DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

FERRIE, COLIN CAMPBELL, homme d’affaires, juge de paix, homme politique et fonctionnaire, baptisé en mai 1808 à Glasgow, Écosse, fils d’Adam Ferrie* et de Rachel Campbell ; le 8 décembre 1830, il épousa Catherine Priscilla Beasley, fille de Richard Beasley*, marchand, et ils eurent deux fils ; décédé le 9 novembre 1856 à Hamilton, Haut-Canada.

Colin Campbell Ferrie, fils aîné d’un marchand de textile de Glasgow, arriva à Montréal en 1824 avec William Cormack, associé à la maison transitaire en gros Ferrie, Cormack and Company, nouvellement établie dans cette ville par le père de Ferrie. La société fut dissoute en 1826 à cause de l’incompétence administrative de Cormack, mais elle reprit vie sous la direction de Ferrie. En 1829, il s’associa à son frère Adam* et à son père ; ce dernier s’établit à Montréal et accepta d’approvisionner le magasin en gros et au détail fondé par ses fils sous la raison sociale de Colin Ferrie and Company dans la ville de Hamilton qui était alors en pleine expansion. De 1830 à 1833, des succursales du magasin de Hamilton furent ouvertes à Brantford, Preston (Cambridge), Nelson (Burlington), Dundas et Waterloo, centres qui témoignaient éloquemment de l’expansion rapide de la zone d’influence commerciale de Hamilton.

La Colin Ferrie and Company fournissait les marchands ruraux qui, faute de crédit suffisant, ne pouvaient acheter directement des maisons transitaires de Montréal. La société vendait également à crédit aux clients qui achetaient au détail, et il lui arrivait même de risquer davantage en acceptant des produits en acompte parce que les fluctuations des prix courants et les problèmes de transport faussaient souvent la prévision des profits. L’entreprise avait un rythme saisonnier qui débutait après l’ouverture de la navigation aux derniers jours du printemps, avec l’arrivée des clients et celle des fournitures qu’Adam Ferrie père, de Montréal, faisait parvenir à ses fils. L’hiver venu, Ferrie tentait de récupérer ce qu’on lui devait, puisqu’il était alors possible d’aller chercher en traîneau les produits de la campagne difficilement transportables qui étaient dus comme acompte, et qu’il y avait moins de chance que les clients, dont les paiements étaient en souffrance, puissent fuir. Des commis, tel Jasper Tough Gilkison, avaient souvent comme mission d’aller percevoir les sommes dues et, s’ils ne réussissaient pas, les débiteurs étaient poursuivis en justice. Ainsi, en 1833, Ferrie fit décerner plus de 20 sommations. Certains clients s’enfuirent, d’autres payèrent leur dû et quelques-uns furent incarcérés dans la prison du district de Gore, dont Ferrie était le fournisseur. Nommé juge de paix en 1833, il utilisa son autorité pour mettre sous arrêt ceux qui étaient soupçonnés de vol dans son magasin.

Les recours en justice permirent à Ferrie de consolider ses affaires commerciales, mais il vit aussi à stabiliser son commerce situé à Hamilton en favorisant les services de transport et les institutions financières. À titre de secrétaire d’une société par actions constituée en vue de l’exploitation d’un bateau à vapeur à Hamilton, il contribua à réunir les fonds qui permirent le lancement du Constitution à l’été de 1833. Au mois de novembre, Ferrie et d’autres hommes d’affaires de la région, dont Andrew Steven*, demandèrent officiellement que soit créée une banque privilégiée à Hamilton et, de fait, la Gore Bank fut reconnue juridiquement deux ans plus tard. Ferrie succéda à James Matthew Whyte* à titre de président de la banque en 1839, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort.

