GLOBENSKY, MAXIMILIEN, militaire, né à Verchères, Bas-Canada, le 15 avril 1793, fils du docteur Auguste-France Globensky, d’origine polonaise, et de Marie-Françoise Brousseau, dit Lafleur de Verchères ; il épousa en premières noces Élisabeth Lemaire Saint-Germain dont il eut quatre filles et un garçon, et, en secondes noces, le 3 mars 1851 à Sainte-Mélanie, Marie-Anne Panet ; décédé à Saint-Eustache, Bas-Canada, le 16 juin 1866.
Le nom de Maximilien Globensky est passé à l’histoire par suite de sa participation à la guerre de 1812 et aux troubles de 1837 à Saint-Eustache. Enrôlé dans les Voltigeurs canadiens pendant les hostilités avec les États-Unis, il participa aux batailles de Châteauguay, Lacolle et Ormstown. Il obtint, le 24 mars 1813, sur la recommandation du lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry* de Salaberry le grade de second lieutenant, pour avoir recruté 12 hommes. La paix rétablie, il accéda au rang de premier lieutenant, le 8 février 1815. Il se vit aussi accorder une demi-solde, qui lui fut versée jusqu’à sa mort, et 500 acres de terre dans le comté de Buckingham, mais il en demanda l’échange pour des lots situés dans le canton de Plantagenet, dans le Haut-Canada. Le 11 décembre 1826, il devint capitaine dans le 1er bataillon de milice du comté d’York, Bas-Canada. Dix ans plus tard, le 12 avril 1836, il acquit 933 acres de terre dans le comté de Drummond.
Le 27 novembre 1837, quelques jours à peine après les batailles de Saint-Denis et de Saint-Charles, les autorités militaires demandèrent à Globensky de mettre sur pied un groupe de 60 volontaires, et lui en confièrent le commandement. Selon son fils, Charles-Auguste-Maximilien, Globensky recruta ses hommes parmi les citoyens « les mieux vus, les plus respectables et les plus à l’aise » de Saint-Eustache. Lorsque les soldats britanniques ouvrirent le feu contre les Patriotes, le 14 décembre 1837, ces volontaires étaient postés sur une île, en face de Saint-Eustache, barrant la route aux fuyards sur la surface gelée de la rivière des Mille-Îles. Le lendemain, Globensky fut chargé par le commandant de l’opération, sir John Colborne, de maintenir l’ordre à Saint-Eustache, après le départ des troupes pour la localité voisine de Saint-Benoît.
S’il faut en croire son fils, Globensky ne saurait être tenu responsable des abus commis à Saint-Eustache. Au contraire, malgré l’hostilité de sa famille envers les Patriotes et les démêlés de sa sœur Hortense* avec certains d’entre eux, il aurait adopté une attitude bienveillante à leur égard. Il aurait aussi cherché à les protéger de toute cruauté inutile en empêchant, par exemple, la destruction complète du village par des soldats et volontaires de l’extérieur. Mais les documents portant spécifiquement sur son attitude pendant ces heures sombres font défaut, si l’on excepte les témoignages favorables recueillis par son fils. On ne saurait douter cependant que des volontaires de la compagnie de Maximilien Globensky ont participé aux déprédations. Selon Colborne, les bureaucrates de Saint-Eustache et de la rivière du Chêne furent les auteurs des destructions. Il est vrai que le commandant en chef dégage ainsi ses hommes de toute responsabilité. Mais, outre que son argumentation sur le désir de revanche des pro-gouvernementaux de la région ne manque pas de logique, il faut se rappeler que Globensky, fils, lui-même fut obligé d’admettre que quelques-uns des volontaires sous les ordres de son père avaient pu exercer des représailles.
Quoi qu’il en soit, l’aide de Globensky fut appréciée du gouvernement puisque, le 4 novembre 1838, il se voyait de nouveau confier la tâche de lever un groupe de volontaires à cause de l’insurrection des frères-chasseurs. Entre-temps, il avait acquis 200 acres de terre dans le comté d’Arthabaska. Maximilien Globensky termina sa carrière dans la milice du Bas-Canada, le 12 septembre 1845, avec le titre de lieutenant-colonel. Il était encore disposé à combattre, vers la fin de sa vie, puisqu’il offrit à deux reprises ses services au gouvernement quand l’affaire du Trent et la menace d’une invasion fénienne firent craindre l’éclatement d’un conflit armé avec la république américaine dans les années 1860.
Globensky se considéra toujours comme un militaire, mais un document laisse croire qu’il a pu pratiquer quelque commerce, pendant les années tranquilles qu’il a passées à Saint-Eustache. Sa devise, « Dieu et mon roi », laisse voir les convictions du soldat qui exerça partout ses fonctions avec dignité. Quelques années après sa mort, il fut attaqué pour avoir pris les armes contre les Patriotes, par des adversaires politiques de son fils, candidat conservateur victorieux à l’élection partielle de 1875 dans le comté de Deux-Montagnes. Charles-Auguste-Maximilien entreprit alors de défendre sa mémoire dans la Rébellion de 1837 à Saint-Eustache [...] qu’il acheva d’écrire en 1877 mais ne publia qu’en 1883. Par son interprétation de 1837, Globensky s’attira les foudres de Laurent-Olivier David*. Une polémique, vive et interminable, s’ensuivit dans la Minerve et la Patrie, sur le sens de l’insurrection de 1837 et des événements de Saint-Eustache.
ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-François-Xavier-de-Verchères, 15 avril 1793.— APC, MG 8, G29, 15, p.5 487 ; RG 1, L3, 93, pp.46 243–46 245 ; RG 8, I (C Series), 1, p.28 ; 187, p.117 ; 797, p.83 ; 798, p.23 ; 1039, pp.15, 123, 125, 165 ; 1 170, p.154 ; 1 172, p.111 ; 1 202, pp.19, 31, 39 ; RG 9, I, A5, 5 ; 14, p.273.— PRO, CO 42/280, p.260.— Charles Beauclerk, Lithographic views of military operations in Canada under His Excellency Sir John Colborne during the late insurrection (Londres, 1840).— La Gazette de Québec, 18 déc. 1837.— La Minerve, 23 juin 1866.— Langelier, Liste des terrains concédés.— Liste de la milice du Bas-Canada, pour 1829 (Québec, [1829]).— Mariages du comté de Joliette (du début des paroisses à 960 inclusivement), Lucien Rivest, compil. (4 vol., Montréal, 1969), II.— Émile Dubois, Le feu de la Rivière-du-Chêne ; étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal (Saint-Jérôme, Québec, 1937).— [C.-A.-M. Globensky], La rébellion de 1837 à Saint-Eustache précédé d’un exposé de la situation politique du Bas-Canada depuis la cession (Québec, 1883).— Ludwik Kos-Rabcewicz-Zubkowski, Les Polonais au Canada (Ottawa et Montréal, 1968), 12, 14–17, 48, 50, 53, 162.— The Polish past in Canada ; contributions to the history of the Poles in Canada and of the Polish-Canadian relations, Wiktor Turek, édit. (Toronto, 1960), 101–122.— Feu M. C. A. M. Globensky, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 14 févr. 1906.— Jacques Prévost, Les Globensky au Canada français, SGCF Mémoires, XVII (1966) : 156–161.
Jean-Pierre Gagnon, « GLOBENSKY, MAXIMILIEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/globensky_maximilien_9F.html.
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Auteur de l'article: | Jean-Pierre Gagnon |
Titre de l'article: | GLOBENSKY, MAXIMILIEN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |