HOYLES, NEWMAN WRIGHT, capitaine de navire, homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire et juge de paix, né le 30 août 1777 à Dartmouth, Angleterre, deuxième fils du docteur William Hoyles et d’Anne Wright ; en 1801, il épousa dans la même ville Lucretia Brown, et ils eurent trois fils et six filles ; décédé le 29 février 1840 à St John’s.

Né dans un port de mer du sud du Devon traditionnellement engagé dans la pêche saisonnière à Terre-Neuve, Newman Wright Hoyles prit la mer à l’âge de 15 ans. Capitaine d’un brick à 21 ans, il parcourut les routes de commerce de l’Atlantique Nord en faisant escale dans des ports antillais, européens et terre-neuviens. Dès 1806, il avait ouvert une maison de commerce avec Thomas Follett, membre d’une société du Devonshire établie depuis longtemps à Terre-Neuve. En 1801, son mariage avec Lucretia Brown, fille du médecin affecté à la garnison britannique de Placentia, avait resserré ses attaches avec l’île. Hoyles élut domicile à St John’s au plus tard en 1810, année où il se réunit avec 35 autres marchands et planters pour fixer le prix du poisson et de l’huile de morue qui s’appliquerait cette saison-là. En 1812, il devint le représentant de la Marine Insurance Society qu’avaient établie les marchands de St John’s ; dès 1815, il dirigeait sa propre maison de courtage en assurances et, moins d’un an plus tard, il était le représentant désigné de la Lloyd’s de Londres.

Grâce à une nouvelle société qu’il avait formée en 1813 avec Hugh William Brown, marchand de Londres, courtier d’assurances et probablement l’un de ses beaux-frères, Hoyles put survivre au marasme qui frappa le commerce du poisson après 1815. Dotée de succursales à Port de Grave et à Trepassey ainsi que de stations de pêche sur la côte du Labrador, la Brown, Hoyles and Company devint une très grande entreprise commerciale : elle possédait des navires au long cours, importait des marchandises et exportait du poisson.

En 1813, et peut-être avant, on avait élu Hoyles au comité de la Society of Merchants, organisme qui, à défaut d’une autorité locale constituée, jouait un grand rôle dans l’administration de la ville. Hoyles devint membre des comités du phare, de la poudrière et du lamanage. Premier instigateur du règlement sur l’emploi de lamaneurs dans le port, il s’attira la désapprobation du gouverneur John Thomas Duckworth* pour ne pas avoir obtenu préalablement sa sanction. En 1819, Hoyles proclama son appui à l’érection de St John’s en municipalité, et il soutint que le lamanage était tombé en discrédit parce qu’il n’existait aucune autorité municipale pour appliquer le règlement. En fait, disait-il, tous les autres services municipaux, dont la police, les corps de sapeurs-pompiers et l’hôpital, avaient connu le même sort. À l’occasion d’une assemblée de citoyens tenue plus tard en 1819 sous sa présidence, il fit savoir que le jury d’accusation, dont il était président, avait décidé à l’unanimité qu’on devait confier à un comité choisi au cours d’une assemblée municipale et autorisé à percevoir des taxes foncières le pouvoir d’établir une police civile, de secourir les pauvres et de réglementer les corps de sapeurs-pompiers, le lamanage, l’hôpital, le phare et la poudrière. Hoyles fit partie du comité élu pour rédiger un projet de loi sur l’érection de St John’s en municipalité, mais une dispute à propos de l’évaluation des propriétés empêcha de soumettre le document au gouverneur.

En 1823, on élut Hoyles vice-président de la St John’s Chamber of Commerce, qui constituait l’exécutif de la nouvelle Commercial Society. Avec William Carson et Patrick Morris, il servit également à titre de trésorier du « comité des habitants » chargé d’étudier le projet de réorganisation des tribunaux de Terre-Neuve, déposé depuis peu au Parlement britannique. Le comité, résolu à obtenir pour l’île un corps législatif qui superviserait l’utilisation des revenus publics, ébaucha son propre projet de loi. En 1824, on adopta la loi britannique de judicature : elle accordait une charte municipale à St John’s, mais était loin de répondre aux espoirs du comité. L’appui que donna Hoyles à la réforme eut certes d’autant plus de poids qu’il était lui-même un éminent citoyen. Ainsi, à divers moments entre 1819 et 1824, il fut trésorier de la St John’s Library Society, économe de la St John’s Charity School, marguillier anglican, capitaine du corps de sapeurs-pompiers qu’il forma en 1824, président du comité de secours aux pauvres, de la Marine Insurance Association ainsi que du jury d’accusation. En reconnaissance de cette importance, le gouverneur Thomas John Cochrane* le nomma en 1825 aide de camp, avec le grade de lieutenant-colonel. Au même moment, tout en émettant des réserves sur le conflit d’intérêts que pouvaient amener ses activités commerciales, il recommanda sa nomination au Conseil de Terre-Neuve, mais sans succès.