Pendant les années 1830, l’activité de Ferrie se manifesta partout à Hamilton, dans le commerce, le domaine juridique et les affaires municipales. Contrairement à Allan Napier MacNab*, un parvenu exubérant, il semble avoir abordé ses charges publiques par devoir et non par opportunisme. Il exerça discrètement et sans esprit partisan les multiples fonctions qu’il eut à remplir dans l’administration locale. Pendant l’épidémie de choléra de 1832, il présida le bureau de santé et, un an plus tard, il devenait membre de la première commission de police de la ville. En 1839, il contribua à la mise sur pied du Hamilton and Gore Mechanics’ Institute et de la St Andrew’s Society de l’endroit. Trois ans plus tôt, il avait démissionné comme directeur du scrutin et° s’était porté candidat aux élections provinciales ; il fut élu député de Hamilton, qu’il représenta à l’Assemblée jusqu’en 1841. Tory modéré, Ferrie, à l’instar de son père, ne réagit pas vindicativement à la rébellion de 1837–1838 et, de fait, il intervint comme témoin de la défense lors du procès de Solomon Lossing, magistrat du district de London qui fut reconnu innocent après avoir été accusé de trahison. À l’Assemblée, c’est comme membre du comité d’enquête sur la crise financière de 1837 que Ferrie s’illustra le plus [V. sir Francis Bond Head*].

En dépit des multiples fonctions qu’occupait Ferrie, l’effondrement qui suivit cette crise affecta considérablement ses finances, son prestige et sa confiance. Il n’avait pas suivi le sage conseil de son père qui avait prévenu ses fils Colin et Adam de ne pas céder à la folie des grandeurs et qui s’était élevé notamment contre l’achat extravagant de la propriété Westlawn, à Hamilton, évaluée à £7 000, que Colin avait offerte à son épouse comme cadeau de noce. Un tel déboursé, semble-t-il, le força plus tard à vendre aux enchères quelques effets en portefeuille, ce qui lui fit perdre beaucoup d’argent. Toutefois, il survécut à la dépression de 1837, pendant laquelle plusieurs clients de la campagne manquèrent à leurs engagements, en vendant au rabais des succursales de son magasin de Hamilton et en laissant aller à perte certaines propriétés. La répression de la rébellion apporta également de l’argent liquide aux hommes d’affaires loyaux comme Ferrie qui fournissaient au 3e régiment de milice de Gore des vêtements, de la poudre à canon, des balles, des réchauds et du whisky.

Ferrie ne put vraiment jamais reprendre par la suite la place éminente qu’il avait eue à ses débuts dans le commerce. Tandis que pour d’autres marchands l’année 1840 semblait marquer un peu partout le retour de la prospérité, John Young*, marchand concurrent de Ferrie, le considérait comme un homme fini dont « les comptes en souffrance ser[aient] de plus en plus difficiles à percevoir ». Il n’y avait pas que les comptes en souffrance qui accablaient Colin et Adam Ferrie fils. La minoterie et la distillerie qu’Adam avait lancées en 1834 à Doon Mills (Kitchener) nécessitèrent des réparations coûteuses après l’effondrement d’un barrage en 1840. Leur père ne put être d’un grand secours, puisque deux maisons transitaires de Montréal, dans lesquelles il avait des intérêts, tombèrent en faillite en 1841 et qu’il perdit de fortes sommes, l’année suivante, dans des envois de produits en Grande-Bretagne. En 1840, Isaac Buchanan* avait mis sur pied une importante maison de gros à Hamilton, et il nota plus tard que les affaires de la Colin Ferrie and Company avaient commencé de péricliter dès qu’elles avaient été « exposées à une concurrence supérieure ».

Pendant les années 1840, Ferrie se lança dans les opérations bancaires et dans la spéculation immobilière sur une grande échelle. La Gore Bank, qui éprouvait de graves difficultés, retenait de plus en plus son attention, surtout parce qu’elle était mêlée à ses affaires commerciales et immobilières. Le gouvernement, qui faisait affaire avec la Bank of Upper Canada et la Commercial Bank of the Midland District, à leur grand avantage, avait toujours refusé de traiter avec la Gore Bank qui, depuis sa fondation, ne disposait que de peu de fonds. Ferrie lui-même était responsable en partie de cet état de choses, puisque les investisseurs et les clients éventuels voyaient d’un mauvais œil un marchand en perte de vitesse s’engager dans une nouvelle banque. Au début de 1842, les actions de la Gore Bank se vendirent à rabais quand on sut que Ferrie, à titre de président, avait emprunté environ £17 000. En 1844, la banque acheta un terrain de Ferrie pour la construction d’un édifice juste à côté du magasin de la société qu’il dirigeait, ce qui rendait évidents les liens financiers puissants qu’il avait avec la banque. À part les actions qu’il détenait dans la banque et ses intérêts dans le magasin et l’entrepôt, ses avoirs étaient immobilisés dans des immeubles acquis comme mode de règlement de la part de clients et, de plus en plus, comme résultat de la spéculation. Dès 1835, il avait fait de la publicité pour la vente de fermes et de lots urbains, et, en 1851, la Colin Ferry and Company possédait pour plus de £36 000 en valeurs foncières.

