HOWE, ALEXANDER, officier, fermier, homme politique, juge et fonctionnaire, né le 19 décembre 1749 à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, fils d’Edward How* et de Marie-Madeleine Winniett ; le 14 mai 1778, il épousa sa cousine Helen McKellar Bontein, et ils eurent dix enfants, puis le 6 septembre 1803, à Annapolis Royal, Margaret Ann Green, petite-fille de Benjamin Green* ; décédé le 9 janvier 1813 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.

On trouve, dans la vie d’Alexander Howe, deux dominantes : les questions d’argent et le favoritisme. Sa mère, devenue veuve alors qu’il avait moins d’un an, s’employa à assurer une carrière militaire à chacun de ses fils, grâce à une petite pension et à d’influentes relations de famille. Howe, selon ce qu’il affirma, aurait entrepris sa carrière militaire comme volontaire, sous les ordres du lieutenant-colonel William Amherst, au cours de l’expédition de Terre-Neuve en 1762 [V. Charles-Henri-Louis d’Arsac* de Ternay]. Le 24 juillet 1767, on annonça officiellement sa nomination (par achat) comme enseigne du 36e d’infanterie ; la lieutenance suivit le 31 janvier 1771. Après avoir servi en Jamaïque, en Angleterre et en Irlande, Howe fut nommé par commission, le 13 avril 1781, capitaine d’une compagnie indépendante qu’il avait lui-même mise sur pied. Cette aventure financière risquée se révéla un échec (une compagnie coûtait cher à mettre sur pied, et le déclin des hostilités n’arrangeait pas les choses) ; en 1782, la compagnie fut incorporée dans le 104e d’infanterie.

La situation financière de Howe et le manque de perspectives qu’offrait le domaine militaire en 1783 l’incitèrent à vendre sa commission et à retourner, l’année suivante, en Nouvelle-Écosse, où, encore à grands frais, il se lança en agriculture à Granville. II fut rapidement entraîné dans les problèmes sociaux et administratifs causés, dans le comté d’Annapolis, par l’arrivée des Loyalistes. Les immigrants avaient presque submergé les familles déjà établies, lesquelles étaient déterminées, néanmoins, à participer au gouvernement. Aux élections de novembre 1785, Howe fut le seul habitant de l’époque préloyaliste à se porter candidat à l’un des quatre sièges d’Annapolis à la chambre d’Assemblée. À la suite de l’élection de son adversaire David Seabury, Howe protesta auprès du gouvernement, portant des accusations d’irrégularités lors de la tenue du scrutin et de brigue de votes de la part du shérif loyaliste Robert Tucker. Au cours d’une nouvelle élection, tenue au milieu de « querelles, de têtes fracassées et de nez ensanglantés », Seabury fut réélu, mais les plaintes répétées de Howe firent invalider l’élection. Sur décision de l’Assemblée, Howe, jubilant, prit possession de son siège à la chambre : il était venu à bout « des machinations d’une bande omniprésente de coquins comme il n’en a[vait] jamais existé », dans leur « soif immodérée du pouvoir ». Les Loyalistes ne voyaient pas Howe d’un meilleur oeil et se plaignaient de ses bonnes dispositions à l’endroit de l’establishment de Halifax. Selon Jacob Bailey, la « dernière élection [avait été] complètement mise de côté sur le témoignage d’un seul parti ».

Si Howe appuya, en conformité avec ses principes, la position des préloyalistes réactionnaires de l’Assemblée dans des affaires telles que la mise en accusation des juges James Brenton et Isaac Deschamps, de la Cour suprême, il profita finalement, de toute évidence, de l’appui de ses électeurs, puisqu’il demeura membre de la chambre d’Assemblée jusqu’en 1799. Le 20 novembre 1785, il fut nommé juge de paix et juge de la Cour inférieure des plaids communs pour le comté d’Annapolis ; le 11 mars 1788, il fut aussi nommé percepteur des impôts et de l’accise pour le même comté. En 1791, le lieutenant-gouverneur John Parr*, en vue de procurer à Howe « un petit emploi et [...] un peu d’argent comptant », lui confia le recrutement des Noirs du comté d’Annapolis qui seraient désireux d’émigrer en Sierra Leone [V. Thomas Peters*]. Bien que Parr n’appuyât pas le plan, Howe s’attaqua avec zèle à ce travail. « Si grand besoin que j’aie d’argent comptant, nota-t-il, j’aimerais mieux recevoir [...] une approbation que n’importe laquelle satisfaction pécuniaire. » Il affirma plus tard avoir envoyé à Halifax un tiers des Noirs qui émigrèrent et avoir entrepris, dans l’exercice de ses fonctions, plusieurs voyages périlleux.

