DUNCAN, DAVID HUNTER, banquier, né le 6 janvier 1843 à Brechin, Écosse ; en 1878, il épousa Amy L. Taylor de New Scone, Écosse, et ils eurent deux filles ; décédé le 1er avril 1903 à Halifax.

Diplômé de l’Arbroath Academy, à Arbroath en Écosse, en 1860, David Hunter Duncan entra à la succursale de la Royal Bank of Scotland située à cet endroit. En Écosse, le système bancaire était alors en pleine mutation. Un personnel mobile, astreint à un apprentissage uniforme, constituait le pivot de ce changement. Après une longue initiation au cours de laquelle ils occupaient un poste de commis souvent mal rémunéré, les employés diligents pouvaient accéder au rang de guichetier, puis de comptable. Seuls quelques-uns devenaient caissiers (directeurs généraux) d’une banque. La carrière de Duncan allait suivre ce modèle, de plus en plus répandu hors d’Écosse. En 1863, il entra à la London and County Bank à Londres. Six ans plus tard, il accepta un emploi à la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, établissement régi par des capitalistes londoniens, qui l’affecta tour à tour à Halifax, à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick et à New York.

Le 25 août 1872, la Banque des marchands de Halifax engagea Duncan comme comptable au salaire annuel de 1 600 $. C’était alors une petite banque provinciale qui administrait un actif de 2,3 millions de dollars et quelques succursales dans des villes comme Truro, Pictou et Bridgewater. Fondée en 1864 par un groupe de marchands haligoniens dont Edward Kenny*, elle avait d’abord été une banque privée, puis avait obtenu une charte fédérale en 1869. Au début, sa croissance fut précaire ; elle était vulnérable aux ralentissements du commerce et ses méthodes n’étaient pas au point. Le 17 novembre 1882, les administrateurs découvrirent, horrifiés, que le principal employé, le caissier George Maclean, « était l’auteur d’un détournement de fonds d’une importance de 10 729,18 $ », ce qui illustrait on ne peut mieux les dangers que présentait une surveillance inadéquate. Ils le mirent à la porte et le remplacèrent par Duncan, à qui ils offrirent un salaire annuel de 4 000 $.

Sous la direction de Duncan, la Banque des marchands s’aventura prudemment sur la scène nationale et internationale. Il favorisa beaucoup cette expansion en régularisant les relations entre le siège social et les succursales. Par exemple, le siège social exigeait que les agents soumettent les prêts à son approbation et procédait à de fréquentes et rigoureuses inspections dans les succursales afin de réduire les mauvaises créances et de minimiser le risque que des employés ne détournent des fonds. Les possibilités offertes par Halifax et l’arrière-pays étant de plus en plus minces, Duncan, de concert avec le président du conseil d’administration, Thomas Edward Kenny, veilla à ce que la banque parte à la conquête de nouveaux territoires. L’inauguration de la succursale de Charlottetown, en 1873, marqua le début de son expansion dans les autres provinces de l’Atlantique. En 1887, elle ouvrit une succursale à Montréal, ce qui lui permit de pénétrer les marchés commerciaux et industriels du centre du Canada, plus dynamiques que ceux de l’Est. Puis, profitant des liens commerciaux que Montréal entretenait avec le reste du continent, elle ouvrit aussi des succursales en Colombie-Britannique (Vancouver et Rossland en 1897) et en Ontario (Ottawa en 1899). En 1895, par suite de l’effondrement des banques de Terre-Neuve [V. James Goodfellow*], elle s’installa aussi à St John’s.

Pour se lancer sur la scène internationale, la banque emprunta les réseaux de commerce océanique des Maritimes. En 1881, Duncan ouvrit un compte à la Bank of Scotland à Londres afin de faciliter les opérations de change et le placement des obligations et emprunts canadiens. La Banque des marchands ouvrit des succursales aux Bermudes en 1884 et à Saint-Pierre et Miquelon en 1886. En 1899, pour tirer parti de la conjoncture créée par la fin de la guerre hispano-américaine, elle se dota d’une agence à New York et d’une succursale à La Havane. Quand Duncan prit sa retraite, elle comptait 42 succursales, soit 30 de plus que lorsqu’il était entré en fonction.

