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MERCURE, LOUIS, officier, courrier, guide et colon, né le 11 mai 1753 à Port-La-Joie (Fort Amherst, Île-du-Prince-Édouard), fils de Joseph Mercure et d’Anne-Marie Bergeaux, née Gautier, dit Bellair ; vers 1773, il épousa Madeleine Thibodeau, et ils eurent un fils, Louis-Michel ; décédé en juin 1816 et inhumé le 8 décembre 1817 à Saint-Basile, Nouveau-Brunswick.

Louis Mercure venait d’une famille de solide tradition militaire, dont les membres avaient des raisons d’éprouver du ressentiment envers le Régime anglais. Son grand-père paternel, François Mercure, avait été capitaine dans les troupes de la Marine au Canada, comme l’était son propre père ; quant à son grand-père maternel, Joseph-Nicolas Gautier*, dit Bellair, il avait perdu tous ses biens pour avoir combattu les Britanniques en Nouvelle-Écosse. La famille Mercure quitta l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) pour échapper à la Déportation et alla s’installer à Québec. Les documents signalent leur présence dans les années 1760 à Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade), près de Québec, et dans la région de Kamouraska sur la rive sud du Saint-Laurent. En 1774, Louis Mercure était déjà marié et habitait alors Sainte-Anne (près de Fredericton, Nouveau-Brunswick).

La tradition militaire s’avéra plus forte que tout ressentiment envers les Britanniques. En effet, pendant la Révolution américaine, Mercure entra dans l’armée britannique et devint lieutenant dans les King’s Rangers du lieutenant-colonel Robert Rogers*, unité qui ne fut jamais vraiment incorporée et qui ne combattit pas. En 1780, il travaillait comme courrier et guide, transportant des dépêches militaires entre Halifax, Penobscot (Castine, Maine) et Québec. Suivant la tradition de la région de Madawaska, il faillit une fois être tué par les Indiens, mais s’en tira parce qu’il connaissait leur langue et leurs coutumes. En 1782, le général Haldimand, gouverneur de Québec, l’envoya faire un compte rendu sur l’avancement des travaux concernant la nouvelle route militaire qui devait relier Halifax à Québec. Louis et son frère Michel, courrier également, devaient être exceptionnellement habiles car Haldimand, dans sa correspondance, fait souvent état du coût de leurs services et de la difficulté à leur trouver des remplaçants.

Les Mercure tirèrent apparemment un énorme avantage de leur emploi : pour un voyage entre Halifax et Québec en 1782, Louis réclama 100 piastres et en reçut 80. Il est évident que les deux frères abusèrent aussi les autorités de l’armée. Un officier prétendit qu’ils transportaient des lettres pour le compte des marchands tandis qu’ils étaient en mission militaire, et que Louis avait convenu avec les canotiers canadiens de frauder ceux qu’il guidait, puis de partager les bénéfices. Néanmoins, les plaintes relatives à leurs tarifs excessifs cessèrent, et, à la fin de la guerre, les Mercure jouissaient des bonnes grâces à la fois de Haldimand et du gouverneur de la Nouvelle-Écosse, John Parr*.

Louis et son frère avaient acheté des terres dans la région qui allait devenir Fredericton. Peut-être Louis s’installa-t-il, dans les débuts, au centre de la future ville mais, dès 1780, il demeurait près de son frère, à l’embouchure de la rivière Keswick. En juillet 1783, il possédait une belle maison et 12 acres de terre défrichées. Les commissaires qui décrivirent sa situation au major de brigade Gilfred Studholme* recommandèrent qu’il jouisse d’une considération spéciale au moment de la distribution, aux colons loyalistes, de terres situées au bord de la rivière Saint-Jean. En 1784, Mercure avait un moulin sur la Keswick et, au cours de l’année, à la suite de ses demandes, Parr, en signe d’approbation spéciale, lui accorda 200 acres dans l’île Bagweet (île Lower Shores), toute proche.

Parce qu’il profitait des faveurs des autorités et qu’il pouvait écrire avec facilité, Mercure devint un des porte-parole du petit groupe de colons français de l’endroit, dont beaucoup ne possédaient pas de titre pour leur terre. En 1783, il avait informé Haldimand qu’un certain nombre d’Acadiens désiraient aller à Québec afin de pouvoir pratiquer en toute liberté leur religion. Haldimand voulait les établir le long de la rivière Saint-Jean, en amont de Grand Falls, pour qu’il leur fût possible de protéger la route militaire menant à Québec, mais on ne prit aucune mesure pour les y installer. En 1785, Mercure écrivit au major Samuel Johannes Holland, arpenteur général de la province de Québec, pour solliciter les terres de la région de Madawaska, que Haldimand lui avait proposées ainsi qu’à 24 chefs de famille. Il dut faire une demande semblable à Thomas Carleton, gouverneur de la province du Nouveau-Brunswick nouvellement créée, laquelle réclamait aussi cette région frontalière. En effet, le 21 juin 1785, Carleton et son conseil avaient permis à Louis Mercure d’établir les requérants sur une terre de leur choix dans la région de Madawaska. Toute famille pouvait prétendre à 200 acres. Les deux frères Mercure se mirent en route pour Madawaska et occupèrent des terres sur la rive nord de la rivière Saint-Jean entre les rivières Iroquois et Madawaska.

