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ODELL, JONATHAN, ministre de l’Église d’Angleterre, fonctionnaire et poète, né le 25 septembre 1737 à Newark, New Jersey, fils de John Odell, menuisier, et de Tempérance Dickinson ; le 6 mai 1772, il épousa à Burlington, New Jersey, Anne De Cou, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 25 novembre 1818 à Fredericton.

Jonathan Odell était un descendant, à la quatrième génération, de William Odell, lequel était venu à Concord, dans la colonie de la baie de Massachusetts, en 1635 probablement, avec le révérend Peter Bulkeley, fondateur de la ville et ancien rector de la paroisse d’Odell dans le Bedfordshire, en Angleterre. Après avoir été diplômé en 1754 du Collège of New Jersey, dont il recevra, trois ans plus tard, sa maîtrise ès lettres, Jonathan Odell enseigna en 1755–1756 à la grammar school qui était rattachée au collège. Il devint bientôt étudiant en médecine, et il alla servir pendant un certain temps, en raison de ses connaissances médicales, avec les troupes britanniques aux Antilles. Il se rendit ensuite en Angleterre, où il fut employé pendant plus de deux ans comme assistant à l’école de James Elphinston, à Kensington (maintenant partie de Londres). Pendant ce séjour, il décida d’entrer dans les ordres ; il fut ordonné au diaconat à Londres le 21 décembre 1766, et à la prêtrise le 9 janvier 1767.

Officiellement agréé par l’évêque de Londres comme missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, Odell retourna au New Jersey, où le gouverneur William Franklin lui confia la responsabilité de l’église St Ann (plus tard St Mary), à Burlington, en juillet 1767. On le chargea aussi de l’église de Mount Holly. Il continua, semble-t-il, de « pratiquer la médecine » : en 1768, il fut élu à l’American Philosophical Society en « sa qualité de médecin » et, le 8 novembre 1774, il devint membre de la New Jersey Médical Society. Au début des années 1770, Odell jugeait la ferveur religieuse de ses paroissiens « prometteuse » en dépit de « certains inconvénients survenant de temps en temps parmi [eux], à cause des fréquentes visites que [leur] fais[aient] un certain nombre d’émissaires méthodistes, qui se donn[aient] une peine peu commune pour prendre pied dans ce pays. [Il avait] jusque-là entretenu l’espoir que l’on [pouvait] venir à bout de leur diligence en laissant passer la nouveauté sans s’y opposer ouvertement avec trop d’ardeur. » Les succès qu’Odell devait obtenir furent le fruit de son zèle et de son esprit d’entreprise. Parmi ses charges diverses, il fut, de 1769 à 1774, secrétaire de la Corporation for the Relief of Widows and Children of Clergymen in the Communion of the Church of England in America. Mais, en 1774, des événements allaient survenir qui imprimeraient une nouvelle orientation à sa vie.