En 1793, le lieutenant-gouverneur Wentworth accorda à Howe une commission de capitaine dans une compagnie du Royal Nova Scotia Régiment qui avait été récemment mis sur pied. En juillet 1797, Howe fut nommé surintendant des Noirs marrons jamaïcains – difficiles à gouverner – qui étaient regroupés à Preston, près de Dartmouth. Bien qu’il fût devenu un administrateur compétent, grâce à son expérience antérieure tant en Jamaïque qu’en Nouvelle-Écosse, Howe considéra ces Noirs comme un réservoir local de travailleurs à bon marché et ne comprit ni leurs difficultés à s’adapter au climat ni l’isolement dont ils souffraient. Inévitablement, il fut aussi plongé au milieu des intrigues qui se nouaient autour de Wentworth et de la manière dont il prenait la situation en main ; les efforts de Howe pour assumer la direction des Noirs marrons étaient continuellement contrecarrés par certaines gens qui cherchaient à discréditer le lieutenant-gouverneur. Le 9 juillet 1798, il fut remplacé par un homme plus énergique, Theophilus Chamberlain*.

Les relations amicales de Howe avec Edward Augustus, duc de Kent, lui valurent sa nomination, en 1802, au poste de commissaire adjoint et de garde-magasin à l’Île-du-Prince-Édouard. La même année, son régiment était licencié. Il fut aussi – encore la même année – nommé membre du Conseil de l’Île-du-Prince-Édouard par le lieutenant-gouverneur Edmund Fanning ; le 13 décembre 1806, il devenait juge de paix. Mais une tragédie domestique (deux de ses fils moururent en 1804 après avoir mangé des baies vénéneuses), des difficultés financières et l’isolement gâchèrent la vie de Howe dans « l’île perdue ». Le coup de grâce lui fut assené le 25 août 1811 : relevé de ses fonctions de commissaire, il était mis à la demi-solde.

À son départ de Charlottetown, Alexander Howe jouissait de l’estime des habitants de l’île, mais il dut vendre ses meubles pour payer son retour en Nouvelle-Écosse. Il adressa une requête au duc de Kent, sollicitant de l’aide et notant qu’il n’avait « rien à quoi se raccrocher, sinon la seule protection de S.A.R. le duc bienveillant ». Il mourut avant l’arrivée de la réponse, n’ayant eu que peu de chose à faire valoir de sa carrière, si ce n’est, écrivait-il, « une longue vie au service du gouvernement [...], jointe au réconfort d’une conscience droite et à la satisfaction d’avoir fait [son] devoir du mieux qu’[il] pu[t], quelles que fussent les circonstances dans lesquelles [il se] trouva ».

Lois Kathleen Kernaghan

PANS, MG 1, 472–474A ; RG 5, E, 1.— PRO, CO 217/68, Wentworth à Portland, 12 août 1797 ; 217/69, Wentworth à Portland, 23 juin 1798.— Nova Scotia Royal Gazette (Halifax), 13 janv. 1813.— Calnek, Hist. of Annapolis (Savary).— J. [M.] Ross, « Jacob Bailey : portrait of an Anglican clergyman in eighteenth century Nova Scotia » (essai, Dalhousie Univ., Halifax, 1972).— J. W. St G. Walker, The black loyalists : the search for a promised land in Nova Scotia and Sierra Leone, 1783–1870 (Londres, 1976).— Margaret Ells, « Nova Scotian « Sparks of liberty », Dalhousie Rev., 16 (1936–1937) : 475–492.

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Lois Kathleen Kernaghan, « HOWE, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/howe_alexander_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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