Titre original :  John Chantler McDougall. Image courtesy of Glenbow Museum, Calgary, Alberta.

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McDOUGALL, JOHN CHANTLER, ministre méthodiste et auteur, né le 27 décembre 1842 à Sydenham (Owen Sound, Ontario), fils de George Millward McDougall*, fermier et devenu plus tard missionnaire méthodiste, et d’Elizabeth Chantier ; au printemps de 1865, il épousa à la mission du lac Whitefish (Alberta) Abigail Steinhauer, et ils eurent trois filles, puis le 22 septembre 1872, à Cape Rich (canton de St Vincent, Ontario) Elizabeth Ann Boyd, et de ce second mariage naquirent six enfants ; décédé le 15 janvier 1917 à Calgary.

Enfant, John Chantier McDougall fréquenta diverses écoles de mission et apprit à parler le sauteux. En 1857–1858 et en 1859–1860, il étudia au Victoria College de Cobourg, mais il quitta cet établissement en 1860 pour suivre son père. En effet, George Millward McDougall avait été nommé surintendant des missions de l’Ouest par l’Église méthodiste wesleyenne en Canada et était affecté à la mission de Rossville, près de Norway House (Manitoba). Là, John apprit à parler couramment le cri, enseigna et participa au travail missionnaire jusqu’en 1862, quand son père conclut que la surintendance devait être plus à l’ouest. L’emplacement choisi se trouvait dans la vallée de la Saskatchewan-du-Nord, là où est maintenant Pakan, en Alberta. Les McDougall s’établirent dans cette mission, baptisée Victoria.

Le règne de la Hudson’s Bay Company tirait à sa fin, et les McDougall pressentaient que Rupert’s Land ne tarderait pas à être peuplé par les Blancs. Extrêmement optimistes quant au potentiel agricole de toute la région, ils entrevoyaient le jour où celle-ci serait couverte de fermes et de villages et traversée par des chemins de fer. L’avance du mouvement de colonisation, ils le savaient fort bien, avait été fatale pour les peuples autochtones du Haut-Canada. Ils espéraient donc que les Amérindiens de leur région se regrouperaient autour de la mission et resteraient assez isolés de la société blanche pendant une génération, le temps de s’adapter. Désormais, la seule chance des Amérindiens de l’Ouest semblait être de se convertir au christianisme et d’adopter à plus ou moins brève échéance les valeurs de la culture européenne. C’était du moins la solution prônée par l’ensemble des militants sociaux, car ils étaient convaincus qu’elle permettrait aux autochtones de devenir des citoyens à part entière.

John Chantier McDougall travaillait comme interprète et instituteur à Victoria. En 1864, on le recommanda comme candidat au service missionnaire. L’année suivante, il épousa Abigail Steinhauer, la fille aînée du révérend Henry Bird Steinhauer*, missionnaire sauteux affecté au lac Whitefish, non loin de Victoria, et de Mamenawatum (Seeseeb, Jessie Joyful), de la tribus des Cris des Marécages. Le jeune couple se vit confier la tâche de rouvrir une mission au lac Pigeon (Alberta). John Chantier fut officiellement pris à l’essai par l’Église en 1866. À partir du lac Pigeon, il visitait les autochtones dans leurs campements ainsi que Rocky Mountain House et le fort Edmonton (Edmonton), deux postes de la Hudson’s Bay Company. L’agent principal William Joseph Christie* avait une si haute opinion de lui qu’il lui offrit la direction d’un poste au printemps de 1869. McDougall étudia sérieusement cette proposition, car il n’avait pas encore été ordonné ministre du culte, mais finalement il la déclina. Après les désordres de la Rivière-Rouge (Manitoba) en 1869–1870 [V. Louis Riel*], Christie le chargea de se rendre dans divers campements et d’assurer les Amérindiens que le gouvernement du Canada respecterait leurs droits.

L’effusion de sang à la Rivière-Rouge avait été mineure en comparaison des pertes de vie causées par divers événements survenus plus à l’ouest. Une terrible épidémie de variole balaya la région en 1870–1871. Des hors-la-loi américains faisaient des raids frontaliers, et le trafic du whisky engendrait de plus en plus de violence dans les campements amérindiens. Les guerres entre tribus s’intensifiaient à mesure que les troupeaux de bison diminuaient [V. Mékaisto*]. Un des chefs des Cris des Plaines, Maskepetoon*, ami des McDougall et converti méthodiste influent, avait été assassiné par des Pieds-Noirs, et les guerriers cris réclamaient vengeance. Tous, missionnaires compris, vivaient sous la menace. « La tension était continuelle, la maladie, la mort et le danger constants », écrivait McDougall, dont la femme mourut en avril 1871 de cause inconnue.

