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DUCLOS DE CELLES, ALFRED (baptisé Jean-Baptiste-Alfred), journaliste, bibliothécaire et historien, né le 8 août 1843 dans la paroisse de Saint-Laurent, Bas-Canada, fils d’Augustin-Candide Duclos De Celles, notaire, et de Marie-Sarah-Anne Holmes ; le 25 octobre 1876, il épousa à Saint-Ours, Québec, Eugénie Panet-Dorion, fille d’Eugène-Philippe Dorion*, avocat, traducteur et homme de lettres, et de Marie Panet, et ils eurent un fils ; décédé le 5 octobre 1925 à Ottawa.

Après avoir fréquenté l’école primaire de son village natal, Alfred Duclos De Celles entre tardivement, en 1859, au petit séminaire de Québec, où a enseigné un de ses oncles, l’abbé John Holmes*. Tout en faisant ses études classiques, il prend soin de la bibliothèque et collabore au journal de l’établissement, l’Abeille. Il accumule les prix d’excellence en histoire, en géographie, en français et en anglais (langue qu’il a apprise enfant), et il obtient un baccalauréat en 1867.

Le 18 février 1867, De Celles entre au Journal de Québec, comme remplaçant de Joseph-Édouard Cauchon* durant quelques mois, puis comme son adjoint jusqu’en 1872. Parallèlement, il étudie le droit à l’université Laval, à Québec, de 1867 à 1871 ; il sera admis au barreau le 12 juillet 1873. Cette formation générale acquise, il poursuit sa carrière de journaliste politique à Montréal, où il rejoint Arthur Dansereau* à la Minerve, quotidien du Parti conservateur dont il devient le rédacteur à partir de 1872. En 1874, il préside le Club Cartier qu’il a mis sur pied avec d’autres jeunes conservateurs montréalais [V. sir Pierre-Évariste Leblanc*] qui, comme lui, estiment que l’engagement politique est un devoir social et patriotique. De Celles n’a pourtant aucune envie d’exercer le métier d’homme politique. Le temps d’une campagne électorale, en 1878, il est secrétaire-trésorier et administrateur du parti pour la région de Montréal, mais c’est une exception. C’est essentiellement par sa plume, habile et partisane, qu’il sert les conservateurs.

En 1880 vient la récompense : De Celles succède à Antoine Gérin-Lajoie* comme bibliothécaire adjoint au Parlement d’Ottawa. Mais il aime encore le journalisme et, avec quelques associés, il achète l’Opinion publique, hebdomadaire montréalais qu’il dirige d’Ottawa et dans lequel il écrit régulièrement, de septembre 1881 à décembre 1883, sur les sujets les plus divers. Dans son bureau de la bibliothèque ou dans ses lettres, De Celles se passionne toujours pour la politique partisane : il sert d’intermédiaire pour réclamer des faveurs, pour transmettre quelque message ou pour conseiller son ami Joseph-Adolphe Chapleau*, premier ministre de la province de Québec du 31 octobre 1879 au 29 juillet 1882 : « J’ai vu le Dr Dionne [Narcisse-Eutrope Dionne*], du Courrier du Canada ; il ne t’est guère favorable, je présume ; c’est un de ces Québecquois pétri de préjugés à l’endroit de Montréal, écrit-il le 3 mars 1881. Il veut se faire nommer médecin visiteur de l’hôpital de la Marine. Avec cela, tu pourrais le faire sauter à ton gré. »

