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DESCHAMPS, ISAAC, marchand, fonctionnaire, juge et homme politique, né vers 1722 ; il se maria une première fois et eut un fils, puis le 17 octobre 1758, il épousa à Halifax Sarah Ellis ; décédé le 11 août 1801 à Windsor, Nouvelle-Écosse.

On dit habituellement d’Isaac Deschamps qu’il était suisse, bien qu’il puisse être né en Angleterre où il vécut, vraisemblablement, au moins quelque temps. Il vint en Nouvelle-Écosse en 1749, mais il ne faisait pas partie du premier contingent de colons amené par Edward Cornwallis*. Il semble avoir été un homme assez fortuné au moment de son arrivée, et il est possible qu’il ait déjà eu de l’expérience dans les affaires, peut-être en société avec Joshua Mauger*. Il acheta des terres et, chose certaine, ouvrit un magasin général à Halifax ; il obtint deux nouvelles concessions de terre l’année suivante, signe d’une certaine application au travail et d’un certain succès. En 1751, cependant, il était employé par Mauger, alors fournisseur de la marine royale. À la fin de 1753, Deschamps semble avoir été envoyé à Lunenburg en mission officielle, dont le but ne fut pas divulgué. Il s’agissait soit d’apporter de l’aide à l’établissement de colons, soit d’enquêter sur les émeutes récentes [V. Jean Pettrequin* ; Sebastian Zouberbuhler*].

L’année suivante, Deschamps fut mis en charge du comptoir de traite de Mauger à Pisiquid (maintenant partie de Windsor) et y trafiqua avec les Indiens, les Acadiens et la garnison du fort Edward. Parlant couramment le français et l’anglais, il reçut la permission « de faire toutes les opérations commerciales mineures souhaitées par les habitants français sans occuper de charge précise ». On fit également appel à lui pour servir d’interprète et pour traduire des documents tels que les pétitions des Acadiens, un serment d’allégeance et l’ordre de déportation de 1755 [V. John Winslow*]. En 1759, il reçut le sixième d’une vaste étendue de terre près du fort, et, sur la colline au nord de celui-ci, il construisit une maison et des bâtiments de ferme. Pendant les quelques années qui suivirent, il reçut d’autres terres, dont celles sur lesquelles ses bâtiments étaient érigés, et on lui accorda également des concessions dans les nouveaux établissements de Falmouth, de Newport et de Horton.

En juin 1760, Deschamps commença sa carrière de fonctionnaire provincial, occupant à la fois le poste de truckmaster au fort Edward et de juge de paix du comté de Kings. L’année suivante, il fut nommé juge de la Cour inférieure des plaids communs ainsi que magistrat chargé des testaments et successions dans le comté. En 1764, il exerça en plus les fonctions de custos rotulorum. Il s’était également lancé dans la politique coloniale : en 1759, au moment de la création des comtés, il devint le premier député d’Annapolis et, de 1761 à 1770, il représenta le canton de Falmouth à l’Assemblée.

Pendant ces années, Deschamps était absorbé par une multitude de fonctions officielles et semi-officielles, dont celles de fournir des chevaux aux militaires, d’assister aux cérémonies accompagnant les traités avec les Indiens, d’accueillir les Acadiens qui choisissaient de retourner dans la région du bassin des Mines, de faire des arrangements relatifs aux concessions de terre et de s’occuper temporairement de l’approvisionnement des nouveaux colons. En plus d’exercer un grand nombre de fonctions peu importantes dans l’administration de plusieurs cantons, Deschamps fut souvent employé par le Conseil de la Nouvelle-Écosse comme agent de liaison dans la région de Windsor. Ses relations avec l’élite de Halifax lui permirent d’être parmi les bénéficiaires de plusieurs concessions de terre à travers la province, ainsi que d’être nommé, en mai 1768, juge de la Cour inférieure des plaids communs, magistrat chargé des testaments et successions, et surintendant de la colonisation dans l’éphémère gouvernement du lieutenant-gouverneur Michael Francklin* à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). Deschamps prenait au sérieux ses fonctions dans l’île et s’en acquitta apparemment bien, mais, au moment où celle-ci devint une colonie indépendante en 1769, on exigea son retour en Nouvelle-Écosse.

Dans les années 1770, Deschamps déploya son activité dans une nouvelle série de fonctions officielles. Nommé second juge adjoint de la Cour suprême le 24 mai 1770, il devint, quatre ans plus tard, l’un des trois juges de la Cour de l’échiquier récemment créée. De 1770 à 1783, il représenta le canton de Newport à l’Assemblée et occupa également le poste de greffier de la chambre. Sur la scène régionale, Deschamps exerça les fonctions d’administrateur des terres scolaires à Horton, à Falmouth et à Newport et se fit l’avocat de la construction d’une chapelle à Windsor en 1771. L’éclatement de la Révolution américaine l’amena à exercer d’autres fonctions : en 1776 il fut nommé maître de caserne au fort Edward et, le 27 août 1776, il devint le premier juge adjoint de la Cour suprême. En 1781, on le créa juge de paix et magistrat chargé des testaments et successions dans le comté de Hants.

