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Titre original :  Portrait of Rev. Benjamin Gerrish Gray

Provenance : Lien

GRAY, BENJAMIN GERRISH, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 22 novembre 1768 à Boston, Massachusetts, huitième enfant de Joseph Gray et de Mary Gerrish, fille de Joseph Gerrish* ; il épousa Mary Thomas, et ils eurent un fils ; décédé le 18 février 1854 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

En 1772, à la mort de son grand-oncle Benjamin Gerrish*, Benjamin Gerrish Gray hérita de biens considérables en Nouvelle-Écosse. À l’âge de huit ans, il s’installa avec sa famille à Halifax où cette dernière avait des liens étroits avec le petit groupe dominant de familles établies là avant la Révolution américaine. Après avoir étudié en Angleterre-tt au King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, Gray retourna à Halifax et finit par s’y marier. À son ordination comme diacre de l’Église d’Angleterre, le 25 septembre 1796, le lieutenant-gouverneur sir John Wentworth*, un parent de sa femme, lui servit de répondant. Par la suite, Wentworth le nomma aumônier du roi auprès des 400 à 500 Noirs marrons, descendants d’esclaves en fuite déportés en Nouvelle-Écosse et regroupés près de Preston. Gray devait aussi surveiller leur maître d’école. Il eut quelque succès chez les Noirs parmi lesquels plusieurs n’étaient pas chrétiens, mais au moins un témoin de l’époque critiqua sa prédication et rapporta qu’il était incapable de communiquer efficacement avec eux. En 1797, il avait été ordonné prêtre et était devenu missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts à Preston. En 1799 et 1800, il fut aussi grand aumônier de la grande loge maçonnique provinciale, à Halifax, situé tout près.

Après le départ des Noirs marrons en 1801, Gray fut maître d’anglais au King’s College, membre du conseil d’administration du collège et bibliothécaire. Cinq ans plus tard, il devint missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel à Sackville, près de Halifax, puis s’établit à Halifax même. Ce déplacement semble s’être fait sans approbation officielle et, pendant un certain temps, la situation de Gray fut quelque peu critique. Il semble qu’en 1817 il commença à prêcher régulièrement à l’église St George, le missionnaire attitré n’étant plus capable d’assumer ses fonctions. Cette église avait été fondée par des luthériens de langue allemande, mais depuis les années 1750 le service du culte était assuré par le clergé anglican, même si la communauté n’était pas pleinement en conformité avec l’Église d’Angleterre. Cependant, grâce à Gray, la méfiance qui régnait entre les autorités anglicanes et les paroissiens s’évanouit et, en 1827, deux ans après son départ, St George devint une paroisse distincte complètement intégrée à l’Église d’Angleterre.

Le 16 décembre 1824, par ordre de Michael Wallace*, administrateur de la province, Gray installa Robert Willis* rector de l’église St Paul, à Halifax, lequel succédait ainsi à John Inglis*. La cérémonie dut se dérouler à l’extérieur de l’église parce que les marguilliers, qui contestaient au nom des paroissiens le droit du gouvernement à nommer leur ministre, en avaient verrouillé les portes. À cette époque, ceux qui faisaient preuve de loyauté à l’égard des autorités gouvernementales et religieuses pouvaient être assurés de leurs faveurs, et c’est ainsi que Gray se rangea du côté de l’évêque Inglis et du gouvernement dans une querelle qui devait diviser profondément la communauté anglicane. En juin 1825, il fut nommé rector de l’église Trinity à Saint-Jean où, là aussi, les paroissiens revendiquaient le droit de nommer leur ministre. Cependant, ceux-ci n’opposèrent aucune résistance à la nomination de Gray, puisqu’ils favorisaient la candidature de son fils, John William Dering*, et que de plus celui-ci vint rejoindre son père à Saint-Jean l’année suivante pour être son assistant. Le père et le fils, deux fervents de tendance évangélique, travaillèrent main dans la main, semble-t-il, et purent compter sur la faveur et l’appui du lieutenant-gouverneur sir Howard Douglas* et de l’archidiacre de la province, George Best*.