Dès le début de l’agitation relative aux taxes impériales imposées aux colonies américaines, Odell regretta l’action du gouvernement britannique et soutint que les droits des colonies devaient être clairement définis. Il était confiant que l’on pût obtenir justice par des moyens pacifiques et il prit fermement position contre la sédition et la rébellion. S’abstenant d’intervenir dans les questions politiques et considérant de son devoir, en tant que ministre, de promouvoir un « esprit de paix et le bon ordre » par la « prudence et l’intégrité de [sa] conduite », il chercha à assurer, « sur des bases justes et réalistes, la permanence de cette harmonie et de cette paix qui [était] essentielle au bonheur comme à la gloire de tout l’Empire ». À l’instar de son collègue, le ministre Jonathan Boucher, qui se révéla toutefois quelque peu influencé par ce partisan de l’absolutisme que fut au xviie siècle sir Robert Filmer, Odell croyait qu’il existait des rébellions légitimes, mais que la rébellion américaine n’était point de celles-là. Peu après le début des hostilités, ses vrais sentiments furent connus à travers tout le New Jersey, à la suite de l’interception de deux de ses lettres. Le Congrès provincial du New Jersey, qui se pencha sur son cas les 17 et 18 octobre 1775, refusa cependant de le censurer, sous prétexte que ses idées n’avaient pas été exprimées pour influencer les mesures publiques, et aussi parce que le congrès ne voulait pas « violer le droit [de chacun] d’avoir ses propres opinions ». Mais Odell avait trop son franc-parler pour être longtemps à l’abri de la critique ; ayant rédigé une ode pour célébrer l’anniversaire du roi, laquelle fut chantée le 4 juin 1776 par les prisonniers britanniques, à Burlington, il provoqua contre lui un déchaînement d’hostilité. Soupçonné d’être opposé à la liberté américaine, Odell fut obligé, le 20 juillet, de rester sur la rive est du Delaware, à l’intérieur d’un rayon de huit milles du palais de justice de Burlington. Le 1er août, il sollicita d’être relevé de cette obligation, contre l’engagement de ne tenir aucune correspondance d’ordre politique avec « l’ennemi » et de ne lui fournir ni ravitaillement ni renseignements, mais sa requête fut rejetée. Quand, à la mi-décembre 1776, un détachement de Hessois arriva à Burlington avec l’ordre de loger dans la ville, quelques voisins d’Odell lui demandèrent de rencontrer le commandant, avec qui il pouvait converser en français, pour qu’il ne fût fait ni tort ni insulte aux citoyens. Pendant leurs discussions, quatre bachots rebelles bombardèrent la ville, et les Hessois se retirèrent, laissant Odell et d’autres Loyalistes exposés aux représailles. Les troupes rebelles donnèrent la chasse à Odell, baïonnette au canon, avec l’ordre de s’emparer de lui mort ou vif ; mais les gens de Burlington, qui l’aimaient bien, n’étaient pas prêts à l’abandonner. Il échappa de justesse à ses poursuivants, en se cachant dans une pièce secrète de la maison occupée par une quakeresse, Margaret Morris, qui lui avait témoigné de l’amitié. Le 18 décembre, il put s’enfuir et atteindre la frontière britannique à New York, mais il dut laisser derrière lui sa femme et ses enfants, qu’il ne retrouvera qu’en 1779.

À la suite de la confiscation de ses biens, qui ne tarda pas, Odell se trouva en difficulté financière. Il continua toutefois de recevoir une aide de la Society for the Propagation of the Gospel ; à celle-ci, il put ajouter 6 shillings par jour à titre d’aumônier des Pennsylvania Loyalists, et plus tard des King’s American Dragoons, de même qu’une rémunération occasionnelle en retour des services qu’il rendait aux autorités britanniques, principalement en matière de traduction de documents. En 1777, sir William Howe, commandant en chef des forces britanniques, le nomma surintendant de l’imprimerie et des publications périodiques à Philadelphie. Presque par hasard, il fut mêlé à l’affaire Arnold-André. Quand, au printemps de 1779, Benedict Arnold, probablement le plus compétent des généraux au service des colonies rebelles, résolut de changer de camp si on en arrivait à un règlement qui lui était profitable, il se mit en rapport avec Joseph Stansbury, poète et marchand de Philadelphie, qui à son tour communiqua avec Odell. En apprenant la nouvelle, sir Henry Clinton, commandant en chef, et John André, son aide de camp, purent à peine en croire leurs oreilles ; ils décidèrent de répondre prudemment et de façon vague aux ouvertures d’Arnold. Odell coda et décoda les messages dans sa maison de la rue Wall, à New York, où aboutissait toute cette correspondance. Les échanges duraient depuis quelques mois quand Arnold y mit un terme, à la fin de l’été de 1779, en partie par crainte d’être découvert, mais surtout parce qu’il croyait que les autorités britanniques n’appréciaient pas à sa juste valeur l’offre qu’il faisait. Reprises à l’été de 1780, les négociations aboutirent à la défection d’Arnold, puis à la capture et à l’exécution d’André, comme espion, sur les ordres de George Washington.

