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ARCHAMBAULT, PAUL-LOUP (baptisé Paul), prêtre catholique, administrateur scolaire et vicaire général, né le 29 septembre 1787 à Rivière-des-Prairies (Montréal), fils de Jean-Baptiste Archambault et de Marie-Angélique Hachin, dit Baron ; décédé le 20 février 1858 à Vaudreuil, Bas-Canada.

Fils d’un habitant illettré, Paul-Loup Archambault fait des études secondaires de 1800 à 1809 au collège Saint-Raphaël (qui devint en 1806 le petit séminaire de Montréal). Tout au long de ses études, il manifeste une prudence et une piété peu communes. Devenu ecclésiastique, il occupe le poste de régent au séminaire de Nicolet dès l’automne de 1809. Il y enseigne successivement la syntaxe et la méthode, tout en s’initiant à la théologie par la lecture de manuels et par les explications du directeur. C’est au séminaire de Québec qu’il passe l’année précédant son ordination, qui a eu lieu le 18 octobre 1812, occupé sans doute à des tâches analogues. En novembre, il est nommé vicaire aux Cèdres. Cette grande paroisse a connu une mauvaise récolte et son curé, Laurent Aubry, est impotent. Durant son court séjour, le jeune vicaire est apprécié de tous, y compris des moins dévots.

La rareté des prêtres à l’époque est telle que Mgr Joseph-Octave Plessis* recrute Archambault pour en faire le directeur du séminaire de Nicolet à partir du 1er octobre 1813. Archambault y est sous l’autorité immédiate du curé de Nicolet, Jean Raimbault*, qui décide des admissions et des grandes entreprises. En retour, le directeur se voit assigner la charge d’auxiliaire pastoral des curés de cinq paroisses environnantes. Cette situation permet de comprendre que, durant les trois années de son directorat, Archambault se sentira toujours déchiré et débordé par ses tâches, et en position d’autorité inconfortable, puisqu’il ne vient qu’au troisième rang, après l’évêque et le curé. Le directeur est pourtant le responsable immédiat des études des 79 élèves, répartis dans 5 classes, et des régents, jeunes clercs en formation ; il est aussi responsable de l’état des approvisionnements, des finances et des employés laïques. Or, rien de tout cela ne se trouve dans un état satisfaisant en ce début de guerre avec les États-Unis. Le principal objectif de la maison étant la formation de prêtres, Archambault s’emploie à rétablir une congrégation plus élitiste, à restaurer l’oraison en commun pour les clercs au moins une fois la semaine, tout en désespérant de la formation théologique des régents laissés à la lecture de manuels. La conduite morale fait l’objet d’une attention constante de sa part, qu’il soit question des amitiés particulières entre adolescents ou des dangereux exercices de théâtre qu’encourage le curé. Tout ce travail ne donne pourtant pas de très nombreuses recrues sacerdotales, puisque Archambault ne peut annoncer que deux candidats à la soutane à la fin de son mandat. Il quitte sans tristesse son poste de directeur en septembre 1816 pour occuper la cure de Vaudreuil laissée vacante par la mort de Jean-Baptiste Deguire.