Le choc de l’effondrement financier quasi complet après 1839 et les difficultés constantes du commerce au début des années 1840 lui firent oublier son intérêt pour la chose publique et ébranlèrent sa confiance juvénile. Si l’expansion de ses affaires dépendait en partie du domaine public, comme le développement de la ville et celui de sociétés par actions, en revanche les engagements financiers dépassant ses moyens, la réduction des dépenses et la survie de son entreprise étaient des problèmes d’ordre privé. Aussi se retira-t-il de la vie publique pendant plusieurs années afin de se consacrer au redressement de ses affaires, ne revenant dans ce secteur que progressivement, à mesure que sa situation matérielle se stabilisait. Il devint membre fondateur du bureau de commerce de Hamilton en 1845 et, deux ans plus tard, il fut le premier maire de Hamilton, qui venait d’être érigé civilement. Durant l’année de son mandat, il mit l’accent sur les questions de fiscalité, comme le financement municipal par la Gore Bank et la demande d’une subvention au gouvernement de la province du Canada pour aider la ville à fournir des services hospitaliers à une vague possible d’immigrants irlandais miséreux. Ferrie s’intéressa de nouveau à la promotion d’entreprises par actions. Comprenant que l’élargissement du canal de Lachine, qui se fit de 1843 à 1848, permettrait la circulation de bateaux à fort tonnage entre Montréal et le lac Ontario, il accepta la présidence du conseil d’administration de la Burlington Bay Dock and Ship-Building Company, fondée en 1847. Même s’il parvint à financer un chantier naval et une fonderie pour le compte de la société, il semble que rien ne fut construit avant la réorganisation de la société en 1858.

La crise économique de 1848–1850, qui apparut au Canada à la suite d’un resserrement international du crédit, provoqua le retrait définitif de Ferrie du domaine public. En 1847, la faillite de la Reid, Irving and Company, représentante britannique de la Gore Bank, avait fait perdre à cette dernière plusieurs milliers de livres. Les négociations qui se faisaient en vue d’une fusion avec la Bank of Upper Canada ralentirent à la suite de cette faillite et de ses répercussions sur la Gore Bank. Toutefois, les rumeurs persistantes de fusion continuaient à inquiéter Ferrie, dont les facilités de financement à la Gore Bank étaient en jeu. Il eut encore une fois à exercer des pressions sur ses débiteurs, à solder des marchandises et à hypothéquer des propriétés, et, dans cette période difficile, il se brouilla avec des membres de sa famille pour des raisons d’affaires. Son frère Robert, qui avait pris la direction de l’entreprise de Doon Mills en 1847, l’incita à agir avec plus de prudence dans l’attribution du crédit et à laisser aller des lots dans sa propriété de Westlawn. Il est possible que le casse-tête qu’étaient pour Ferrie ses finances chancelantes soit la raison pour laquelle il s’intéressa si peu à une entreprise locale de grande importance, la Great Western Rail-Road Company. En 1834, il avait appuyé comme membre fondateur l’entreprise qui l’avait précédée, la London and Gore Rail Road Company, mais il semble qu’il perdit plus tard presque tout son enthousiasme. Toutefois, il se joignit à d’autres hommes d’affaires de l’endroit pour tenter de conserver à Hamilton sa prédominance dans la vaste région située au nord et à l’ouest de Guelph en appuyant la construction d’une ligne ferroviaire secondaire de la Great Western Rail-Road Company reliant Galt (Cambridge) à Guelph ainsi qu’une autre ligne entre Preston et Berlin (Kitchener) qui passerait près de Doon Mills.

