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HYATT, GILBERT, colonisateur, juge de paix et fonctionnaire, né vers 1761, probablement dans la colonie de New York, fils d’Abraham Hyatt et de Merriam Hills ; il épousa, vraisemblablement à Arlington, Vermont, Anna Canfield, et ils eurent cinq fils et une fille ; décédé le 17 septembre 1823 et inhumé deux jours plus tard à Sherbrooke, Bas-Canada.

La famille Hyatt, originaire d’Angleterre, fit souche en Amérique du Nord vers le milieu du xviie siècle et s’établit surtout dans la colonie de New York. Abraham Hyatt vivait à Schenectady au moment de la Révolution américaine. Il se rangea dans le camp loyaliste puis, en 1777, il s’enrôla dans l’armée du major général John Burgoyne* avec ses deux fils, Gilbert et Cornelius. Ils appartenaient aux King’s Loyal Americans [V. Edward Jessup*] et Gilbert y était caporal. Après la reddition de Burgoyne à Saratoga, les Hyatt passèrent peut-être dans la province de Québec, puis retournèrent aux États-Unis. Même si Abraham Hyatt déclara avoir amené toute sa famille, soit sa femme, sept fils et trois filles, en territoire britannique en 1780, la présence de Gilbert à la baie Missisquoi est attestée dès 1778.

Plusieurs compatriotes des Hyatt s’étaient réfugiés aux abords du lac Champlain et, confiants dans les offres du roi, ils espéraient y obtenir des terres et d’autres secours. Des pétitions circulèrent et les Hyatt y souscrivirent dès que les traités de Versailles de 1783 eurent consommé leur exil. Leurs requêtes se heurtèrent au refus catégorique du gouverneur Frederick Haldimand*, qui désirait fortifier la frontière et en éloigner les réfugiés américains. Cette décision fut maintenue malgré leur insistance opiniâtre et ils furent sommés de se joindre à leurs anciens officiers à Sorel ou à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) pour se rendre à la baie de Quinte (Ontario) ou à la baie des Chaleurs, sinon ils se verraient privés de rations après le 10 mai 1784 et leurs maisons seraient détruites. Même devant la perspective de telles sanctions, Gilbert Hyatt demeura près de la rivière de la Roche avec le groupe de dissidents qui persistèrent à réclamer le droit de rester sur place.

En dépit des instructions royales, rien n’était encore bien défini dans la procédure d’octroi des terres, la disposition des réserves du clergé et de la couronne, et les droits à payer. Pour relancer les demandes de concessions, il fallut attendre l’Acte constitutionnel de 1791 et la proclamation concernant la colonisation des terres de la couronne, émise par le lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, Alured Clarke, le 7 février 1792. Le 29 mars suivant, Hyatt déposa une requête dans laquelle il sollicitait le canton d’Ascot pour lui-même et 204 associés.

Ce choix était judicieux car ce canton, situé à la jonction des rivières Saint-François et Magog, offrait d’importantes ressources hydrauliques au cœur d’une vaste région. L’endroit était déjà connu des voyageurs et des arpenteurs, dont les amis de Hyatt, Jesse Pennoyer, Nathaniel Coffin* et Joseph Kilborn. L’autorisation d’arpenter le canton fut donnée le 20 juin 1792 et les droits de £15 acquittés. Sans tarder, et à l’incitation du juge en chef William Smith*, Hyatt entreprit la mise en valeur de ses futures concessions. Après avoir vendu sa propriété de la baie Missisquoi, il parvint avec l’aide de Josiah Sawyer, du canton d’Eaton, à se tailler un chemin de 40 milles à travers les bois afin d’amener sa famille et d’autres colons dans le canton d’Ascot où il construisit un premier établissement, déjà viable en 1794.

Toutefois, pour obtenir ses lettres patentes, Hyatt dut s’astreindre pendant dix ans à d’interminables démarches qui s’avérèrent onéreuses. Pour se conformer à de nombreux changements de règlements, il dut réduire le nombre de ses associés à 40 et, en juin 1795, il fut enfin autorisé à prêter le serment d’allégeance. Les obstacles que posait le Conseil exécutif inquiétaient sérieusement Hyatt, qui avait dépensé plus de £1 000 pour l’arpentage, la construction d’un moulin et l’établissement d’une trentaine de familles. Il se joignit à un groupe de pression qui se forma à la baie Missisquoi et il s’occupa de convoquer ses amis à une première réunion qui eut lieu le 28 novembre 1797. Un comité de cinq personnes fut constitué pour rédiger un mémoire à l’intention du gouverneur Robert Prescott*. Hyatt en faisait partie et, tout comme huit autres personnes, il signa le document au nom des représentants de 29 cantons. Pennoyer fut chargé de le porter à Québec et le gouverneur le fit tenir à Londres. En plus de leurs doléances, les pétitionnaires entendaient envoyer un émissaire au roi s’ils n’obtenaient pas justice, intention peu prisée des autorités mais qui fut mise à exécution quand Samuel Gale accompagna le gouverneur Prescott, qui venait d’être rappelé en Angleterre en 1799.