Odell considérait son activité d’homme de confiance comme plus importante que ses écrits de propagande. Winthrop Sargent qui édita, au xixe siècle, The loyal verses of Joseph Stansbury and Doctor Jonathan Odell [...], devait toutefois parler de ces deux hommes comme étant, « sans aucun doute, les deux plus importants versificateurs loyalistes de cette époque ». À propos d’Odell, Moses Coit Tyler, auteur de The literary history of the American revolution [...], écrit : « Comme satiriste, aucun de ceux [qui s’étaient rangés] dans ce camp n’approch[ait] Odell, pour la passion et l’énergie de la pensée, ou pour le mordant et l’élégance du style. » La satire en prose et surtout en vers était devenue, dans les deux camps, l’arme principale de la guerre littéraire. Odell se proposait de réveiller et d’encourager les Loyalistes, parfois au moyen de bruyantes chansons à boire, mais habituellement en attaquant les whigs rebelles, qu’il dénigrait et ridiculisait. Dans ces attaques, il suivait les modèles classiques de la satire anglaise, tels que les avaient perfectionnés John Dryden, Alexander Pope et d’autres, dont notamment Charles Churchill. L’habitude de s’exprimer en vers remontait à ses jeunes années. A welcome home to the Twenty-Third Regiment, écrit après le traité de 1763, et un autre ouvrage, composé deux ans plus tard, On Pope’s garden at Twickenham, montrent que les poèmes, satiriques ou non, qu’il écrivit pendant la guerre d’Indépendance américaine n’étaient pas le fait d’un novice. Vigoureux, remplis d’invectives, hostiles sans aucune réserve, ils étaient de toute évidence l’expression d’un esprit enflammé par les passions qu’engendrait la guerre civile. Beaucoup de ces poèmes parurent dans la Rivington’s New-York Gazette, et un certain nombre dans la Royal Pennsylvania Gazette de Philadelphie, qui atteignaient toutes deux un large public. Dans leur virulence, certains poèmes dépassèrent les limites des « essais décents et bien intentionnés », promis à sir Henry Clinton par le gouverneur William Franklin, protecteur d’Odell. Les généraux, les membres du Congrès, les fonctionnaires du gouvernement et les « écrivailleurs mercenaires », Odell les voyait « Grouillant comme des vers qui fouillent la carcasse / De quelque pauvre bœuf, et qui comme eux dévorent en rampant ». Les chefs les plus respectés parmi les whigs, John Jay, Samuel Chase et Robert Morris, ne furent pas épargnés, et ce n’est qu’à contrecœur qu’il reconnut quelque mérite à Gouverneur Morris. Henry Laurens, de la Caroline du Sud, s’en tira seul indemne, bien qu’il fût président du Congrès. Peut-être la plus puissante satire d’Odell fut-elle The American times, qu’on attribua pendant un certain temps au docteur Myles Cooper et qui parut sous le pseudonyme de Camillo Querno. Le poète y convoque devant lui ceux qu’il tient pour responsables du crime de la révolution, et nommément les anges déchus, qui, pouvant quitter temporairement le pandémonium, prennent figure humaine et ravagent la société terrestre. Peut-être Odell devait-il l’idée de cette scène à John Milton.