À la première conférence missionnaire qui se tint dans l’Ouest, soit à Winnipeg en 1872, McDougall fut enfin ordonné ministre auprès des Amérindiens. Il avait demandé l’autorisation de poursuivre ses études ; on refusa. Il retourna quand même en Ontario, où il épousa sa cousine Elizabeth Boyd. Ensemble, ils partirent immédiatement pour l’Ouest. La Conférence avait décidé d’ouvrir une mission dans les contreforts des Rocheuses pour desservir les Stonies, avec qui les méthodistes étaient en bons termes depuis plusieurs décennies [V. Ozîja Thiha* ; John Chiniquay*]. En 1873, McDougall fut chargé d’établir cette mission. Morleyville, près de l’emplacement actuel de Morley, en Alberta, devint le lieu de résidence des McDougall ; John et son frère David achetèrent tous deux des terres dans le voisinage. En 1874, quand la Police à cheval du Nord-Ouest, fondée peu de temps auparavant, fut envoyée dans l’Ouest, ce fut John Chantler McDougall qui dut préparer la population de la région à l’arrivée des policiers. Après la mort subite de son père en janvier 1876, la Methodist Missionary Society lui confia la fonction exercée par celui-ci, à savoir la présidence du district de la Saskatchewan. En outre, il continua d’œuvrer à Morleyville.

Les premiers traités entre le gouvernement du Canada et les autochtones de l’Ouest furent signés dans les années 1870. À la demande des commissaires, McDougall assista à la négociation du traité n° 6 au fort Pitt (Fort Pitt, Saskatchewan) en 1876 [V. Mistahimaskwa*] et du traité n° 7 à Blackfoot Crossing (Alberta) en 1877 [V. John Chiniquay]. Il exerça de l’influence sur les conseils amérindiens qui se réunirent pour examiner les modalités de ces ententes. Selon lui, son double rôle ne le plaçait pas en conflit d’intérêts, car il ne doutait pas que les autochtones avaient avantage à ce que les réserves soient établies au plus vite, avant l’arrivée massive des colons blancs. Des années après, quand on verrait à quel point la vie dans les réserves était pénible, certains Stonies se mettraient à contester l’objectivité de ses avis. McDougall s’illusionnait sans doute sur le potentiel agricole de la région et n’entrevoyait certainement pas toutes les restrictions qui seraient imposées aux Amérindiens visés par les traités. Par la suite, il s’élèverait contre le système des laissez-passer, qui les empêchait de quitter leur réserve sans l’autorisation de l’agent, et contre le règlement qui les obligeait à obtenir l’approbation de l’agent avant de vendre le produit de leurs fermes. « Donnez à l’Indien entière liberté en toute chose, sauf l’aliénation de ses terres et le trafic de l’alcool », proclamerait-il. En outre, il participerait à diverses initiatives visant à obtenir plus de terres pour les Stonies – toujours sans succès, car les colons et les promoteurs auraient alors l’oreille du gouvernement.

Pendant la rébellion du Nord-Ouest en 1885, les Stonies respectèrent les engagements inclus dans leur traité. McDougall fut donc libre d’accompagner l’Alberta Field Force, qui se dirigeait vers le théâtre des combats, dans la vallée de la Saskatchewan-du-Nord, sous le commandement de Thomas Bland Strange*. En 1897, lorsque l’Église subdivisa le district de la Saskatchewan, il fut nommé président du district amérindien, qui comprenait des portions des quatre provinces actuelles de l’Ouest. En 1903, le Victoria College lui remit un doctorat honorifique en théologie. En 1906, quand l’Église méthodiste tint son assemblée plénière annuelle à Edmonton, en l’église McDougall, il fut élu président de conférence.

McDougall n’échappa pas toujours à la controverse. Il échangea des lettres virulentes dans le Christian Guardian avec Egerton Ryerson Young*, missionnaire méthodiste et auteur, au sujet de prétendues inexactitudes dans l’un des livres de Young. À l’occasion, il faisait la traite des fourrures et concluait des marchés avec les Amérindiens, ce qui le mettait en conflit avec la Methodist Missionary Society et d’autres trafiquants. Il justifiait ses actes en disant qu’ils favorisaient son œuvre missionnaire, toujours à court de fonds.

McDougall prit sa retraite en 1906, après quoi le gouvernement fédéral le nomma commissaire spécial auprès des Doukhobors. Il se les aliéna en tentant de les contraindre à respecter l’Acte concernant les terres publiques de la Puissance, qui était incompatible avec leur mode de vie communautaire. Il agit également en tant que commissaire du département des Affaires indiennes. À ce titre, il aida à négocier la vente de plusieurs lots de réserve et visita en 1909 et en 1910 des réserves de l’intérieur de la Colombie-Britannique pour entendre l’opinion de leurs résidents notamment sur l’épineuse question du titre aborigène dans cette province. Il ennuya le département en écrivant au Winnipeg Free Press pour que l’on autorise les Amérindiens à continuer de tenir des cérémonies traditionnelles telle la danse du Soleil, que les fonctionnaires tentaient d’éliminer ; de plus, il continua d’irriter le département – et les autorités méthodistes – en faisant en sorte que les Amérindiens revêtent leurs costumes et exécutent des danses à l’occasion de diverses expositions, dont le Stampede de Calgary en 1912. Même s’il avait déjà affirmé ne pas avoir d’attaches politiques, il se présenta sous la bannière libérale dans Calgary Centre aux élections provinciales de 1913 en prônant le suffrage féminin, un traitement équitable pour les ouvriers et le développement économique. Ses opinions bien connues sur la tempérance ne jouèrent peut-être pas en sa faveur. Quoi qu’il en soit, il fut battu.

