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Titre original :  James Bryson McLachlan-Cape Breton-1935 | Old Photos and Memories of Cape Breton, Nova Scotia

Provenance : Lien

McLachlan, James Bryson, mineur de charbon, chef radical ouvrier, fermier et journaliste, né le 9 février 1869 à Ecclefechan, Écosse, fils d’Esther Bryson et de James McLachlan ; le 29 décembre 1893, il épousa à Wishaw, Écosse, Catherine Ferguson Greenshields, et ils eurent sept filles et deux fils ; décédé le 3 novembre 1937 à Glace Bay, Nouvelle-Écosse.

James Bryson McLachlan passa ses premières années dans le Dumfriesshire, en Écosse, où sa mère et son père travaillaient comme ouvriers agricoles avant d’emmener leur famille grandissante à Newmains, village plus au nord, dans le Lanarkshire. Son père y trouva un emploi dans les mines de charbon de la Coltness Iron Company, et la famille s’installa dans une maison de l’entreprise. Même si McLachlan n’avait que quatre ans lorsqu’il quitta Ecclefechan, il garderait des souvenirs de cet endroit parce qu’il y rendait visite à sa grand-mère maternelle et s’intéresserait aux écrits du critique social Thomas Carlyle, qui évoquait parfois ses propres origines modestes dans le même village. Les études de McLachlan furent de courte durée – en 1924, il dit : « Je suis allé à l’école jusqu’à l’âge de dix ans, puis je suis parti travailler dans la mine » –, mais il resta un garçon studieux, dont les lectures allaient bien au delà de la Bible et des poèmes de Robert Burns, qui constituaient les textes de base de la culture ouvrière écossaise. Sa mère lui inculqua les principes de l’Église presbytérienne réformée, secte calviniste dissidente dont les membres étaient aussi connus sous le nom de caméroniens. Jeune adulte, McLachlan devint baptiste, attiré par l’étude rigoureuse et l’activité évangélique que cette confession encourageait dans les villes du charbon, et il s’identifierait aux Églises presbytérienne et unie. Même si McLachlan serait souvent accusé d’impiété, l’importance de ses antécédents religieux serait notée en 1923 par James Shaver Woodsworth*, ministre du culte méthodiste et député travailliste fédéral, qui le décrirait avec perspicacité comme un « covenantaire travailliste ».

Dans les mines de charbon, le jeune McLachlan reçut une autre formation : il acquit une connaissance approfondie des conditions souterraines, qui jouerait un rôle essentiel dans son influence auprès des mineurs. Tandis qu’il passait de tâches simples à du travail plus qualifié, McLachlan s’imprégna de la culture d’autonomie individuelle associée aux mineurs écossais. Dans les années 1880, cependant, l’idéal du « mineur indépendant » fut confronté aux bas salaires, aux conditions dangereuses et à la nouvelle discipline de travail que connaissait une industrie en expansion, dominée par de grands exploitants. De plus en plus, les mineurs se tournèrent vers des solutions collectivistes et préconisèrent des syndicats forts et des réformes législatives, dont la journée de huit heures et les pensions de vieillesse. McLachlan appuya des dirigeants locaux comme James Keir Hardie, qui serait l’un des fondateurs de l’Independent Labour Party britannique et qui plaidait pour la solidarité de classe à la fois dans l’action industrielle et dans l’action politique. Leurs liens personnels deviendraient évidents quand, à l’occasion d’un voyage au Canada en 1908, Hardie séjournerait chez les McLachlan à Sydney Mines, en Nouvelle-Écosse.

À l’âge de 24 ans, McLachlan épousa Catherine Ferguson Greenshields, qu’on appelait Kate, fille d’un tailleur de pierres de Wishaw ; ils s’étaient rencontrés à l’église et furent mariés par le ministre baptiste. Le premier enfant du couple, une fille, vit le jour à Blantyre, et chacun de leurs trois enfants suivants naîtrait à un endroit différent des bassins houillers d’Écosse. Frustrés par les conditions locales et encouragés par les possibilités qu’offraient les dominions britanniques d’outre-mer, les McLachlan décidèrent d’émigrer. En 1902, McLachlan trouva un emploi à la Nova Scotia Steel and Coal Company Limited [V. Graham Fraser*] et commença à travailler à la grande mine de charbon Princess à Sydney Mines. Mineur relativement expérimenté parmi une population croissante de travailleurs plus jeunes, McLachlan fut peu à peu reconnu comme chef local au sein de la Provincial Workmen’s Association (PWA), syndicat que Robert Drummond* avait fondé en 1879 sous le nom de Provincial Miners’ Association. Ironiquement, la loge Drummond, section de Sydney Mines nommée d’après le fondateur de cette association, devint un centre de rébellion contre les politiques prudentes de l’organisation pour obtenir de meilleurs salaires et des lois plus musclées. McLachlan et d’autres réformateurs accusèrent le fondateur de ne pas être au courant des conditions des mineurs, et croyaient qu’il serait avantageux pour la PWA de s’affilier au principal syndicat nord-américain de l’industrie, la United Mine Workers of America (UMWA). Pendant la campagne pour le renouvellement syndical, McLachlan formula une critique qui tirait son origine de la culture des mineurs de charbon et du socialisme éthique du Lanarkshire, mais qui était aussi influencée par ses lectures plus récentes en économie politique. Dans un essai publié en janvier 1908 dans le Halifax Herald, qui portait sur le cent quarante-neuvième anniversaire de la naissance de Robert Burns, McLachlan écrivit que « si Burns avait été vivant aujourd’hui il aurait été le poète officiel du mouvement socialiste international ». Il continua en présentant sa propre vision socialiste : « La plus grande question politique de ce siècle est comment distribuer l’immense richesse que l’ingéniosité du siècle passé permet maintenant au monde de produire. » Une section locale du Parti socialiste du Canada avait été créée au Cap-Breton dès 1907, et McLachlan contribua à fonder la section de Sydney Mines en 1909.

