JANSSOONE, FRÉDÉRIC (baptisé Frédéric-Cornil, identifié dans quelques documents de sa jeunesse franciscaine comme le frère Frédéric-Yves ou Frédéric de Saint-Yves, mais communément appelé plus tard le père Frédéric Janssoone ou Frédéric de Ghyvelde et, au Québec, « le Bon Père Frédéric »), prêtre de l’ordre des Frères mineurs, prédicateur populaire et écrivain, né le 19 novembre 1838 à Ghyvelde, France, huitième et dernier enfant de Pierre-Antoine Janssoone et de Marie-Isabelle Bollengier ; décédé le 4 août 1916 à Montréal.

Frédéric Janssoone voit le jour en France, mais il est de race et de langue maternelle flamandes. Son père est un cultivateur parvenu par son travail à une modeste aisance ; sa mère, mariée en premières noces à un médecin, est une femme instruite et distinguée. Les deux époux donnent au jeune Frédéric une éducation énergique, marquée par la maîtrise de soi, la droiture et la courtoisie. Ils lui inculquent surtout leur profond esprit de foi et de charité chrétienne. Frédéric fait ses études primaires à l’école de son village. Le 13 janvier 1848, à l’âge de neuf ans, il perd son père. Quatre ans plus tard, se sentant attiré par le sacerdoce, il entre au collège d’Hazebrouck, puis bientôt à l’Institution Notre-Dame des Dunes, près de Dunkerque. Dans les deux établissements, il s’avère un élève aussi appliqué qu’exemplaire et connaît d’excellents résultats scolaires. En 1855, toutefois, des revers de fortune de sa mère l’obligent à interrompre ses études pour secourir les siens. Il trouve un emploi chez des commerçants de tissus. Très mal rétribué d’abord, il devient bientôt, grâce à son sens des affaires et à ses dons de vendeur, un commis voyageur florissant. Le génie du commerce restera à jamais l’un de ses charismes.

À la suite du décès de sa mère en 1861, Janssoone reprend et termine ses humanités. Puis, le 26 juin 1864, il prend l’habit chez les Franciscains d’Amiens. Il est ordonné prêtre à Bourges, le 17 août 1870. Comme la France et la Prusse sont alors en guerre, on a hâté un peu son ordination pour qu’il puisse devenir aumônier d’hôpital militaire. La guerre finie, il participe à la fondation du couvent de Bordeaux, dont il devient supérieur en 1873. Le supériorat lui étant insupportable, on l’en décharge au bout d’un an. Cette libération lui permet de faire un apprentissage en règle de la prédication populaire, en laquelle il excellera toute sa vie.

En 1876, le père Frédéric obtient une mutation en Palestine, où l’ordre des Frères mineurs (communément appelés franciscains) possède une province internationale de 350 religieux appelée custodie de Terre sainte et dirigée par un supérieur ayant le titre de custode. Il y fait ses premières armes au Caire, en Égypte, comme aumônier des Frères des écoles chrétiennes. En 1878, ses supérieurs le rappellent à Jérusalem pour lui confier la fonction de vicaire custodial, c’est-à-dire d’adjoint du custode, qu’il conserve jusqu’en 1888. Le poste comporte de grosses responsabilités administratives, dont l’une des plus lourdes est la surintendance des immeubles de la custodie. C’est dans le cadre de ces fonctions que le père Frédéric fait construire à Bethléem l’église paroissiale de Sainte-Catherine, attenante à la basilique de la Nativité (d’où, chaque Noël, la messe de minuit est aujourd’hui diffusée dans le monde entier). Avec toutes les rivalités politiques et religieuses qui troublent le pays – on est en régime ottoman –, l’exploit exige du vicaire custodial des prodiges de diplomatie et de doigté. Mais il lui faut encore plus de patience et de finesse pour arriver à rédiger les fameux règlements de Bethléem et du Saint-Sépulcre, documents manuscrits infiniment précieux qui codifient enfin les droits des Latins, des Grecs et des Arméniens, co-usagers des deux grands sanctuaires de Palestine. Cette minutieuse compilation, qu’il terminera en 1888, reste toujours la Grande Charte qui régit le comportement des Franciscains résidant en ces hauts lieux de la piété chrétienne.