Homme d’action, Gray fut, selon ses propres termes, « très négligent » dans ses rapports avec la Society for the Propagation of the Gospel. Par ailleurs, quelques lettres d’un style fébrile et vigoureux racontant les premières années qu’il passa à Saint-Jean démontrent qu’il entretint de bonnes relations avec la communauté d’un temple méthodiste et qu’il engagea même son ministre dans une école anglicane. Il était aussi question dans ces lettres de la construction de nouvelles églises à Portland (Saint-Jean) et dans les localités avoisinantes de Loch Lomond et de Musquash, et Gray racontait comment il s’était approprié un vaste bâtiment inoccupé dans le but d’y célébrer des offices religieux le dimanche soir pour « les pauvres, les plus démunis de la classe moyenne qui ne [pouvaient] payer les redevances d’église, les domestiques et beaucoup d’autres qui, pour diverses raisons, [étaient] incapables d’assister au culte le jour [...] Puisque tous les sièges [étaient] gratuits, le projet réussit, au delà même de [ses] espérances. » Gray continua également à célébrer les offices du matin et du soir à l’église Trinity et à l’église St John, communément appelée l’église Stone. Les Gray parvinrent à conserver au sein de l’Église d’Angleterre à Saint-Jean des groupes de la communauté qui, ailleurs dans l’est de l’Amérique du Nord, tendaient à devenir baptistes ou méthodistes.

En moins de dix ans, depuis son installation à Saint-Jean, Gray père subit deux douloureuses épreuves. La première fut une atteinte à son amour-propre : en 1829, on attribua à George Coster le poste d’archidiacre de la province. La seconde, bien plus cruelle, le frappa en novembre 1833 : sa femme et une domestique périrent dans un incendie qui détruisit le presbytère. En 1840, le désir depuis longtemps caressé par Gray de se retirer en faveur de son fils fut exaucé, le règlement interdisant à un fils de succéder à son père dans une paroisse ayant été annulé. Gray n’en poursuivit pas moins son travail d’aumônier des forces armées, poste qu’il occupait depuis sa venue à Saint-Jean.

Il est impossible de démarquer les rôles que jouèrent respectivement les Gray dans leur ministère commun. Le jeune Gray paraît avoir eu un rôle de premier plan dans la Saint John Religious Tract Society, organisme interconfessionnel. En 1831, le père et le fils fondèrent ensemble la Temperance Society, et Gray père en présida les premières% assemblées. En 1832, ce dernier participa à la formation d’une association bénévole de santé en vue de lutter contre le choléra. Son nom est aussi associé à la Portland Merciful Society et à la Female House of Industry. On sait que Gray appuya de plus l’établissement d’une prison et signa une pétition contre l’interdiction des sociétés secrètes et des associations protestantes, geste qui laisse croire qu’il était partisan de la formation de loges orangistes. Enfin, Gray s’éleva avec force contre les représentations théâtrales.

Afin de permettre au jeune Gray d’assister son père à Saint-Jean, Inglis avait démis le jeune frère de George Coster, Frederick Coster, de ses fonctions de missionnaire auxiliaire. Coster s’en fut donc, de l’autre côté du port, s’établir à Carleton, la paroisse la plus récente, la plus petite et la plus pauvre de toute la province. Il parvint à ériger là une solide communauté anglicane. Inglis trace de lui le portrait d’un « homme très perspicace, peut-être le plus doué des Maritimes ». Tout comme Gray, Coster se préoccupa beaucoup des pauvres, mais ils ne partageaient pas la même conception de la religion : Gray se réclamait d’une théologie centrée sur le salut personnel et une foi vivante, tandis que Coster adhérait aux rigoureux principes de la high church, prônant que la politique et l’éducation étaient des domaines exclusivement réservés aux membres de l’Église d’Angleterre. Jusqu’en 1829, la ferveur évangélique domina dans la province et, à la mort de Best cette année-là, le lieutenant-gouverneur Douglas, fort probablement encouragé par Charles Simonds, prit des mesures pour assurer le maintien de cette domination en faisant nommer Gray archidiacre. Cependant, l’évêque était résolu à tenir le gouverneur en dehors de cette nomination et prit des dispositions pour muter au Nouveau-Brunswick George Coster, qui était archidiacre de Terre-Neuve depuis 1825. Dans la querelle opposant les Gray et les Coster, il y eut certes de l’animosité et une certaine mesquinerie des deux côtés, mais la cause fondamentale du conflit était leur conception différente de la nature de l’Église et des buts qu’elle devait poursuivre. Cette discorde alla parfois jusqu’à une profonde amertume. On fit clairement savoir à George Coster qu’il n’était pas le bienvenu à Saint-Jean et, une fois, en 1831, Gray s’opposa publiquement à lui dans un sermon. Dans une lettre personnelle adressée à la Society for the Propagation of the Gospel, Coster exprima des doutes sur la santé mentale de Gray et sur son orthodoxie : des rumeurs dont Coster avait pris connaissance faisaient état des scrupules que Gray aurait entretenus à l’égard du baptême par aspersion et indiquaient qu’il parlait, du haut de la chaire, en faveur de l’immersion complète. Dans un emportement inhabituel, Coster le qualifia de « baptiste ordonné ». En 1837, une querelle éclata entre les partisans de la high church et ceux de la low church au sujet de la nouvelle Church Society of the Archdeaconry of New-Brunswick. Les paroissiens de Gray refusèrent d’y prendre part, et un de ses adversaires l’accusa même d’avoir un « esprit vindicatif peu chrétien et bassement persécuteur ».

Jeune homme, Gray avait fait montre d’un grand talent pour le dessin et l’esquisse. En 1803, il prépara un catalogue illustré de la bibliothèque du King’s College à l’intention de sir John Wentworth. Selon Fenwick William Vroom, un des principaux historiens du collège, « ce catalogue de 840 inscriptions est en soi une œuvre d’art, non seulement par sa gracieuse calligraphie, mais aussi en raison des figures héraldiques à l’encre de Chine et de plusieurs aquarelles représentant le collège tel qu’il apparaissait à cette époque ». En 1805, Wentworth fit parvenir au poète irlandais Thomas Moore un des dessins de Gray. Wentworth commanda une autre œuvre à Gray ; elle représente le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) et est exposée à la bibliothèque du King’s College (maintenant situé à Halifax). Le King’s College de Fredericton lui décerna en 1830 un doctorat en théologie, le premier diplôme d’études supérieures accordé par cette institution. En 1846, il assista à la réunion au cours de laquelle on jeta les bases de l’association des anciens du King’s College de Windsor.

Un portrait de Benjamin Gerrish Gray, reproduit dans History of Trinity Church [...] ontre un homme dans la quarantaine au beau visage énergique, mais il a quelque chose de tourmenté qui contraste tout à fait avec les traits qu’on présente de son fils dans le même volume. À la fin de sa vie, au plus fort de la vague anticatholique, on parlait de lui comme du « bien-aimé pasteur Gray, fondateur de la foi protestante à Saint-Jean ». On peut lire sur sa plaque commémorative conservée dans l’église Trinity : « Solide en doctrine / Infatigable au travail / Un père pour les pauvres ».

D. Murray Young

APC, MG 23, D8 ; MG 24, A3, 3–4.— APNB, MC 58 ; RG 4, RS24, S43-P24 ; -P36 ; S45-P149 ; S53-P132 ; S57-P258 ; RG 7, RS71A, 1854, B. G. Gray.— PRO, CO 188 (mfm aux APNB).— Trinity Anglican Church (Saint-Jean, N.-B.), Minutes of the wardens and vestry (mfm aux APNB).— USPG, C/CAN/NB, 4, nos 492, 496–497, 501 ; C/CAN/NS, 3, nos 284–287 (mfm aux APC).— Church of England, Diocesan Church Soc. of N.B., Report (Saint-Jean), 1837–1859.— R. C. Dallas, History of the maroons, from their origin to the establishment of their chief tribe at Sierra Leone [...] (2 vol., Londres, 1803 ; réimpr., 1968), 2 : 223–224.— Ernest Hawkins, Annals of the diocese of Fredericton (Londres, 1847).— Church Times (Halifax), 4 mars 1854.— City Gazette (Saint-Jean), 22 avril, 10 juin 1829, 29 janv. 1831.— Loyalist and Protestant Vindicator (Saint-Jean), 1845–1850.— Morning Chronicle (Halifax), 7 mars 1854.— New-Brunswick Courier 17 mars, 10 mai, 14, 28 juill., 11, 18 août 1832, 11 sept., 5 oct. 1833, 26 juill., 2, 9 août 1834, 11 mars 1837, 17 mars 1838.— Art Gallery of N.S., [Robert Field, 1769–1819] ; an exhibition organized by the Art Gallery of Nova Scotia, Halifax, October 5 to November 27, 1978 (Halifax, 1978).— A. W. H. Eaton, The Gerrish family (family of Capt. John Gerrish) ([Boston], 1913), 9.— E. A. Jones, The loyalists of Massachusetts : their memorials, petitions and claims (Londres, 1930 ; réimpr., Baltimore, Md., 1969), 274–275.— [T. B. Akins], History of Halifax City (Halifax, 1895 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 234.— Judith Fingard, The Anglican design in loyalist Nova Scotia, 1783–1816 (Londres, 1972).— R. V. Harris, The Church of Saint Paul in Halifax, Nova Scotia : 1749–1949 (Toronto, 1949).— H. Y. Hind, The University of King’s College, Windsor, Nova Scotia, 1790–1890 (New York, 1890).— History of Trinity Church, Saint John, New Brunswick, 1791–1891, [F. H. J.] Brigstocke, compil. (Saint-Jean, 1892).— M. J. [Lawson] Katzmann, History of the townships of Dartmouth, Preston and Lawrencetown, Halifax County, N.S., Harry Piers, édit. (Halifax, 1893 ; réimpr., Belleville, 1972), 165.— G. H. Lee, An historical sketch of the first fifty years of the Church of England in the province of New Brunswick (1783–1833) (Saint-Jean, 1880).— MacNutt, New Brunswick.— C. F. Pascoe, Two hundred years of the S.P.G. [...] (2 vol., Londres, 1901).— J. E. Pinnington, « Anglican reactions to the challenge of a multiconfessional society, with special reference to British North America, 1760–1850 » (2 vol., thèse de ph.d., Univ. of Oxford, Angl., 1971).— J. D. Purdy, « The Church of England in New Brunswick during the colonial era, 1783–1860 » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1954).— J. H. Stark, The loyalists of Massachusetts and the other side of the American revolution (Boston, 1910), 334–337.— C. W. Vernon, Bicentenary sketches and early days of the church in Nova Scotia [...] (Halifax, 1910), 226–228.— F. W. Vroom, King’s College : a chronicle, 1789–1939 ; collections and recollections (Halifax, 1941).— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (Montréal, 1971).— [Francis] Partridge, « The early history of the parish of St. George, Halifax », N. S. Hist. Soc., Coll., 7 (1891) : 73–87.— H. G. Ryder, « Stone church », Canadian Antiques Collector (Toronto), 10 (1975), n° 3 : 63–65.

Bibliographie générale

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D. Murray Young, « GRAY, BENJAMIN GERRISH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gray_benjamin_gerrish_8F.html.

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Auteur de l'article:    D. Murray Young
Titre de l'article:    GRAY, BENJAMIN GERRISH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024