Durant les premières années de l’établissement, Louis conserva un poste quelque peu influent. En 1786, il écrivit à Carleton pour lui demander la permission de concéder des terres aux Canadiens qui venaient dans la région et de sélectionner les hommes entre 16 et 25 ans « de la même manière que pour les pères de famille à condition qu’ils bonifient [les terres] ». L’année suivante, il rendit compte de la mise en valeur des lots à Jonathan Odell, secrétaire de la province du Nouveau-Brunswick. Cependant, son influence à Fredericton déclinait : on lui répondit que les demandeurs de terres devaient s’adresser directement au gouvernement. D’autre part, Odell pria l’arpenteur général George Sproule d’accélérer la désignation des lots parce qu’il soupçonnait Mercure et ses amis de s’approprier les meilleures terres, sans tenir compte des demandes des autres colons.

À Madawaska, Mercure ne reçut, apparemment, aucune nomination à un poste notable dans le gouvernement local ou dans la milice. Carleton désirait qu’il fût magistrat mais, en tant que catholique, Mercure n’était pas disposé à prêter le serment d’allégeance requis. Malgré ses convictions, il ne participa pas aux négociations engagées pour obtenir une église et un prêtre résidant. Au début des années 1790, des discussions s’élevèrent entre, d’une part, les officiers de la milice, nommés conjointement par les provinces de Québec et du Nouveau-Brunswick – puisqu’on ne savait pas bien laquelle des deux avait autorité sur la région – et, d’autre part, le magistrat Thomas Costin, nommé par le Nouveau-Brunswick. L’influence de Mercure se manifesta encore lorsque Costin tenta de s’assurer son concours par une lettre, prétendument de Sproule, lui demandant d’organiser les élections de nouveaux officiers de milice. Mercure fut élu lui-même sans toutefois recevoir officiellement la reconnaissance de son poste ; le lieutenant-gouverneur Carleton nia que des élections dans la milice eussent pu avoir lieu au Nouveau-Brunswick où, comme partout en Amérique du Nord britannique, seul le gouvernement nommait les officiers de la milice. Bien que Mercure, à son tour, se mît à critiquer Costin, les choses finirent par s’arranger. Costin informa Edward Winslow, membre du Conseil du Nouveau-Brunswick, que ses opposants essayaient d’inclure la région de Madawaska dans le Bas-Canada. On ne sut jamais ce que Mercure pensait réellement de cette dispute frontalière, mais il ne reçut plus de faveurs du gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Mercure tenta bien de s’installer dans le Bas-Canada. Après 1791, il fit plusieurs demandes pour y obtenir la concession qui revenait à un ancien lieutenant. Étant donné qu’il n’existe aucune trace de sa présence dans la région de Madawaska entre 1800 et son inhumation en 1817, il se peut qu’il ait élu domicile dans le Bas-Canada, ne retournant dans la région de Madawaska qu’à la fin de sa vie. Il est également possible qu’il soit mort dans le Bas-Canada et que son frère et son fils aient fait transférer et inhumer sa dépouille à Saint-Basile.

L’historien américain Charles Collins voit Louis Mercure comme une victime de la persécution britannique, qui aurait voulu se rallier aux États-Unis. Pour sa part, l’historien du Nouveau-Brunswick, William Odber Raymond*, démontre que Mercure eut, à tout le moins, beaucoup plus de chance que bien d’autres Acadiens dans ses rapports avec le gouvernement. Il fut en mesure de travailler avec les autorités britanniques et d’exploiter son poste ainsi que sa formation pour en obtenir des avantages personnels. Il se trouva à la tête de la communauté acadienne parce qu’il savait lire et écrire, et qu’il jouissait de la considération du gouvernement. Mercure une fois tombé en défaveur, les Acadiens se choisirent d’autres chefs.

Sheila Muriel Andrew

APC, MG 30, C5, 1 : 28, 33, 35, 38, 96, 124, 169 ; 2 : 24, 35 ; 3 : 40, 176 (transcriptions ; mfm aux APNB).— APNB, RG 1, RS330, A2, no 26 ; A3, no 21 (photocopies à l’UNBL).— BL, Add. mss 21810 (mfm à l’UNBL).— CÉA, Fonds Placide Gaudet, 1.33-8 ; 1.33-9 ; 1.33-11 ; 1.33-12 ; 1.33-13 ; 1.33-20 ; 1.69-6.— PRO, CO 188/2 : 105–110 (photocopies à l’UNBL).— « Sunbury County documents », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 100–118.— Thomas Albert, Histoire du Madawaska d’après les recherches historiques de Patrick Therriault et les notes manuscrites de Prudent LMercure (Québec, 1920).— Antoine Bernard, Histoire de la survivance acadienne, 1755–1935 (Montréal, 1935).— C. W. Collins, The Acadians of Madawaska, Maine (Boston, 1902).— [W. O.] Raymond, « The first governor of New Brunswick and the Acadians of the River Saint John », SRC Mémoires, 3e sér., 8 (1914), sect. ii : 415–452.

Bibliographie générale

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Sheila Muriel Andrew, « MERCURE, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mercure_louis_5F.html.

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Auteur de l'article:    Sheila Muriel Andrew
Titre de l'article:    MERCURE, LOUIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024