En janvier 1884, à la mort d’Alpheus Todd*, bibliothécaire parlementaire, une quarantaine de députés conservateurs insistent auprès de sir John Alexander Macdonald* pour qu’il nomme un Canadien français, en l’occurrence De Celles, à ce poste. De leur côté, les anglophones favorisent un des leurs. La solution est toute canadienne : on scinde le poste en deux fonctions de même niveau. Au delà des jeux politiques, cette décision s’explique par la double fonction assumée alors, en l’absence de bibliothèque nationale, par la bibliothèque du Parlement. Le 6 août 1885, De Celles devient ainsi le premier bibliothécaire général, avec des pouvoirs égaux à ceux du nouveau bibliothécaire parlementaire, nommé le même jour, Martin Joseph Griffin. Son salaire annuel est alors de 2 400 $ ; douze ans plus tard, il sera de 3 200 $. Les rapports de De Celles et de Griffin font état de leurs efforts pour compléter la collection d’ouvrages canadiens, tout autant que des achats pour les besoins plus immédiats des parlementaires. Leur vie est rythmée par les sessions parlementaires : aux épisodes de travail intensif et de rencontres multiples avec les députés et ministres succèdent le travail de développement des collections et la collaboration avec les lettrés de la ville qui fréquentent la bibliothèque. Cette importante institution culturelle qu’est la bibliothèque du Parlement ne semble pas recevoir toute l’attention qu’elle mérite. De Celles doit insister pour que le personnel de la bibliothèque reçoive des salaires équivalents au reste de la fonction publique. Les bibliothécaires se plaignent de l’indiscipline des députés qui ne respectent pas les règlements de la bibliothèque, et, à maintes reprises, déplorent le manque d’espace et d’argent. Malgré tout, dans les années 1890, ils sont fiers d’introduire des méthodes modernes de bibliothéconomie, comme le catalogue sur fiches.

En juin 1896, Wilfrid Laurier* devient premier ministre du pays. De Celles, dont la ferveur conservatrice s’est atténuée avec les années, entretiendra d’excellentes relations avec lui. Il publiera même ses discours (à Montréal en 1909 et en 1920). En juillet 1897, il assiste, en tant que délégué du Canada, au Congrès international des bibliothèques, tenu à Londres. Pendant plus de 25 ans, soit de 1882 à 1908, il ajoute à sa tâche celle de membre du Bureau d’examinateurs du service civil. Il se retirera de la fonction publique en 1920.

De Celles a participé à diverses associations culturelles. Dès le début des années 1880, il est membre de l’Institut canadien-français d’Ottawa. En 1884, avec notamment Benjamin Sulte et Joseph-Étienne-Eugène Marmette, il fonde le Cercle des Dix, où l’on discute de littérature, d’histoire, de science ou de géographie. C’est sans doute par favoritisme que De Celles, en 1885, devient membre de la Société royale du Canada, puisqu’il ne remplit pas, à ce moment-là, la condition d’avoir écrit au moins un livre. Cependant, il en deviendra un des membres les plus actifs et les plus prestigieux, occupant la présidence de la section française en 1892–1893 et en 1916–1917. De 1901 à 1904, De Celles est également vice-président du comité central de l’Aberdeen Association, dont le but est de procurer des livres aux colons nouvellement établis dans l’Ouest canadien. Il participe aussi à l’Alliance française d’Ottawa, qu’il préside en 1904, en 1908 et en 1910.

Chaque été, De Celles, dans la quiétude des Goinions, sa résidence de Pointe-au-Pic, dans la province de Québec, se consacre à ses recherches personnelles. En 1896, à Ottawa, a paru son œuvre majeure d’historien, les États-Unis : origine, institutions, développement. Le volume, qu’il publie à compte d’auteur, lui vaut l’année suivante le prix de l’Académie des sciences morales et politiques, à Paris. En en faisant parvenir un exemplaire à Chapleau, il écrit le 13 avril 1896 : « Je ne te demande pas de le lire, mais de m’en faire acheter par ton gouvernement. Si tu pouvais glisser un mot à certains ministres... » Par la suite, sa célébrité lui permet d’être aisément publié et diffusé, tant au Canada français qu’au Canada anglais. Ainsi, c’est à lui qu’on demande, pour la série Makers of Canada [V. George Nathaniel Morang*], les biographies de Louis-Joseph Papineau* et de sir George-Étienne Cartier*, réunies en un livre à Toronto en 1904. Dix ans plus tard, il signe l’introduction des deux volumes consacrés à la province de Québec, dans la collection intitulée Canada and its provinces ; il y est également l’auteur d’un article sur la colonisation, d’une synthèse de l’histoire du Québec depuis la Confédération, ainsi que d’un aperçu du système municipal. Le volume qu’il fait paraître à Toronto en 1916, The « Patriotes » of ‘37 : a chronicle of the Lower Canadian rebellion, fait aussi partie d’un projet prestigieux : les Chronicles of Canada [V. Robert Pollock Glasgow].