Ces tâches techniques n’empêchent pas le vicaire custodial d’être un exceptionnel animateur de pèlerinages. Durant les dix années de son séjour à Jérusalem, il accueille et dirige les pèlerins venus de toute la chrétienté avec une compétence d’expert et une ferveur d’ange. Cette tâche lui vaut, le 31 mars 1881, un premier contact avec l’abbé Léon Provancher*, curé de Cap-Rouge, près de Québec, qui, l’été suivant, l’oriente vers le Canada.

Cette première visite du père Frédéric au pays est en fait un voyage de quête occasionné par le retard de l’envoi d’aumônes promises pour la construction de l’église Sainte-Catherine. Le quêteur, passant par New York, arrive à Lévis le 24 août 1881. Si l’on fait abstraction des violents remous politiques suscités par un malencontreux discours sur le libéralisme prononcé à Québec le 10 septembre 1881 – le pauvre voyageur ignore à ce moment les querelles passionnées qui divisent sur cette question les hommes publics et les évêques canadiens-français –, sa campagne est une réussite éclatante. Ses prédications dans les villes de Québec et de Trois-Rivières connaissent un succès fabuleux ; le 24 mars 1882, Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau*, archevêque de Québec, qui, pour le bien de la paix, a momentanément prié le visiteur de quitter son diocèse, couronne sa mission en publiant un mandement ordonnant que, chaque vendredi saint, une collecte pour la Terre sainte ait lieu dans toutes les églises de la province ecclésiastique de Québec. Cette collecte continue à se faire, après un siècle, dans toutes les églises catholiques du Canada.

En mai 1882, l’envoyé de la custodie, épuisé et malade, rentre à Jérusalem. Il y reste six ans. Durant tout ce temps, les Canadiens français, qui ont vu en lui le parfait héritier des récollets, leurs premiers missionnaires, ne cessent de le redemander aux autorités de l’ordre franciscain. Leurs vœux sont enfin exaucés en 1888, année où le père Frédéric revient au Canada pour de bon. Arrivé à la fin de juin, il fait commencer dès le mois d’août la construction, à Trois-Rivières, d’un petit commissariat de Terre sainte, première maison franciscaine à surgir au pays depuis l’extinction des récollets. De ce modeste pied-à-terre et du couvent régulier qui le remplacera en 1903, le missionnaire de Terre sainte rayonnera, pendant 28 ans, dans tous les diocèses du Québec et jusqu’en Nouvelle-Angleterre. On peut distinguer deux phases maîtresses dans ces années d’intense apostolat.

La première correspond aux 14 années pendant lesquelles le père Frédéric est le principal animateur du pèlerinage de Notre-Dame-du-Cap, sanctuaire marial situé à quelques milles de Trois-Rivières. C’est une tâche qu’il a acceptée à son corps défendant, à la demande de Mgr Louis-François Laflèche*, évêque de Trois-Rivières, qui veut renflouer et consolider l’œuvre du curé Luc Desilets*. Pendant toute cette période, le dynamique petit moine va chercher des pèlerins dans tout le Québec, les amenant à Cap-de-la-Madeleine à pleins trains et à pleins bateaux, les dirigeant, les exhortant et les faisant prier, et, pour finir, les consacrant à Notre-Dame-du-Rosaire. Des guérisons sensationnelles accréditent son travail. Le petit pèlerinage paroissial se transforme donc rapidement en pèlerinage diocésain en attendant d’être déclaré pèlerinage national. Quand les oblats de Marie-Immaculée viennent en prendre charge en 1902, il y a déjà une couple d’années que la fréquentation du sanctuaire oscille entre 30 000 et 40 000 personnes par an. On comprend pourquoi, aux funérailles du père Frédéric en 1916, Mgr François-Xavier Cloutier, évêque de Trois-Rivières, jugera bon de rappeler à l’immense assistance présente : « C’est le R.P Frédéric aussi qui, en grande partie, a lancé l’œuvre de Notre-Dame du Rosaire au Cap-de-la-Madeleine. »