Deschamps fut promu au Conseil de la Nouvelle-Écosse en 1783, mais ses nombreuses fonctions, dont plusieurs touchaient l’établissement de Loyalistes, l’empêchèrent d’assister à plus du quart des réunions. Ses liens avec le conseil lui permirent de recevoir deux vastes concessions de terre en 1784, l’une à Windsor et l’autre dans le comté de Cumberland. Il n’existe pas de preuves cependant qu’il ait fait des profits illicites au moyen de telles faveurs politiques.

À la mort du juge en chef Bryan Finucane en août 1785, Deschamps, entant que doyen des juges, devint juge en chef suppléant. Bien qu’il n’eût reçu aucune formation juridique, il possédait de nombreuses années d’expérience dans différents tribunaux et avait inscrit dans son journal un grand nombre de notes concernant des décisions antérieures. Deschamps et son collègue James Brenton avaient néanmoins la tâche presque impossible de mettre sur pied des cours de circuit semestrielles dans six cantons à travers la province. Le mécontentement de l’Assemblée en ce qui concernait le travail des juges et des accusations de partialité incitèrent la chambre à demander en 1787 au lieutenant-gouverneur John Parr* et au conseil une enquête sur la conduite des juges, lançant ainsi ce qu’on a appelé l’affaire des Juges [V. James Brenton]. Pendant la controverse, les avocats Jonathan Stems et William Taylor publièrent au début de 1788 des lettres attaquant la Cour suprême et le conseil ; Deschamps les raya du barreau pour outrage au tribunal. Malgré la nomination de Jeremy Pemberton au poste de juge en chef cette année-là, l’affaire des Juges refit surface en 1790, année au cours de laquelle l’Assemblée mit Brenton et Deschamps en accusation en vue de les destituer de leurs fonctions. Le Conseil privé entendit la cause au début de 1792, et même s’il innocenta les juges et ne retint que l’accusation d’avoir « mal interprété la loi » dans quelques cas, il recommanda que le poste de juge en chef fût occupé par une personne dotée d’une formation complète en droit.

Durant la dernière partie de sa vie, Deschamps fut assailli par des problèmes personnels. Trois de ses petits-enfants moururent entre 1776 et 1778, puis sa belle-fille en 1779 ; enfin, la mort des neveux orphelins de sa femme lui causa de nouveaux chagrins. À la fin des années 1780, un journal de Halifax publia un extrait d’un livre français qui portait des accusations que Deschamps jugea erronées et malveillantes concernant son rôle lors de la déportation des Acadiens. Il rédigea avec Richard Bulkeley* un texte réfutant l’article offensant, mais il se retrouva de nouveau aux prises avec ce problème en 1790, le Nova-Scotia Magazine ayant reproduit l’extrait en question. Deux ans plus tard, seule une requête de dernière minute de Deschamps au conseil sauva son fils George de l’affront d’être reconnu débiteur du gouvernement et d’être emprisonné. Toutefois, le remboursement des dettes du fils se révéla plus difficile que prévu pour le père, lequel fut contraint de demander qu’elles soient amorties en versements annuels de £50. Les activités de Deschamps étaient à cette époque plus limitées, bien qu’il eût accepté aussi tard qu’en 1799 le poste de commissaire de la voirie dans le comté de Kings. Sa femme était morte en avril 1798 après une longue maladie et, trois ans plus tard, Deschamps lui-même mourut à l’âge de 79 ans.

Isaac Deschamps mena une vie longue et bien remplie en Nouvelle-Écosse, et peu de gens eurent du mal à dire de lui. Au beau milieu de l’affaire des Juges, un correspondant de la Nova-Scotia Gazette and the Weekly Chronicle commenta : « Il n’existe à ce jour en Nouvelle-Écosse aucun gentleman au cœur plus tendre et plus charitable que le juge Des champs. » L’honnêteté de Deschamps peut difficile ment être mise en doute : à une époque où nombre de gens pouvaient facilement obtenir des faveurs politiques, il ne laissa qu’une maigre succession. Bienveillant et compatissant à l’égard de tout le monde, il se révéla un fonctionnaire infatigable, et il est remarquable qu’il y ait eu si peu de plaintes concernant son travail dans les nombreuses charges et fonctions qu’il exerça. L’une des nièces de sa femme évoqua la mémoire d’Isaac et de Sarah Deschamps comme des gens « d’un naturel accueillant, aux manières courtoises et agréables, vivant à l’aise [...] entourés de nombreux [...]amis et connaissances, qui les aimaient et les honoraient ; tandis que des gens de condition modeste [...] dont un grand nombre bénéficièrent largement de leur générosité ainsi que de leur sympathie, dans le bonheur comme dans l’affliction, [...] les aimaient, les respectaient et priaient pour eux ». Cette description constitue un juste hommage à un homme qui joua par ailleurs un rôle public significatif comme fonctionnaire dans les premiers temps de la colonisation britannique en Nouvelle-Écosse.