Archambault se retrouve dans une paroisse durement touchée par une série de mauvaises récoltes et extrêmement divisée par le projet de reconstruction du presbytère devenu inhabitable. Certains notables contestent depuis quelques mois le procès-verbal de Joseph-Norbert Provencher, curé de Pointe-Claire, statuant sur la question au nom de l’évêque. Ils développent des arguments juridiques et un discours sur l’autonomie des laïques, qui doivent, selon eux, ne plus s’en laisser imposer par le haut clergé. Le nouveau curé agit avec prudence, communique à Plessis sept arguments qu’avance le parti des opposants, dont six lui semblent valables, et attend les ordres. L’évêque lui commande de procéder immédiatement à la répartition du coût de la reconstruction entre les fidèles et de se préparer à laisser la paroisse sans curé si les opposants vont en cour. Cette manœuvre de chantage pourrait être efficace, car les gens de la paroisse se sont rapidement pris d’affection pour leur nouveau curé qui est étranger à la dispute. La solution juridique du conflit prendra des années et la réalisation des travaux sera plus longue encore. Ce n’est que dix ans plus tard qu’Archambault pourra écrire que les querelles se sont apaisées. Certains éléments de la pratique religieuse vont cependant s’améliorer et, en 1817 et 1818, le nombre des confessions pascales augmente de 20 p. cent environ. Plus de la moitié des paroissiens lui donnent de nombreuses consolations, mais Archambault doit être quelque peu désenchanté en découvrant que les habitants cherchent davantage l’absolution de leur faute que l’amendement de leur conduite, qui sous-tend toute la stratégie pastorale du tribunal de la pénitence. Il tente d’encourager une minorité plus fervente en implantant la Confrérie du Saint-Scapulaire, mais la réponse favorable de l’évêque de Québec mettra cinq années à venir, et même alors on refusera aux associés le salut spécial du saint sacrement. Cela pourrait révéler une atonie épiscopale faisant partie du contexte de cette époque difficile. Durant ces années, le curé de Vaudreuil achemine régulièrement à son évêque les dossiers des situations conjugales irrégulières. Certaines sont l’objet de scandales publics, d’autres, secrètes, ont été apprises au confessionnal. Archambault recommande généralement une solution bienveillante, après s’être assuré de la bonne foi des personnes en cause.

La situation économique difficile que connaît une bonne partie des habitants de la paroisse et l’endettement supplémentaire occasionné par la construction du presbytère provoquent, dans la nuit du 20 décembre 1822, un événement qui allait grever la vie d’Archambault durant de nombreuses années. Entre dix et onze heures du soir, deux individus déguisés s’introduisent dans sa chambre et, le couteau sur la gorge, le forcent à leur remettre quelque £6 000 appartenant à la fabrique et traînant sur son bureau. Quelques jours plus tard, des paiements importants sont effectués par des débiteurs de la fabrique. La perte des £6 000, que le curé voudra tenir cachée car il en est en partie responsable par sa négligence, l’amène dans une impasse. Il doit reporter la reddition annuelle des comptes et, comme il ne peut remettre la somme manquante, il n’entrevoit qu’une solution : contraindre ses débiteurs personnels et, ce faisant, se rendre odieux, nuire au clergé et être obligé de quitter sa cure. Les choses cependant n’iront pas jusqu’à cette extrémité.

La décennie 1830 commence avec l’érection canonique, en février, de la paroisse Saint-Michel, à Vaudreuil, dont les limites sont étendues à l’instigation du seigneur Robert Unwin Harwood* qui ne veut pas voir fractionner son domaine. Archambault, qui depuis 1827 n’entend plus de l’oreille droite et se croit insuffisant pour les besoins de sa paroisse, se sent débordé. Mais il résistera pendant bien des années encore à la nomination d’un vicaire et s’occupera seul des habitants les plus éloignés de la paroisse. Les curés des environs lui reprochent à plusieurs reprises d’étendre ses services à leurs paroissiens, soit en les confessant, soit en les inhumant à l’occasion, soit en donnant des avis contraires aux-leurs lorsqu’ils le consultent. Est-ce l’effet de son ancienneté dans la région et de sa grande connaissance des gens ? Il est certain par ailleurs qu’Archambault entretient d’excellents rapports de voisinage, allant jusqu’à l’affection la plus vive, avec par exemple Augustin Blanchet, curé des Cèdres de 1832 à 1833, puis de Coteau-du-Lac de 1833 à 1835. Dans ses fonctions d’archiprêtre de cinq paroisses environnantes, Archambault préside les réunions de prêtres du comté et les conférences ecclésiastiques sans imposer son autorité.

