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HUNT, GEORGE (également connu sous les noms de Xawe, ’Maxwalagalis, K’ixitasu et Nołq’ołala), employé de la Hudson’s Bay Company (HBC), interprète, guide, et homme de terrain et conseiller en ethnographie, né le 14 février 1854 au fort Rupert ou à Tsaxis (près de Port Hardy, Colombie-Britannique), fils de Robert Hunt, du Dorsetshire, Angleterre, et de Mary Ebbitts (Ebbets), dite Anein et Anisalaga, Tongass (Taant’a Kwáan) Tlingit de la pointe la plus au sud de ce qui deviendrait l’Alaska ; en 1872, il épousa Lucy Homiskanis, dite T’łaliłi’lakw (décédée en 1908), et ils eurent quatre fils et trois filles qui atteignirent l’âge adulte, puis vers 1912, Francine T’łat’łaławidzamga, dite Tsukwani, et aucun enfant ne naquit de ce second mariage ; décédé le 5 septembre 1933 au fort Rupert.

Personnage clé dans l’histoire de l’ethnographie de la côte nord du Pacifique, George Hunt fut élevé parmi les Kwakiutls. (Ce nom, généralement donné aux xixe et xxe siècles à tous les locuteurs ayant le kwak’wala comme langue maternelle, a été remplacé par celui de Kwakwaka’wak. On l’utilise cependant encore pour désigner la communauté autochtone de Fort Rupert.) Dans son enfance, il était connu sous le nom de Xawe, qui signifie « huard », peut-être une traduction de son nom tlingit. À son premier et à son deuxième mariage, il reçut respectivement les noms de ’Maxwalagalis et de K’ixitasu. Ses deux épouses étaient des Kwakiutls : Lucy venait de la communauté autochtone du fort Rupert et Francine du port Blunden. En sa qualité de responsable des danses d’hiver du fort Rupert, il serait appelé Nołq’ołala.

Hunt voyagea souvent, surtout le long de la côte centrale de la Colombie-Britannique, mais il résida toute sa vie, ou presque, au fort Rupert, où son père fut employé de la HBC, puis, de 1871 à 1882, maître de poste. Hunt, suivant d’abord les traces de son père, commença à travailler pour la HBC juste avant d’avoir dix ans. Selon des notes dans les archives de la compagnie, il était considéré à 17 ans « […] comme étant constant et utile » (probablement les mots du facteur en chef James Allan Grahame*). On lui confiait déjà d’importantes expéditions d’achats dans les communautés autochtones, y compris celles pour lesquelles il fut capitaine du sloop de la compagnie, le Mystery, et de son équipage de quatre personnes. Il commença également à agir à titre d’interprète et de guide pour les missionnaires et les agents coloniaux en voyage, fonctions qu’il exerça plus fréquemment à mesure que la traite des fourrures diminua.

En 1879, pendant sa deuxième tournée de la côte avec le surintendant des Affaires indiennes de la province, Israel Wood Powell*, Hunt, à la demande de ce dernier, fit sa première incursion dans l’acquisition d’objets ethnographiques. Cet événement marqua le début d’une nouvelle carrière, qu’il poursuivrait le restant de sa vie, comme acheteur, homme de terrain et conseiller pour des collectionneurs, des dirigeants de musée et des ethnographes, dont Powell, Johan Adrian Jacobsen, Franz Boas*, George Gustave Heye, Edward Sheriff Curtis, Samuel Alfred Barrett, Pliny Earle Goddard, Edward Sapir et Charles Frederic Newcombe*. Hunt devint l’un des principaux collectionneurs d’objets ethnographiques de la région : il acquit des masques, des vêtements, de l’équipement de chasse et de pêche, des outils de menuiserie, des plats pour les festins et des ustensiles de cuisine de tous les jours. Il fut partiellement ou totalement responsable de la plupart des collections sur la culture matérielle kwakiutl qui furent assemblées au cours de sa vie dans des musées de partout dans le monde. Les deux plus importantes, chacune de plus de 1 000 objets, se trouvent à l’American Museum of Natural History à New York et au Milwaukee Public Museum, au Wisconsin. En outre, le Musée canadien de l’histoire à Gatineau, au Québec, le Musée d’ethnologie de Berlin, le Field Museum of Natural History à Chicago, le Burke Museum of Natural History and Culture à Seattle, et le National Museum of Natural History (Smithsonian Institution) et le National Museum of the American Indian, tous deux à Washington, conservent des artefacts trouvés par Hunt.

De 1911 à 1914, Hunt aida le photographe et ethnologue Edward Sheriff Curtis à photographier les Kwakiutls. Il fut également un membre indispensable de l’équipe de tournage du film de Curtis, In the land of the head hunters, en 1914, mettant en vedette des acteurs kwakiutls. Une version restaurée intitulée In the land of the war canoes sortirait en 1973. Parmi les autres fonctions de Hunt, on compte celles de menuisier de plateau, régisseur, interprète, technicien d’effets spéciaux, fournisseur d’accessoires et de costumes, et conseiller culturel principal.

