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TEIT, JAMES ALEXANDER (jusqu’en 1884, il orthographia son nom de famille Tait), commis de magasin, fermier, guide de chasse, ethnographe, auteur et militant politique, né le 15 avril 1864 à Lerwick, Écosse, fils de John Tait et d’Elizabeth Murray ; le 12 septembre 1892, il épousa près de Spences Bridge, Colombie-Britannique, Antko (Susannah Lucy) (décédée en 1899), et ils n’eurent pas d’enfants, puis le 15 mars 1904, à Spences Bridge, Leonie Josephine Morens (décédée en 1948), et de ce second mariage naquirent six enfants ; décédé le 30 octobre 1922 à Merritt, Colombie-Britannique, et inhumé à cet endroit.

James Alexander Teit naquit dans une famille de marchands à Lerwick, dans les îles Shetland. Sa mère avait été gouvernante avant de se marier. Son père tenait à Lerwick une épicerie autorisée à vendre des boissons alcooliques. Fervent promoteur de l’instruction publique, il contribua en 1868 à la fondation de l’Anderson Educational Institute. Ce fut probablement à cette école publique, la première de niveau supérieur à s’ouvrir à Lerwick, que James Alexander obtint son diplôme à l’âge de 16 ans.

Une fois ses études terminées, James Alexander travailla d’abord dans le magasin familial puis, durant environ un an, il fut commis dans une banque à Lerwick. Il se peut aussi qu’il ait passé quelques mois à faire de la pêche commerciale dans la mer du Nord. Au début des années 1880, le frère de sa mère, John Murray, invita l’un de ses neveux à le rejoindre en Colombie-Britannique. Murray s’était établi en 1859 comme marchand et fermier à Cook’s Ferry (Spences Bridge), dans le centre-sud de la colonie. Comme il était célibataire, il y avait des chances qu’il laisse un héritage. Vivement intéressé par l’invitation, James Alexander, alors âgé de 19 ans, renonça à son droit d’aînesse en faveur de son jeune frère John et arriva à Spences Bridge le 17 mars 1884.

C’est à ce moment-là que James Alexander adopta, pour son nom de famille, la forme Teit. Peut-être sous l’influence de son père, passionné par l’histoire des Shetland, il avait retracé les origines de la famille jusqu’à Jan Teit, Norvégien qui s’était installé au xiie siècle dans une île de cet archipel, l’île Fetlar. Dans une lettre adressée en 1905 à son oncle Robert Tait, il expliquerait : « [Teit] est la véritable orthographe ancienne du nom. »

À Spences Bridge, Teit était commis au magasin de son oncle et, en plus, il faisait, selon les emplois saisonniers qu’il pouvait trouver, du piégeage, des travaux de ferme ou de la fructiculture. L’automne venu, il allait chasser dans des coins reculés du centre et du nord de la Colombie-Britannique, ce qui lui permettrait bientôt d’offrir ses services de guide aux chasseurs de gros gibier. Par l’entremise de son oncle, il en vint à bien connaître les autochtones de la région, car bon nombre d’entre eux venaient régulièrement faire du troc au magasin. Moins de trois ans après son arrivée, il cohabitait avec Antko, jeune Indienne thompsonne (Nlaka’pamux) de Nkaitu’sus, petit village autochtone de la vallée de la Twaal juste au nord de Spences Bridge. Le 12 septembre 1892, ils se marièrent officiellement à Nkaitu’sus devant l’archidiacre Richard Small.

En 1894, au cours d’une expédition de recherche ethnographique sur le terrain en Colombie-Britannique, l’anthropologue germano-américain Franz Boas* interrompit son voyage en train vers la côte pour passer une nuit à Spences Bridge. Quelqu’un dans cette localité lui suggéra de communiquer avec Murray, qui à son tour l’envoya trouver Teit. Dans une lettre écrite à sa famille le 21 septembre 1894, Boas déclara : « [Teit est] une mine [de renseignements] ! Il en sait beaucoup sur les tribus. Je l’ai engagé sur-le-champ. »

