McMULLEN, HULDAH S. (Rockwell), organisatrice du mouvement de tempérance et rédactrice en chef, née le 22 novembre 1854 à Picton, Haut-Canada, fille de Daniel McMullen et d’Eliza B. Conger ; le 5 février 1879, elle épousa dans la même ville John Rockwell, et ils eurent deux fils et une fille ; décédée le 24 décembre 1904 à Duluth, Minnesota.
Le père de Huldah S. McMullen était un ministre méthodiste assez réputé dans la région de la baie de Quinte. Deux de ses frères se signaleraient eux aussi : George William, dans la promotion des chemins de fer, Harvard C., dans les affaires municipales à Picton. Elle-même fit ses études à l’école publique et à la grammar school de Picton, puis au Hamilton Ladies College.
Il semble que Huldah S. McMullen s’associa au mouvement de la tempérance dès son jeune âge. Compagne de voyage de Letitia Youmans [Creighton*], fondatrice de la branche locale de la Woman’s Christian Temperance Union (la deuxième au Canada), elle fut aussi secrétaire de cet organisme. Elle épousa John Rockwell, marchand, en 1879 et s’installa avec lui à Kingston. John y ouvrit un commerce de marchandises sèches et elle continua de militer à l’union.
Au début, Mme Rockwell et ses consœurs cherchaient à recruter des membres, à obtenir des vœux de tempérance et, par des pétitions, à convaincre les autorités d’instaurer la prohibition. Peu à peu, cependant, elles comprirent que leur objectif, la tempérance, resterait hors d’atteinte aussi longtemps qu’elles n’auraient pas le droit de voter et, par le fait même, le pouvoir d’influer directement sur les décisions prises en leur nom. De 1886 à 1893, en tant que surintendante provinciale du groupe de travail sur les lois, le droit de vote et les pétitions, et de 1889 à 1892, en tant que surintendante nationale du groupe de travail sur les lois et les pétitions, Huldah S. Rockwell dirigea la campagne de l’Union chrétienne de tempérance des femmes du Canada en faveur du suffrage féminin. En 1884, l’Assemblée législative de l’Ontario avait accordé, aux veuves et femmes célibataires qui étaient propriétaires, le droit de voter aux élections municipales. Au congrès annuel que l’union tint à Owen Sound en 1886, Mme Rockwell rapporta : « on s’est employé en particulier à convaincre les dames habilitées à voter de favoriser, aux scrutins municipaux, des candidats favorables à la tempérance, sans égard à leur affiliation politique ». Toutefois, malgré tous ses efforts et ceux des organisations féminines de tout le pays, quelques années s’écouleraient avant que les femmes aient le droit de vote aux élections provinciales et fédérales.
À l’automne de 1893, les Rockwell s’étaient installés à Toronto. John y devint représentant de manufacturiers et Huldah S. se joignit aux citoyens qui s’opposaient à ce que les tramways circulent le dimanche. En même temps, elle occupait le poste de rédactrice en chef d’un hebdomadaire sur la tempérance, le Canada Citizen. La société d’édition qui le publiait fut liquidée vers 1895. On sait peu de chose sur ce que Mme Rockwell fit à Toronto après cette date. Grâce à son influence, quelque 70 000 Canadiennes avaient ajouté leur nom à la « Pétition mondiale » en faveur de la tempérance qui avait été lancée en 1884 par Frances Elizabeth Caroline Willard, organisatrice de la Woman’s Christian Temperance Union aux États-Unis, et qui circula jusqu’en 1895.
En 1901, la famille Rockwell s’établit à Duluth, où John prit la tête d’un service dans une entreprise de marchandises sèches. Selon le Duluth Daily Herald, Huldah S. McMullen Rockwell adhéra au « Twentieth Century Club » et « s’associa à bon nombre d’activités sociales importantes ». Opérée pour un cancer en juillet 1904, elle mourut en décembre après une « période de dures souffrances ».
AN, RG 31, C1, 1881, Kingston, Frontenac Ward : 89 (mfm aux AO).— AO, F 885, y compris les rapports annuels (particulièrement Ser. 2, MU 8406.8, p. 50), Woman’s Journal (Ottawa ; Toronto), 1885–1903, et Canadian White Ribbon Tidings (London, Ontario), 1904–1905 ; RG 80-5, no 1879-009463.— Duluth Daily Herald (Duluth, Minn.), 24 déc. 1904.— Duluth News-Tribune, 25 déc. 1904.— Toronto Daily Star, 29 déc. 1904 : 7.— Annuaires, Kingston, 1881–1893 ; Toronto, 1894–1902.— C. L. Bacchi, Liberation deferred ? The ideas of the English-Canadian suffragists, 1877–1918 (Toronto, 1983).— Canadian White Ribbon Tidings, 1er juin 1905 : 274.— S. G. E[lwood] McKee, Jubilee history of the Ontario Woman’s Christian Temperance Union, 1877–1927 (Whitby, Ontario, [1927 ?]).— Wendy Mitchinson, « The WCTU : « For God, home and native land » : a study in nineteenth-century feminism », A not unreasonable claim (L. Kealey), 151–167 ; « The Woman’s Christian Temperance Union : a study in organization », International Journal of Women’s Studies (Montréal), 4 (1981) : 143–156.— Alison Prentice et al., Canadian women : a history (Toronto, 1988).— The prohibition leaders of America, [B.] F. Austin, édit. (St Thomas, Ontario, [1895]).— R. E. Spence, Prohibition in Canada ; a memorial to Francis Stephens Spence (Toronto, 1919).
Nancy Kiefer, « McMULLEN, HULDAH S. (Rockwell) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcmullen_huldah_s_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mcmullen_huldah_s_13F.html |
Auteur de l'article: | Nancy Kiefer |
Titre de l'article: | McMULLEN, HULDAH S. (Rockwell) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 5 nov. 2024 |