Qualifié d’« orateur passionnant » par le Globe de Toronto, McDougall était également un auteur prolifique. Son style agréable et vivant lui assura une grande popularité. Il composa six volumes de mémoires dans lesquels il raconta sa vie et ses aventures jusqu’en 1876 et qui, selon la critique littéraire Susan Jackel, « se caractérisent par une constance de ton et une vitalité du récit étonnantes ». Il publia aussi une biographie de son père, un roman historique mettant en scène un jeune chef cri, et un grand nombre d’articles sur l’Ouest. McDougall disait manier plus aisément la langue crie que l’anglais. En collaboration avec le révérend Ervin Bird Glass, il compila et édita un recueil d’hymnes en cri, et composa un abécédaire en anglais et en cri. De plus, il révisa la traduction crie d’un exposé sur les Écritures rédigé par le révérend John Semmens*.

La foi de John Chantler McDougall en la possibilité pour les peuples autochtones de s’épanouir sous l’ordre nouveau reflète l’optimisme de son époque. Il était issu d’une civilisation qui avait tendance à croire que son expansion était la volonté de Dieu et il ne se résignait pas – ce qui est tout à son honneur – à croire que les Amérindiens soient condamnés à disparaître. Il se considérait leur ami et s’efforçait de les préparer, de la façon qu’il croyait la meilleure, aux changements inéluctables qu’il voyait venir. En cette fin du xxe siècle, il paraît naïf, étant donné la misère et la démoralisation qui ont été le lot des communautés amérindiennes, mais il ne faut pas oublier que ses actes s’inspiraient de sa croyance aux idéaux de sa société.

James Ernest Nix

John Chantler McDougall est notamment l’auteur de : George Millward McDougall : the pioneer, patriot and missionary (Toronto, 1888 ; 2e éd., 1902) ; Forest, lake and prairie ; twenty years of frontier life in western Canada, 1842–62 (Toronto, 1895 ; 2e éd., 1910) ; Saddle, sled and snowshoe ; pioneering on the Saskatchewan in the sixties (Toronto, 1896) ; Pathfinding on plain and prairie : stirring scenes of life in the Canadian north-west (Toronto, 1898) ; In the days of the Red River rebellion : life and adventure in the far west of Canada (1868–1872) (Toronto, 1903 ; réimpr., 1911 ; réimpr., introd. de Susan Jackel, Edmonton, 1983) ; « Wa-pee Moos-tooch », or « White Buffalo », the hero of a hundred battles : a tale of life in Canadas great west during the early years of the last century ([Calgary, 1908]) ; On western trails in the early seventies : frontier pioneer life in the Canadian north-west (Toronto, 1911) ; et Opening the great west : experiences of a missionary in 1875–76, [H. A. Dempsey, édit.,] introd. de J. E. Nix (Calgary, 1970), volume qui était encore à l’état de manuscrit au moment de la mort de McDougall.

AO, RG 80-5-0-30, vol. 29 : 147.— EUC-C, Biog. file.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903).— J. W. Grant, Moon of wintertime : missionaries and the Indians of Canada in encounter since 1534 (Toronto, 1984).— Susan Jackel, « Images of the Canadian west, 1872–1911 » (thèse de ph.d., Univ. of Alberta, Edmonton, 1977).— John Maclean, McDougall of Alberta : a life of Rev. John McDougall, d.d., pathfinder of empire and prophet of the plains (Toronto, 1927).— J. E. Nix, Mission among the buffalo : the labours of the reverends George M. and John C. McDougall in the Canadian northwest, 1860–1876 (Toronto, [1960]).— The Oxford companion to Canadian literature, William Toye, édit. (Toronto, 1983).— John Snow, These mountains are our sacred places : the story of the Stoney Indians (Toronto et Sarasota, Fla, 1977).— E. B. Titley, A narrow vision : Duncan Campbell Scott and the administration of Indian Affairs in Canada (Vancouver, 1986).

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James Ernest Nix, « McDOUGALL, JOHN CHANTLER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdougall_john_chantler_14F.html.

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Auteur de l'article:    James Ernest Nix
Titre de l'article:    McDOUGALL, JOHN CHANTLER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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