Archambault est loin de concevoir l’obéissance due aux évêques comme une soumission aveugle, et il le fait clairement savoir. Est-ce cette liberté d’esprit qu’un confrère, sans doute jaloux, dénonce dans une lettre anonyme envoyée à l’évêque de Québec, Mgr Joseph Signay*, au moment où il est question de sa nomination de grand vicaire, en août 1835 ? L’auteur en fait un ennemi des évêques et de Mgr Jean-Jacques Lartigue* en particulier, une gêne pour les curés voisins, un ami des sulpiciens et des bureaucrates, et un ignorant. Mais on sait qu’Archambault appuie Lartigue dans les moments les plus intenses de sa lutte contre le séminaire de Montréal, au nom de l’intérêt public [V. Joseph-Vincent Quiblier]. Quant à ses liens avec les bureaucrates, le plus certain est d’imaginer qu’Archambault fait tout pour rester en dehors du conflit qui les oppose aux patriotes, même s’il vient près d’attaquer Ludger Duvernay qui refuse de lui donner le nom de l’auteur anonyme qui l’a dénigré dans le dernier numéro de décembre 1832 de la Minerve. Dans sa paroisse, il assiste un peu inquiet aux égards qu’on manifeste de diverses manières, en janvier 1840, à d’anciens héros locaux du soulèvement. Mais il regarde l’opposition comme finie en avril 1841, lorsque les principaux agitateurs de sa région se sont réconciliés avec l’Église en faisant leurs pâques.

La mise en place par Mgr Ignace Bourget* d’un processus organique de consultation du clergé dans les premières années de son épiscopat permet de découvrir l’opinion d’Archambault sur un grand nombre de sujets concernant la révision de la discipline de l’Église. Celui-ci se prononce, en mars 1841, contre la danse pratiquée en dehors du contexte familial : c’est un péché qui exige confession. L’évêque de Montréal doit, selon lui, continuer d’interdire les mariages mixtes qui donnent toujours de mauvais résultats. Chaque confession religieuse doit pouvoir édifier des écoles conformes à ses convictions, dont le prêtre ou le ministre soit de droit un visiteur non électif. Il serait très dangereux de mettre dans chaque école le Nouveau Testament en langue vulgaire, même accompagné de notes, comme se proposent de le faire les évêques de Québec et de Montréal. Il conviendrait d’admettre les propriétaires terriens aux assemblées de la fabrique, mais seulement pour assister à l’élection des marguilliers et à la reddition des comptes. Lorsqu’en 1847 Bourget pose la question de la réduction des cas d’absolution réservés à l’évêque, Archambault manifeste une position légèrement plus rigoriste que ses confrères plus jeunes. Tout cela constitue un intéressant tableau des opinions d’un curé du milieu du xixe siècle.

L’association d’Archambault avec Esther Sureau*, dit Blondin, en vue de la fondation des Sœurs de Sainte-Anne constitue certainement l’œuvre marquante de ses dernières années. Il a suivi depuis 15 ans la lente germination du projet de cette institutrice à Vaudreuil : réunir un certain nombre de filles dont la Providence n’a voulu dans aucune communauté afin d’enseigner à Vaudreuil puis dans les paroisses avoisinantes, à la fois dans les écoles de filles et dans les écoles mixtes voulues par la loi. Convaincu de la pertinence de ce projet, que Mgr Bourget encourage d’ailleurs, il appuie dès 1848 les premières expériences d’Esther Sureau. Il donne à la communauté son premier règlement, son premier nom (Filles de Notre-Dame de Bonsecours et de Sainte-Anne), et prévoit que les religieuses ne porteront point de costume spécial, sauf une robe noire pour leurs sorties les dimanches et jours de fête. Le premier recrutement l’étonne : 35 candidates se présentent, dont 15 deviennent postulantes après la retraite et 16 un peu plus tard. Les talents et les moyens financiers semblent excellents. Cette situation est symptomatique du redressement marqué de la ferveur religieuse en prise directe sur les besoins éducatifs de la population. Mais la vieille résistance laïque à laquelle le curé a eu si souvent à faire face dans l’assemblée de la fabrique vient briser ses espoirs. En avril 1853, les notables de la paroisse s’opposent à la construction d’un couvent, devenu absolument nécessaire, sur le terrain de la fabrique. Trois sœurs seulement demeureront alors à Vaudreuil et, pour Archambault, c’est un choc dont il se remettra mal. Même s’il garde un grand intérêt pour la communauté qu’il a encouragée, il n’interviendra plus guère, après le départ des religieuses pour Saint-Jacques-de-l’Achigan (Saint-Jacques) en août 1853, que pour les appuyer contre leur aumônier, Louis-Adolphe Maréchal*. Toutefois, Bourget ne retiendra pas son avis et exclura la fondatrice de la direction de la communauté.