Grace M. Tratt

BL, Add. mss 19069 ; 19071–19073 (transcriptions aux PANS).— Dalhousie Univ. Arch. (Halifax), ms 2–164, Isaac Deschamps, diaries.— Halifax County Court of Probate (Halifax), D52 (testament d’Isaac Deschamps) (mfm aux PANS).— Hants County Registry of Deeds (Windsor, N.-É.), book 2 : 48, 66, 74, 76 ; 3 : 73, 76, 83, 94, 98, 103, 141, 217, 242, 267 ; 4 : 22, 48, 127, 138, 178s., 203, 302–303A, 304s. ; 5 : 145 ; 6 : 189, 212 (mfm aux PANS).— N.-É., Dept. of Lands and Forests (Halifax), Crown (and grants, book 2 : 53 ; 3 : 191 ; 4 : 100, 243 ; 7 : 194 ; 15 : 63 ; Halifax allotment book, index : 40, 56, 126, 176, 372 (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 258 ; 281 : 5 ; 731A–B ; 828 ; MG 9, no 109 ; MG 100, 134 : 97–100 (Isaac Deschamps, « Description of agricultural systems of the Acadian French in their system of dyking » ; RG 1, 35, doc.l ; 51 : 296s. ; 135 ; 163–169 ; 204 : 14s. ; 209–214 ; RG 39 ; C, 1.— Acadiensia Nova (1598–1779: new and unpublished documents relating to Acadia [...], W. I. Morse, édit. (2 vol., Londres, 1935), 1 : 45–47.— [Nova Scotia archives, I : ] Selections from the public documents of the province of Nova Scotia, T. B. Akins, édit., Benjamin Curren, trad. (Halifax, 1869).— [G.-T.-R.] Raynal, «Historical account of Nova-Scotia », Nova-Scotia Magazine (Halifax), 2 (janv.-juin 1790) : 82–87.— « The case of the Acadians stated », Nova-Scotia Magazine, 2 (janv.-juin 1790) : 287–289.— [Stephen Skinner], « Diary of Stephen Skinner, 1783–1787 », PANS, Board of Trustees, Report (Halifax), 1974 : 23.— [John Winslow], « Journal of Colonel John Winslow of the provincial troops, while engaged in removing the Acadian French inhabitants from Grand Pre [...] », N.S. Hist. Soc., Coll., 3 (1883) : 165.— Nova-Scotia Gazette and the Weekly Chronicle, 25 mars 1788.— Nova Scotia Royal Gazette, 3 avril 1798, 4 juill. 1809.— Directory of N.S. MLAs. S. E. Titcomb, Early New England people ; some account of the Ellis, Pemberton, Willard, Prescott, Titcomb, Sewall and Longfellow, and allied families (Boston, 1882).— Akins, Hist. of Halifax City. Arsenault, Hist. et généal. des Acadiens (1965), 1 : 167.— Brebner, Neutral Yankees (1937).— Duncan Campbell, Nova Scotia, in its historical, mercantile and industrial relations (Montréal, 1873).— « Family of Deschamps », [William Courthope], Memoir of Daniel Chamier, minister of the reformed church, with notices of his descendants (Londres, 1852), 56–91.— L. F. S. Upton, Micmacs and colonists : Indian-white relations in the Maritimes, 1713–1867 (Vancouver, 1979).— G. V. Shand, Historic Hants County (s.l., 1979).— F.-J. Audet, « Isaac Deschamps (1772–1801) », BRH, 41 (1935) : 175–178.— Margaret Ells, « Nova Scotian « Sparks of liberty », Dalhousie Rev., 16 (1936–1937) : 475–492.— Hants Journal (Windsor), 23 déc. 1974 : 3.— R. E. Kroll, « Confines, wards, and dungeons », N. S. Hist. Soc., Coll., 40 (1980) : 93–107.— G. V. Shand, « Windsor, a centre of shipbuilding », N. S. Hist. Soc., Coll., 37 (1970) : 39–65.

Bibliographie générale

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Grace M. Tratt, « DESCHAMPS, ISAAC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/deschamps_isaac_5F.html.

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Auteur de l'article:    Grace M. Tratt
Titre de l'article:    DESCHAMPS, ISAAC
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024