La période qui suivit la fin de la guerre en 1783 fut une époque de grande anxiété pour les milliers de Loyalistes entassés à l’intérieur de la frontière britannique. Il semblait à beaucoup d’entre eux que les clauses des traités de Versailles les avaient abandonnés aux mains de leurs ennemis, à l’issue d’un conflit qui avait été marqué, dans les deux camps, par des actes barbares. Néanmoins, quand ils apprirent qu’un refuge leur serait ménagé dans les provinces au nord des colonies rebelles, quelques chefs parmi eux commencèrent à prévoir les besoins futurs, comme de pourvoir à l’instruction de leurs enfants ; Odell fut de ceux qui, le 8 mars 1783, demandèrent, dans une requête, l’établissement d’un collège en Nouvelle-Écosse. Mais le problème immédiat auquel faisaient face les réfugiés était de trouver le moyen d’assurer à tout le moins leur survie la plus élémentaire dès leur arrivée dans leur futur lieu de résidence. En 1784, ceux qui étaient proches du gouvernement sollicitèrent leurs amis et protecteurs dans l’espoir d’obtenir des charges publiques dans la province du Nouveau-Brunswick, qu’on devait délimiter au nord-ouest de la Nouvelle-Écosse – une mesure en faveur de laquelle Odell avait fait valoir de puissants arguments, tout comme l’avaient fait Edward Winslow, chef général de rassemblement dans les corps loyalistes, et son ami Ward Chipman*. Quand le général Henry Edward Fox refusa le poste de gouverneur du Nouveau-Brunswick, Winslow vit s’envoler ses chances de devenir secrétaire de la province, poste qui allait revenir à Odell, que ses services avaient révélé à l’attention publique. Celui-ci avait exercé depuis 1781 la fonction d’assistant de Sampson Salter Blowers*, secrétaire du conseil d’administration des Associated Loyalists, et avait été nommé, le 1er juillet 1783, un des secrétaires adjoints de sir Guy Carleton, commandant des forces britanniques et officier chargé de l’évacuation. En décembre 1783, il se rendit en Angleterre avec Carleton, où il assista à un lever du roi et entrevit ce monarque dont les vertus et le règne avaient si souvent inspiré sa muse. Il avait, semble-t-il, espéré un moment être nommé évêque de la Nouvelle-Écosse ou de New York ;toutefois, quand, à l’été de 1784, le frère de Carleton, le lieutenant-colonel Thomas Carleton, accepta d’être gouverneur de la nouvelle province, très largement loyaliste, Odell fut nommé secrétaire, registraire et greffier du conseil, au salaire de £1 000 par année. Odell fit ce qu’il put pour Winslow, homme d’une nature généreuse, qui n’en voulut point à Odell d’avoir accepté le poste qu’il avait lui-même espéré obtenir, bien qu’à la fin de l’année 1800 il donnât cours à un accès d’exaspération en écrivant de lui : « Ses habitudes et ses manières sont telles qu’à l’époque où régnait la superstition elles eussent convenu à un grand prêtre de l’ordre de Melchisédech, mais [elles] sont mal adaptées à un département civil. Sa hauteur est si révoltante qu’il est devenu complètement odieux. » Apparemment, l’accès ne dura guère, puisqu’il ajoutait presque immédiatement : « Je n’ai vraiment aucun préjugé personnel contre cet homme. »

Une des premières tâches d’Odell après son arrivée au Nouveau-Brunswick, en novembre 1784, fut d’accompagner Thomas Carleton, William Hazen et Thomas Knox sur un trajet de 90 milles sillonnant la rivière Saint-Jean gelée, jusqu’à la pointe St Anne, qu’ils choisirent pour être l’emplacement de la future capitale provinciale. Le 22 février 1785, le gouverneur et son conseil ordonnaient que des mesures immédiates fussent prises pour asseoir le nouvel établissement, sur l’emplacement d’un vieux village acadien ; la capitale s’appellerait Fredericstown, en l’honneur d’un des fils de George III. Odell, qui n’avait pas tardé à s’y installer, devait y passer le reste de son existence. Il eut la bonne fortune d’obtenir des concessions adjacentes à la terre bénéficiale, sur laquelle la Christ Church serait bientôt construite. Il y bâtit une nouvelle maison, se rattachant à une déjà existante, aussi cossue que toute autre dans l’établissement. Le 2 mai 1796, il sollicita, par une pétition, des terres supplémentaires, si bien que sa famille finit par posséder l’un des plus grands domaines de la région. Pourtant, un observateur écrivait, le 2 décembre 1804, que, « sauf les marchands, personne [dans cet endroit n’était] riche ». En fait, le rang social dépendait plutôt du poste que l’on occupait dans la fonction publique, de l’appartenance à l’Église, de l’instruction et du goût de la culture. Dès les débuts, Odell atteignit une position de premier plan. Quand le collège du Nouveau-Brunswick, créé dès 1785, reçut sa charte d’université, en 1800, Odell fut membre du conseil d’administration, en même temps que le juge en chef George Duncan Ludlow, que le procureur général Jonathan Bliss* et qu’un certain nombre de citoyens éminents. Jusqu’à sa retraite, en 1812, année où son fils William Franklin Odell* lui succéda (ensemble, le père et le fils occupèrent pendant 60 ans le poste influent de secrétaire de la province), il contribua à la conception et à la mise en place des premières institutions de la province, en plus d’influencer considérablement les décisions politiques, en partie, il est vrai, à cause de ses relations personnelles étroites avec le premier gouverneur de la province.

