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DUNN, OSCAR, journaliste et fonctionnaire, né le 14 février 1845 à Coteau-du-Lac, Bas-Canada, fils de William Oscar Dunn et de Marie-Anne-Mathilde Beaudet ; le 5 septembre 1876, il épousa, à Montréal, Marie-Mathilde Leblanc ; décédé à Québec le 15 avril 1885.

L’ancêtre d’Oscar Dunn, l’Écossais Charles Dunn, loyaliste protestant que la Révolution américaine avait incité à s’expatrier, s’était établi dans la paroisse Sainte-Ursule, près de Rivière-du-Loup (Louiseville, Québec). Le père de Dunn étudia la médecine au McGill College et pratiqua à Coteau-du-Lac. Marié en 1844, il devint veuf dès 1851 et décéda en décembre de la même année aux Bermudes. La tutelle de ses enfants, Oscar et Donalda, fut l’objet de disputes. Les Dunn remportèrent un premier procès, mais, dans le jeu des influences familiales, la famille française et catholique des Beaudet l’emportera. En effet, en 1855, la Cour d’appel infirma le jugement de première instance.

De 1855 à 1864, Dunn fait ses études au séminaire de Saint-Hyacinthe, où il se lie d’amitié avec celui qui sera son mentor et qu’il qualifiera de père adoptif, l’abbé François Tétreau. Déjà, la récurrence sporadique d’une infection chronique, en toute probabilité de type tuberculeux, immobilise l’étudiant. Cette débilité accentuera ses difficultés dans le choix d’une carrière et le laissera longtemps perplexe quant au sort que lui réserve la vie. Jointe aux traumatismes causés par l’état d’orphelin et la tutelle contestée, elle le prédispose à rechercher la sécurité, l’entente.

Encore sur les bancs du collège, Dunn collabore au Courrier de Saint-Hyacinthe alors rédigé par Honoré Mercier*. Ses études terminées, il commence sa « cléricature » chez les avocats Francis Cassidy* et Charles-André Leblanc*, son futur beau-père, mais abandonne rapidement le droit pour le journalisme. En juin 1866, il dirige le Courrier de Saint-Hyacinthe. Il y restera jusqu’en mars 1868, alors qu’il s’embarque pour l’Europe afin de parfaire sa formation de publiciste.

De Paris, les articles que Dunn envoie à la Minerve, dont il est le correspondant, suivent les remous de l’opinion en France et renseignent le lecteur autant sur les mœurs des Parisiens que sur la pensée de leur observateur. À l’instar d’Elzéar Gérin qui l’a précédé, il collabore aussi à la feuille libérale de Jean-Jacques Weiss, le Journal de Paris. Au Nouveau Monde (Montréal), l’organe de l’évêché de Montréal, on redoute l’influence délétère des libres penseurs sur le journaliste canadien. Aussi lui fait-on quelques tracasseries. Dans une série d’articles, par exemple, on insinue qu’il mène « la vie parisienne » et on lui reproche le persiflage et le ton quelque peu frondeur de ses écrits. En ayant assez « de l’étude du journalisme libre-penseur », Dunn se tourne alors vers l’Univers (Paris) : Louis Veuillot l’invite à rédiger un texte sur la littérature canadienne, mais le projet d’article reste en plan. En décembre 1868 et au début de 1869, Dunn visite Rome et le corps des zouaves canadiens, auquel il avait déjà rêvé de se joindre. Il est reçu par Pie IX qui, s’adressant à lui en qualité de journaliste, l’incite à suivre la règle de la droiture d’intention pour éviter l’erreur.

Fort de ce retour de près d’un an aux sources françaises et catholiques, Dunn rentre au Canada, mais la place qu’on semblait vouloir lui réserver à la Minerve ne lui est pas accordée. Il ne fera donc qu’y collaborer. Il reprend en avril 1870 la direction du Courrier de Saint-Hyacinthe, mais quitte son poste six mois plus tard à cause d’un différend avec Camille Lussier, propriétaire du journal mascoutain. Ce dernier estime que Dunn « n’est pas assez religieux pour le Courrier » et « accepte trop facilement la république française ». Après avoir collaboré longtemps, quoique de façon occasionnelle, au journal illustré l’Opinion publique, Dunn songe sérieusement à passer en France, puisque le journalisme québécois ne lui offre que l’instabilité. Toutefois, en septembre 1872, il accepte l’offre de la Minerve de se joindre à l’équipe de rédaction. Il en fera partie jusqu’à l’automne de 1873, alors qu’il remplace Laurent-Olivier David* à l’Opinion publique. En décembre 1874, il quitte le journalisme militant et devient copropriétaire de la Revue canadienne qu’il abandonne un an plus tard pour devenir, peu après, fonctionnaire.

