Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3448757
McKENNA, JAMES ANDREW JOSEPH, fonctionnaire, né le ler janvier 1862 à Charlottetown, fils de James McKenna, marchand, et de Rose Ann Duffy ; le 7 août 1888, il épousa à Ottawa Mary Joanna Josephine Ryan, et ils eurent cinq filles et deux fils ; décédé le 30 mai 1919 à Victoria.
James Andrew Joseph McKenna fréquenta deux maisons d’enseignement catholiques de sa ville, la St Patrick’s School et le St Dunstan’s College. Il travailla un moment pour le Prince Edward Island Railway et fit un peu de journalisme avant de s’installer à Ottawa, où il devint commis de troisième classe au bureau du Conseil privé le 11 mars 1886. On remarqua son application au travail, et, le 23 mai 1887, il fut affecté au département des Affaires indiennes, où le surintendant général, sir John Alexander Macdonald*, le prit comme secrétaire particulier. Pendant dix ans, il resta au « service interne » du département, c’est-à-dire à l’administration centrale. Le 1er juillet 1888, il fut promu commis de deuxième classe. Entre-temps, il étudia le droit. Ses connaissances juridiques expliquent probablement qu’on lui ait confié un certain nombre de missions importantes dans les années suivantes.
En janvier 1897, le nouveau surintendant général, Clifford Sifton*, choisit McKenna comme secrétaire particulier pour le travail lié au département. Plus tard dans l’année, il envoya McKenna et Thomas Gainsford Rothwell négocier une entente avec le gouvernement de la Colombie-Britannique au sujet de l’administration de la ceinture ferroviaire et du bloc de la rivière de la Paix, des terres transférées à Ottawa par la province pour faciliter la construction d’un chemin de fer transcontinental. Le commis de deuxième classe fut promu commis de première classe l’année suivante.
En 1899, McKenna reçut le mandat d’accompagner le commissaire des Affaires indiennes David Laird et James Hamilton Ross*, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, afin de négocier le traité n° 8 avec les Amérindiens du district d’Athabasca et de la portion nord-est de la Colombie-Britannique, région où les chercheurs d’or en route pour le Klondike semaient le désordre [V. Mostos]. Les modalités de ce traité ressemblaient à celles des traités antérieurs, sauf que, à l’initiative de McKenna, les négociateurs offrirent aux Amérindiens la possibilité d’avoir des terres en possession individuelle plutôt que des réserves. Sur l’avis de Laird, Sifton rejeta l’autre proposition de McKenna, à savoir donner aux autochtones une somme forfaitaire au lieu de leur faire des versements annuels. Les négociations finirent par aboutir, non sans que chacun des commissaires ait passé l’été à suivre un itinéraire épuisant. McKenna visita le fort St John (près de Fort St John, Colombie-Britannique), le fort Dunvegan (Dunvegan, Alberta), le fort Chipewyan et le fort McMurray (Fort McMurray, Alberta) pour y tenir des réunions – parfois tendues – et obtenir l’adhésion des diverses bandes.
D’autres commissaires, qui travaillaient en collaboration avec le groupe du traité n° 8, devaient s’occuper des revendications foncières de la population sang-mêlé de la région. Dans le reste des Territoires du Nord-Ouest, une partie de ces réclamations étaient encore en suspens ; le 2 mars 1900, deux nouvelles commissions furent donc mises sur pied. Celle des districts d’Assiniboia et de l’Alberta était formée de McKenna et du major James Walker. Les revendications, fort nombreuses, ne purent pas toutes être réglées dans le temps alloué. Le 16 mars 1901, McKenna fut chargé seul de traiter celles qui restaient ; il continuerait ce travail jusqu’en 1904.
Entre-temps, Sifton avait décidé que McKenna resterait en permanence dans l’Ouest pour exercer certaines fonctions à la place de Laird, qui se faisait vieux, et pour assurer une inspection plus étroite des agences. Le 1er juillet 1901, McKenna fut promu commissaire adjoint des Affaires indiennes et inspecteur principal des agences du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest. Son bureau se trouvait à Winnipeg. Il se révéla un fervent partisan de la politique départementale répressive, dont le placement dans des pensionnats et les sanctions sévères contre les danses traditionnelles et la participation des Amérindiens à des expositions [V. Ahchuchwahauhhatohapit ; John Chantler McDougall].
Après l’accession de l’Alberta et de la Saskatchewan au statut de provinces, en 1905, Ottawa décida de donner un caractère officiel à ses relations avec tous les Amérindiens de ces régions qui n’avaient pas signé de traité. Le traité n° 10, dont les modalités étaient semblables à celles du traité n° 8, visait les Cris et les Chipewyans de la plus grande partie du nord de la Saskatchewan et d’une petite portion de l’est de l’Alberta. Les Métis de la région devaient recevoir des certificats de concession de terres d’une valeur de 240 $ ou de 240 acres. Nommé à la fois commissaire du traité et des certificats de concession aux Métis, McKenna quitta Winnipeg en août 1906. À cause de son départ tardif et de son empressement à rentrer chez lui avant le gel, il ne put mener sa tâche à terme. L’agent local des Affaires indiennes prit la relève la saison suivante.
McKenna voulait plus d’autonomie pour le commissariat des Affaires indiennes et s’attendait manifestement à devenir commissaire quand Laird prendrait sa retraite. Cependant, les hauts fonctionnaires du service interne avaient d’autres projets ; ils souhaitaient centraliser la prise de décisions. En février 1909, on annonça l’installation de Laird à Ottawa et la fermeture du commissariat. McKenna resterait à Winnipeg à titre d’inspecteur départemental des écoles catholiques des provinces des Prairies.