L’emploi ethnographique le plus important de Hunt fut celui qu’il occupa auprès de Franz Boas, anthropologue américain d’origine allemande. Leur première rencontre documentée date de 1888. Ils restèrent en communication de 1891 jusqu’à la mort de Hunt et travaillèrent ensemble pendant plus de quatre décennies, sauf de 1912 à 1915. Initialement, leur collaboration était centrée sur l’acquisition et la documentation d’objets ethnographiques. Elle culmina de 1897 à 1904, avec la participation de Hunt aux nombreuses activités de recherche et de collecte de la Jesup North Pacific Expedition [V. James Alexander Teit*], projet parrainé par l’American Museum of Natural History.

Au milieu des années 1890, Boas commença également à rémunérer Hunt afin qu’il lui fournisse des renseignements linguistiques, ethnographiques et folkloriques sur les Kwakiutls, principalement sous la forme de textes en langue kwak’wala écrits avec un alphabet conçu par Boas, qu’ils continueraient à perfectionner tout au long de leur collaboration. Au cours de sa vie, Hunt produisit 10 000 pages manuscrites en kwak’wala avec des notes interlinéaires en anglais. Il y couvre un large éventail de sujets : mythes, histoires familiales, menuiserie et différentes façons de préparer la nourriture. Boas publia 11 volumes de textes de Hunt, la plupart sous son propre nom ; pour diverses raisons, l’équivalent de plusieurs volumes de textes resterait inédit.

En raison du rôle dominant de Boas dans l’histoire de l’anthropologie nord-américaine, cette importante collection de textes en kwak’wala – échange épistolaire ethnographique rempli d’information, de commentaires et d’instructions, qui n’a jamais été bien compris – possède une valeur emblématique, considérée à la fois comme positive et négative. La production écrite de Hunt se compose essentiellement de sa moitié de cette correspondance, ponctuée de quelques rencontres seulement, généralement à l’occasion des visites de Boas en Colombie-Britannique. Hunt voyagea cependant deux fois à l’est pour travailler avec Boas : il passa six mois à Chicago, en 1893, pendant lesquels Boas lui apprit le système d’écriture kwak’wala et l’aida à organiser un présentoir kwakiutl pour l’Exposition universelle de Chicago, et il séjourna à New York pendant deux mois en 1903. Boas décrivit les textes de Hunt comme le produit d’une mentalité kwakiutl, incarnant « la culture telle qu’elle apparaît à l’Indien lui-même ». Ceux-ci subirent toutefois l’influence tant du programme de recherche de Boas que du point de vue et des intérêts de Hunt, dont l’origine, l’éducation et l’auto-identification n’étaient pas kwakiutls. Hunt parlait couramment kwak’wala, mais son orthographe suggère qu’il avait un accent tlingit et sa grammaire est parfois fautive. Il s’était néanmoins profondément intégré à la vie culturelle et sociale des Kwakiutls, particulièrement grâce à son mariage avec Lucy et à ses fils qui héritèrent des sièges de plusieurs chefs kwakiutls de haut rang.

En fait, les missionnaires et les autorités gouvernementales trouvaient que Hunt était trop profondément impliqué dans la culture kwakiutl et le mirent fréquemment en garde contre sa participation au potlatch et aux danses d’hiver prohibés. En 1900, Hunt fut arrêté et jugé pour avoir pris part à une « danse contre la loi ». Son avocat réussit à obtenir un acquittement – soutenu dans son argument par des publications fournies par Boas – en invoquant que la présence de Hunt à l’événement était motivée par pur intérêt d’observation scientifique.

Cet incident souligne les points de vue complexes et même contradictoires manifestes dans les écrits de Hunt : d’une part, celui d’un résident étranger, embauché par certains des plus éminents savants de son temps pour effectuer des recherches, et, de l’autre, celui d’un homme qui, par choix , s’était presque totalement assimilé à la culture kwakiutl. Par exemple, sur le chamanisme, Hunt écrivit : « Parfois j’[y] crois, et parfois je n’[y] crois pas. » Ses textes révèlent un plus grand souci pour les détails procéduraux que pour la signification culturelle, aspect important qui suggère que, jusqu’à la fin de sa vie, il était resté concentré sur les règles qu’il avait dû apprendre afin de participer à la vie des Kwakiutls.

Le statut marginal de George Hunt, la complexité de son kwak’wala et un système d’écriture difficile à comprendre pour la plupart des lecteurs figurent parmi les raisons pour lesquelles certaines personnes critiquèrent les textes dans leur ensemble. En fait, le kwak’wala de Hunt était imprégné d’éléments d’un style oratoire formel utilisé par les chefs de haut rang de cette époque. Boas confirma l’authenticité de certaines de ses caractéristiques peu communes. Sur le contenu des textes, il nota que, lorsqu’il vérifiait l’information de Hunt avec d’autres autochtones, il « trouvait invariablement que les déclarations [de Hunt] étaient correctes ». Hunt lui-même affirmait souvent obtenir des renseignements d’une large sélection d’anciens kwakiutls. Dans l’ensemble, ses travaux de collecte d’artéfacts et ses textes ethnographiques doivent être considérés comme une contribution significative et durable. Cette entreprise ethnographique qui documente les Kwakiutls de son époque est plus approfondie et détaillée que toute autre réalisée sur la côte nord du Pacifique, et peut-être même en Amérique du Nord.