À sa mort, Paul-Loup Archambault laisse une paroisse dotée des principales institutions caractéristiques du catholicisme renouvelé d’après 1840, soit des écoles, des confréries, un mouvement de tempérance. Mais la ferveur et l’unanimité de ses paroissiens se situent encore en deçà de ce que l’opinion s’était habituée à attendre.

Louis Rousseau

AAQ, 12 A, H : fo 53 v ; 1 CB, VIII : 2 ; 515 CD, I : 179–180, 184–185, 194, 208–209, 217, 231, 235 ; II : 18a, 22, 24, 26.— ACAM, 401.130.— AP, Saint-Joseph (Rivière-des-Prairies), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 22 févr. 1858 ; Saint-Michel (Vaudreuil), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 22 févr. 1858.— Arch. de la chancellerie de l’évêché de Valleyfield (Valleyfield, Québec), Île-Perrot, Corr., 3 nov., 5 déc. 1835 ; Saint-Michel, Corr., 9 mars 1813, 11 nov. 1815, 25 janv., 22 avril, 30 juill., 24 sept., 8 nov., 9 déc. 1816, 18 mars 1817, 2 mai, 3 déc. 1818, 3 juin 1819, 27 août 1821, 6 août, 29 déc. 1822, 26 avril 1823, 13 déc. 1824, 30 juill. 1826, 22 févr. 1827, 16, 23 nov. 1829, 2 mai 1830, 17 avril 1831, 25 nov. 1832, 4 mars 1833, 11 févr., 14 avril, 29 août 1834, 7 août 1835, 6 déc. 1836, 30 avril, 4 nov. 1838, 1er, 12 janv. 1840, 7 mars, 7 avril, 6 août 1841, 11 juin, 25 juill., 25 nov. 1848, 25 avril, 12 août 1853, 21 févr. 1854, 21 févr. 1858, 18 janv. 1859 ; Soulanges, Corr., 30 juill.,14 août, 24 sept. 1813.— ASN, AO, Séminaire, I : 9.— La Minerve, 4 mars 1858.— Allaire, Dictionnaire.— É.-J.[-A.] Auclair, Histoire des Sœurs de Sainte-Anne ; les premiers cinquante ans, 1850–1900 (Montréal, 1922).— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet, 2 : 5.— Frédéric Langevin, Mère Marie-Anne, fondatrice de l’Institut des Sœurs de Sainte-Anne, 1809–1890 ; esquisse biographique (2e éd., Montréal, 1937).— Sœur Marie-Jean de Pathmos [Laura Jean], les Sœurs de Sainte-Anne ; un siècle d’histoire (1 vol. paru, Lachine, Québec, 1950-  ).— Louis Martin, « Jean Raimbault, curé à Nicolet de 1806 à 1841 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1977), 102–120.— Eugène Nadeau, Martyre du silence ; mère Marie-Anne, fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne (1809–1890) (Montréal et Lachine, [1956]).— Pouliot, Mgr Bourget et son temps, 3 : 75–97.— F.-J. Audet, « les Députés de la vallée de l’Ottawa, John Simpson (1788–1873) », SHC Report, 1936 : 34.

Bibliographie générale

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Louis Rousseau, « ARCHAMBAULT, PAUL-LOUP », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/archambault_paul_loup_8F.html.

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Auteur de l'article:    Louis Rousseau
Titre de l'article:    ARCHAMBAULT, PAUL-LOUP
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024