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DUTISNÉ, CLAUDE-CHARLES (Tissenay, Tisnet, Visseri), seigneur, capitaine dans les troupes de la marine en Louisiane, commandant des forts Natchitoches, de Chartres, et Natchez, né dans la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris du mariage de Claude-Charles Dutisné et de Catherine Du Cloux, mort en 1730, au pays des Illinois.

Dans son Histoire de la Louisiane française, Émile Lauvrière prétend que Dutisné joignit les troupes de la marine parce que sa petite taille l’écartait de l’armée française. Il reçut sa commission d’enseigne dans les troupes de la Nouvelle-France le 15 juin 1705 et s’embarqua pour Québec un peu plus tard dans l’année. Il y épousa Marie-Anne Gaultier de Comporté le 6 février 1708. Par ce mariage, il devenait seigneur de Champigny et de Gaudarville car sa femme, par un premier mariage, avait été l’épouse d’Alexandre Peuvret de Gaudarville. Elle mourut en 1711 et, le 28 octobre 1713, Dutisné se remariait, à Québec, avec Marguerite Margane de Lavaltrie.

En mars 1714, Dutisné, à la tête de 12 Canadiens, se rendit à la rivière Ouabache (Wabash) où il devait rencontrer Jean-Baptiste Quenet qui venait de Québec avec une vingtaine de Canadiens et Pierre Dugué de Boisbriand qui, lui, venait de l’Illinois. Ils avaient pour mission de construire un fort et un poste de traite afin d’empêcher les Anglais d’entrer en contact avec les Miamis et les Natchez. Comme les deux autres partis n’arrivaient pas, Dutisné et ses hommes quittèrent la Ouabache et se dirigèrent vers l’île Dauphine (île Dauphine, Alabama). Ce voyage les amena à traverser la région de Kaskaskia, dans le pays des Illinois, où Dutisné découvrit des gisements d’argent. Dès son arrivée en Louisiane, il en fit rapport au gouverneur Lamothe Cadillac [Laumet] qui, de la façon qui lui était caractéristique, ne tarda pas à s’attribuer tout le mérite de la découverte.

À l’automne de 1714, Dutisné fut promu lieutenant et à ce titre participa à l’érection du fort Rosalie, chez les Natchez. Il y occupa la charge de commandant en second jusqu’à ce que lui parvienne l’ordre d’aller construire un poste sur l’île des Natchitoches, à 72 lieues en amont de la rivière Rouge. Il commanda ce fort pendant deux ans. C’est à cette époque qu’il soumit à la Compagnie des Indes un mémoire dans lequel il recommandait l’établissement d’un poste au pays des Yazoo (région de la rivière Yazoo, Mississipi) pour tenter de faire obstacle aux Anglais de la Caroline qui pratiquaient la traite dans cette région. La compagnie étudia le projet mais ne fit rien pour le mettre à exécution. En 1718, Dutisné, qui montait vers le nord dans le but de se rendre à Québec, traversa à pied la région des Alibamous avec son seul compas pour guide. Après avoir passé l’hiver à Québec il retourna au pays des Illinois avec sa famille.

En 1719, on lui accorda le grade de capitaine. Jean-Baptiste Le Moyne* de Bienville lui confia la mission d’établir des relations avec les Indiens du Missouri. Il quitta le pays des Illinois et suivit le fleuve Missouri jusqu’à l’emplacement actuel de la ville de Kansas où les Indiens missouris l’accueillirent cordialement mais refusèrent de le laisser aller plus loin. Dutisné dut donc redescendre le Missouri jusqu’à l’embouchure de la rivière Osage qu’il remonta pour arriver au pays des Indiens du même nom. Là aussi, on le reçut amicalement, mais on s’efforça de le dissuader de pénétrer plus avant. Néanmoins, il traversa la rivière Arkansas et parcourut 40 lieues en quatre jours pour atteindre les bourgades des Panis (Pawnees). Ces Indiens lui réservèrent un accueil hostile parce que les Osages les avaient prévenus que Dutisné cherchait à obtenir des esclaves. À deux reprises, les Panis mirent sa bravoure à l’épreuve en brandissant une hache au-dessus de sa tête ; chaque fois il les mit au défi de le frapper. Bien que favorablement impressionnés par cette manifestation de courage, les Panis refusèrent de le laisser poursuivre sa route vers l’Ouest où vivaient leurs mortels ennemis, les Padoucas (Comanches). Dutisné dut se résigner à retourner chez les Illinois.

On ne doit pas minimiser l’importance des voyages de Dutisné. Il a réussi à établir des relations avec trois tribus habitant des territoires jusque-là inexplorés et il a découvert des gisements d’argent au pays des Osages. De plus, il a pu confirmer le fait que les Espagnols s’étaient rendus dans les villages des Panis plus d’une fois, mais que par la suite les Commanches leur en avaient interdit l’accès. En outre, Dutisné avait démontré, pour en avoir fait l’expérience dans chacune des bourgades, que les marchandises françaises pourraient y trouver un marché d’échange.