Teit fut d’une utilité immédiate à Boas. Lui qui parlait couramment la langue des Thompsons expliqua à sa parenté et à ses amis que l’anthropologue voulait les mesurer et les interroger. Comme ils avaient confiance en lui, ils acceptèrent tous de collaborer avec Boas. Le lendemain, Teit emmena l’anthropologue visiter, à cheval, de nombreux petits villages autochtones des environs. L’attitude de Boas envers son travail de terrain changea tout de suite. « La désagréable impression que j’avais de ne pas bien m’entendre avec les Indiens est en train de disparaître peu à peu, expliqua-t-il à sa famille, et j’ai espoir d’obtenir de bons résultats. » En décembre, avant de se remettre en route pour New York, il retourna à Spences Bridge afin de poursuivre ses recherches avec Teit. Deux jours lui suffirent pour mesurer 123 autochtones, soit plus que dans toute autre communauté autochtone située à l’est de la côte. Il était donc satisfait de Teit, et il apprit avec grand plaisir que ce dernier avait déjà rédigé en bonne partie un rapport ethnographique pour lui. Dès le printemps de 1895, le rapport en question comptait 216 pages. En outre, Teit avait produit une étude plus succincte sur les Nicolas (Stuwíxamux) – groupe peu connu de la famille linguistique des Athapascans qui avait déjà habité dans la vallée de la rivière Nicola –, et il avait rassemblé et expédié à New York une riche collection d’« articles de valeur ethnologique » provenant de la région de Spences Bridge.

Financé par Morris Ketchum Jesup, président de l’American Museum of Natural History à New York, le voyage suivant de Boas en Colombie-Britannique, en juin 1897, constituait l’amorce d’une recherche d’une durée de cinq ans connue sous le nom de Jesup North Pacific Expedition. L’objectif était de brosser un tableau ethnologique et archéologique des relations entre les peuples autochtones de deux parties de la ceinture du Pacifique, soit le Nord-Ouest de l’Amérique et le Nord-Est de l’Asie. L’expédition Jesup comptait plusieurs équipes de recherche. Celle du Nord-Ouest de l’Amérique comprenait Boas, les Américains Harlan Ingersoll Smith, Livingston Farrand et John Reed Swanton, ainsi que les Britanno-Colombiens George Hunt* et Teit.

Tout au long de l’expédition Jesup, Boas s’en remit beaucoup à Teit. Il lança le projet à Spences Bridge, où lui-même et ses collègues, assistés de Teit, passèrent une semaine féconde à étudier des sites archéologiques, à prendre des photographies, à consigner des histoires et des chants, et à écouter des explications sur les motifs qui ornaient des paniers tressés, des bijoux et des masques. En outre, Boas engagea Teit pour guider son équipe vers le nord jusqu’au ruisseau Soda, puis en direction ouest jusqu’à Bella Coola. Ce voyage, fait avec un convoi de chevaux, dura près de sept semaines. Dans le cadre de l’expédition Jesup, Boas fit seulement une autre série de travaux sur le terrain en Colombie-Britannique. Pour le reste, il effectua la plus grande partie de ses recherches à partir de New York en correspondant avec Teit (à l’intérieur de la province) et Hunt (sur la côte). Presque toutes les semaines, les deux hommes lui postaient de volumineux paquets de réponses écrites à ses questions.

Pendant l’expédition Jesup, Teit s’était astreint à un programme rigoureux de recherche sur le terrain et de rédaction. Son travail déboucha sur des publications importantes. Sur les 27 communications de la Jesup North Pacific Expedition qui parurent à New York dans les Memoirs de l’American Museum of Natural History, 4 étaient de lui : « The Thompson Indians of British Columbia » (1900), « The Lillooet Indians » (1906), « The Shuswap » (1909) et « Mythology of the Thompson Indians » (1912). De surcroît, il collabora indirectement à trois autres textes. Il fut assistant de terrain et consultant pour les deux rapports archéologiques produits par Smith en 1899 et en 1900 (il identifia des sites, recueillit des artefacts et corrigea les épreuves des rapports) et il fournit une bonne partie des données de base présentées dans un document rédigé par Farrand et publié en 1900, « Basketry designs of the Salish Indians ». Enfin, il facilita le travail de photographie que Smith réalisa à Spences Bridge et qui était au cœur de l’Ethnographical album of the North Pacific coasts of America and Asia, paru en 1900. Si l’on tient compte en particulier de ses longues synthèses sur trois cultures différentes, Teit fut beaucoup plus prolifique que Boas dans le cadre de l’expédition Jesup. Au moins un bilan de l’apport de l’expédition affirme même que la réussite globale de la recherche découlait en grande partie des travaux ethnographiques exécutés sur le terrain par Teit. À tous les points de vue, ce dernier surpassa ses collègues installés à New York dans la réalisation des buts de l’expédition : études ethnographiques approfondies sur des cultures particulières, analyses comparatives de données culturelles, éventail d’expériences sur le terrain et riches collections d’objets façonnés.