Même si les réformateurs proclamèrent leur victoire au référendum sur l’affiliation à la UMWA qui se tint le 24 juin 1908, le grand conseil de la PWA n’accepta pas le résultat ; ce refus précipita une longue période de division parmi les mineurs. À Sydney Mines, McLachlan réorganisa les mineurs insurgés en créant la section locale 945 de la UMWA, et, en mars 1909, il fut élu secrétaire-trésorier du district 26, qui venait d’être créé et englobait toute la Nouvelle-Écosse. McLachlan affirma que le nouveau syndicat avait l’appui d’une majorité des travailleurs, mais l’hostilité des exploitants de charbon persista. La discrimination dont étaient victimes les membres de la UMWA poussa cette dernière à entrer en grève, le 6 juillet 1909, en vue d’obtenir la reconnaissance syndicale. Les employés fidèles à la PWA restèrent au travail, et l’ordre public fut maintenu grâce à des policiers de la compagnie et à des soldats du dominion ; des membres de la UMWA furent arrêtés pendant qu’ils faisaient des piquets de grève et furent chassés des logements fournis par la compagnie. Comme le district 26 comptait plus de 4 500 membres à la fin de l’année, McLachlan gérait d’importantes allocations d’assistance offertes par le syndicat international. Lorsque les exploitants de charbon projetèrent de faire venir 1 000 mineurs de Belgique, les mineurs de la Nouvelle-Écosse bénéficièrent d’une solidarité internationale. À la demande de McLachlan, Samuel Gompers, de l’American Federation of Labor, pria les syndicats belges de conseiller à leurs membres de ne pas venir en Nouvelle-Écosse. La grève se solda néanmoins par une défaite, en avril 1910 au Cap-Breton [V. James Henry Plummer] et en mai 1911 à Springhill, dans la partie continentale de la Nouvelle-Écosse. Les réunions syndicales furent par la suite étroitement surveillées par la police ; au cours d’une réunion, le 23 avril 1911, McLachlan dut se réfugier derrière un bureau quand un détective privé clandestin qui avait infiltré la section dans le but de saboter l’action syndicale tua un homme et en blessa un autre mortellement. Le 15 février 1915, la UMWA décida de révoquer la charte du district 26 et celle du district 28 de l’île de Vancouver.

La fin de la campagne syndicale signifia le chômage pour McLachlan, qui était en permanence sur la liste noire des exploitants miniers, tout comme le mineur de charbon Albert Goodwin*. Vers 1913, sa famille et lui s’étaient installés dans une petite ferme au sommet d’une colline à Steeles Hill, à la limite de la ville de Glace Bay, où ils élevaient des poulets et des vaches, et cultivaient des patates et des choux. Ses enfants se souviendraient de McLachlan comme d’« un vrai père écossais », qui lisait la Bible à haute voix et exigeait qu’ils apprennent des versets par cœur. McLachlan suivait des cours par correspondance, s’entraînait à l’art oratoire et lisait des livres publiés par Charles H. Kerr and Company, maison de publication radicale. Il possédait dans sa collection des titres comme History of Canadian wealth de Gustavus Myers, le deuxième volume de The ancient lowly […] de Cyrenus Osborne Ward et The origin of the family, private property and the state de Friedrich Engel, tous parus à Chicago, respectivement en 1914, 1900 et 1910. Il se présenta comme candidat socialiste aux élections à la Chambre d’assemblée provinciale en 1916 ; le bulletin de vote indiquait que sa profession était « fermier ». Il obtint 1 038 votes, mais finit au dernier rang.

Quand, en 1917, l’agitation ouvrière menaça la production houillère, essentielle à l’effort de guerre canadien, le gouvernement fédéral nomma une commission royale d’enquête chargée de se pencher sur le problème. Il en résulta une fusion entre la PWA et la United Mine Workers of Nova Scotia (créée en 1916), qui donna naissance à l’Amalgamated Mine Workers of Nova Scotia (AMWNS), syndicat indépendant et acceptable du point de vue des exploitants de charbon. Lorsque les mineurs choisirent des membres pour le comité directeur du nouveau syndicat, les postes principaux furent confiés à d’anciens hommes de la UMWA, y compris McLachlan, qui devint secrétaire-trésorier. En poste, il prouva une fois de plus qu’il était un administrateur compétent, qui négociait des accords et faisait pression sur les gouvernements, tout en ne cachant pas son mépris pour les spéculateurs et les « chasseurs de coupons » qui s’enrichissaient aux dépens des mineurs. À la suite de l’explosion à la houillère no12 à New Waterford, le 25 juillet 1917, qui tua 65 hommes et garçons, McLachlan exerça de fortes pressions pour que les familles soient indemnisées, que les représentants de la compagnie soient poursuivis en justice et que des modifications soient apportées à la loi provinciale (le Coal Mines Regulation Act), comme l’élection d’inspecteurs de mines et l’instauration d’une journée de huit heures. Dans le « rapport de reconstruction » présenté au deuxième congrès annuel de l’AMWNS, en 1918, le syndicat demanda la nationalisation de l’industrie et d’autres réformes, reprenant les requêtes des mineurs et du Parti travailliste en Grande-Bretagne. Pendant ce temps, afin d’appuyer la campagne du syndicat pour l’augmentation salariale, McLachlan organisa un concours dans lequel les femmes des villes minières étaient invitées à fournir des renseignements sur les dépenses de leur ménage ; publiés dans le Canadian Labor Leader, journal de Sydney, les budgets mettaient en évidence l’extrême frugalité dont devraient faire preuve les familles pour survivre avec le salaire quotidien de base de 3,50 $ proposé pour le travail minier souterrain. McLachlan nota qu’il fallait que la femme du mineur soit « le plus grand financier du monde » –, et le message sous-entendait que les hommes qui étaient soutiens de famille avaient la responsabilité d’obtenir un meilleur revenu familial.

L’AMWNS ne serait qu’un organisme de transition, puisqu’au début de 1919, McLachlan convainquit la UMWA de concéder une nouvelle charte au district 26, qui fut officiellement réorganisé le 1er mai 1919. Encouragées par Charles Alexander Magrath*, contrôleur fédéral du combustible, et Gideon Decker Robertson, ministre fédéral du Travail, les compagnies charbonnières acceptèrent de reconnaître le syndicat et de lui accorder sa journée de huit heures, et les mineurs appuyèrent massivement le retour à l’UMWA. En 1919, tandis que dans d’autres parties du Canada se propageait une agitation ouvrière générale, les terrains houillers de la Nouvelle-Écosse connaissaient une stabilité relative. Néanmoins, McLachlan resta occupé : il suivit le déroulement de la grève générale de Winnipeg [V. Mike Sokolowiski*] avec inquiétude, protesta contre les modifications apportées à la Loi sur l’immigration dans le but de permettre la déportation sommaire de tous les immigrants nés en Grande-Bretagne et à l’étranger accusés de sédition, et réclama une grève générale en septembre pour appuyer la remise en liberté sous caution des meneurs de grève arrêtés. Il vendit des Workers’ Liberty Bonds afin d’amasser des fonds pour leur défense, et, le 1er mai 1920, il organisa une journée de « congé » pour protester contre leur condamnation. Entre-temps, au printemps de 1919, McLachlan avait décrit sa propre conception du radicalisme ouvrier dans un texte remarquable destiné à un concours d’essais du Halifax Herald qui avait pour thème « le prédicateur idéal pour les temps nouveaux ». McLachlan y développait un « évangile de l’économie » dans lequel le « prédicateur idéal » devait aider les exploités et sauver les déshérités : « Chez Moïse et Jésus et Marx et Carlyle, un thème marquant se retrouve dans tous leurs enseignements, peu importe à quel point le langage utilisé a pu varier. Les péchés qu’ils ont tous dénoncés avec le plus d’acharnement étaient des péchés économiques, et la mission de chacun d’eux dans la vie était de délivrer les opprimés. » Pour McLachlan, le « prédicateur idéal » des temps modernes était le chef travailliste.