Son engagement à Notre-Dame-du-Cap n’est pas encore terminé que le père Frédéric entreprend, en 1895, les quêtes fameuses qu’il poursuit durant une quinzaine d’années dans plusieurs diocèses du Québec : c’est la deuxième des grandes tâches qui mobilisent son énergie au Canada. Commencées à la demande de ses supérieurs, ces épuisantes collectes doivent aider des œuvres diocésaines ou franciscaines comme le sanctuaire de l’Adoration perpétuelle à Québec, le monastère des Pauvres Clarisses à Salaberry-de-Valleyfield, celui des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang à Joliette et celui des Franciscains à Trois-Rivières. Vêtu d’un misérable petit manteau brun, jeûnant et couchant sur la dure, le père Frédéric passe de paroisse en paroisse et de maison en maison, bravant les intempéries, les mauvais chemins et les chiens de ferme, prêchant dans les églises, consolant les malades et les affligés ; il vend ses livres au profit des œuvres qui lui ont été confiées et garde une petite commission pour l’œuvre de la Terre sainte. Ce faisant, il revient jusqu’à un certain point à son ancien métier : il est maintenant le commis voyageur de Dieu. Charmés par sa douceur et sa courtoisie, édifiés par sa profonde piété et son incroyable austérité, émerveillés surtout par les prodiges qui s’opèrent çà et là sur son passage, les fidèles voient en lui un autre François d’Assise et l’appelent couramment « le Saint Père ».

L’énergie déployée pour mener à bien ces tâches exténuantes n’empêche pourtant pas le père Frédéric de s’adonner à de nombreuses autres activités. Il s’occupe fort efficacement des intérêts de sa chère Terre sainte, fait ériger des chemins de croix en plein air, prêche des retraites dans les paroisses et les communautés, accompagne des pèlerins non seulement à Cap-de-la-Madeleine mais aussi à Sainte-Anne-de-Beaupré, instaure et visite des fraternités du Tiers-Ordre et, mine de rien, prépare le rétablissement au Canada de l’ordre des Frères mineurs, éteint en 1849 avec la mort du dernier récollet. Il fonde en outre deux revues, les Annales du T. S. Rosaire (Cap-de-la-Madeleine) en 1892 et la Revue eucharistique, mariale et antonienne (Québec) en 1901, qu’il alimente largement de ses articles ; rognant sur son sommeil pour écrire, il mène à bien une étonnante série de publications : articles de journaux et de revues, brochures, ouvrages sur la Terre sainte et la spiritualité, la vie de Jésus, de Marie, de saint Joseph, de sainte Anne, de saint François d’Assise, de saint Antoine de Padoue et du frère Didace Pelletier*, récollet. Et il sait faire en sorte que ces livres se vendent ! La Vie de N-S. Jésus-Christ, par exemple, publiée à Québec en 1894, atteindra une dizaine d’éditions et un tirage record de 42 000 exemplaires.

Usé par les austérités et les travaux et terrassé par un cancer d’estomac, le père Frédéric doit toutefois s’aliter en juin 1916. Le 4 août suivant, après 50 jours de terribles souffrances physiques et morales, il s’éteint doucement à l’infirmerie des Franciscains de la rue Dorchester (boulevard René-Lévesque) à Montréal. Son corps est ramené à Trois-Rivières, où il repose depuis lors. Onze ans après la mort du père Frédéric, des démarches sont entreprises pour obtenir sa glorification par l’Église. Elles débutent en 1927 par le procès informatif de Trois-Rivières, bientôt suivi des procès informatifs de Lille, en France, et d’Alexandrie, en Égypte (1930–1933). Elles aboutissent, le 25 septembre 1988, à la béatification solennelle, proclamée par le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre, à Rome, devant une foule de 50 000 personnes.

Physiquement, le père Frédéric était de taille moyenne, environ 5 pieds 7 pouces, mais de charpente menue et si maigre (pesait-il 115 livres ?) qu’il paraissait fragile et chétif. Il était pourtant d’une endurance physique incroyable : pendant des années, il travailla de 14 à 15 heures par jour malgré des maux d’estomac aussi fréquents que lancinants et un régime alimentaire à la Curé d’Ars. C’est ce qu’il appelait sa « mauvaise santé de fer ». Tout le monde se demandait comment un si petit homme pouvait faire tant de choses en dormant et en mangeant si peu.

