NEWCOMBE, CHARLES FREDERIC, médecin, naturaliste et collectionneur d’objets façonnés, né le 15 septembre 1851 à Newcastle upon Tyne, Angleterre, fils de William Lister Newcombe, directeur dans une société ferroviaire, et d’Eliza Jane Rymer ; le 6 mai 1879, il épousa à Marylebone, Londres, Marian Arnold, et ils eurent deux filles et quatre fils ; décédé le 19 octobre 1924 à Victoria.

Charles Frederic Newcombe grandit à Newcastle upon Tyne et étudia la médecine à la University of Aberdeen. Il fit son internat au West Riding Asylum de Wakefield et reçut une licence et une maîtrise avec mention en 1873. Il obtint son doctorat en médecine en 1878, après avoir été quelques années médecin au Lancashire County Asylum de Rainhill, près de Liverpool.

Après leur mariage en 1879, les Newcombe s’installèrent à Windermere, où Charles Frederic pratiqua la médecine générale. Au début des années 1880, il visita l’Amérique du Nord et décida d’y émigrer. En compagnie de sa femme et de leurs trois enfants, il s’établit en 1884 à Hood River, dans l’Oregon. Tout en y exerçant sa profession, il aida à bâtir sa propre maison, lança une exploitation fruitière et prit part à des expéditions d’histoire naturelle au cours desquelles il recueillit des spécimens de plantes indigènes et des objets archéologiques.

En quête d’un climat plus doux, la famille élut domicile à Victoria en 1889. Newcombe obtint un permis de pratiquer la médecine en Colombie-Britannique. Il exercerait en qualité d’omnipraticien jusqu’à la fin de sa vie, mais concurrencer les nombreux médecins établis à Victoria lui serait difficile. Sans être riches, lui-même et sa femme avaient hérité d’une somme qui s’ajoutait à son revenu. Peu après son arrivée à Victoria, il devint chercheur au musée provincial [V. John Fannin*]. Ce poste n’était pas rémunéré, mais lui permit de rencontrer des gens qui, comme lui, étaient férus de botanique, de géologie, de biologie marine, de géographie, de paléontologie et d’anthropologie. Ces matières l’intéressaient plus que la profession médicale et d’autres possibilités de carrière.

Peu après avoir perdu sa femme Marian, morte en couches en février 1891, Newcombe partit pour l’Angleterre avec ses trois aînés, qui y resteraient plusieurs années. Pendant son séjour là-bas, il étudia à la University of London et au British Museum dans diverses branches de l’histoire naturelle et acheta du matériel photographique moderne. Rentré seul à Victoria l’année suivante, il s’adonna à sa passion pour la biologie marine en s’aventurant de plus en plus loin, le plus souvent en bateau, pour chercher des spécimens. Il recueillait aussi des fossiles et des plantes indigènes. En 1896, il participa à la fondation de la Victoria Natural History Society.

En 1895, avec Francis Kermode*, du musée provincial, Newcombe s’était rendu en vapeur chez les Kwakiutls à Alert Bay et à l’archipel de la Reine-Charlotte. Au cours de cette expédition, il commença à acquérir des objets anthropologiques pour sa collection personnelle et à prendre des notes détaillées. Dès 1897, il se fit construire un bateau spécialement pour son travail de terrain. Le Pelican – il s’agissait d’un bateau Columbia River de 24 pieds, à deux bouts – se manœuvrait aisément à la rame et à la voile, pouvait être transporté par bateau à vapeur et permettait des expéditions autonomes jusque dans les coins les plus reculés du littoral. Cette année-là, Newcombe retourna dans les mêmes régions ; c’était le premier grand voyage de cueillette qu’il entreprenait par ses propres moyens. À la demande du gouvernement provincial, il acheta un mât totémique haïda pour les Royal Botanic Gardens de Kew (Londres) et se procura des objets façonnés pour George Mercer Dawson*, de la Commission géologique du Canada.

Au fil des ans, Newcombe fit de nombreuses expéditions du même genre, en bateau, dans des lieux isolés de la côte britanno-colombienne. Des musées européens et nord-américains commencèrent à le charger d’amasser des spécimens d’histoire naturelle. En outre, il trouvait aisément sur le marché muséal, alors en pleine expansion, des acheteurs pour des objets ethnologiques et livrait une rude concurrence à d’autres collectionneurs pour des mâts totémiques, des masques et insignes cérémoniels ou des articles plus utilitaires. Dès 1900, de grands musées des États-Unis lui avaient passé des commandes. L’éminent anthropologue américain Franz Boas* l’engagea pour une recherche sur l’histoire des Haïdas de la partie sud de l’archipel de la Reine-Charlotte. Pour cette expédition, Newcombe se fit accompagner par un assistant, Douglas Scholefield, et par le chef haïda Elijah Ninstints. Tandis qu’ils manœuvraient ensemble les rames et les voiles, Ninstints décrivait la géographie et relatait l’histoire de sa terre natale, et Newcombe prenait des notes et des photographies, faisait des croquis et recueillait des spécimens. À la fin de 1901, il accepta de travailler à plein temps pour le Columbian Museum of Chicago ; cet arrangement durerait jusqu’à la fin de 1905. Il acquit de vastes collections ethnographiques pour des présentations sur les Haïdas, les Kwakiutls, les Nootkas et les Salishs. En 1904, à l’occasion de l’Exposition universelle de St Louis, il eut pour mandat de monter des installations où se produiraient des artistes de spectacles culturels et autres artistes nootkas et kwakiutls et où l’on pourrait voir une maison autochtone de type traditionnel, un canot et d’autres objets achetés et expédiés pour l’événement. Avec les années, son réseau de commanditaires, de clients et de collègues s’étendrait dans toute la Colombie-Britannique et le monde entier.