Le succès du syndicat des mineurs s’accompagna d’un renouvellement de la politique travailliste. McLachlan devint président de l’Independent Labour Party du Cap-Breton en novembre 1917, mais il céda sa place à Arthur Remington Richardson en 1918, même s’il demeura président honoraire. Au moment des élections provinciales de 1920, la popularité de McLachlan était indéniable ; s’il s’était présenté à ces élections, il aurait certainement été l’un des quatre candidats travaillistes victorieux qui balayèrent la circonscription de Cape Breton County. Pendant ce temps, la voix des ouvriers se faisait davantage entendre avec la création du Maritime Labor Herald, avec à sa tête le rédacteur en chef socialiste d’expérience William Ulric Cotton* ; McLachlan était un des directeurs de l’hebdomadaire, auquel il collaborait fréquemment. En 1921, il fut nommé candidat fermier-ouvrier dans la circonscription binominale de Cape Breton South et Richmond en vue des élections fédérales de décembre. Dénoncé et ridiculisé par le conservateur Sydney Post, le ticket « agraire-socialiste » réussit bien néanmoins ; McLachlan obtint la majorité absolue dans les districts miniers et vint en tête du scrutin à Sydney. Il recueillit 8 914 votes, total plus élevé que celui obtenu par les candidats travaillistes victorieux Woodsworth, à Winnipeg, et William Irvine*, à Calgary, mais insuffisant pour l’emporter dans sa vaste circonscription.

À la fin des années 1910 et au début des années 1920, McLachlan fut réélu plusieurs fois de suite au bureau syndical et négocia une série de contrats avec les exploitants de charbon, plus particulièrement l’accord de 1920 conclu sous la supervision d’une commission de conciliation présidée par Clarence Dunlop Mackinnon. Les contrats prévoyaient d’importantes augmentations salariales, surtout pour les ouvriers au bas de l’échelle de classification et de rémunération des emplois. McLachlan s’attira des critiques en raison de concessions faites aux exploitants, dont des clauses reconnaissant les droits de la direction et limitant le pouvoir des comités de mineurs de charbon, mais il fit taire l’opposition grâce à sa solide réputation et en rappelant aux ouvriers la nécessité de garder la reconnaissance syndicale. Le plus redoutable défi du syndicat vint de la British Empire Steel Corporation Limited (Besco), société de portefeuille située à Montréal et constituée par le financier Roy Mitchell Wolvin* ; celle-ci prit le contrôle de presque toutes les compagnies charbonnières et sidérurgiques de la province en 1921. Les plans irréalistes de la Besco pour diluer ses actions et améliorer ses bénéfices nets furent contrariés par des changements de la conjoncture économique et la résistance énergique des mineurs. Quand la société imposa des réductions de salaire au début de 1922, McLachlan s’opposa à cette décision devant les tribunaux, parce qu’elle violait l’article 57 de la Loi des enquêtes en matière de différends industriels [V. William Lyon Mackenzie King*]. Le juge Benjamin Russell de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse soutint l’interprétation de McLachlan et prononça une injonction contre la nouvelle échelle salariale, mais un groupe de juges, dont faisait partie Humphrey Pickard Wolfgang Mellish, annula rapidement cette décision. McLachlan mena alors les mineurs dans une grève perlée afin de réduire la production. Cette méthode fut dénoncée par le ministre fédéral du Travail James Murdock*, qui la qualifia de « non britannique, non canadienne et lâche » ; McLachlan fit valoir que la limitation de la production était à la fois une tactique traditionnelle, empruntée à l’époque où il travaillait dans les mines du Lanarkshire, et un moyen pour défendre le niveau de vie des mineurs. Le conflit se poursuivit et, en août, les mineurs lancèrent une « grève à 100 % » ; ils retirèrent même les préposés à l’entretien, dont le travail consistait à protéger les mines contre l’eau et autres dangers. Ces dernières restèrent fermées durant plusieurs semaines, et environ 1 200 soldats affluèrent dans la zone de grève. Même si l’entente, finalement conclue plus tard dans le mois, ne rétablit pas complètement les salaires de 1921, McLachlan avait fait la preuve de ses compétences tactiques en tant que dirigeant.

Dans la foulée de la grève, McLachlan s’attendit à une accélération de la lutte des classes dans la région. Il encouragea la création d’un collège ouvrier, inspiré du Ruskin College à Oxford, en Angleterre, dont il souhaitait la prise en charge par un intellectuel radical de premier ordre, comme l’Américain Scott Nearing. En 1922, McLachlan s’était joint au Parti communiste du Canada, fondé en 1921 comme branche canadienne de la IIIe Internationale. Timothy Buck*, l’organisateur du parti, assista au congrès de la UMWA en juin 1922, où les mineurs adoptèrent des résolutions caractérisées par une fusion des rhétoriques chartiste et communiste, et réclamèrent « le renversement complet du système capitaliste et de l’État capitaliste, pacifique si [possible], par la force si [nécessaire] ». En octobre, McLachlan demanda aux syndicats de tout le pays d’adhérer à « un front uni de tous les ouvriers » en faveur d’un programme radical. L’inquiétude au sujet de l’influence du « mclachlanisme » parmi les mineurs donna lieu à plusieurs retournements en 1923. Au siège international à Indianapolis, dans l’Indiana, John Llewellyn Lewis, président de la UMWA, menait une politique visant à limiter l’autonomie de tous les districts. Lorsque Lewis protesta contre l’apparent virage communiste du district 26, McLachlan mit de côté les plans d’affiliation à l’Internationale syndicale rouge, dont le siège social se trouvait à Moscou.