Psychologiquement, c’était un « polyphile », un touche-à-tout que des tas de choses attiraient. Ses intérêts, attestés par ses calepins de notes et ses lettres, allaient de la mystique à la culture de la betterave et des framboisiers en passant par la théologie, la philosophie, la littérature, la peinture, l’histoire et la géographie, l’archéologie et la paléographie, l’astronomie, la biologie et la botanique. Il aurait pu passer sa vie à papillonner d’un emballement à l’autre si une éducation forte et austère n’avait de bonne heure discipliné son tempérament. Prenant la relève de sa famille, ses éducateurs franciscains non seulement confirmèrent son sens de la discipline et de l’ascèse, mais lui donnèrent un complément en inculquant à leur recrue une conception assez rigoriste de l’obéissance. Les tendances anarchiques du jeune homme, qui étaient réelles, s’en trouvèrent matées pour la vie. Son formidable dynamisme, canalisé et judicieusement utilisé par des supérieurs intelligents – il en eut deux qui furent particulièrement remarquables, les pères Raphaël Delarbre d’Aurillac et Colomban-Marie Dreyer –, put donner toute sa mesure. La rançon du traitement, qui dans l’ensemble s’avéra sûrement bénéfique, fut qu’il durcit peut-être un peu le surmoi du sujet et affaiblit sa combativité : le père Frédéric garda toute sa vie une conscience timorée et une répugnance invincible pour le supériorat. Il fut plus un lieutenant d’élite qu’un grand patron, un instrument de paix qu’un pourfendeur de torts.

Si le père Frédéric n’avait ni le goût ni le don de l’affrontement, il n’en fut pas moins un remueur d’hommes exceptionnel. C’est qu’il possédait, pour influencer ses semblables, un talent qui fait les bons vendeurs et les grands orateurs, celui de la communication et de la persuasion. Ce don de la parole entraînante, il l’a eu à un degré qui a fait de lui l’émule des plus célèbres prédicateurs de son ordre. Devant les foules pieuses, sans grands gestes ni éclats de voix et les yeux souvent fermés, il pouvait parler des heures sans que les fidèles se lassent de l’écouter. Un jour, dans l’église de Sainte-Marie-Madeleine à Cap-de-la-Madeleine, il lui arriva de prêcher un chemin de croix de quatre heures, au cours duquel ses auditrices, des dames tertiaires de Montréal, trouvèrent, paraît-il, « le temps relativement court ».

La prédication du père Frédéric avait l’allure d’une causerie, mais il s’y cachait un peu plus d’apprêt qu’il n’y paraissait. Pour mieux toucher son monde, le saint homme ne craignait pas de dramatiser et de jouer à fond sur la sensibilité de ses auditeurs : on pleurait beaucoup à ses sermons. Pour mieux édifier, il exerçait aussi une surveillance rigoureuse sur toutes ses attitudes en public (c’est ce qui fait que, dans les photos de groupes, il a souvent l’air raide et figé, ce qui jure avec son véritable tempérament, qui était aimable et joyeux). Mais ces pieux artifices, qui agaçaient certains confrères, relevaient uniquement, chez lui, du désir de sauver les âmes ; et ce désir, les foules le devinaient. Il émanait de lui, comme de tous les saints, une sorte d’aura spirituelle qui, telle la schékina de l’Ancien Testament, était un vrai signe sensible de la présence de Dieu. Le père Edmond Gaudron, qui l’a connu au collège séraphique de Montréal vers 1917, a fort bien décrit ce phénomène : « Il était celui qui faisait apparaître Dieu à des hommes qui ne pouvaient voir Dieu. »

