

C’est pour le collège de Saint-Laurent que le père Dion reçoit ses premières obédiences : professeur de philosophie, la première année ; préfet de discipline, la seconde. À l’été de 1878, il est nommé supérieur du petit collège de Farnham qu’on vient de céder à la Congrégation de Sainte-Croix. Durant ses huit années de supériorat, il réussit à agrandir son collège du triple. De là, après une année au noviciat de Côte-des-Neiges comme maître des novices, il revient au collège de Saint-Laurent à titre de professeur de français et préfet des études françaises ; à compter de 1888, il est supérieur et préfet des études françaises.

Au chapitre général de 1892, le père Dion est élu procureur général auprès du Saint-Siège. Les beautés de Rome l’émerveillent comme en témoigne son journal qu’il tient chaque jour. Toutefois, des commissions sporadiques auprès des congrégations romaines restent un menu bien frugal à son appétit d’activité. Il tente d’y suppléer par du ministère auprès des religieuses et par une collaboration suivie à une revue religieuse de France. Avant que son mandat ne soit terminé, il est appelé d’urgence au Québec. Voici ce qu’il écrit dans son journal le 2 février 1896 : « J’ai reçu ce matin une lettre du T. R. P. Général qui m’ordonne, en vertu de la sainte obéissance, de retourner au Canada pour remplacer le regretté P. [Philippe] Beaudet. » Pas d’autre commentaire sur le sujet. Pourtant, il y avait matière : le père Beaudet, qui venait de décéder, était supérieur provincial au Canada. Le père Dion fait donc ses adieux à Rome, le 18 février, pour se rendre dans la paroisse Saint-Laurent, où il exercera à la fois les fonctions de supérieur provincial et de curé.

La Congrégation de Sainte-Croix, installée à Saint-Laurent depuis 1847 [V. Joseph-Pierre Rézé*], compte alors 194 religieux, répartis dans 12 établissements, dont le collège de Saint-Laurent, le collège Saint-Joseph, à Memramcook, au Nouveau-Brunswick [V. Camille Lefebvre*], des académies et des collèges commerciaux des diocèses de Montréal et de Saint-Hyacinthe. Durant son mandat de provincial, le père Dion fonde quatre maisons de formation pour les recrues de Sainte-Croix et fournit à sept curés des frères pour tenir leurs écoles paroissiales. En 1906, il décide de transférer l’administration de la province au collège Notre-Dame, à Côte-des-Neiges ; il assume aussi la direction de cet établissement, qui accueille depuis 1869 des élèves de 5 à 12 ans.

L’intention première du père Dion en s’établissant à Côte-des-Neiges est toutefois de suivre de près l’évolution de l’œuvre de l’oratoire Saint-Joseph. Il a permis au frère André [Alfred Bessette*], en 1904, d’ériger une minuscule chapelle au saint patron du Canada. Depuis lors, des pèlerinages se sont organisés et ne cessent de prendre de l’importance. Face à cette marée montante s’impose avant tout un discernement constant. Ses relations quotidiennes avec le frère André le portent cependant vite à croire à sa mission providentielle. Il fait part de son avis à Mgr Paul Bruchési*, archevêque de Montréal, qui l’autorise à donner libre cours au développement de l’œuvre de saint Joseph. Dès 1911, on construit, près de la petite chapelle agrandie, un monastère qu’il prend pour résidence, l’année suivante, avec deux prêtres et trois frères, dont le frère André ; en 1912, c’est la fondation des Annales de Saint-Joseph, dont il assume la direction. En 1909, le père Dion a aussi fondé la confrérie Saint-Joseph de Mont-Royal, association de dévotion à saint Joseph. Au cours de l’été de 1912, il est délesté du provincialat, mais il est contraint de le reprendre deux ans plus tard après la démission de son successeur pour raisons de santé. Entre-temps, des plans pour une grande église à saint Joseph ont été entrepris. Dès l’automne de 1915, le père Dion peut jeter les bases de la crypte-église, qui sera inaugurée le 16 décembre 1917. Ce jour-là son cœur ne cesse de chanter sa reconnaissance à Dieu. Mgr Bruchési le rappellera à ses funérailles : « le père Dion [...] vivait pour son église : c’était son œuvre de prédilection ».

La santé du père Dion commence toutefois à se détériorer et, à l’été de 1918, à l’issue du chapitre provincial, il est victime d’une embolie cérébrale. Comprenant qu’il ne peut plus servir, le père Dion démissionne de ses deux postes. On juge bon de ne pas accepter : puisqu’il a tenu ces postes jusqu’à l’usure de ses forces, il mérite d’en porter les titres jusqu’à la fin. On le ramène à l’infirmerie de la communauté, à Côte-des-Neiges, pour satisfaire son désir de mourir au milieu des siens. Ses funérailles ont lieu à l’oratoire Saint-Joseph, dans l’intimité, les églises restant fermées au public à cause de l’épidémie d’influenza. Elles sont présidées par Mgr Bruchési qui, dans son oraison funèbre, présente le père Dion comme l’« un des membres les plus distingués et les plus zélés » de tout le clergé du diocèse.

Vie relativement courte que celle du père Georges-Auguste Dion, mais combien remplie ! Doué d’un jugement sûr et d’un tempérament actif, il a honoré tous les postes qu’on lui a confiés. Il était en outre guidé et motivé par une foi intense en la divine Providence. S’il avait choisi la vie sacerdotale et religieuse, c’était avant tout pour mieux servir Dieu et vivre davantage en son intimité. Aussi, fidèle à lui-même, il s’était toujours fait un devoir de consacrer à Dieu une belle part de ses journées. Le père Dion incarnait un esprit mystique dans une nature ardente.

Roger Bessette

Le père Georges-Auguste Dion est l’auteur de deux ouvrages religieux : Manuel de la confrérie de Saint-Joseph du Mont-Royal (Montréal, 1909) et Recueil de prières indulgenciées à saint Joseph, modèle des chrétiens (Montréal, 1909). Il a aussi écrit, dans les Annales de Saint-Joseph (Montréal), quelques articles qui ont paru entre 1912 et 1919.

Les Arch. des Pères de Sainte-Croix (Montréal) possèdent un dossier sur le père Dion (Q111), sa correspondance (B1.10, 1D1 et 1H1.1), ses allocutions et sermons (Q112), et son journal, 1892–1896 (Q113).

ANQ-Q, CE2-6, 19 sept. 1852.— É.-J.[-A.] Auclair, « le Père Dion, provincial des religieux de Sainte-Croix », la Semaine religieuse de Montréal, 4 nov. 1918 : 297–303.— Paul Bruchési, « Allocution [...] aux funérailles du R.P. Dion, c.s.c. », Annales de Saint-Joseph, 7 (1918) : 365–368.— « Le Rév. Père Georges-Auguste Dion, c.s.c. », Annales de Saint-Joseph, 7 : 342–345.— Sainte-Croix au Canada, 1847–1947 (Montréal, 1947).

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Roger Bessette, « DION, GEORGES-AUGUSTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dion_georges_auguste_14F.html.

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Auteur de l'article:    Roger Bessette
Titre de l'article:    DION, GEORGES-AUGUSTE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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