La Jesup North Pacific Expedition assurait à Teit un revenu régulier, ce qui fut un atout après la mort de son oncle, survenue le 30 mars 1896. Murray ne lui avait guère laissé qu’un lopin de terre (Teit le vendit pour acquitter les dettes de son oncle) et le vieux magasin avec son contenu. Teit conserva le magasin pour y entreposer son équipement de chasse et ses collections ethnographiques. En plus, il y installa un bureau et il pouvait y tenir des réunions.

Le 2 mars 1899, la femme de Teit, Antko, mourut. Dans une lettre à Boas, il expliqua : « comme elle a été une bonne épouse pour moi et comme nous avons vécu heureux ensemble pendant plus de douze ans, sa disparition m’a naturellement porté un grand coup ». Le fait d’avoir perdu sa femme et son oncle en l’espace de trois ans pourrait l’avoir poussé à aller voir ses parents à Lerwick. Parti le 22 décembre 1901, il s’embarqua à New York après une visite de six jours chez Boas. À son retour, il passa environ une semaine avec Boas ; il arriva à Spences Bridge le 6 juillet 1902.

Dans les mois suivants, Teit renoua avec Leonie Josephine Morens, qu’il avait déjà courtisée. Elle était fille de colons savoyards [V. Joseph Guichon]. Leur mariage eut lieu le 15 mars 1904 au cours d’une cérémonie catholique. Teit avait près de 40 ans et Leonie Josephine, 23. Bien qu’issu d’une famille presbytérienne, il s’était défini en 1901 comme libre-penseur. Abstraction faite de ses mariages officiels et de son amitié avec des missionnaires catholiques tel le réputé linguiste Jean-Marie-Raphaël Le Jeune, il n’avait guère de liens avec la religion constituée. Les Teit élurent domicile chez la mère de Leonie, veuve, à la ferme familiale près de Spences Bridge. Dans les 14 années suivantes, ils auraient six enfants ; tous recevraient un nom norvégien. En 1911, Teit bâtirait une maison pour lui-même et les siens à Spences Bridge ; ils y habiteraient jusqu’à leur installation à Merritt en 1919.

À compter de 1902, Teit, de plus en plus habile à la chasse, servit de guide à des chasseurs de gros gibier venus d’Europe et des États-Unis. Ces voyages, en général d’une durée de deux à trois mois, arrondissaient le revenu que lui rapportait la recherche anthropologique. Moins d’une décennie plus tard, le magazine britannique Travel and Exploration dirait de lui qu’il était « le meilleur guide de la province, doté […] d’une connaissance inégalée de la topographie de la contrée […], d’un merveilleux instinct pour le gibier et d’une maîtrise complète des diverses langues indiennes ». Teit avait probablement appris le tir à la cible de son père et il devait déjà être bon tireur au moment de son arrivée en Colombie-Britannique. Ses expéditions dans le nord de la province le mettaient en contact avec des Sèkkanais, des Kaskas et des Tahltans, dont certains voyageaient avec lui.

Entre-temps, durant la première décennie du xxe siècle, Teit travailla de manière soutenue pour Boas : il recueillait des mythes, des artefacts et diverses données ethnologiques parmi les peuples de sa connaissance. En outre, il passa du temps à travailler ses notes et manuscrits. En septembre 1904, il guida un riche ingénieur-conseil de Chicago, Homer E. Sargent, au cours d’une expédition de chasse au mouflon dans la région de Cariboo. À cette occasion, Sargent en apprit beaucoup sur le travail ethnographique exécuté par Teit pour Boas et, en mars 1907, il offrit de l’assistance financière. Fort de cet appui, Teit fit de la recherche sur le terrain en 1908 puis, au printemps de 1909, dans l’État de Washington, en Idaho et dans le Montana parmi les peuples appartenant aux familles linguistiques salish et sahaptins. Ses notes seraient publiées à titre posthume sous le titre « Coeur d’Alene, Flathead and Okanogan Indians » à Washington dans le rapport annuel produit pour 1927–1928 par le Bureau of American Ethnology, puis en 1928 à Seattle sous le titre Middle Columbia Salish. Collectionneur d’artefacts autochtones, Sargent s’intéressait particulièrement à la vannerie, et il demanda qu’une partie de ses fonds serve à faire d’autres acquisitions. En 1909, Teit commença donc à rassembler une imposante collection de paniers britanno-colombiens qu’il déposa en 1910 et en 1911 au Field Museum of Natural History de Chicago, conformément à la requête de Sargent. Deux élèves de Boas, Herman Karl Haeberlin (décédé avant la fin du projet) et Helen Heffron Roberts, prépareraient pour la publication les notes de Teit sur la vannerie ainsi que ses croquis et photos. Le document qui en résulta, « Coiled basketry in British Columbia and surrounding region », paraîtrait dans le rapport produit par le Bureau of American Ethnology pour les années 1919 à 1924, qui sortit seulement en 1928. Sargent continuerait de financer généreusement les recherches faites sur le terrain par Teit jusqu’à la mort de celui-ci en 1922.