McLachlan consacra son attention à un autre défi en 1923, quand il soutint les efforts d’organisation des métallurgistes de Sydney, qui avaient échoué dans leurs tentatives précédentes pour obtenir la reconnaissance syndicale et qui s’attaquaient désormais à la Besco. Une première grève, en février, se solda par un échec, mais les ouvriers fermèrent l’usine le 28 juin 1923 lorsque les administrateurs de la compagnie refusèrent leur plus récente demande. Le dimanche 1er juillet, une escouade de la police à cheval provinciale attaqua des grévistes aux portes de l’usine et des piétons dans les rues voisines. McLachlan publia une circulaire syndicale où il exposait en détail les actes posés par la police et appelait les mineurs à faire la grève pour appuyer les métallurgistes. « Aucun mineur ou travailleur minier, écrivit-il, ne peut rester au travail pendant que ce gouvernement fait de Sydney une jungle. » Le procureur général provincial Walter Joseph Aloysius O’Hearn, qui avait déjà ordonné des descentes au domicile de McLachlan dans le but d’y rechercher des écrits « séditieux », avait attendu qu’une telle occasion se présente ; des mandats d’arrêt furent lancés contre McLachlan et le président du district Daniel Livingstone sous l’inculpation de « publication illégale d’histoires fausses ». Amenés à Halifax, ils furent libérés sous caution à temps pour rencontrer, le 17 juillet, le gouverneur général lord Byng, qui voyageait en train et dont la voiture s’était arrêtée à Pictou pour les fêtes en l’honneur du cent cinquantième anniversaire de l’arrivée du Hector. Selon les syndicalistes présents, y compris le maire de Glace Bay, Daniel William Morrison, le gouverneur général accepterait d’appuyer le retrait des forces armées de la zone de grève si les dirigeants syndicaux garantissaient le retour au travail des mineurs. Le premier ministre King accuserait Byng d’« ingérence inconstitutionnelle » à cause de sa promesse, mais il avait apparemment lui-même encouragé le ministre de la Défense nationale Edward Mortimer Macdonald, qui était à Pictou avec le gouverneur général à chercher un arrangement. Pour McLachlan, le prétendu accord Byng était « une victoire pour les ouvriers », mais elle fut de courte durée. Plus tard cette journée-là, le syndicat international rendit une très longue ordonnance dans laquelle Lewis révoquait la charte du district 26, destituait tous les membres de son comité directeur, dénonçait la grève de solidarité comme une violation du contrat existant du syndicat et condamnait la politique tout entière du district comme une « folle aventure » animée par le « mauvais génie » McLachlan.

McLachlan passa en jugement devant le juge Mellish à Halifax, en octobre 1923, sous l’inculpation révisée d’écrits diffamatoires séditieux. La question de sa culpabilité ne reposait plus désormais sur la véracité de ses propos, mais sur ses intentions ; l’accusation de sédition impliquait un haut niveau de déloyauté envers l’État et était passible d’une peine plus sévère. La poursuite était fondée principalement sur la publication dans la presse de Halifax, le 6 juillet, de la circulaire syndicale où il demandait aux mineurs de prendre part à une grève de solidarité ; celle-ci s’était rendue jusqu’aux journaux grâce à un correspondant de la Presse canadienne, qui l’avait reçue d’un cadre supérieur de la compagnie. Les avocats de McLachlan, dont le futur premier ministre conservateur Gordon Sidney Harrington*, présentèrent des arguments procéduraux ; ils contestèrent, par exemple, l’inclusion d’éléments de preuve comme la copie de l’acte constitutif de l’Internationale syndicale rouge que possédait McLachlan, et demandèrent aussi le renvoi de l’affaire devant une autre juridiction. Cependant, ils n’arrivèrent pas à faire face aux implications politiques du procès. McLachlan aurait bien pu suivre l’exemple de Joseph Howe* ou de Frederick John Dixon (ce dernier avait été accusé dans l’affaire de la grève générale de Winnipeg), et présenter des arguments en faveur de la liberté d’expression au service de l’intérêt public. Il choisit néanmoins de se taire et sembla accepter le fait que sa condamnation par le jury de Halifax était inévitable. Après la prononciation du verdict, Mellish le condamna à deux ans de détention au pénitencier de Dorchester, au Nouveau-Brunswick, même s’il resta à la prison du comté de Halifax jusqu’au rejet d’un appel en janvier. Quand McLachlan arriva à Dorchester, le directeur recevait déjà des demandes de renseignements sur sa libération, parce que son affaire était devenue une cause célèbre dans les cercles ouvriers canadiens. Le premier ministre King reçut des pétitions non seulement des administrations municipales de villes du charbon et d’organisations ouvrières de partout dans le pays, mais aussi de Woodsworth et de Thomas Phillips Thompson, travailliste intellectuel expérimenté. Le 28 février 1924, le gouverneur général approuva officiellement la libération conditionnelle de McLachlan. Pendant qu’il était en prison, McLachlan avait passé une partie de son temps à relire Carlyle et à entretenir une correspondance amusante avec une de ses filles (« n’essaie pas d’y entrer avant que j’en sorte »). Il fut libéré le 5 mars, et sa femme et lui furent réunis à Truro, en Nouvelle-Écosse. En moins d’une journée, McLachlan se retrouva dans son élément devant un public de mineurs, qu’il divertit en leur faisant le récit de son crime et de son châtiment. « La sédition, aurait-il dit, c’est lorsque vous protestez contre les injustices faites aux travailleurs […] Leurs injustices finiront par être réparées. Si vous dites cela assez fort, vous risquez d’être mis en prison pour sédition. »

Dans les années qui suivirent, McLachlan resta très présent parmi les mineurs et partout dans le pays. Peu après son retour à Glace Bay, il prit en main le Maritime Labor Herald, qu’il dirigea jusqu’à ce qu’une baisse de diffusion le pousse à la fermeture définitive, en 1926, après avoir été fermé pendant de longues périodes en 1924 et en 1925 à cause d’incendies d’origine suspecte. McLachlan dirigea aussi le Nova Scotia Miner, publié à Glace Bay en 1929–1930 et de 1931 à 1936. En matière de stratégie syndicale, McLachlan conseilla aux mineurs, en 1924, de ne pas quitter la UMWA pour se joindre au radical One Big Union ; cette menace de défection contribua cependant à la remise en vigueur de la charte du district 26 plus tard dans le courant de l’année. On empêcha McLachlan d’occuper un poste dans le district rétabli ; son influence fut néanmoins évidente dans l’élection de nouveaux membres du comité directeur qui se décrivaient comme ses disciples. Mais durant la grève prolongée de 1925, tenue pour dénoncer une autre série de baisses de salaire, McLachlan fut consterné par la lente marche vers la défaite que la nouvelle direction semblait prête à accepter – « pas de piquetage, rien que de la mendicité, et être respectable » – et il craignait que la Besco ne soit fermement décidée à chasser le syndicat de l’industrie du charbon. La situation atteignit un point de rupture quand la police de la société tira sur le mineur William Davis*, lors d’un affrontement qui eut lieu à la centrale électrique de Waterford Lake le 11 juin.