Au cours de la période qui précède son voyage en Europe, la pensée du journaliste ne s’est pas encore départie des idées reçues ; elle est avant tout didactique, apologétique et corrobore la vision ultramontaine. Le prosélytisme de Dunn, qui n’a d’égal que ses préoccupations patriotiques, l’incite, entre autres, à donner bonne presse à la cause des zouaves, à susciter, presque à son insu, une querelle entre l’abbé Joseph-Sabin Raymond et Louis-Antoine Dessaulles*, laquelle portait surtout sur la participation des professeurs du séminaire de Saint-Hyacinthe aux luttes politiques et à la rédaction du Courrier. En politique, voué à la cause du parti conservateur, qu’il n’abandonnera jamais, Dunn appuie la Confédération naissante en exploitant l’antiaméricanisme et la confusion du politique et du religieux. C’est peu après son retour d’Europe qu’apparaît, sous sa plume, le type d’article qu’il affectionnera : texte court, concis, vif, toujours courtois, quelquefois spirituel, et dans lequel l’auteur préfère la raison à l’esprit. Dunn s’intéresse à toutes les grandes questions de l’heure. Pour ne parler que des plus connues, rappelons celles du scandale du Pacifique, des Territoires du Nord-Ouest, des écoles « séparées » du Nouveau-Brunswick et, surtout, celle des démêlés politico-religieux du temps. S’il est quelques dominantes dans la pensée du journaliste, elles se trouvent dans la filiation des positions prises au nom de l’union, de l’ordre et du respect. Dunn saisissait d’instinct l’équilibre précaire des forces politiques ou sociales. Que ce soit la cause des Métis, la phobie de l’union législative ou de l’annexion, la redéfinition du lien colonial, ou encore la tentative de fusion entre l’Institut canadien de Montréal et l’Institut canadien-français (Montréal), l’union politique des forces catholiques et celle des partis politiques au Québec – un de ses apports les plus significatifs à la pensée politique de l’époque – Dunn tente constamment de définir les rôles, d’assurer une survivance des catholiques et francophones du pays. Religion et patrie, voilà son leitmotiv et le tandem indissoluble. Il fut un des premiers publicistes à intégrer ces notions à l’échelle des valeurs à sauvegarder. Toutefois son conservatisme n’enlevait rien à sa lucidité. Avant les Benjamin Pâquet*, les Joseph-Sabin Raymond et les Wilfrid Laurier*, il fait la distinction nécessaire au sujet de la trop confuse notion de libéralisme ; il n’hésite pas non plus à remettre en cause certains credo qui n’en étaient point. Il parle volontiers d’instruction obligatoire ou de suffrage universel. Schématiquement, la pensée du journaliste, au cours de sa carrière, est celle d’un conservateur qui avait l’esprit assez ouvert pour comprendre des situations nouvelles et pour tirer parti de ses expériences.

Fasciné par la politique, débouché logique du journalisme, selon lui, Dunn tente à deux reprises l’aventure électorale. Mais, volontiers hautain, il ne peut s’attirer la faveur de l’électorat dans la circonscription de Saint-Hyacinthe en 1872, et dans celle de Soulanges en 1875. Cette dernière défaite, qui fait l’objet d’un appel, est suivie d’une réorientation de carrière : Dunn abandonne Montréal pour Québec et se retrouve « fonctionnaire et content », comme il le dira. Il succède à Napoléon Legendre* à la rédaction du Journal de l’Instruction publique, poste qu’il occupe jusqu’à la disparition de ce journal pédagogique en 1879. Il passe alors au secrétariat du département de l’Instruction publique et remplace, en 1882, Louis Giard. Le fonctionnarisme ne fait point rentrer l’ancien journaliste politique dans l’oubli. En 1876, il publie Dix ans de journalisme ; mélanges et, en 1878, Lecture pour tous, recueils d’essais et d’articles qu’il jugeait ses meilleurs, tirés de sa collaboration à la Minerve, à la Revue canadienne et à l’Opinion publique surtout. Suite logique de l’enthousiasme qu’il manifesta à l’égard de l’enseignement du dessin, il publie, en 1877, un Manuel de dessin industriel à l’usage des maîtres d’écoles primaires. Il écrira, à l’occasion, quelques articles pour le Journal de l’Éducation, l’Opinion publique ou les Nouvelles Soirées canadiennes de Montréal. Il prit part une seule fois, soit en 1882, aux réunions de la Société royale du Canada dont il était membre, mais ne collabora point à ses travaux. Toute sa vie, il attacha du prix aux questions linguistiques. Cet intérêt trouva son débouché, en 1880, dans son Glossaire franco-canadien [...], le premier ouvrage à relever, malgré des imperfections, l’apport des patois français au français canadien. Il ne put compléter l’édition corrigée de cette dernière étude : le 15 avril 1885, il décédait subitement, à l’âge de 40 ans, au Club de la garnison de Québec.