En somme, le père Frédéric a joué au Québec un rôle analogue à celui qu’ont joué en France ses compatriotes Jean-Baptiste-Marie Vianney et Thérèse Martin : celui d’un témoin vivant de la réalité et de la sainteté de Dieu. Ce n’est pas sans mérite qu’il a réussi à ne pas dévier de cette voie. Quand il débarqua au Canada en 1881, la controverse sur le libéralisme faisait rage. L’abbé Desilets, son hôte, aurait bien voulu le mobiliser pour la cause de l’ultramontanisme, qui était aussi celle de son évêque, Mgr Laflèche. Mais, entre les années 1882 et 1888, le missionnaire de Terre sainte eut le temps de réfléchir sur la question et de définir la ligne d’action qu’il lui convenait d’adopter. Dès 1884, il écrivait à son ami Provancher, autre ardent ultramontain, que, si jamais il retournait au Canada, « sa mission sera[it] exclusivement une mission de charité, de pénitence et de paix ». C’était là un programme strictement spirituel, qui reprenait presque littéralement celui que saint François d’Assise et ses disciples avaient vécu au début du xiiie siècle. Tous ses efforts durant les 28 ans qu’il passa au Canada eurent comme objectif exclusif de gagner à Dieu et au Christ ces Canadiens qu’il aimait tant et de faire monter le plus possible leur tonus spirituel.

Il y eut une ristourne à cette évangélisation toute désintéressée : l’éclosion au Québec d’une véritable tendresse pour la chose franciscaine, qui était présentée sous des dehors si amènes et si courtois. Cette cote d’amour favorisa à son tour, comme l’a très bien vu le père Dreyer, le développement de la jeune province Saint-Joseph du Canada. De cette province le père Frédéric n’a pas été seulement l’éclaireur et le préparateur diplomatique : il en a été aussi le géniteur caché, le père spirituel véritable, tant par l’influence qu’il a exercée sur ses premières recrues que par le rayonnement qu’il a eu sur le milieu qui a fourni celles-ci. C’est un fleuron de sa couronne qu’il faut ajouter à ceux qui lui reviennent déjà à titre de cofondateur du sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap et d’évangélisateur émérite du Canada français.

Constantin-M. Baillargeon

Tout chercheur sérieux qui veut écrire sur le père Frédéric Janssoone doit commencer par étudier attentivement les recherches bibliographiques consacrées au personnage par le père Hugolin Lemay. Ses travaux s’imposent par la précision de leur information et la clarté de leur présentation. Le premier titre à consulter est : les Manuscrits du R. P. Frédéric Janssoone, O.F.M. : description et analyse (Florence, Italie, 1935). Les quatre premières parties de l’ouvrage décrivent les manuscrits du père Frédéric conservés à Trois-Rivières, Montréal, Jérusalem et Bethléem, et la cinquième et dernière partie recense les lettres manuscrites du disparu. Le père Lemay en a identifié et étudié 384. L’autre ouvrage à consulter est celui qui recense les volumes et les articles publiés par le père Frédéric (131 titres) et ceux qu’on a publiés sur lui (117 titres). Il s’intitule : Bibliographie et Iconographie du serviteur de Dieu, le R. P. Frédéric Janssoone, O.F.M. : 1838–1916 (Québec, 1932).

Il saute aux yeux que ces deux ouvrages auraient besoin d’être mis à jour, mais ils sont irremplaçables pour déblayer la voie au chercheur. Celui-ci, une fois orienté, pourra consulter : Trifluvianen ; beatificationis et canonizationis servi Dei Friderici Janssoone positio [...] super virtutibus (Rome, 1978), compte rendu des discussions qui ont précédé, à la Congrégation des causes des saints, la proclamation par le pape de l’héroïcité des vertus de Janssoone. On y trouve notamment un dossier de 447 pages rapportant les principaux témoignages entendus au cours des procès informatifs et apostoliques ; les trois témoignages les plus intéressants sont ceux de l’abbé Louis-Eugène Duguay, très complet et aussi très laudatif (49 pages), du père Valentin-Marie Breton, confrère et pénitent du père Frédéric, beaucoup plus critique (5 pages) et de Mgr Colomban-Marie Dreyer, qui fait preuve de pondération et de jugement (36 pages).

