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McLEAN, DONALD, chef de poste de la Hudson’s Bay Company et éleveur de bétail, né en 1805 à Tobermory, île de Mull, Écosse, décédé le 17 juillet 1864 à Chilcotin, en Colombie-Britannique.
Donald McLean, un rouquin grand et fort, entra au service de la Hudson’s Bay Company en 1833 comme apprenti commis et fut affecté au département de Western pour deux ans. Par la suite, il se joignit aux expéditions dirigées par Thomas McKay et John McLeod* dans la région de la rivière Snake (Oregon). En 1839, il fut transféré au fort Colvile (près de ce qui est aujourd’hui Kettle Falls, Washington), où il servit sous Archibald McDonald* et fut promu commis l’année suivante au poste de Flathead (Montana) ; il y vécut avec une Hispano-Indienne qu’il quitta en 1853 ou en 1854.
Transféré en 1842 au district de New Caledonia, il fut en charge par intermittence des postes de Chilcotin, de Babine et de McLeod et travailla au fort Alexandria sur le fleuve Fraser sous les ordres de Donald Manson*. Ce district était la « Sibérie de la traite des fourrures » : on y envoyait les employés turbulents pour qu’ils se calment dans ce rude climat avec une ration de trois saumons séchés par jour. Les hommes étaient violents et durs tout comme la discipline qu’on leur imposait. Le gouverneur George Simpson* avait sans doute raison de condamner la « loi de la matraque » appliquée par Manson, McLean et Paul Fraser, mais peut-être les méthodes raisonnables avaient-elles échoué.
Parfois, sans aucune raison valable, les trafiquants de fourrures perpétraient des actes de violence à l’endroit des Indiens. En 1849, l’Indien Tlelh tua Alexis Bélanger, un Métis au service de la Hudson’s Bay Company, après avoir été vivement provoqué. McLean, qui se trouvait à cette époque à Alexandria, organisa une chasse à l’homme infructueuse et déversa sa bile sur les parents de Tlelh, en tuant deux hommes et un bébé. « Ces vicieux, ces vauriens ingrats, assoiffés de sang, perfides et lâches, écrivit-il à Manson au sujet de ceux qui hébergeaient Tlelh, devraient être punis sur-le-champ pour leur acte ; qu’on les pende d’abord et qu’on réunisse ensuite un jury pour les déclarer coupables ou non coupables. » Ses supérieurs acceptèrent apparemment cette attitude. Les Indiens allaient s’en souvenir à mesure que leur aversion pour les envahisseurs blancs et, en particulier, pour McLean augmentait.
McLean fut nommé chef de poste en 1853 et, deux années plus tard, après la mort de Fraser, prit la tête du poste de la rivière Thompson (Kamloops). Il y améliora l’élevage de chevaux et accrut les troupeaux de bêtes à cornes ; avec ses fils qui grandissaient, il fit aussi de l’élevage à son propre compte. Bientôt il fut mis au courant qu’il y avait de l’or dans la région, mais la Hudson’s Bay Company empêcha d’en diffuser la nouvelle jusqu’en 1857, alors que les autocrates du commerce des fourrures cédèrent progressivement devant les intérêts miniers et coloniaux.
Le lieutenant Richard Charles Mayne, officier de marine en visite officielle à Kamloops en 1859, fit l’éloge de McLean en ces termes : « Je crois n’avoir jamais rencontré un homme aussi bien doué et d’aussi belle apparence. » Mais les dirigeants de la Hudson’s Bay Company n’étaient pas aussi impressionnés par son autoritarisme et il fut rappelé à Victoria, siège social de la compagnie, en 1860. L’année suivante, il donnait sa démission. Le clan McLean conduisit ses bestiaux dans les prairies longeant la rivière Bonaparte où il s’adonna à l’élevage, à la prospection et ouvrit le « McLean’s Restaurant », à l’intention des voyageurs de la région de Cariboo. En 1854, Donald McLean avait épousé Sophia Grant, une Indienne colville, au fort Colvile et avait maintenant une deuxième famille. Il était apparemment très attaché à tous ses enfants et se prêtait à leurs caprices. La mort de deux d’entre eux l’amena à exprimer en vers remplis de tendresse sa résignation, ce qui tranchait singulièrement avec la dureté de caractère qu’il affichait en public.
Au cours de 1864, les Chilcotins provoqués, semble-t-il, par des trafiquants sans scrupule agissant pour leur propre compte, par les ravages des maladies provenant des Blancs et par des rumeurs concernant l’établissement de réserves, massacrèrent quelque 19 membres des équipes de cantonniers qui construisaient une route de l’inlet de Bute vers l’intérieur des terres pour le compte d’Alfred Penderell Waddington*. La panique s’empara des habitants de Victoria où l’on craignait un soulèvement général. Au cours d’une réunion publique, la foule exigea qu’on charge le « Capitaine McLean » de mener une expédition punitive contre les Chilcotins ; celui-ci quitta alors la rivière Bonaparte, en apparence sous le commandement de William George Cox*. Mais McLean devait rester un individualiste sûr de lui-même jusqu’au bout : il partit en reconnaissance presque seul et il fut tué dans une embuscade. Les assassins des ouvriers furent forcés de se rendre mais celui de McLean trouva asile auprès des Indiens, pour qui son acte n’était que le juste châtiment de la brutalité dont la victime avait fait montre sa vie durant.
Les enfants les plus âgés de McLean devinrent des colons honorables mais les plus jeunes, Allan*, Charley et Archie, des sang-mêlé se refusant à toute discipline, rejetés à la fois par les Indiens et la société des immigrants blancs, tournèrent mal et furent pendus pour avoir tué un constable en 1879. Par une ironie du sort, le fils de l’un d’eux fut décoré en 1917 pour la bravoure dont il avait fait preuve en tuant à lui seul 19 Allemands.
Kamloops Museum (Kamloops, C.-B.), HBC journals, 1859–1860 ; HBC letters, 1879.— PABC, Donald McLean, miscellaneous papers.— R. C. Mayne, Four years in British Columbia and Vancouver Island : an account of their forests, rivers, coasts, gold fields, and resources for colonisation (Londres, 1862), 115–121.— Daily British Colonist and Victoria Chronicle, 4 nov. 1863, 3, 4, 6, 30 juin, 7, 11 juill., 1er, 8, 25 août 1864, 11, 13, 14, 16, 18, 28 déc. 1879, 1er, 20 janv., 16, 19, 20 mars, 19 nov. 1880.— Morice, History of northern interior of B.C. (1904), 233, 239, 264–269, 272, 311.— Mel Rothenburger, « We’ve killed Johnny Ussher ! » : the story of the wild McLean boys and Alex Hare (Vancouver, 1973), 3–21.— German killer returns home ; Kamloops crowd meets hero of Vimy Ridge who was awarded DCM, Kamloops Telegram (Kamloops, C.-B.). 11 oct. 1917.
Mary Balf, « McLEAN, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mclean_donald_9F.html.
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Auteur de l'article: | Mary Balf |
Titre de l'article: | McLEAN, DONALD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |