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MARÉCHAL, LOUIS-DELPHIS-ADOLPHE (baptisé Louis-Delphis), prêtre catholique et vicaire général, né le 23 janvier 1824 à Montréal, fils de Louis Dière, dit Maréchal, et de Geneviève Saint-Denis ; décédé le 26 juillet 1892 au même endroit.

Fils d’un tanneur de Saint-Henri (Montréal), Louis-Delphis-Adolphe Maréchal commence ses études dans son village, puis le petit séminaire de Montréal le reçoit gratuitement à titre d’externe en 1837. Il fait ses deux années de philosophie et remplit en même temps la fonction de lecteur en résidence au séminaire. Après avoir revêtu la soutane en septembre 1845, il entreprend ses études théologiques au grand séminaire de Montréal sous la direction du sulpicien Dominique Granet, tout en s’initiant à l’enseignement des éléments latins et de la versification.

Les besoins pastoraux du diocèse de Montréal sont pressants. Aussi, quelques jours après que Mgr Ignace Bourget* l’eut ordonné le 5 novembre 1848, Maréchal est nommé pour assister le curé de la grosse paroisse Saint-Martin, dans l’île Jésus. Orienté par Granet dans les voies de la spiritualité française du xviie siècle, il trouve rapidement joie et fierté dans la nouvelle mission qui lui sera donnée de desservir les territoires de colonisation : Sainte-Julienne, Saint-Patrice, à Rawdon, et le canton de Kilkenny, entre autres. Installé à Saint-Esprit puis à Saint-Jacques-de-l’Achigan (Saint-Jacques), il visite avec des collègues l’arrière-pays où l’ignorance religieuse et l’immoralité des adolescents laissés à eux-mêmes le scandalisent. En revanche, lorsqu’il s’occupe des paroissiens de Saint-Jacques-de-l’Achigan, il a des soucis plus familiers : quelle attitude adopter à l’égard des sympathisants du journal l’Avenir (Montréal) ? Que faire de ceux qui ne s’estiment pas obligés d’assister à la messe le dimanche et les jours de fête ? Comment clarifier les règlements de certaines confréries ?

En novembre 1850, Mgr Bourget juge Maréchal suffisamment formé pour lui confier la responsabilité d’une paroisse de colonisation, Saint-Alphonse. Ce dernier y trouve une population très dispersée de 500 personnes en âge de communier et bien disposée à l’égard de la religion. Maréchal aspire à la conduire dans les voies de la vie spirituelle qui est la sienne en catéchisant les jeunes, en confessant et en faisant communier tout le monde et en organisant deux confréries féminines.

Dix mois plus tard, on nomme Maréchal desservant de Saint-Ambroise ; en février 1852, son évêque le rappelle pour lui confier sa première véritable cure, l’importante paroisse Saint-Cyprien, à Napierville, qui compte alors près de 5 000 âmes. Après la période pascale, Maréchal a la surprise de constater que près de 30 % de ses paroissiens n’ont pas accompli leur devoir pascal selon les règles. Il y a donc du travail de conversion en perspective et le jeune curé organise une grande mission de trois semaines que prêchent les Oblats de Marie-Immaculée. En même temps, il participe à des travaux de réfection aux galeries latérales des jubés de l’église.

Pourtant Maréchal se sent divisé entre ses actions, généralement réussies, et sa vie intérieure marquée d’ascétisme et d’aspirations à l’expérience intime de Dieu, sans résultats sensibles. Il est vraisemblable de penser que sa décision subite de se porter volontaire pour devenir aumônier des Sœurs de Sainte-Anne, le 15 août 1853, lui soit apparue comme la meilleure solution à son dilemme, une fuite en avant centrée sur la vie intérieure. Sanctionnée par Bourget comme une réponse du ciel, cette nomination allait affecter le destin de plusieurs femmes de la jeune communauté qui quittait alors Vaudreuil pour s’établir à Saint-Jacques-de-l’Achigan.

Dès le début de septembre, les premiers contacts de Maréchal avec la fondatrice et supérieure de la communauté, Esther Sureau*, dit Blondin, dite mère Marie-Anne, sont des plus froids. Bourget refuse la demande de celle-ci de changer d’aumônier et situe d’entrée de jeu le problème sur le plan de l’obéissance et de l’humilité face aux décisions des supérieurs ecclésiastiques. Maréchal n’interprétera jamais autrement la résistance tant de la supérieure que de son assistante et de la majorité des membres de la communauté à ses interventions destinées à former l’esprit religieux. La tension monte durant les premiers mois au point où Paul-Loup Archambault*, supérieur de la communauté à sa création, suggère à Bourget, en février 1854, de remplacer Maréchal. La crise éclate l’été suivant. Devant la résistance de la supérieure à suivre ses conseils, Maréchal la juge impropre à former des religieuses, convaincu qu’il est de son orgueil, de sa fourberie et de son esprit d’intrigue. Il faut l’éloigner. Bourget procède en ce sens et relève mère Marie-Anne de ses fonctions. Le choc de ce désaveu de la part des supérieurs ecclésiastiques la rend malade, à un point tel que le médecin la juge perdue. Maréchal estime devoir briser son obstination et refuse de la confesser à moins qu’elle ne reconnaisse sa résistance comme une faute spirituelle. À la fin d’octobre, la lutte, qui en est une de mainmise des clercs sur une jeune communauté féminine dont les responsables ne veulent pas abdiquer leur jugement et où tous les acteurs parlent le même langage religieux, commence à faiblir. Maréchal va au couvent presque chaque jour : le matin à dix heures pour expliquer une méthode d’oraison tirée de saint Ignace et l’après-midi à quatre heures pour la lecture spirituelle. Plus tard, il suggère des changements dans les règles, rédige un catéchisme abrégé sur les devoirs de la vie religieuse (1858) et un règlement des vacances d’été pour les sœurs.