La crise dans les terrains houillers contribua à précipiter la défaite du gouvernement libéral d’Ernest Howard Armstrong* aux élections provinciales du 25 juin 1925. Le nouveau premier ministre conservateur, Edgar Nelson Rhodes*, trouva un accord provisoire relatif au conflit salarial, tandis qu’une commission royale d’enquête procédait à des investigations sur la Besco et l’industrie du charbon. Tandis qu’il comparaissait devant sir Andrew Rae Duncan, le père Hugh Peter MacPherson et l’homme d’affaires Hume Blake Cronyn, commissaires, McLachlan allégua que la cause profonde de l’agitation était la tentative irresponsable de la Besco de réaliser des profits à tout prix et de détruire les syndicats ; il ne cacha pas ses opinions communistes, et, en réponse aux provocations incessantes de Wolvin, fit des déclarations en faveur de la « nationalisation des mines avec droit de regard des travailleurs ». Présenté en janvier 1926, le rapport de la commission Duncan sur le charbon n’envisageait pas du tout l’étatisation ; il condamnait la place des politiques radicales au sein du syndicat, en mentionnant que les « théories communistes » de ses dirigeants faisaient partie du problème. Parallèlement, il demandait à la compagnie d’accepter le syndicat, et reconnaissait la réelle détresse économique des ouvriers. Le programme de McLachlan avait été tronqué dans le but de favoriser un arrangement avec des dirigeants plus modérés, mais le début de l’effondrement de la Besco, en 1926, et son futur remplacement par une Dominion Steel and Coal Corporation Limited restructurée donnèrent raison aux radicaux.

McLachlan ne recouvra jamais complètement la santé après son incarcération, et son affaiblissement était évident au moment des élections fédérales de 1925, quand des rapports de police notèrent qu’il n’était pas en pleine forme comme à son habitude. Il obtint 3 617 voix dans une nouvelle circonscription, Cape Breton South, centrée sur les terrains houillers du côté sud ; néanmoins, il ne balaya pas le district comme il l’avait fait en 1921, et le conservateur Finlay MacDonald, partisan du mouvement de défense des droits des Maritimes, remporta le siège. Quand une autre élection fut convoquée pour septembre 1926, Woodsworth, devenu l’un des partisans travaillistes de King à la Chambre des communes, insista pour que l’ancien premier ministre renonce à présenter un candidat libéral dans la circonscription industrielle, invoquant le fait qu’elle méritait un député travailliste. King accepta, et McLachlan eut sa meilleure chance d’être élu au Parlement ; cependant, il n’entra pas dans la course, et le candidat conservateur fut reporté au pouvoir. McLachlan tenta deux autres fois de se faire élire à l’Assemblée législative ; il obtint 2 589 voix en 1928, et 1 737 voix en 1933. Il se présenta encore dans Cape Breton South aux élections fédérales de 1935, et mena une campagne énergique comme candidat du Parti communiste. La perspective d’une grande manifestation « anti-Dieu » au Cap-Breton déclencha des attaques dans la presse locale et de la part d’églises catholiques. McLachlan obtint finalement 5 365 voix, soit un important 19 % du total ; c’était son meilleur résultat depuis 1921, ce qui représentait un témoignage de reconnaissance personnelle, mais indiquait aussi le virage à gauche pris par les électeurs au cours de la grande dépression. La possibilité d’une victoire travailliste dans Cape Breton South deviendrait réalité après la mort de McLachlan, quand le mineur Clarence Gillis, de la Fédération du Commonwealth coopératif, serait élu en 1940.

Tout au long des années 1930, McLachlan resta très connu et fut décrit dans la presse communiste comme le « doyen vénérable du mouvement ouvrier révolutionnaire au Canada ». En 1931, il visita l’Union soviétique et revint avec des observations favorables sur la place des mineurs dans la nouvelle société et des mots optimistes sur l’avancée du socialisme. L’année suivante, McLachlan présida la Workers’ Economic Conference à Ottawa (organisée en août pour coïncider avec la Conférence économique impériale) et fut l’un des délégués choisis pour se rendre au bureau du premier ministre Richard Bedford Bennett* dans le but de réclamer davantage d’aide financière et l’assurance-chômage. En 1933, McLachlan fut nommé président national de la Workers’ Unity League, poste en grande partie honoraire au sein de la fédération syndicale dirigée par des communistes, qui organisait des syndicats industriels radicaux pendant les premières années de la dépression. Il apporta aussi son soutien à la Canadian Labour Defence League et à la Canadian League Against War and Fascism.

En 1930, McLachlan avait failli quitter le Parti communiste, qui essayait de s’opposer à la UMWA avec une organisation dissidente conçue à la hâte, la Mine Workers’ Industrial Union of Nova Scotia ; cependant, deux ans plus tard, il donna son appui à la nouvelle Amalgamated Mine Workers of Nova Scotia (AMWNS). C’était aussi un syndicat communiste indépendant, mais celui-ci pouvait obtenir l’appui d’environ la moitié des 12 000 mineurs de charbon de la province, y compris celui de ses deux fils. Malgré tout, quand la province institua le comptage annuel des cartes de membre, l’AMWNS s’avéra incapable de déloger la UMWA de sa position bien établie.

La dernière bataille publique de McLachlan concernait la mise en œuvre de la politique de front uni révisée, entérinée par la IIIe Internationale à l’été de 1935. Déjà, en février de la même année, il avait lancé un appel, conjointement avec Thomas Alexander McEwen, au nom de la Workers’ Unity League, en faveur d’« une fédération syndicale ouvrière globale » au Canada. Quand il prit la parole au cours des réunions de la Workers’ Unity League en novembre, McLachlan souscrivit à une vision d’« unité syndicale », qui était en accord avec la méfiance que lui inspirait l’ensemble de la bureaucratie syndicale. Dans les mois qui suivirent, il surveilla la situation avec inquiétude, pendant qu’une politique d’« unité à tout prix » menaçait de balayer ses préoccupations. Son dilemme était particulièrement difficile en Nouvelle-Écosse, où les membres de l’AMWNS et de la UMWA poursuivaient des négociations dans le but de se réunifier ; toutefois, en mars 1936, la UMWA demanda le retour au bercail de tous les mineurs dans des conditions de capitulation, ce que des meneurs de l’AMWNS, tel que Gillis, virent comme un signe de « mauvaise foi ». L’irritation de McLachlan devant la tournure des événements fut exacerbée par l’arrivée de son vieil ennemi, Lewis, comme porte-parole de la cause du syndicalisme industriel en Amérique du Nord. Peu après cette débâcle, McLachlan quitta le Parti communiste et exposa plus tard ses raisons dans une lettre de caractère privé qu’il adressa à Buck. Il accusa le parti de « désespoir et de défaitisme » dans sa poursuite de la cause de l’unité des travailleurs, et finit en protestant : « Je refuse de suivre le parti au Canada dans sa triste marche vers la droite. » La démission de McLachlan n’était pas seulement une condamnation d’un compromis sans principes, mais aussi le résultat de l’hostilité personnelle qu’il nourrissait à l’égard de Lewis, à qui il devait d’avoir été démis de ses fonctions en 1923.