En décembre 1911, Edward Sapir, chef de la division d’anthropologie à la Commission géologique du Canada et élève de Boas, avait recommandé de réaliser une étude systématique des peuples de langues athapascanes vivant dans le nord de la Colombie-Britannique et avait convaincu le directeur de la commission, Reginald Walter Brock*, qu’on « ne pouvait choisir meilleur homme [que Teit] pour ce travail ». Teit vint donc s’ajouter à la liste de paie de la commission en 1911 sur la base d’un contrat annuel. En 1912 et en 1915, il effectua des expéditions pour la commission dans la vallée du fleuve Stikine, où il interrogea bon nombre de Tahltans et de Kaskas, recueillit des chants et des objets façonnés, et prit des photos. Par intermittence, il continuait de travailler pour Boas : il fit du terrain dans la région de Kootenay au printemps de 1913 et il poursuivait ses recherches sur la vannerie. Il réunit aussi des collections de vêtements, d’outils et d’articles divers pour Charles Frederic Newcombe, du musée provincial de la Colombie-Britannique. En 1917, Sapir se disait préoccupé par l’effet néfaste que la participation de Teit aux travaux de Boas avait sur sa productivité à la commission. Teit avait amassé beaucoup de données brutes et d’artefacts pour Sapir, mais il n’avait pas trouvé le temps de préparer quoi que ce soit pour la publication.

Au cours des années où Teit collabora avec Boas et Sapir, d’autres sollicitations nuisirent à son travail d’anthropologue. Dans toute la province, des chefs autochtones s’inquiétaient pour l’avenir de leurs peuples : en quelques décennies, ils avaient été témoins d’un vaste mouvement de colonisation et de développement, et leurs droits sur leurs territoires avaient été rognés. Comme très peu d’entre eux pouvaient s’exprimer en anglais, ils avaient désespérément besoin de traducteurs pour les aider à défendre leur position. Vu ses compétences linguistiques et ses connaissances ethnographiques, Teit était le candidat idéal. En 1920, il expliquerait à un comité sénatorial à Ottawa que les Interior Tribes of British Columbia, alliance de chefs thompsons, shuswaps et okanagans, avaient « insisté [en 1909] pour [qu’il] assiste à leurs réunions et les aide à rédiger ». « C’est ainsi, précisait-il, que je suis devenu leur secrétaire et trésorier. » Teit prêtait aussi son concours à l’Indian Rights Association, qui rassemblait des groupes autochtones de la basse partie continentale de la province, du nord de la côte et de l’île de Vancouver. Il passa la plus grande partie de l’année 1910 à sillonner le sud de l’hinterland, allant d’une réserve à l’autre pour créer des liens entre les deux organismes. Dès l’été, avec son aide, les Interior Tribes avaient produit deux documents importants où elles définissaient leur position : une déclaration et un mémoire à l’intention du premier ministre du Canada, sir Wilfrid Laurier*. Cette forme de plaidoyer politique s’inspirait de la rhétorique antiétatique que Teit avait lue de 1902 à 1909 dans des périodiques socialistes de Vancouver tels le Western Socialist et le Western Clarion, qui avait pris la relève du précédent.

