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Titre original :  Docteur Gaston de Bellefeuille (1882-1938), fils d'Édouard.

Provenance : Lien

LEfebvre De Bellefeuille, Gaston (baptisé Joseph-Gaston) (il orthographia parfois son premier nom de famille Lefébure), psychiatre, professeur et auteur, né le 12 janvier 1882 à Montréal, fils d’Édouard Lefebvre de Bellefeuille et d’Agnès Anna Macdonell ; le 15 mai 1907, il épousa à Saint-Eustache, Québec, Marie-Cécile Dolbec, et ils eurent deux garçons ; décédé le 21 septembre 1938 à Montréal et inhumé deux jours plus tard au cimetière de Saint-Eustache.

Gaston Lefebvre de Bellefeuille est issu d’une famille de notables et de seigneurs [V. François Lefebvre* de Bellefeuille ; Jean-François Lefebvre* de Bellefeuille]. Son père, avocat, a aussi été journaliste et zouave pontifical. Après avoir terminé ses études classiques au collège Sainte-Marie à Montréal, Gaston s’inscrit, en 1901, à la faculté de médecine de l’université Laval, dans la même ville. Son intérêt pour le domaine médical lui provient sans doute de son grand-père, le médecin Angus Cameron Macdonell. Ayant excellé dans toutes les matières, il obtient en 1905 un doctorat avec très grande distinction.

Cette année-là, Lefebvre de Bellefeuille est déjà interne à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu à Montréal. Le surintendant de l’établissement, le médecin Georges Villeneuve, l’encourage fortement à aller à Paris pour se spécialiser en psychiatrie. À son retour au pays en 1909, il est nommé médecin responsable de la division des femmes de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu et assistant d’Alcée Tétreault, médecin en chef de l’établissement. Il occupera ces fonctions jusqu’en 1926.

À partir de 1911, Lefebvre de Bellefeuille est professeur agrégé à la faculté de médecine de l’université Laval à Montréal et assiste Villeneuve aux leçons cliniques sur les maladies mentales qu’il donne à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Il passe du statut d’assistant à celui de suppléant en 1919 et à celui de professeur titulaire en 1928. Il enseigne également l’hygiène mentale à l’école d’hygiène sociale appliquée, affiliée, dès sa fondation en 1925, à la faculté de médecine de l’université de Montréal. À sa mort en 1938, il fera partie du conseil de direction de la faculté de médecine de l’université de Montréal.

En 1929, le Comité d’hygiène mentale de la province de Québec crée une division d’hygiène mentale à l’intérieur de la division de l’hygiène de l’enfance du service de santé de la ville de Montréal. Lefebvre de Bellefeuille et son collègue Omer Noël, ainsi que deux infirmières ayant reçu une formation en psychologie, sont engagés dans le but de procéder à l’examen psychométrique de certains élèves des trois premières années du primaire des écoles catholiques et protestantes montréalaises. Cette opération a pour objectif de déceler les élèves qui, en raison de leurs déficiences intellectuelles ou de leurs troubles caractériels, doivent être exclus des classes ordinaires et intégrés dans des classes spéciales. À partir de 1931, la Commission des écoles catholiques de Montréal crée ainsi une soixantaine de classes spéciales. Les élèves aux prises avec des déficiences plus sévères sont, quant à eux, dirigés vers les écoles Gamelin et La Jemmerais, situées respectivement sur les terrains de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu et de l’hôpital Saint-Michel-Archange à Québec. Dans un article publié en 1934 dans l’Union médicale du Canada, Lefebvre de Bellefeuille rapporte que, sur les 11 561 élèves examinés dans 184 écoles de Montréal entre 1929 et 1933, 4 427 enfants ont été déclarés « arriérés », 1 636, « arriérés et instables » et 349, « instables ».

Après avoir constaté que la version francophone des tests de mesure de l’intelligence de Stanford-Binet (l’adaptation américaine des tests français de Binet-Simon) en diminuait le degré de difficulté, Lefebvre de Bellefeuille a procédé à une révision et à une comparaison de cette version avec celles produites à l’étranger, notamment à Genève, en Suisse, et en Belgique. Le résultat, Manuel de technique psychométrique, dont le Comité d’hygiène mentale de la province de Québec a financé la publication à Montréal en 1933, assurera sa renommée. De grandes parties de cet ouvrage paraissent, la même année, dans l’Union médicale du Canada. Selon le chanoine Gustave Jeanjean – directeur du laboratoire de psychologie appliquée à l’Institut catholique de Paris et expert dans le domaine des tests psychométriques –, qui signe la préface du manuel, la version de Lefebvre de Bellefeuille est « très supérieure à la version genevoise ».

Lefebvre de Bellefeuille a participé, en 1931–1932, à une série de conférences sur l’hygiène mentale qui ont été diffusées à la radio et publiées sous forme de recueil. Selon lui, la psychiatrie ne doit pas se limiter au traitement des troubles mentaux. Conformément à ce qu’il a écrit dans un article de l’Union médicale du Canada en 1930, elle doit aussi « faire de la médecine mentale préventive, de l’hygiène mentale, science qui s’adresse non seulement aux blessés du psychisme, mais à tout être humain ».