Pendant des décennies, ce furent des étrangers qui achetèrent la plupart des objets ethnologiques du littoral nord-ouest du Canada. Au grand désespoir de Newcombe, les gouvernements provincial et fédéral ne se laissaient pas convaincre de collectionner et de préserver des objets façonnés par les autochtones et des spécimens d’histoire naturelle. Comme son souci premier était de préserver ces articles pour la postérité, il devait traiter avec des établissements des États-Unis et d’autres pays. En réaction à cet état de fait, le musée provincial de Victoria le prit comme agent en 1911. Pendant quatre ans, Newcombe sillonna la province et assembla une importante collection d’objets. À compter de 1914, il ralentit son rythme et se consacra plutôt à des travaux de recherche et de rédaction sur l’histoire des explorations de la côte britanno-colombienne. Atteint de pneumonie à la suite d’une expédition de cueillette à Alert Bay, il mourut en 1924.

Du temps de Newcombe, beaucoup de musées rivalisaient entre eux pour amasser des collections anthropologiques de la côte Ouest. Deux facteurs expliquent sa réussite exceptionnelle : il noua et entretint des relations personnelles avec des autochtones, des savants et des représentants de musées et se rendit dans des endroits difficiles d’accès. Peu d’autres chercheurs ou collectionneurs de l’époque fournirent à divers établissements des collections anthropologiques aussi riches et notèrent autant de détails sur les objets façonnés. En outre, les nombreuses photographies de villages, d’œuvres d’art et de gens des Premières Nations qu’il prit au cours de ses expéditions sont les meilleurs ou les seuls documents visuels que l’on possède sur beaucoup de communautés traditionnelles alors sur le point de changer radicalement ou de disparaître. Inspiré par l’intérêt que les anthropologues portaient à l’ostéologie, Newcombe collectionna aussi des ossements. Il laissa un petit nombre de publications, dont quelques articles et des monographies sur l’histoire naturelle, la botanique et les objets façonnés par les autochtones.

La collection personnelle qu’avait amassée Charles Frederic Newcombe comprenait des milliers d’objets façonnés, de spécimens végétaux, de fossiles et d’échantillons de la vie marine ainsi qu’une multitude de photographies, une volumineuse correspondance, des carnets de notes, des croquis et de nombreux livres. Ses manuscrits, surtout sa correspondance avec de grandes figures scientifiques, apportent un précieux éclairage sur les activités de cueillette et de recherche de son époque.

KEVIN NEARY

Le gouvernement de la province de Colombie-Britannique a acheté en 1961, des héritiers de Charles Frederic Newcombe, les collections personnelles de ce dernier ; elles se retrouvent actuellement au Royal British Columbia Museum (Victoria) et aux BCA, MS-1077. Les artefacts et spécimens que Newcombe s’est procurés pour d’autres établissements sont conservés un peu partout en Amérique du Nord et à l’étranger, notamment au Royal British Columbia Museum, au Field Museum of Natural Hist. (Chicago), au Musée canadien des civilisations (Hull, Québec), au Brooklyn Museum of Art (New York) et au Peabody Museum of Archaelogy and Ethnology (Cambridge, Mass.).

Newcombe est l’auteur de : « Epileptiform seizures in general paralysis », dans West Riding Pauper Lunatic Asylum, Medical reports, J. C. Browne et H. C. Major, édit. (6 vol., Londres, 1871–1876), 5 : 198–226 ; « Case of locomotor ataxy », Brain (Londres), 2 (1879–1880) : 134–138 ; « The Haida Indians », dans Congrès international des américanistes, XVe session, tenue à Québec en 1906 (2 vol., Québec, 1907), 1 : 135–149 ; Petroglyphs in British Columbia ([Victoria ?], 1907) ; Guide to anthropological collection in the provincial museum (Victoria, 1909) ; The first circumnavigation of Vancouver Island (Victoria, 1914) ; « The McGill totem pole », Ottawa Naturalist, 32 (1918–1919) : 99–103 ; « The Haida totem pole at the Milwaukee Public Museum », dans Milwaukee Public Museum, Year book (Milwaukee, Wis.), 1922 : 194–197. Il est aussi un des auteurs de The sea-lion question in British Columbia (Ottawa, 1918), de même qu’un des compilateurs de l’ouvrage publié par le British Columbia Provincial Museum, A preliminary catalogue of the flora of Vancouver and Queen Charlotte islands, W. R. Carter et C. F. Newcombe, compil. (Victoria, 1921), et il a édité avec John Forsyth le Menzies’ journal of Vancouver’s voyage, April to October, 1792 (Victoria, 1923).

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc., International geneal. index.— Biographical dictionary of American and Canadian naturalists and environmentalists, K. B. Sterling et al., édit. (Westport, Conn., 1997).— Canadian Field-Naturalist (Ottawa), 38 (1924) : 191s. (nécrol.)— Douglas Cole, Captured heritage : the scramble for northwest coast artifacts (Vancouver et Toronto, 1985).— Jean Low, « Dr Charles Frederick Newcombe », Beaver (Winnipeg), outfit 312 (1981–1982), no 4 : 32–39.— Roll of the graduates of the University of Aberdeen, 1956–1970 : with supplement, 1860–1955, Louise Donald et W. S. Macdonald, compil. (Aberdeen, Écosse, 1982).

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KEVIN NEARY, « NEWCOMBE, CHARLES FREDERIC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/newcombe_charles_frederic_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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