À titre de traducteur et de lobbyiste, Teit se rendit à Ottawa à plusieurs reprises avec des délégations de chefs. La première fois, en janvier 1912, lui-même et neuf chefs de l’Indian Rights Association rencontrèrent le premier ministre du Canada, Robert Laird Borden*, et des membres de son cabinet. En juillet 1912, après que Borden eut nommé James Andrew Joseph McKenna* commissaire spécial des Affaires indiennes et lui eut confié le mandat de conclure une entente avec la province sur la question des terres, Teit réunit environ 450 chefs à Spences Bridge. L’entente conclue entre McKenna et le premier ministre provincial, Richard McBride*, déboucha en avril 1913 sur la création de la commission royale d’enquête sur les affaires indiennes de la province de la Colombie-Britannique. La formation de la commission McKenna-McBride donna lieu à d’autres rencontres de chefs autochtones à Spences Bridge.

À la fondation de l’Allied Indian Tribes of British Columbia en juin 1916 à Vancouver, Teit fut nommé au comité directeur avec les chefs autochtones Basil David, John Tetlenitsa et Peter Kelly*. En collaboration avec Kelly, il rédigea au nom de l’organisme une déclaration intitulée Statement of the Allied Indian Tribes of British Columbia for the government of British Columbia, qui parut probablement à Vancouver en 1919. Cette déclaration rejetait le rapport de la commission McKenna-McBride, qui avait été publié en 1916, et ce, principalement pour deux raisons : il n’abordait pas des questions tels les titres fonciers et les droits sur l’eau, et il recommandait de retrancher des réserves des terres de valeur et d’y ajouter des terres de peu de valeur. En 1920, Teit séjourna à Ottawa de la mi-mars à la mi-juin (il fit cependant un court voyage en Colombie-Britannique à la mi-mai) ; il passa cette période à écrire des lettres et à exercer des pressions en faveur de la cause autochtone. Malgré une vive opposition de la part des peuples autochtones, la Loi du règlement relatif aux terres des sauvages de la Colombie-Britannique reçut la sanction royale le jour de la fête du dominion en 1920. Cette loi habilitait le gouvernement fédéral à appliquer les recommandations de la commission royale. Deux mois plus tard, Teit se vit confier par les gouvernements fédéral et provincial la tâche d’entreprendre une révision du rapport de la commission avec William Ernest Ditchburn*, représentant du ministère des Affaires indiennes, et J. W. Clark, représentant de la Colombie-Britannique. Teit devait représenter les peuples autochtones, ce qu’il n’accepta qu’avec le consentement des chefs. Toutefois, quelques semaines après s’être mis au travail, il commença à souffrir d’une maladie qui se révéla être un cancer de l’intestin. Après un an de repos et de traitement, son état s’améliora, et il put reprendre sa participation à ce que l’on en vint à appeler l’enquête Ditchburn.

En mars 1922, au moment même où il entreprenait la rédaction de son rapport, Teit fit une rechute. Il mourut sept mois plus tard à l’âge de 58 ans. Son décès était une lourde perte non seulement pour la communauté des anthropologues, mais aussi pour les peuples autochtones de toute la Colombie-Britannique. Dans la nécrologie qu’il lui consacra, Boas écrivit : « Sans relâche, il a travaillé à leur bien-être et il a subordonné toutes ses autres préoccupations, scientifiques aussi bien que personnelles, à cette tâche, qu’il en est venu à considérer comme la plus importante de sa vie. » Peter Kelly, collègue de Teit, mit davantage ce point en relief. En 1953, il notait : « l’organisation des Indiens de l’intérieur s’est désintégrée après la mort de Teit. Enfin, pas tout à fait, mais elle n’a plus jamais été exactement la même. »

Nombreux sont ceux pour qui James Alexander Teit est une figure mineure de l’anthropologie. Au mieux, ils le considèrent comme un assistant ou un informateur de Boas et comme l’auteur d’un certain nombre de textes ethnographiques importants sur les peuples du plateau de l’Amérique du Nord. Son travail de représentation politique est presque totalement inconnu. Étant donné son apport (plus de 2 200 pages imprimées dans 43 publications et près de 5 000 pages de manuscrits inédits), il est temps de lui donner la place qui lui revient parmi les anthropologues les plus distingués de l’Amérique du Nord.

Wendy Wickwire

Outre les ouvrages mentionnés dans le texte, James Alexander Teit en a écrit plusieurs autres. Roderick Sprague a dressé la liste de ses manuscrits et publications dans « A bibliography of James A. Teit », Northwest Anthropological Research Notes (Moscow, Idaho), 25 (1991) : 103–115.