Pendant la période où il fut en poste, c’est-à-dire de 1882 à 1899, Duncan appliqua fidèlement les principes du système bancaire écossais, et la situation financière de la banque ne cessa de se consolider. L’actif passa de 3,7 millions de dollars à 17,1 millions et le capital versé, de 797 000 $ à près de 2 millions. La réserve, qu’il s’employa particulièrement à constituer, parce qu’elle était une protection essentielle contre les mauvaises créances, passa de 180 000 $ à 1,7 million. En outre, il veilla à ce que les membres du personnel, au nombre de 36 en 1882 et de 215 en 1899, soient rompus, par des circulaires et des règlements uniformes, aux rudiments des opérations de banque à succursales, comme le change étranger, les lettres de change et les prêts commerciaux. Lorsque la banque rechercha davantage la clientèle des particuliers, dans les années 1890, les employés reçurent aussi une solide formation dans le domaine des opérations bancaires au détail. Mais surtout, Duncan recrutait des jeunes gens compétents et leur citait sa carrière en exemple pour leur montrer ce qu’ils pouvaient espérer à force d’application et d’intégrité. Il fallait, dit-il à la succursale de Montréal en 1887, bien faire comprendre aux nouveaux employés « l’impérieuse nécessité de devenir quelque chose de plus qu’un bon guichetier ».

Venu de la Banque canadienne de commerce en qualité de comptable en 1883, Edson Loy Pease* fut la meilleure recrue de Duncan et finit par lui succéder. Ce fut en grande partie à cause de ses visées expansionnistes que la banque essaima à Montréal, à New York et à La Havane. Duncan le conseilla sur l’ouverture de ces trois bureaux et en fit le premier directeur de la stratégique succursale montréalaise. À l’occasion cependant, il tempérait le zèle de Pease, sachant que les administrateurs s’inquiétaient de voir la banque prendre trop de distance par rapport aux Maritimes. Ainsi, il lui dit en 1888 : « Je dois vous demander de poursuivre votre conduite prudente et de ne pas être pressé d’en faire trop. »

Le succès que Pease obtenait à Montréal et l’expansion qui en découlait amenèrent finalement les administrateurs à reconnaître qu’il fallait procéder à une certaine décentralisation pour que la banque tire pleinement parti de ses nouveaux marchés. En février 1899, ils nommèrent Duncan et Pease codirecteurs généraux. Pease superviserait les succursales de Montréal, de l’Ouest canadien et des Antilles ; Duncan, les succursales des Maritimes et le siège social. Dans le courant de l’année, cependant, même les administrateurs les moins audacieux parvinrent à la conclusion que l’expansionnisme de Pease, plutôt que la prudence de Duncan, était la voie de l’avenir. Le 31 décembre, Duncan prit sa retraite. Il avait droit à une généreuse pension annuelle de 4 000 $, et 177 employés signèrent un témoignage élogieux sur son apport à la banque. Par nostalgie, il retourna dans son pays natal mais regagna bientôt Halifax, où il s’éteignit en 1903. La Banque des marchands prit le nom de Banque royale du Canada en 1901 ; six ans plus tard, elle installa son siège social à Montréal.

Homme courtois, discret et distingué, David Hunter Duncan prenait rarement des vacances, préférant se détendre en jouant au poker à 0,05 $ et en faisant chaque semaine une partie de golf. Il appartenait au Halifax Club (où il côtoyait d’autres notables tel William Stevens Fielding*) et fréquentait assidûment l’église presbytérienne St Matthew. Il fut vice-président de la Canadian Bankers’ Association en 1894. Importante figure de transition, Duncan contribua à étayer ce qui allait devenir vers 1925 la plus grande banque du Canada, au cœur d’un système enraciné dans la tradition bancaire écossaise et façonné par la géographie canadienne.

Duncan McDowall

Une photographie de David Hunter Duncan prise vers 1890 se trouve aux PANS, Photograph Div., Notman Coll., 58724.

Arch. de la Banque royale du Canada (Montréal), Merchants’ Bank of Halifax coll., MBH 1, B-1–7 (livres des procès-verbaux, 1869–1900) ; C-1 (rapports annuels) ; MBH 2, D-10–11 (coor. d’E. L. Pease, 1887–1889) ; D-12 (registre du personnel administratif, 1870–1905) ; D-14 (cahier de correspondance du directeur, 1887–1889) ; D-16 (cahier de correspondance de W. B. Torrance, directeur, Halifax, 1899–1903) ; RBC 3, Dun-1 (biographie de D. H. Duncan).— Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), MS 4-63 (papiers de James Dickie).— PANS, MG 2, 422–541, 784–790b.— Assoc. canadienne des banquiers, Journal (Toronto), 10 (1902–1903) : 77.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— S. G. Checkland, Scottish banking : a history, 1695–1973 (Glasgow, 1975).— C. H. Ince, The Royal Bank of Canada ; a chronology, 1864–1969 ([Montréal, 1970]).— E. P. Neufeld, The financial system of Canada ; its growth and development (Toronto, 1972).

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Duncan McDowall, « DUNCAN, DAVID HUNTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/duncan_david_hunter_13F.html.

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Auteur de l'article:    Duncan McDowall
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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