Pourtant, les possibilités d’exercer ses talents de créateur restaient limitées par suite de la dépression économique prolongée résultant des guerres de la Révolution française. Même après 20 ans, Fredericton n’était encore qu’un village, agréable d’ailleurs ; selon lady Hunter, femme de l’officier le plus élevé en grade de ce poste, il « s’étendait sur une lande délicieuse [qui contenait] le plus riche pâturage à moutons qu’[elle eût] jamais vu ». Il n’y avait, d’après ses observations, que 120 maisons, « certaines très jolies, toutes d’allure confortable », et presque chacune avait un jardin. Bien que la petite capitale testât, du vivant d’Odell, largement dépourvue de voies de communication terrestres avec le monde extérieur, le premier navire à vapeur, le General Smythe, fut lancé dans les eaux de la Saint-Jean – annonce de temps nouveaux – deux ans avant sa mort. Toutefois, les soirées et bals fréquents animaient la vie sociale, célébrant des événements pour lesquels Odell écrivait des odes et des chants appropriés. En une occasion d’importance, il composa une pièce sur l’air de Nottingham ale, en l’honneur de lord Nelson. Elle fut chantée au milieu de décorations si ravissantes – parmi lesquelles on pouvait voir un brillant transparent du Victory combattant les navires amiraux français et espagnol, dont les mâts tombaient, et quatre grenadiers armés, en grande tenue, à l’attention sous des arches de conifères – qu’une jeune femme s’exclama : « Oh ! madame, voilà un endroit où je voudrais passer toute ma vie, et y revenir après ma mort. » À cette splendeur, les demoiselles Odell avaient contribué par leurs ouvrages à la main. Si Odell continuait ainsi à écrire à l’occasion d’événements publics, il se permit aussi de rédiger des hommages personnels : un au lieutenant-gouverneur Thomas Carleton à son départ pour l’Angleterre en 1803 ; un autre à la louange de lady Hunter qui le considérait comme « un merveilleux vieil homme ». Celle-ci ajoutait : « une telle vivacité, une telle fougue et une telle activité se rencontrent rarement à un âge aussi avancé que le sien ». Il n’était pas assez vieux pour ne pouvoir célébrer la guerre de 1812 avec son poème Salute to neighbour Madison, un tribut aux armes britanniques à Queenston Heights, et avec d’autres poèmes du même genre. Son adresse à sa femme, On our thirty-ninth wedding day, datée du 6 mai 1810, rend une note inhabituelle d’émotion personnelle et de tendresse.

Si un des derniers poèmes de Jonathan Odell était empreint de mélancolie à la perspective de sa mort prochaine, il contrastait avec son humeur généralement confiante et avec sa croyance en la droiture de sa conduite tout au long de sa vie. Alors que Joseph Stansbury était retourné à Philadelphie après la guerre et qu’il y avait fait la paix avec l’entourage rebelle de naguère, Odell resta inébranlable. Tyler, dans un passage souvent cité de sa Literary history of the American revolution, écrit qu’« il mourut sans retirer un mot ou prononcer une excuse, ou déroger d’une opinion – membre fier et résolu d’un parti politique défait, mais jamais conquis ou influençable ».