American Museum of Natural Hist. (New York), Div. of Anthropology Arch., Corr., James Teit et Franz Boas, 1894–1902.— American Philosophical Soc. (Philadelphie), B B65p (Franz Boas professional papers).— Arch. privées, Sigurd Teit (Merritt, C.-B.), Journaux de J. A. Teit, 1897, 1901, 1904, 1908–1910, 1912–1913, 1920 ; Papiers de la famille Teit, photographies, doc. divers, dont des copies des doc. des Shetland Arch. (Lerwick, Écosse).— Musée canadien des civilisations (Hull, Québec), Arch., Doc. d’ethnologie, I-A-236M (corr. professionnelle d’Edward Sapir), dossier Teit, James A. (1911–1922).— Shetland Times (Lerwick), 4 sept. 1904.— J. J. Banks, « Comparative biographies of two British Columbia anthropologists : Charles Hill-Tout and James A. Teit » (mémoire de m.a., Univ. of British Columbia, Vancouver, 1970).— Judith Berman, « “The culture as it appears to the Indian himself” : Boas, George Hunt, and the methods of ethnography », dans Volksgeist as method and ethic : essays on Boasian ethnography and the German anthropological tradition, G. W. Stocking, édit. (Madison, Wis., 1996), 215–256.— [Franz Boas], The ethnography of Franz Boas, R. P. Rohner, compil. et édit., introd. par R. P. et E. C. Rohner, Hedy Parker, trad. (Chicago et Londres, 1969) ; « James A. Teit », Journal of American Folk-Lore (Lancaster, Pa., et New York), 36 (1923) : 102s.— Don Bunyon, « James Teit – pioneer anthropologist », Heritage West (Vancouver), 5 (1981), no 3 : 21–23.— Peter Campbell, « “Not as a white man, not as a sojourner” : James A. Teit and the fight for native rights in British Columbia, 1884–1922 », left history (Kingston, Ontario), 2 (1994), no 2 : 37–57.— Roy Gronneberg, « James Teit – friend of the Indians », New Shetlander (Lerwick), 126 (1978) : 28–30.— Katharine Howes et Pat Lean, « Commemorating : James Alexander Teit ; an interview with Inga Teit Perkin, daughter of noted ethnologist James A. Teit », Nicola Valley Hist. Quarterly (Merritt), 2 (1979), no 2 : 1, 4.— Ira Jacknis, « “The artist himself” : the Salish basketry monograph and the beginnings of a Boasian paradigm », dans The early years of native American art history : the politics of scholarship and collecting, J. C. Berlo, édit. (Seattle et Vancouver, 1992), 142–144.— Peter Jamieson, « Jimmy Teit of Spence’s Bridge, British Columbia », New Shetlander (Lerwick), 53 (janv.–mars 1960) : 17–20.— Pat Lean et Sigurd Teit, « Introduction », Teit Times (Merritt) 1 (été 1995) : 1–64.— Ralph Maud, A guide to B.C. Indian myth and legend : a short history of myth-collecting and a survey of published texts (Vancouver, 1982).— R. P. Rohner, « Franz Boas : ethnographer on the northwest coast », dans Pioneers of American anthropology : the uses of biography, June Helm, édit. (Seattle et Londres, [1966]), 151–247.— Frantz Rosenberg, Big game shooting in British Columbia and Norway (Londres, 1928).— J. A. Smith, Widow Smith of Spence’s Bridge, J. M. Campbell et al., édit. (Merritt, 1989).— W. C. Wickwire, « Beyond Boas ? Re-assessing the contribution of “informant” and “research assistant”, James A. Teit », dans Constructing cultures then and now : the Jesup North Pacific Expedition (Seattle, à paraître) ; « James A. Teit : his contribution to Canadian ethnomusicology », Canadian Journal of Native Studies (Brandon, Manitoba), 8 (1988) : 183–204 ; « “We shall drink from the stream and so shall you” : James A. Teit and native resistance in British Columbia, 1908–22 », CHR, 79 (1998) : 199–236.— Lincoln Wilbar, « British Columbia for the sportsman », Travel and Exploration (Londres), (oct. 1909) : 279.

Bibliographie générale

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Wendy Wickwire, « TEIT, JAMES ALEXANDER (Tait) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/teit_james_alexander_1884_15F.html.

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Auteur de l'article:    Wendy Wickwire
Titre de l'article:    TEIT, JAMES ALEXANDER (Tait)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024