Hyatt se rendit à Québec à plusieurs reprises pour plaider sa cause. Il y était le 24 janvier 1800, et il saisit le lieutenant-gouverneur Robert Shore Milnes* d’un mémoire explicite sur les états de service de sa famille. Au même moment, le Bureau des terres accepta sa requête et l’autorisa ainsi que chacun de ses associés à recevoir 1 200 acres. Hyatt passa de nombreux contrats avec ces derniers en vue de fixer la répartition des lots et la part qui lui serait rétrocédée. Le 28 janvier 1801, le Bureau des terres assigna une partie du canton d’Ascot à Hyatt et à 30 de ses associés, la demande des 10 autres ayant été rejetée. Seulement 13 concessions comportaient les 1 200 acres prévues, ce qui réduisit la part que Hyatt allait recevoir. Pourtant, plusieurs de ses amis et des gens sans mérite avaient reçu des concessions beaucoup plus importantes. Hyatt encaissa mal le coup. Par de nombreux mémoires, il réclama vainement une révision en sa faveur. Les lettres patentes signées le 21 avril 1803 confirmèrent les dispositions antérieures. Redoutant la ruine, Hyatt travailla à mettre ses terres en valeur, en particulier les lots situés à l’embouchure de la rivière Magog où, autour de ses moulins, se développait un village au lieu-dit des Grandes-Fourches qui prit ensuite le nom de Hyatt’s Mill, puis de Sherbrooke en 1818.

Il est difficile de préciser à quel moment Hyatt se fixa au village, mais en 1805 il vendit ses lots en culture pour un bon prix. Selon certaines indications, un moulin aurait été construit en 1796 et on y fabriquait des planches pour la construction en 1800. Le forgeron Félix Ward tenait boutique sur un des lots de Hyatt en 1804 et d’autres commerces s’organisaient. Il n’y avait pas alors d’administration municipale ou autre, et les charges publiques étaient remplies par les juges de paix ; en 1806, Hyatt fut nommé à ce poste. Il s’intéressa à tous les aspects de la vie économique et réclama plus de sécurité pour le transport des marchandises sur la rivière Saint-François. Il ne renonça pas à demander des terres et de nouvelles concessions, ce qui ne l’empêcha pas, en 1808, d’être nommé commissaire chargé de faire prêter le serment aux personnes qui demandaient des terres dans le canton d’Ascot.

Cependant, Hyatt fut incapable de faire face à ses obligations financières, et son créancier, Ezekiel Hart*, de Trois-Rivières, fit vendre certains de ses lots par le shérif le 31 octobre 1808. Le 6 mai 1811, il perdit, par une autre vente judiciaire, les lots si avantageux du village puis 1 000 acres encore le 9 mars 1812, toujours à cause de ses dettes envers la famille Hart. Au village, une importante distillerie et une potasserie, entre autres, furent vendues. Après quelques transactions, la femme de Hyatt put racheter une partie des terrains et, vers 1813, Joseph Bouchette* considérait encore Hyatt comme le principal propriétaire du canton d’Ascot, mais celui-ci ne reprit jamais tout ce qu’il avait perdu.

Hyatt s’occupa des affaires de sa famille, notamment du règlement de la succession de son frère Charles, décédé en 1818. Le recensement de 1819 confirme la présence de sa famille parmi les 54 résidents du village de Sherbrooke, car même le nom de Hyatt’s Mill avait disparu. De nouveaux venus, arrivés d’Angleterre, accaparaient les terres et s’employaient à écarter les pionniers américains des affaires publiques. En 1815, le nom de Hyatt était même rayé de la liste des juges de paix. Les dernières transactions de Hyatt concernent le règlement final de la succession de son père, en 1822, et, l’année suivante, la vente de terres à deux de ses fils, Galen et Charles. Il mourut le 17 septembre 1823 d’une crise cardiaque et fut inhumé en présence de sa veuve selon le rite de l’Église d’Angleterre à laquelle il appartenait.

Gilbert Hyatt avait l’étoffe d’un véritable pionnier et d’un chef. En se réservant l’emplacement de la future ville de Sherbrooke, il avait fait preuve de clairvoyance, et son courage lui permit d’être à l’origine d’une fondation durable, qu’il vit croître du simple hameau jusqu’au chef-lieu d’un district judiciaire peu avant sa mort. La fortune et la gloire lui échappèrent, mais son nom mérite de passer à la postérité et d’être mieux connu.

Marie-Paule R. LaBrèque

ANQ-E, CN1-24, 29 nov. 1822, 3 avril 1823 ; CN1-27, 5 juill. 1819 ; CN2-26, 17 nov. 1800, 23 juin 1804, 27 avril 1805, 19 août 1812.— ANQ-Q, E18/101.— APC, RG 1, L3L : 2442, 3939, 4196, 4208, 4585, 4861, 5197, 80989 ; RG 4, A1.— Arch. privées, M.-J. Daigneau (Sherbrooke, Québec), Notes personnelles.— Bishop’s Univ. (Lennoxville, Québec), Special Coll., Savage papers.— Brome County Hist. Soc. Arch. 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Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Sherbrooke, CE501-S32, 28 août, 15, 24 nov. 1825 ; 16 oct. 1827 ; CE501-S41, 24 juill. 1834.Centre de recherche des Cantons de l’Est, Fonds Gilbert Hyatt ([Lennoxville [Sherbrooke, Québec] ?, 1993 ?]).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Marie-Paule R. LaBrèque, « HYATT, GILBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hyatt_gilbert_6F.html.

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Auteur de l'article:    Marie-Paule R. LaBrèque
Titre de l'article:    HYATT, GILBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    18 mars 2024