Alfred G. Bailey

Les poèmes de Jonathan Odell ont paru dans un grand nombre d’anthologies du xixe et du xxe siècle, notamment dans The loyalist poetry of the revolution, Winthrop Sargent, édit. (Philadelphie, 1857) ; The loyal verses of Joseph Stansbury and Doctor Jonathan Odell ; relating to the American revolution, du même éditeur (Albany, N.Y., 1860) ; The book of Canadian poetry : a critical and historical anthology, A. J. M. Smith, édit. (éd. rev., Chicago et Toronto, 1949) ; Narrative verse satire in Maritime Canada, 1779–1814, T. B. Vincent, édit. (Ottawa, 1978) ; The New Brunswick poems of Jonathan Odell : a selection (Kingston, Ontario, 1982). Une liste chronologique des poèmes d’Odell se trouve dans Jonathan Odell : an annotated chronology of the poems, 1759–1818, T. B. Vincent, compil. (Kingston, 1980).

Musée du N.-B., Odell family papers.— UNBL, MG H2 ; « Select loyalist memorials : the appeals for compensation for losses and sacrifices to the British parliamentary commission of 1783 to 1789 from loyalists of the American revolution who came to Canada », W. S. MacNutt, compil. (photocopie d’une copie dactylographiée, s.d.).— USPG, B, 21, no 261 ; 24, nos 140, 146, 149.— American arch. (Clarke et Force), 4e sér., 3 :1227 ; 6 :1651, 1656.— The journal of Gen. Sir Martin Hunter, G.C.M.G., C.H., and some letters of his wife, Lady Hunter [...], Anne Hunter et Elizabeth Bell, compil. et édit. (Édimbourg, 1894).— Margaret Morris, Margaret Morris : her journal [...], J. W. Jackson, édit. (Philadelphie, 1949).— Winslow papers (Raymond).— DAB.— James McLachlan et al., Princetonians, 1748–1768 : a biographical dictionary (Princeton, N.J., 1976).— Sabine, Biog. sketches of loyalists.— R. P. Baker, A history of English-Canadian literature to the confederation ; its relation to the literature of Great Britain and the United States (Cambridge, Mass., 1920).— Wallace Brown, The good Americans : the loyalists in the American revolution (New York, 1969).— I. L. Hill, Fredericton, New Brunswick, British North America ([Fredericton, 1968]).— H. Y. Hind, The University of King’s College, Windsor, Nova Scotia, 1790–1890 (New York, 1890), 8.— J. W. Lawrence, Foot-prints ; or, incidents in early history of New Brunswick, 1783–1883 (Saint-Jean, N.-B., 1883), 67s.— D. A. Loughlin, « The development of social and intellectual attitudes as revealed in the literature of New Brunswick » (thèse de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1948), 74–111.— V. L. Parrington, Main currents in American thought (3 vol., New York, 1927–1930 ; nouv. éd., 3 vol. en 1, 1930 ; nouv. éd., 2 vol. parus, 1954- ), 1.— M. C. Tyler, The literary history of the American revolution, 1763–1783 (2 vol., New York et Londres, 1897), 2.— Carl Van Doren, Secret history of the American revolution (Garden City, N.Y., 1941).— Wright, Loyalists of N.B.— Jonas Howe, « The King’s New Brunswick Regiment, 1793–1802 », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 36.— Rufus King, « Memoir of Hon. William Hunter Odell », New-England Hist. and Geneal. Reg. (Boston), 46 (1892) : 20–22.

Bibliographie générale

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Alfred G. Bailey, « ODELL, JONATHAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/odell_jonathan_5F.html.

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Auteur de l'article:    Alfred G. Bailey
Titre de l'article:    ODELL, JONATHAN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024