Dans ses écrits, De Celles livre une interprétation globale, sans accorder beaucoup d'attention à l'érudition et à l'exhaustivité. Il n'hésite pas à commenter et ce sont d'ailleurs ces commentaires, issus d'un auteur qui a suivi longuement, et de près, les grandeurs et les misères de la vie politique canadienne, qui confèrent le plus d'intérêt à ses ouvrages. L'historien réserve ses louanges pour sir Louis-Hippolyte La Fontaine* (dont il a fait paraître une biographie à Montréal en 1907), qui a conquis la responsabilité ministérielle, et pour Cartier, qui a protégé de son mieux les intérêts des Canadiens français après la Confédération. De Celles racontait l'histoire telle que la voulaient les conservateurs à son image, modérés, catholiques sans être ultramontains, nationalistes mais partisans de la « bonne entente » (dans l'esprit du mouvement du même nom) [V. John Milton Godfrey*] et favorables au progrès matériel, c'est-à-dire au développement économique de type libéral. Dans son dernier livre, publié à Montréal en 1920, Laurier et son temps, il admire chez le chef libéral les mêmes qualités de conciliation et de pragmatisme.

Alfred Duclos De Celles n’a jamais cessé d’écrire. Toute sa vie, il a collaboré, avec des articles littéraires et historiques, à diverses revues (dont la Revue canadienne de Montréal, le Canada français de Québec, le Bulletin des recherches historiques de Lévis, les Mémoires de la Société royale du Canada), ainsi qu’à la Presse, et ce, même après sa retraite. Son fils, son homonyme, a suivi ses traces et est devenu journaliste et écrivain. Alfred père a reçu un doctorat ès lettres honoris causa de l’université Laval en 1891 et, en 1896, le titre d’officier de l’Instruction publique de France. Il a obtenu en 1901 un doctorat en droit honoris causa de l’université d’Ottawa, a été fait en 1903 chevalier de la Légion d’honneur par le gouvernement français, puis compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1907. Ses contemporains admiraient son « esprit vif et pétillant », sa culture d’« honnête homme », sa courtoisie, son amabilité, son sens civique et sa sincérité.

Fernande Roy

La bibliographie la plus complète des écrits d’Alfred Duclos De Celles se trouve dans A.-M. Dorion, « Bio-bibliographie d’Alfred Duclos DeCelles » (mémoire, école de bibliothéconomie, univ. de Montréal, 1942). Plusieurs dépôts d’archives conservent des documents qui le concernent. Le fonds le plus important se trouve aux ANQ-O, P111 ; il renferme des lettres de sir Joseph-Adolphe Chapleau, des tapuscrits et des coupures de presse. Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (Ottawa) conserve quelques lettres et coupures de presse dans le fonds Alfred-Duclos-De Celles (P103), une importante correspondance entre De Celles et Chapleau dans le fonds Joseph-Adolphe-Chapleau (P313), et quelques lettres dans le fonds Jacques-Gouin (P26). À BAC, on consultera : la collection Alfred Duclos De Celles (MG 30, D271) pour les coupures de presse, le fonds sir Wilfrid Laurier (MG 26, G) pour 32 lettres de De Celles, le fonds sir John A. Macdonald (MG 26, A) pour 12 lettres au sujet de la candidature de De Celles comme bibliothécaire du Parlement, ainsi que le fonds Trefflé Berthiaume (MG 29, C117).

Les rapports des bibliothécaires conjoints du Parlement sur l’état de la bibliothèque qui paraissent dans Canada, Parl., Doc. de la session, entre 1885 et 1911 (ils n’y sont plus publiés par la suite), renferment de l’information pertinente sur les activités professionnelles de De Celles. Les deux articles suivants constituent à notre avis les meilleures notices biographiques sur ce dernier : Thomas Chapais, « Monsieur Alfred De Celles », le Canada français (Québec), 2e sér.,13 (1925–1926) : 153–158 ; [Auguste Gosselin], « Alfred D.-DeCelles », le Propagateur (Montréal), 6 (1909–1910), no 4 : 1, 24. [f. r.]

ANQ-M, CE601-S44, 8 août 1843 ; CE603-S6, 25 oct. 1876.

Bibliographie générale

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Fernande Roy, « DUCLOS DE CELLES, ALFRED », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/duclos_de_celles_alfred_15F.html.

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Auteur de l'article:    Fernande Roy
Titre de l'article:    DUCLOS DE CELLES, ALFRED
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    18 mars 2024