La santé de McLachlan déclina pendant la dernière année de sa vie. Douglas Neil Brodie, un vieux camarade du Parti socialiste, attribua son état à une aggravation d’un « trouble bronchique » qu’il avait attrapé en prison, et qui se serait transformé en tuberculose. McLachlan mourut dans la vieille ferme de Steeles Hill, le 3 novembre 1937, entouré de sa famille et de ses amis. Pendant le service funèbre, le révérend William T. Mercer, ministre de l’Église unie et candidat travailliste aux élections provinciales de 1937, décrivit McLachlan comme « un champion de sa classe » qui « avait des idéaux pour l’amélioration de l’humanité comme ceux de [Celui] qui parcourut la Palestine en aidant les femmes et les enfants ». Dans un hommage publié dans le Steelworker le 6 novembre, Brodie fit ressortir le don particulier de McLachlan : « Il connaissait les pensées, les luttes, les besoins et les aspirations des ouvriers, et pouvait comprendre et exposer leur cas à partir de sa propre expérience. » Le poète communiste Joseph Sylvester Wallace, qui comptait McLachlan parmi ceux qui avaient influencé sa propre conversion au socialisme, écrivit qu’il était « le plus grand Néo-Écossais depuis l’époque de Joe Howe, peut-être [le plus grand] de tous ». Le 7 novembre, des centaines de mineurs et leurs familles se joignirent au long cortège qui traversa les rues de Glace Bay jusqu’au cimetière Greenwood ; sa femme, morte le 7 mars 1939, y serait enterrée à ses côtés, sous une pierre gravée d’un verset de l’Ancien Testament : « Ouvre ta bouche, juge avec justice, et défends le malheureux et l’indigent. »

En 1926, Eugene Alfred Forsey* écrivit que l’histoire de James Bryson McLachlan était « une des épopées du syndicalisme canadien », et que « les mineurs n’oubli[eraient] jamais son “service acharné et remarquable” ». De ce point de vue, McLachlan est facilement identifié comme l’un des meneurs de la classe ouvrière du début du xxe siècle qui luttèrent pour obtenir la reconnaissance syndicale et hâtèrent le cours des réformes sociales, grâce à une politique d’activisme syndical qui fit avancer les revendications des ouvriers. McLachlan se battit plus fort que la plupart, parce qu’il était poussé par une continuelle inquiétude au nom de sa classe, qui ne pourrait jamais se satisfaire des arrangements offerts par les lois industrielles. Son expérience personnelle et sa formation intellectuelle lui avaient appris que les ouvriers étaient les élus de l’histoire, et que le capitalisme ne pouvait pas engendrer la paix sociale et la solidarité humaine. Sur la tribune, sa rhétorique était sincère et incisive, allégée par un talent inné pour parler aux gens simples et un sens de l’humour mordant et espiègle. De l’extérieur, on pouvait le trouver peu avenant : en 1925, un journaliste du Maclean’s le décrivit comme « un homme petit, aux jambes arquées, avec un visage ridé et grêlé par des années de lutte, des yeux perçants sous des sourcils en broussaille, une moustache rousse hirsute ». Le même journaliste trouvait aussi qu’il avait « quelque chose de franchement sympathique » : « C’est un homme qui a un fort sens commun sous son absurdité communiste, et c’est un combattant intelligent et plein de ressources. » Parmi ceux qui le connaissaient le mieux, McLachlan était considéré comme un père de famille bienveillant, avec des sentiments puissants et des habitudes modestes, dont la personnalité dans sa vie privée était souvent en contradiction avec sa réputation de fauteur de troubles communiste. Même si ses plus grands rêves ne se réalisèrent pas de son vivant, l’importance de son appel et l’authenticité de son statut de héros de la classe ouvrière ne font aucun doute. Pour résumer une série d’entrevues avec des mineurs de charbon, de nombreuses années après la mort du chef syndical, le sociologue John E. deRoche fit ressortir l’importance durable de McLachlan : « J. B. incarnait la bonté, la générosité, le courage, la vivacité d’esprit, la prévoyance, la juste colère, la sainteté et le martyre. » Le jour de la fête du Travail, en 1992, un grand monument commémoratif en l’honneur de McLachlan fut placé à l’un des principaux carrefours de Glace Bay. Le Cape Breton Post de Sydney fit remarquer d’un ton approbateur, à propos des dalles simples et à l’inscription qu’elles portaient, qu’« il [était] important que l’image de J. B. McLachlan ne soit pas embellie pour une question de respectabilité officielle. Il avait une qualité hors-la-loi qui était essentielle à celui qu’il était et à la façon dont le mouvement ouvrier s’[était] développé à son époque. Une réhabilitation trop complète serait une violation. »


David Frank

James Bryson McLachlan est l’auteur du court mémoire « Floors that have talked to me », qui a été publié dans une revue pour enfants, Always Ready [Toronto], 1, no 2 (mars 1934) : 19–20 , et réimprimé avec notre présentation dans Cape Breton’s Magazine (Wreck Cove, N.-É.), no 74 (juin 1999) : 1, 75. McLachlan a aussi écrit un essai en 1919, qui a paru dans le Halifax Citizen le 2 févr. 1923, et que nous avons republié avec une introduction sous le titre « The economic gospel of J. B. McLachlan », New Maritimes (Enfield, N.-É.), 2 (1983–1984), no 4 : 3. Avec John Manley, nous avons reproduit sa lettre de démission du Parti communiste du Canada : « The sad march to the right : J. B. McLachlan’s resignation from the Communist Party of Canada, 1936 », le Travail (St John’s), 30 (1992) : 115–134. McLachlan a également été le directeur de deux journaux de Glace Bay, N.-É., le Maritime Labor Herald et le Nova Scotia Miner.