En dépit de difficultés d’ordre commercial, Ferrie et son père décidèrent de réorganiser et de développer les entreprises familiales en 1848. Fait important, ils réussirent à convaincre Adam, dont la santé était chancelante, de leur confier la direction de l’entreprise de Doon Mills. Après la mort d’Adam, l’année suivante, Ferrie réorganisa la société de Hamilton avec ses frères John et Robert. Pendant le boom de la construction des chemins de fer dans le Haut-Canada, de 1852 à 1857, il semble que la société ait repris presque autant de prestige qu’à ses débuts. Toutefois, un représentant de la R. G. Dun and Company (firme déterminant la cote de crédit des compagnies) mit en doute la capacité des frères Ferrie de « comprendre aussi bien que beaucoup d’autres dans la ville la façon de conduire les affaires ». De plus, l’inquiétude due au relancement des affaires de la famille et à la protection de ses intérêts mina la santé de Ferrie et, en 1855, une nouvelle série de difficultés ébranla son entreprise commerciale. Un nombre particulièrement élevé de comptes en souffrance ne purent être recouvrés durant l’hiver de 1854–1855, deux vaisseaux transportant des marchandises de la compagnie coulèrent dans le lac Ontario et, tout comme en 1842, la panique envahit le monde bancaire de Hamilton quand le bruit circula que Ferrie manquait de fonds de roulement. À cette époque, sa société commerciale devait £50 000 à la Gore Bank. En réponse aux critiques de certains membres du conseil d’administration de la banque au sujet de la façon dont Ferrie gérait la Gore Bank, celui-ci fit acheter un plus grand nombre d’actions par les membres de sa famille. Il s’agissait d’une opération compliquée et, pour quelques-uns, douteuse, surtout du fait que les sociétés de la famille, sous l’instigation de Ferrie père, à Montréal, et de Ferrie fils, à Hamilton, se portaient garantes entre elles de leurs effets de commerce.

Bientôt une vague de prospérité contrebalança les effets néfastes de la situation, mais de toute évidence Colin Campbell Ferrie était tenaillé par l’angoisse. En novembre 1856, à l’issue d’une réunion du conseil d’administration de la Gore Bank, il eut une syncope et, dans l’espace de quelques jours, il mourut d’une « hypertrophie du cœur ». John et Robert Ferrie prirent en main les intérêts commerciaux de leur frère.

John Weaver

AO, MS 497 ; RG 20, Hamilton court records, 1830–1840 ; sér. F-15, 1, 1833–1840 ; RG 22, sér. 155, testament de C. C. Ferrie.— APC, MG 24, D16, 63, John Young à Peter Buchanan, 21 oct. 1840 ; Isaac Buchanan à Young, 11 mai 1840 ; 64, Isaac Buchanan à Peter Buchanan, 22 oct. 1840 ; D80, 1, memorandum of Isaac Buchanan, 2 avril 1845 ; memorandum on contract for rolling stock, 20 avril 1852 ; memorandum on contract for locomotives, [1852] ; RG 5, C1, 202, file 16782 ; RG 19, 1138, 1141–42.— BLHU, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 25 : 111 ; 26 : 13.— GRO (Édimbourg), Glasgow, reg. of births and baptisms, mai 1808.— HPL, Arch. file, Ferrie family papers.— Adam Ferrie, Autobiography, late Hon. Adam Ferrie (s.l.n.d. ; copie à la MTL).— H.-C., House of Assembly, App. to the journal, 1835, 1, nº 21 ; 1837–1838, 1 : 77–131 ; 1839–1840, 1, part. ii : 31–41.— Daily Spectator, and Journal of Commerce, 8, 29 sept. 1847, 11 nov. 1856.— Hamilton Gazette, and General Advertiser (Hamilton, Ontario), 12 déc. 1835, 6 avril 1836.— Western Mercury (Hamilton), 13 juin 1833, 10 avril, 20 juin 1834.— C. M. Johnston, The Head of the Lake (1967), 326.— V. Ross et Trigge, Hist. of Canadian Bank of Commerce, 1 : 172–180.— P. R. Austin, « Two mayors of early Hamilton », Wentworth Bygones (Hamilton), 3 (1962) : 1–9.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

John Weaver, « FERRIE, COLIN CAMPBELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ferrie_colin_campbell_8F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/ferrie_colin_campbell_8F.html
Auteur de l'article:    John Weaver
Titre de l'article:    FERRIE, COLIN CAMPBELL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024