En 1827, à titre de président de la St John’s Chamber of Commerce, Hoyles fit parvenir à Londres une pétition contre l’extension des droits sur les produits importés. L’année suivante, il fut l’un de ceux qui réclamèrent une assemblée publique dans le but de demander au Parlement britannique de ne pas imposer d’autres droits sur les importations et d’accorder à l’île un corps législatif. Il prit la parole à cette réunion, où il appela Morris « l’O’Connell de Terre-Neuve » et qualifia Carson, qui intervint lui aussi, de « patriote plus grand encore », et soutint qu’un Parlement colonial n’engendrerait aucune difficulté financière. Lorsque Terre-Neuve obtint un gouvernement représentatif, en 1832, Hoyles, qui s’était départi de ses intérêts commerciaux, devint député de la baie Fortune. On le nomma trésorier de la colonie en décembre de la même année.

Newman Wright Hoyles, qui avait proposé Carson comme candidat aux élections de 1832, était partisan de la réforme, mais surtout dans la mesure où celle-ci touchait les griefs des insulaires et l’adoption de règlements municipaux. Il présenta des projets de loi qui visaient à réglementer l’entreposage de la poudre à canon, les corps de sapeurs-pompiers, le lamanage et la protection contre les maladies infectieuses, à faire creuser une tranchée coupe-feu, à porter secours aux marins et pêcheurs frappés d’incapacité et à fonder des hôpitaux. En 1833, il voulut présenter un projet de loi relatif à l’érection de St John’s en municipalité, mais il ne put le faire. L’Assemblée connaissait de nombreuses difficultés financières, qu’aggrava l’apparition des luttes partisanes. À titre de trésorier de la colonie, Hoyles s’attira les foudres de l’Assemblée, et surtout des réformistes, en versant en novembre 1834, sur un ordre inconstitutionnel du gouverneur Cochrane, la somme de £853 6s 11d. Il ne siégea plus à la chambre après 1836 mais demeura trésorier de la colonie jusqu’à sa mort. Entre 1838 et 1840, il fit partie du bureau de santé et du bureau des commissaires du lamanage ; il fut aussi juge de paix et caissier (directeur général) de la Savings Bank. Son fils Hugh William* allait être le premier Terre-Neuvien d’origine à devenir premier ministre de la colonie, poste qu’il occupa de 1861 à 1865 ; il fut aussi juge en chef de 1865 à 1880.

Pamela Bruce

Arch. privées, N. J. S. Hoyles (Grand Bend, Ontario), « The house of Hoyles », H. L. et N. W. Hoyles, compil. (1913).— Cathedral of St John the Baptist (Anglican) (St John’s), Reg. of baptisms and burials.— Devon Record Office (Exeter, Angl.), 2537 A (St Petrox, Dartmouth), reg. of baptisms and marriages ; 2992 A (St Saviour, Dartmouth), reg. of baptisms.— MHA, Hoyles name file.— PANL, GN 2/1/A, mai, 9 oct. 1822, 19 oct. 1825.— PRO, BT 98/6–9.— T.-N., House of Assembly, Journal, 1833–1835.— Newfoundland Mercantile Journal, 1819–1820, 1824.— Public Ledger, 1810, 1824, 1827–1829.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 1810–1813, 1815–1816, 1828, 1832–1834, 1840.— Gunn, Political hist. of Nfld.— Leslie Harris, « The first nine years of representative government in Newfoundland » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Nfld., St John’s, 1959).— A. H. McLintock, The establishment of constitutional government in Newfoundland, 1783–1832 : a study of retarded colonisation (Londres et Toronto, 1941).— Prowse, Hist. of Nfld. (1895).— Keith Matthews, « The class of ‘32 : St. John’s reformers on the eve of representative government », Acadiensis (Fredericton), 6 (1976–1977), no 2 : 80–94.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 10 sept. 1907.

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Pamela Bruce, « HOYLES, NEWMAN WRIGHT (1777-1840) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hoyles_newman_wright_1777_18407F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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