En 1720, les compagnies d’infanterie que commandaient Dutisné et Pierre d’Artaguiette étaient en garnison dans le tout nouveau fort de Chartres, à six lieues du nord de Kaskaskia (Illinois). Les deux premières années s’écoulèrent dans le calme, mais, en 1722, les Illinois qui vivaient à Pimiteoui (Pimitoui) et au Rocher (Starved Rock) subirent l’assaut des Renards. Boisbriand, commandant de la région, fit alors appel à Dutisné et à d’Artaguiette pour lui prêter main-forte. Les trois hommes prirent la tête d’un détachement de 100 hommes et se portèrent à la défense de leurs alliés illinois mais les Renards avaient battu en retraite avant leur arrivée. Par la suite le calme revint dans la région et Dutisné put partir pour la Nouvelle-Orléans.

Le 21 octobre 1723, Dutisné fut nommé commandant chez les Illinois pour succéder à Boisbriand ; il se fixa au fort de Chartres. Les Renards avaient recommencé à harceler les alliés des Français et la confusion et la peur régnèrent partout au pays des Illinois durant toute la durée de son commandement. Constant Le Marchand de Lignery avait négocié une paix temporaire mais Dutisné était loin d’en être satisfait car cette paix ne protégeait que les tribus des lacs et n’améliorait en rien la situation dans le Sud où les Français vivaient constamment sous la menace d’une attaque. En 1725, Dutisné demanda à être relevé du commandement du fort de Chartres pour cause de santé et fut nommé à la même fonction au fort Rosalie. Il reprit le commandement du fort de Chartres en 1729, mais un Indien de la tribu des Renards le blessa d’un coup de feu à la joue et, l’année suivante, il devait mourir des suites de cette blessure.

Avec sa première épouse, Dutisné avait eu trois fils, Louis-Marie-Charles, Charles et Louis-Marie-Joseph. L’aîné, Louis-Marie-Charles, servit au pays des Illinois pendant plusieurs années. L’on sait qu’il dirigea un convoi du pays des Missouris jusqu’au fort de Chartres, en 1725 et, quoiqu’il n’existe pas de documents concernant son activité pendant les quelques années qui suivirent, il est à présumer qu’il continua à travailler chez les Indiens de la région car on le choisit pour accompagner Pierre Groston de Saint-Ange au pays des Missouris en 1734. En mars 1736 il participa à la campagne que Pierre d’Artaguiette mena contre les Chicachas et qui coûta la vie à plusieurs jeunes officiers. Louis-Marie-Charles Dutisné et François-Marie Bissot de Vinsenne étaient au nombre des victimes.

Même si ses contemporains ont semblé entretenir quelques doutes quant à la moralité de Claude-Charles Dutisné, il n’en a pas moins consacré les 16 dernières années de sa vie à servir les intérêts de la Louisiane. Il a été un authentique pionnier que ses pérégrinations amenèrent à traverser de vastes régions qui couvrent 15 ou même 25 états des États-Unis d’aujourd’hui. Son goût de l’aventure avait orienté toute sa vie.

C. J. Russ

AN, Col., C11A, 22, f.253 ; 31, f.232 ; Col., C13A, 3, f.853 ; 4, ff.82, 318, 605, 1019 ; 7, f.136 ; 12, ff.178, 293 ; 21, f.22 ; Col., D2C, 222/1, f.273.— AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 24 avril 1708 ; Greffe de François Genaple, 4 févr. 1708.— Charlevoix, History (Shea), VI : 28–32, 71, 120–122.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1947–48 : 271, 283.— Découvertes et établissements des Français (Margry), V : 512–544, 564, 615 ; VI : 309–315.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 272s. ; Inv. ord. int., I : 90s.— Wis. State Hist. Soc. Coll., III : 155 ; XVI.— Le Jeune, Dictionnaire, II : 720.— Tanguay, Dictionnaire, III : 582.— Alvord, Illinois country, I : 157n., 175, 178.— Giraud, Histoire de la Louisiane française, III : 373s., 380s.— Pierre Heinrich, La Louisiane sous la Compagnie des Indes, 1717–1731 (Paris, [1908]), 112–115, 182s.— Émile Lauvrière, Histoire de la Louisiane française, 1673–1939 (Louisiane, 1940), 156, 172, 184–187, 292–295, 302, 305, 381.— C. L. Vogel, The Capuchins in French Louisiana (1722–1766) (Washington, 1928), 106–108.

Bibliographie générale

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C. J. Russ, « DUTISNÉ, CLAUDE-CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dutisne_claude_charles_2F.html.

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Auteur de l'article:    C. J. Russ
Titre de l'article:    DUTISNÉ, CLAUDE-CHARLES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    19 mars 2024