Il n’existe aucune collection majeure de sources primaires relatives à McLachlan, mais nous présentons une grande partie de nos recherches dans notre ouvrage J. B. McLachlan : a biography (Toronto, 1999). Au Beaton Instit. à la Cape Breton Univ. (Sydney, N.-É.), nous avons consulté des entrevues, des brochures, des blocs-notes et d’autres articles, dont plusieurs documents importants dans les papiers de Stephen Dolhanty (SB no 63), John L. MacKinnon (MG 19.11) et James Tompkins (MG 10.2). Le Stuart McCawley scrapbook, au Cape Breton Miners’ Museum à Glace Bay, nous a aussi été utile. Aux NSA, nous avons utilisé : E. H. Armstrong fonds (MG 2, vol. 1–62A et MG 3, vol. 350–351) ; N.S. Dept. of Mines fonds (104), United Mine Workers of America, Dist. 26, papers (mfm 10020–33) et Mines and mining in N.S. (mfm 10002–16 et 10034–37) ; Edgar N. Rhodes fonds (MG 2, vol. 404–421C, 562–588, 1099–1205 et 1216–1219) ; et Royal commission on coal mines in prov., 1926 (aussi connu sous le nom de first Duncan commission) (RG 44, vol. 1, no 5 et no 95), Minutes of evidence (mfm 3897–99). Nous avons consulté des dossiers de la United Mine Workers Arch., dont de la correspondance entre les districts et le président de la UMWA, box 111, folders 2–9 (corr. avec J. B. McLachlan), aux bureaux et à l’entrepôt de la UMWA à Washington et à Alexandria, en Virginie (cette collection fait maintenant partie des Hist. Coll. and Labour Arch. conservées dans la Special Coll. Library à la Pennsylvania State Univ. à University Park). Grâce à la Loi sur l’accès à l’information, nous avons pu faire des recherches dans le volumineux dossier sur McLachlan, créé par la Gendarmerie royale du Canada. Celui-ci est maintenant disponible à BAC, dans le Fonds du Service canadien du renseignement de sécurité (R929-0-4), où nous avons également consulté des documents relatifs au procès de McLachlan et à ses appels ultérieurs dans le fonds du ministère de la Justice (R188-0-3). Au même endroit, le fonds du ministère du Travail (R224-0-4) nous a été très utile, tout comme celui du Communist Party of Canada (R3137-0-5) et celui de J. S. Woodsworth (R5904-0-1). Nous y avons recueilli de l’information supplémentaire dans les fonds de R. B. Bennett (R11336-0-7), sir Robert Borden (R6113-0-X), William Lyon Mackenzie King (R10383-0-6), sir Wilfrid Laurier (R10811-0-X), Charles Alexander Magrath (R4901-0-X) et Arthur Meighen (MG 26, I), ainsi que dans les documents microfilmés du Communist International fonds (MG 10, K3). Nous avons consulté la constitution, les règlements administratifs et les procès-verbaux des délibérations du Grand Council de la Provincial Workmen’s Assoc. of N.S. and N.B., 1879–1917 (mfm) et les registres de l’AMWNS à la Labour Canada Library à Ottawa, qui a été remplacée par la bibliothèque de Service Canada. Nous avons utilisé d’autres collections, dont l’Alexander Albert MacLeod fonds (F 126) et les Records relating to the Communist Party of Canada (F 2157-4) aux AO, le H. L. Stewart fonds (MS-2-45) et le United Mine Workers of America, Local 4514 fonds (MS-9-32) aux DUA (Halifax), ainsi qu’un registre des procès-verbaux de la branche de l’AMWNS à Springhill, N.-É., 1917–1918, dans la Father Charles Brewer Celtic Coll. à la St Francis Xavier Univ. Library (Antigonish, N.-É.).

Nous avons glané de l’information sur l’histoire de la famille dans des cahiers du recensement, des registres paroissiaux, des annuaires, des certificats de naissance, de mariage et de décès conservés aux NRS, à la National Library of Scotland et aux NSA. Nous nous sommes entretenu avec des membres de la famille, dont plusieurs nous ont donné accès à des documents en leur possession : la petite-fille de McLachlan, Mary McLachlan Sanger ; ses filles, feu Eva Pemberton, Jean Robinson et Elsie Warner ; et ses fils, feu James B. McLachlan et Tom McLachlan. Des entrevues et des conversations avec Murdoch Clarke, Eugene Alfred , Maurice MacDonald, Archie McIntyre, Joseph Nearing (qui nous a procuré un bloc-notes), C. B. Wade et Annie Whitfield nous ont également été utiles. De courts comptes rendus biographiques ont été écrits sur McLachlan par ses contemporains, dont D. N. Brodie, « J. B. McLachlan », Steelworker (Sydney), 7 nov. 1937 : 15–16 et J. S. Woodsworth, « Jim McLachlan, labor covenanter », Sydney Post, 1er oct. 1923 : 10. Une appréciation écrite par son petit-fils J. B. McLachlan, mais non publiée, nous a été fournie par Terry McVarish, de Glace Bay. McLachlan est mentionné dans les ouvrages suivants : Tim Buck, Yours in the struggle : reminiscences of Tim Buck, William Beeching et Phyllis Clarke, édit. (Toronto, 1977), dans lequel on trouve moins de détails que dans les transcriptions d’entrevues enregistrées conservées à BAC (MG 32, G3) ; George MacEachern, George MacEachern : an autobiography ; the story of a Cape Breton labour radical, David Frank et Don MacGillivray, édit. (Sydney, 1987) ; George Pearson, « Communism in Cape Breton : a general review of the situation and an interview with Communist McLachlan », Saturday Night, 5 déc. 1925 : 3, 5, et N. R. Raine, « Toilers under the sea : Cape Breton folks », Maclean’s, 15 janv. 1925 : 20, 38–40. Pour un récit en vers, on lira, entre autres, « The case of Jim McLachlan », initialement publié en 1924 et repris dans Dawn Fraser, Echoes from labor’s wars, introd. par David Frank et Don MacGillivray (éd. augmentée, Wreck Cove, 1992), 20–30. Pour en savoir davantage sur la réputation de McLachlan, nous renvoyons le lecteur à : J. E. deRoche, « Making history : a sociological study », dans Report of the fourth annual meeting of the Atlantic Oral History Association […], Shannon Ryan, compil. (St John’s, 1982), 163–173 ; Michael Earle, « The legacy : manipulating the myth of McLachlan », New Maritimes, 6 (1987–1988), nos 4–5 : 10–13 ; Peter Flosznick, « Jim McLachlan song », et Charlie MacKinnon, « The ballad of JB McLachlan », dans J. C. O’Donnell, « And now the fields are green » : a collection of coal mining songs in Canada (Sydney, 1992), 108–109 et 110–11 ; « The image : J. B. and the “red years” through the eyes of the Halifax Herald », New Maritimes, 6, nos 4–5 : 8–9.