À la mort du curé de Saint-Jacques-de-l’Achigan, Jean-Romuald Paré, en 1858, Maréchal obtient cette cure qu’il souhaitait. Il peut ainsi continuer à s’occuper des Sœurs de Sainte-Anne, non plus à titre d’aumônier mais de supérieur. Jusqu’en 1882, Maréchal ne semble avoir rencontré que des problèmes occasionnels : méfiance des paroissiens à l’égard du pouvoir temporel du pape (1860), cas d’un prêtre qui se livre à la vente de remèdes et à des consultations médicales même auprès des femmes, misère des cantons du Nord (1863), ivrognerie récurrente à l’occasion des fêtes de Noël. La paroisse est fervente, bien pourvue en confréries de toutes sortes et soucieuse du bon entretien de ses lieux de culte. C’est un pasteur mûri par l’expérience et moins intransigeant que l’évêque de Montréal Mgr Édouard-Charles Fabre, décide de nommer vicaire général en septembre 1882. Maréchal semble avoir œuvré dans l’ombre avec efficacité en aidant l’évêque, notamment dans la direction des communautés religieuses, et en s’intéressant au sort de leurs missions de l’Ouest.

Peu de temps après un voyage qui l’avait conduit jusqu’en Colombie-Britannique, Louis-Delphis-Adolphe Maréchal meurt terrassé par une crise cardiaque. Il avait administré deux fois le diocèse en l’absence de Mgr Fabre et présidé le chapitre en qualité de doyen. La présence de 6 évêques et de 200 prêtres à ses funérailles atteste à la fois de la force du corps ecclésiastique de l’époque et de l’estime acquise par ce prêtre dont l’action a marqué de façon si dramatique l’histoire des Sœurs de Sainte-Anne.

Louis Rousseau

ACAM, 421.103 ; 990.029 ; RC, VI : fos 231, 239v° ; RLB, VI : 216–217, 512 ; VII : 158.— ANQ-M, CE1-51, 23 janv. 1824, 26 juill. 1892.— Arch. de la congrégation des Sœurs de Sainte-Anne (Lachine, Québec), Corr., Maréchal à Bourget, 1849–1854, 1856–1876 ; Maréchal et autres prêtres ; Papiers Maréchal.— Arch. de l’évêché de Joliette (Joliette, Québec), Dossiers-chemises, Saint-Jacques-de-l’Achigan, cure et chemin de croix ; Vie religieuse ; Reg. des lettres, Saint-Ambroise-Rodriguez ; Saint-Ambroise-de-Kildaire ; Saint-Esprit/Sainte-Julienne ; Saint-Jacques-de-Montcalm.— Allaire, Dictionnaire.— É.-J.[-A.] Auclair, Histoire des Sœurs de Sainte-Anne ; les premiers cinquante ans, 1850–1900 (Montréal, 1922).— Henri Giroux, la Communauté des Sœurs de Ste. Anne (Montréal, 1886).— Frédéric Langevin, Mère Marie-Anne, fondatrice de l’Institut des Sœurs de Sainte-Anne, 1809–1890 ; esquisse biographique (2e éd., Montréal, 1937).— Sœur Marie-Jean de Pathmos [Laura Jean], Congrégation pour la cause des saints, Montréal, canonisation de la servante de Dieu Marie-Esther Sureau, dit Blondin (en religion mère Marie-Anne) [...] dossier sur la vie et les vertus (Rome, 1985) ; les Sœurs de Sainte-Anne ; un siècle d’histoire (1 vol. paru, Lachine, 1950–  ).— Eugène Nadeau, Martyre du silence ; mère Marie-Anne, fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne (1809–1890) (Montréal et Lachine, [1956]).— Pouliot, Mgr Bourget et son temps, 3.

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Louis Rousseau, « MARÉCHAL, LOUIS-DELPHIS-ADOLPHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marechal_louis_delphis_adolphe_12F.html.

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Auteur de l'article:    Louis Rousseau
Titre de l'article:    MARÉCHAL, LOUIS-DELPHIS-ADOLPHE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    19 mars 2024