Derrière cet homme de petite taille, à l’air patricien, aux façons brusques, au sarcasme et à l’ironie faciles, et qui s’adonnait surtout à des travaux sérieux – à la bibliophilie entre autres – se dissimulait une nature généreuse, un pince-sans-rire qui, avec les intimes – souvent les lettrés de l’époque – apportait la gaîté. Ses réparties et ses anecdotes, racontées avec à-propos, semblaient être lancées pour en observer l’effet sur les interlocuteurs.

Guy Provost

Oscar Dunn est l’auteur de Pourquoi nous sommes français (Montréal, 1870) ; l’Union des partis politiques dans la province de Québec (Montréal, 1874) ; Dix ans de journalisme ; mélanges (Montréal, 1876) ; Manuel de dessin industriel à l’usage des maîtres d’écoles primaires (Montréal, 1877) ; Lecture pour tous (Québec, 1878) ; Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses usitées au Canada (Québec, 1880) et Une disparition mystérieuse (Montréal, 1884) qu’il signa sous le pseudonyme de Charles de Soulanges. [g. p.]

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 1er août 1859 ; Saint-Ignace (Coteau-du-Lac), 15 janv. 1844, 14 févr. 1845, 15 janv. 1847, 3 juill. 1851 ; Saint-Joseph (Soulanges), 21 avril 1823 ; Minutier, Louis Adam, 20, 30 oct. 1851.— ANQ-MBF, État civil, Anglicans, Saint Andrew de Rivière-du-Loup (Louiseville), 7 juill. 1822 ; Saint-Joseph (Maskinongé), 8 juill. 1786 ; Minutiers, Eustache Sicard de Carufel, 26 mars 1852.— APC, MG 18, H6, 4 : 444 ; MG 29, D40, 2 : 1431 s., 1435 ; MG 30, D1, 12 : 10–103.— Décisions des tribunaux du Bas-Canada (17 vol., Montréal et Québec, 1851–1867), V.— Catalogue d’une bibliothèque canadienne, ouvrages choisis en particulier sur l’Amérique et le Canada, 2 000 volumes, collectionnés par feu M. Oscar Dunn (Québec, 1885).— Catalogue d’une bibliothèque canadienne, ouvrages sur l’Amérique et en particulier sur le Canada collectionnés par M. Oscar Dunn (Québec, 1880).— L.-P. Bender, Literary sheaves, ou la littérature au Canada français (Montréal, 1881).— Jean Bruchési, Rappels (Montréal, 1941).— Guy Provost, « Oscar Dunn, sa vie, son couvre » (thèse de d. ès l., univ. Laval, 1973).— F.-J. Audet, « Encore Oscar Dunn », BRH, 34 (1928) : 406 ; « Oscar Dunn » : 291–294.— L.-P. Bender, « Quebec City thirty years ago [...] sketch of Oscar Dunn », Quebec Daily Telegraph, 18, 25 avril, 2 mai 1908 : 7.— Jean Bruchési, « À propos d’Oscar Dunn », BRH, 34 (1928) : 344–346 ; « La famille d’Oscar Dunn » : 571–574 ; « Oscar Dunn et son temps », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 14 (1928–1929) : 183–204.— A.-D. De Celles, « Oscar Dunn », SRC Mémoires, 1er sér., 4 (1886), sect. i : 65–70.

Bibliographie générale

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Guy Provost, « DUNN, OSCAR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dunn_oscar_11F.html.

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Auteur de l'article:    Guy Provost
Titre de l'article:    DUNN, OSCAR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    18 mars 2024