En dehors de ces documents-sources, les ouvrages suivants sont à recommander : Romain Légaré, Un apôtre des deux mondes, le père Frédéric Janssoone, O.F.M., de Ghyvelde (Montréal, 1953), première vraie biographie du père Frédéric, dont le style est toutefois malaisé, car il s’agit d’une synthèse encore imparfaitement mûrie ; cet ouvrage a été traduit en anglais sous le titre An apostle of two worlds : Father Frederic Janssoone, O.F.M., of Ghyvelde, Raphael Brown, trad. (Trois-Rivières, 1958) ; et du même auteur Un grand serviteur de la Terre sainte : le père Frédéric Janssoone, O.F.M. (Trois-Rivières, 1965), livre qui fournit une excellente vue d’ensemble du travail du père Frédéric en Terre sainte. Léon Moreel, Un grand moine français, le R. P. Frédéric Janssoone, O.F.M., apôtre de la Terre sainte et du Canada (Paris, 1951), est un ouvrage pas très sûr pour la partie canadienne de la vie du père Frédéric, mais intéressant en ce qui a trait au pays natal de son héros. P.-E. Trudel, le Serviteur de Dieu, père Frédéric de Ghyvelde, et Bethléem (Trois-Rivières, 1947), est une recherche minutieuse et très fiable qui trace un tableau détaillé de l’œuvre du père Frédéric à Bethléem et fait comprendre toute la portée des recherches que ce dernier a effectuées à Bethléem et l’importance des règlements qu’il a rédigés ; et du même auteur Monseigneur Ange-Marie Hiral, O.F.M. (5 vol., Montréal, 1957–1961), surtout le tome 2, qui donne des détails sur les désagréments qu’a rencontrés le père Frédéric lorsqu’il a voulu préparer l’établissement des Franciscains à Montréal, et le tome 5, qui retrace à grands traits l’histoire de l’installation à Trois-Rivières.

Quand s’annonça, en 1987, la béatification du père Frédéric, une révision du livre du père Légaré était rendue nécessaire. Comme ce dernier était décédé en 1979, on demanda au père Constantin-M. Baillargeon de refaire le volume et d’y effectuer les corrections et additions nécessaires. Publié sous le nom des deux auteurs, l’ouvrage le Bon Père Frédéric (Montréal, 1988) constitue donc la biographie officielle de la béatification, la vie la plus complète et la plus à la page du père Frédéric. Le livre d’André Dumont, le Goût de Dieu : message spirituel du père Frédéric, franciscain, d’après ses lettres (Cap-de-la-Madeleine, Québec, 1989), complète avec bonheur cette biographie. L’auteur y fait une étude méthodique des textes, dans un style familier, révélant un père Frédéric secret et chaleureux que les foules n’ont guère connu, et fait ressortir les lignes de force de sa spiritualité.

À l’occasion de la béatification du père Frédéric, de nombreux articles et publications ont monnayé, pour le grand public, les données fournies par les ouvrages précédents. Signalons dans cette forêt, les deux opuscules suivants : J.-F. Motte, Frédéric Janssoone de Ghyvelde : franciscain apôtre du Christ en trois continents, France (1838–1876), Terre sainte (1876–1888), Canada (1888–1916) (Paris et Montréal, 1988) ; Léandre Poirier, Good Father Frederick, a Franciscan apostle, 1838–1916, Kevin Kidd, trad. (Montréal, 1988), ouvrage traduit aussi en coréen par Agatha Kim et publié à Séoul en 1990. [c.-m. b.]

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Constantin-M. Baillargeon, « JANSSOONE, FRÉDÉRIC (baptisé Frédéric-Cornil) (frère Frédéric-Yves, Frédéric de Saint-Yves, père Frédéric Janssoone, Frédéric de Ghyvelde, le Bon Père Frédéric) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/janssoone_frederic_14F.html.

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Auteur de l'article:    Constantin-M. Baillargeon
Titre de l'article:    JANSSOONE, FRÉDÉRIC (baptisé Frédéric-Cornil) (frère Frédéric-Yves, Frédéric de Saint-Yves, père Frédéric Janssoone, Frédéric de Ghyvelde, le Bon Père Frédéric)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    11 oct. 2024