Nous avons trouvé de l’information dans les revues et journaux suivants : Canadian Forum (Toronto), Canadian Labor Defender (Toronto), Canadian Labor Leader (Sydney), Canadian Mining Journal (Gardenvale [Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec]), Casket (Antigonish), Cotton’s Weekly (Cowansville, Québec), Eastern Labor News (Moncton, N.-B.), Glace Bay Gazette, Halifax Herald, International Socialist Rev. (Chicago), Labour Leader (Londres), One Big Union Bull. (Winnipeg), Sydney Post, Sydney Post-Record, United Mine Workers Journal (Indianapolis, Ind.), Worker (Toronto), Workers’ Unity (Toronto) et Workers Weekly (Stellarton, N.-É.). Nous avons aussi trouvé du matériel utile dans Canada, Chambre des communes, Débats ; Parl., Doc. de la session ; la Gazette du travail (Ottawa) ; et d’autres rapports et publications du gouvernement.

Voici des textes qui traitent du contexte de la vie et de l’époque de McLachlan : E. A. Forsey, Economic and social aspects of the Nova Scotia coal industry (Montréal, 1926) et C. B. Wade, « History of District 26, United Mine Workers of America, 1919–1941 » (texte dactylographié, 1950 ; mfm 3582 aux NSA). Parmi les récits qui s’adressent à un plus grand public, nous suggérons Paul MacEwan, Miners and steelworkers : labour in Cape Breton (Toronto, 1976) et John Mellor, The company store : James Bryson McLachlan and the Cape Breton coal miners, 1900–1925 (Toronto, 1983). Parmi les articles et chapitres de livres érudits et pertinents figurent : Barry Cahill, « Howe (1835), Dixon (1920) and McLachlan (1923) : comparative perspectives on the legal history of sedition », Univ. of New Brunswick Law Journal (Fredericton), 45 (1996) : 281–307 ; Michael Earle, « The coalminers and their “red” union : the Amalgamated Mine Workers of Nova Scotia, 1932–1936 », le Travail, 22 (1988) : 99–137 ; les nôtres : « The Cape Breton coal industry and the rise and fall of the British Empire Steel Corporation », Acadiensis, 7 (1977–1978), no 1 : 3–34 ; « Contested terrain : workers’ control in the Cape Breton coal mines in the 1920s », dans On the job : confronting the labour process in Canada, Craig Heron et Robert Storey, édit. (Kingston, Ontario, et Montréal, 1986), 102–123 ; « Industrial democracy and industrial legality : the UMWA in Nova Scotia, 1908–1927 », dans The United Mine Workers of America : a model of industrial solidarity ?, J. H. M. Laslett, édit. (University Park, 1996), 438–455 ; « The miner’s financier : women in the Cape Breton coal towns, 1917 », Atlantis (Halifax), 8 (1982–1983), no 2 : 137-43 ; « Tradition and culture in the Cape Breton mining community in the early twentieth century », dans Cape Breton at 200 : historical essays in honour of the island’s bicentennial, 1785–1985, Kenneth Donovan, édit. (Sydney, 1985), 203–218 ; « The trial of J. B. McLachlan », SHC, Communications hist. (1983) : 208–225 ; « Working-class politics : the election of J. B. McLachlan, 1916–1935 », dans The Island : new perspectives on Cape Breton history, 1713–1990, Kenneth Donovan, édit. (Fredericton et Sydney, 1990), 187–219 ; ainsi que l’article que nous avons écrit avec Nolan Reilly, « The emergence of the socialist movement in the Maritimes, 1899–1916 », le Travailleur (Halifax), 4 (1979) : 85–113 ; Don MacGillivray, « Military aid to the civil power : the Cape Breton experience in the 1920’s », Acadiensis, 3 (1973–1974), no 2 : 45–64 ; Robert McIntosh, « The boys in the Nova Scotian coal mines, 1873–1923 », Acadiensis, 16 (1986–1987), no 2 : 35–50 ; Ian McKay, « “By wisdom, wile or war” : the Provincial Workmen’s Association and the struggle for working-class independence in Nova Scotia, 1879–97 », le Travail, 18 (1986) : 13–62 ; John Manley, « Preaching the red stuff : J. B. McLachlan, communism, and the Cape Breton miners, 1922–1935 », le Travail, 30 (1992) : 65–114 ; D. [A.] Muise, « The making of an industrial community : Cape Breton coal towns, 1867–1900 », dans Cape Breton historical essays, Don MacGillivray et B. [D.] Tennyson, édit. (Sydney, 1980), 76–94 ; et Steven Penfold, « “Have you no manhood in you ?” : gender and class in the Cape Breton coal towns, 1920–1926 », Acadiensis, 23 (1993–1994), no 2 : 21–44. Pour en savoir davantage, nous suggérons les ouvrages suivants : Ian Angus, Canadian bolsheviks : the early years of the Communist Party of Canada (Montréal, 1981) ; The Atlantic provinces in confederation, E. R. Forbes et D. A. Muise, édit. (Toronto et Fredericton, 1993) ; Peter Campbell, Canadian Marxists and the search for a third way (Montréal et Kingston, 1999) ; Cape Bretoniana : an annotated bibliography, B. D. Tennyson, édit. (Toronto, 2005) ; Melvyn Dubofsky et Warren Van Tine, John L. Lewis : a biography (New York, 1977) ; M. B. Fox, United we stand : the United Mine Workers of America, 1890–1990 (Washington, 1990) ; Independent collier : the coal miner as archetypal proletarian reconsidered, Royden Harrison, édit. (Hassocks, Angleterre, 1978) ; Kenneth McNaught, A prophet in politics : a biography of J. S. Woodsworth (Toronto, 1959) ; Norman Penner, Canadian communism : the Stalin years and beyond (Toronto, 1988) ; et Fred Reid, Keir Hardie : the making of a socialist (Londres, 1978).

Bibliographie générale

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David Frank, « McLACHLAN, JAMES BRYSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclachlan_james_bryson_16F.html.

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Auteur de l'article:    David Frank
Titre de l'article:    McLACHLAN, JAMES BRYSON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2013
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    19 mars 2024