En tant que psychiatre, Lefebvre de Bellefeuille est appelé à intervenir comme expert au cours de plusieurs procès criminels, dont le plus célèbre est sans doute celui de l’abbé Adélard Delorme, inculpé du meurtre de son frère en 1922. À titre d’expert de la défense, il souligne, lors du premier des quatre procès de l’accusé, que les facultés intellectuelles de ce dernier sont inégalement développées. En outre, plusieurs cas d’antécédents psychiatriques et de déficiences intellectuelles sont répertoriés dans la famille de l’abbé. Le jury le déclarant alors inapte à subir son procès, l’accusé est interné à l’hôpital Saint-Michel-Archange.

Au cours de sa carrière, Lefebvre de Bellefeuille a été membre de l’Association des médecins de langue française de l’Amérique du Nord [V. Michel-Delphis Brochu], de la Société médicale de Montréal, dont il assume la présidence en 1929–1930, de la Société médico-psychologique de Paris et de l’American Psychiatric Association. Ses confrères le percevaient comme un gentilhomme cultivé et très respectueux des traditions.

Avant de mourir subitement en 1938, Gaston Lefebvre de Bellefeuille a perdu son fils Henri le 5 octobre 1915, sa femme Marie-Cécile le 6 février 1934 et son fils Hertel le 7 novembre 1937. Depuis 1935, ce dernier travaillait comme psychiatre sous la direction de son père à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Par ses écrits et ses interventions, par la diffusion et le perfectionnement des tests psychométriques auprès de la population scolaire, Gaston Lefebvre de Bellefeuille a grandement contribué au développement de la prophylaxie des maladies mentales au Québec durant l’entre-deux-guerres.

Guy Grenier

Gaston Lefebvre de Bellefeuille est l’auteur de plusieurs articles, notamment parus dans l’Union médicale du Canada (Montréal) : « Corps étranger de la vessie chez une aliénée », 49 (1920) : 84–88 ; « l’Automutilation chez l’aliéné », 53 (1924) : 311–318 ; « l’Abcès de fixation dans la pratique psychiatrique », 54 (1925) : 231–242 ; « À propos d’un cas d’hallucinations liliputiennes », 58 (1929) : 87–98 ; « le Suicide et la Responsabilité », 58 (1929) : 664–670, 729–739 ; « Évolution de la maladie mentale », 59 (1930) : 159–162 ; « Manuel de technique psychométrique », 62 (1933) : 355–364, 460–469, 578–601, 697–735, 816–856, 930–945 ; « l’Hygiène mentale au service de la population écolière de la ville de Montréal », 63 (1934) : 752–759 ; et, en collaboration avec Omer Noël, « l’Hôpital St-Jean-de-Dieu », 61 (1932) : 243–255. Il a aussi écrit « Quelques préjugés sur la folie », dans Septième Congrès de l’Association des médecins de langue française de l’Amérique du Nord […] texte des mémoires (Montréal, 1923), 385–394, et « l’Hygiène mentale pathologique », Conférences sur l’hygiène mentale données à la radio ([Montréal, 1932 ?]), 67–73.

BAnQ-CAM, CE601-S51, 13 janv. 1882 ; CE606-S11, 15 mai 1907, 7 oct. 1915, 9 févr. 1934, 10 nov. 1937, 23 sept. 1938.— Le Devoir, 22 sept. 1938.— La Patrie, 23 sept. 1938.— La Presse, 26–28 juin 1922 ; 21 sept. 1938.—Robert Bastien et Isabelle Perreault, « Propagande d’hygiène mentale au Québec dans les années 1930 », Lien social et politiques (Montréal), no 67 (2012) : 85–105.— BCF, 1924.— E.-P. Benoit, « In memoriam : Gaston Lefébure de Bellefeuille, 1882–1938 », l’Union médicale du Canada, 67 (1938) : 1139–1140.— Martin Pâquet et Jérôme Boivin, « la Mesure fait loi : la doctrine de l’hygiène mentale et les tests psychométriques au Québec pendant l’entre-deux-guerres », CHR, 88 (2007) : 149–179.— Isabelle Perreault, « Psychiatrie et ordre social : analyse des causes d’internement et des diagnostics donnés à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu dans une perspective de genre, 1920–1950 » (thèse de ph.d., univ. d’Ottawa, 2009).— Service de santé de la cité de Montréal, Rapport, 1929–1939.— Univ. de Montréal, Annuaire, 1923–1939.— Univ. Laval à Montréal, Annuaire, 1902–1922.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Guy Grenier, « LEFEBVRE DE BELLEFEUILLE, GASTON (baptisé Joseph-Gaston) (Lefébure) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lefebvre_de_bellefeuille_gaston_16F.html.

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Auteur de l'article:    Guy Grenier
Titre de l'article:    LEFEBVRE DE BELLEFEUILLE, GASTON (baptisé Joseph-Gaston) (Lefébure)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    19 mars 2024