Judith Berman

Parmi les textes de George Hunt parus sous le nom de l’anthropologiste Franz Boas figurent : « The Kwakiutl of Vancouver Island », American Museum of Natural Hist., Memoir (New York), [8] (1909), part. ii : 301–522 ; Kwakiutl tales (New York, 1910) ; Columbia University contributions to anthropology (37 vol., New York, 1913–1956), 3 (Contributions to the ethnology of the Kwakiutl, 1925), 10 (The religion of the Kwakiutl Indians, 2 vol., 1930), 26 (Kwakiutl tales, new series, 2 vol., 1935–1943) ; « Ethnology of the Kwakiutl, based on data collected by George Hunt », Franz Boas, édit., Bureau of American Ethnology, Annual report (Washington), 35 (1913–1914) : 43–1481 ; « Bella Bella tales », American Folk-Lore Soc., Memoirs (New York), 25 (1932). Sous son propre nom, Hunt a publié « The rival chiefs : a Kwakiutl story », rév. par Edward Sapir, dans Boas anniversary volume : anthropological papers written in honor of Franz Boas [...], N. M. Butler et al., édit. (New York, 1906), 108–136. Deux articles ont paru sous les noms de Boas et Hunt : « Kwakiutl texts », American Museum of Natural Hist., Memoirs, 5 (1902–1905), part. i, ii, iii et « Kwakiutl texts – second series », American Museum of Natural Hist., Memoirs, 14 (1906), part. i : 2–269.

L’American Philosophical Soc. (Philadelphie, Pa) conserve la plus importante collection de manuscrits inédits de Hunt : mss 497.3.B63c, Kwakiutl, 28, 31, W1a.3, W1a.15, W1a.19 ; Nootka, W2a.5. On y trouve également, dans les Franz Boas professional papers, mss.B.B61p, une abondante correspondance entre les deux hommes, qui couvre une période de plus de 40 ans. L’American Museum of Natural Hist. (New York) possède aussi des lettres de Hunt, ainsi que des documents d’acquisition pour des artefacts qu’il collectionnait. Des photographies de plus de 1 000 objets que Hunt a acquis pour le même musée figurent dans « Anthropology collections database » : https://anthro.amnh.org/collections (consulté le 28 juill. 2016).

AM, HBCA, Biog. sheets, Robert Hunt.— Judith Berman, « “The culture as it appears to the Indian himself” : Boas, George Hunt, and the methods of ethnography », dans History of anthropology (12 vol., Madison, Wis., 1983–2010), 8 (Volksgeist as method and ethic : essays on Boasian ethnography and the German anthropological tradition, G. W. Stocking, édit., 1996), 215–256 ; « George Hunt and the Kwak’wala texts », Anthropological Linguistics (Bloomington, Ind.), 36 (1994) : 482–514.— Franz Boas, Kwakiutl ethnography, Helen Codere, édit. (Chicago, 1966).— Jeanne Cannizzo, « George Hunt and the invention of Kwakiutl culture », la Rev. canadienne de sociologie et d’anthropologie (Toronto), 20 (1983) : 44–58.— Douglas Cole, Captured heritage : the scramble for northwest coast artifacts (Vancouver et Toronto, 1985).— E. S. Curtis, The North American Indian, being a series of volumes picturing and describing the Indians of the United States and Alaska, F. W. Hodge, édit. (20 vol., New York, 1907–1930), 10.— The ethnography of Franz Boas, Hedy Parker, trad., R. P. Rohner, compil. (Chicago, 1969).— « George Hunt, collector of Indian specimens », dans Chiefly feasts : the enduring Kwakiutl potlatch, Aldona Jonaitis, édit. (catalogue d’exposition, American Museum of Natural Hist., Seattle et New York, 1991).— B. M. Gough, Gunboat frontier : British maritime authority and northwest coast Indians, 1846–1890 (Vancouver, 1984).— Bill Holm et G. I. Quimby, Edward S. Curtis in the land of the war canoes : a pioneer cinematographer in the Pacific northwest (Vancouver, 1980).— Milwaukee Public Museum, Publications in primitive art (4 vol., Milwaukee, Wis., 1964–1972), 2 (Masks of the northwest coast, Robert Ritzenthaler et L. A. Parsons, édit., introd. par S. [A.] Barrett, 1966).

Bibliographie générale

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Judith Berman, « HUNT, GEORGE (Xawe, ’Maxwalagalis, K’ixitasu, Nołq’ołala) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hunt_george_16F.html.

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Auteur de l'article:    Judith Berman
Titre de l'article:    HUNT, GEORGE (Xawe, ’Maxwalagalis, K’ixitasu, Nołq’ołala)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
Année de la révision:    2017
Date de consultation:    19 mars 2024