C’était un coup dur pour McKenna, mais il conservait son salaire annuel de 2 600 $ et demeurait ainsi le fonctionnaire du département des Affaires indiennes le mieux rémunéré de la région. En 1911, l’université d’Ottawa reconnut son travail en lui décernant un doctorat en droit. Néanmoins, il se plaignait de ses nouvelles fonctions ; deux ou trois longues tournées d’inspection des pensionnats et écoles techniques catholiques le menèrent de Fort Frances, en Ontario, jusqu’à Saint-Albert, en Alberta. Ses supérieurs n’étaient pas toujours satisfaits des détails de ses rapports, et le ton larmoyant de sa correspondance les agaçait.
Pourtant, McKenna reçut bientôt une affectation plus à son goût. Le 24 mai 1912, il devint le représentant du dominion aux négociations avec la Colombie-Britannique sur un certain nombre de griefs d’autochtones. Dès septembre, il concluait avec le premier ministre de cette province, Richard McBride, ce qu’on appellerait l’entente McKenna-McBride. Elle prévoyait la création d’une commission royale formée de mandataires des deux gouvernements qui examinerait les réserves et en ajusterait les dimensions, avec le consentement des Amérindiens. Une fois ce travail accompli, la Colombie-Britannique renoncerait à son incommode « droit réversif », en vertu duquel toute portion soustraite à une réserve lui revenait. McBride refusa que la commission examine des questions tels le titre d’aborigène ou le droit de vote des autochtones, et McKenna s’inclina sans résister.
La commission royale d’enquête sur les affaires indiennes de la province de la Colombie-Britannique fut créée le 31 mars 1913. McKenna faisait partie des représentants du dominion et s’installa à Victoria avec sa famille. Durant trois ans, les commissaires sillonnèrent la province afin d’entendre les témoignages d’autochtones et de non-autochtones sur le caractère adéquat ou non des réserves. Régulièrement, McKenna faisait rapport au surintendant général adjoint, Duncan Campbell Scott*, et en profitait pour se plaindre de son salaire de 4 000 $, insuffisant selon lui. Ses récriminations irritaient Scott, qui était parcimonieux et refusait de se prononcer sur la requête de McKenna : avoir un poste permanent dans la province du Pacifique quand la commission aurait rempli son mandat.
La commission termina ses travaux le 30 juin 1916. Son rapport recommandait certains ajouts et soustractions aux réserves. Le nombre d’acres à ajouter dépassait le nombre d’acres à enlever, mais la valeur des soustractions était bien supérieure à celle des ajouts. Les commissaires, semble-t-il, étaient plus soucieux des intérêts des colons que de ceux des autochtones.
Scott demanda à McKenna de rester à Victoria après la fin du mandat de la commission pour superviser l’impression du rapport et obtenir l’accord de la Colombie-Britannique. Les documents n’avaient pas été tenus en ordre ; il y eut constamment des retards dans leur livraison aux imprimeurs. En outre, le gouvernement provincial de William John Bowser*, de plus en plus préoccupé par les élections générales de septembre 1916, refusait de prendre une décision au sujet du rapport. La victoire des libéraux de Harlan Carey Brewster retarda encore les choses. Le rapport serait adopté seulement en 1923, après radiation de la clause exigeant le consentement des Amérindiens pour la réduction des réserves.
À la fin de 1916, Scott en avait assez. En janvier 1917, McKenna apprit qu’il serait mis à la retraite le 1er avril. Comme Scott l’expliqua au surintendant général, on avait différé la décision parce que McKenna avait une famille nombreuse, mais il avait quand même fallu la prendre à cause de ses « déplorables habitudes ». Quelles étaient ces habitudes ? Scott ne le précisait pas, mais elles avaient quelque chose à voir avec l’inaptitude de McKenna à gérer les ressources que lui avait assurées son gros salaire.
McKenna passa ses années de retraite à Victoria. En février 1918, il publia dans des journaux de la Colombie-Britannique quelques articles où il proposait que, en échange de la mainmise sur la ceinture ferroviaire et le bloc de la rivière de la Paix, la province renonce à son droit réversif sur les réserves et à sa prétention aux soustractions déterminées par la commission royale. Scott trouva l’idée d’autant plus embarrassante qu’il poursuivait de difficiles négociations sur ces questions avec le gouvernement de la province et les autochtones.
James Andrew Joseph McKenna mourut d’une défaillance cardiaque le 30 mai 1919 à Victoria. Fonctionnaire d’importance moyenne, il avait été associé à plusieurs initiatives d’envergure dans l’Ouest au cours des premières décennies du xxe siècle. Il laissait dans le deuil sa femme et ses sept enfants.
James Andrew Joseph McKenna est l’auteur d’un article écrit en janvier 1891 intitulé « Are Canadian Catholics priest-ridden ? », dans le Catholic World (New York), 52 (oct. 1890–mars 1891) : 541–545 et de l’ouvrage intitulé The Hudson’s Bay route : a compilation of facts with conclusions (Ottawa, 1908), texte de propagande rédigé pour le gouvernement et exaltant les vertus d’un chemin de fer jusqu’à la baie d’Hudson. Dans Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912), on lui attribue la rédaction d’un opuscule paru en 1895 sous le titre Sir John Thompson : a study, mais on ne trouve aucun exemplaire de cette publication.
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E. Brian Titley, « McKENNA, JAMES ANDREW JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckenna_james_andrew_joseph_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mckenna_james_andrew_joseph_14F.html |
Auteur de l'article: | E. Brian Titley |
Titre de l'article: | McKENNA, JAMES ANDREW JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 6 nov. 2024 |