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Titre original :  Josef Olesków (1860-1903). Library and Archives Canada. MIKAN Number 3219581.

Provenance : Lien

OLESKÓW, JÓSEF (transcrit du cyrillique sous la forme Osyp Oleskiv ; on trouve également Joseph Oleskiw, mais ses lettres au gouvernement canadien sont signées Jósef Olesków), agent d’immigration, né le 28 septembre 1860 à Skvariava Nova (Ukraine) ; il se maria deux fois, et eut deux fils et deux filles de son premier mariage ; décédé le 18 octobre 1903 à Sokal (Ukraine).

Jósef Olesków naquit en Galicie, province de l’empire d’Autriche habitée par des gens d’origine ukrainienne et polonaise. Son père, curé de l’Église grecque-catholique (orientale), faisait partie de l’élite rurale. Olesków étudia la géographie et l’agriculture à l’université de Lemberg (Lviv, Ukraine), puis obtint un doctorat en philosophie de l’université d’Erfurt, en Allemagne. Il fut nommé professeur d’agronomie à l’institut pédagogique de Lemberg.

À la fin du xixe siècle, les politiques agraires du gouvernement austro-hongrois avaient pour effet de créer une pénurie de terres et de provoquer une baisse du niveau de vie des paysans de Galicie. Bien des gens crurent améliorer leur sort en émigrant en Amérique du Nord ou du Sud. Quoique certains Ukrainiens aient pu venir au Canada à une date antérieure, les premiers inscrits, Ivan Pillipiw et Wasyl Eleniak, arrivèrent en 1891 pour étudier les possibilités d’établissement. Une poignée d’immigrants les suivit. Les leaders ukrainiens étaient toutefois partagés sur la question de l’émigration. Olesków en était partisan, mais il croyait que seule une émigration soigneusement planifiée, plutôt qu’un exode massif, permettrait d’améliorer la situation socio-économique de ses compatriotes, tant ceux qui quitteraient le pays que ceux qui y resteraient. Plus de 10 000 Ukrainiens, séduits par le transport gratuit qu’on leur offrait, étaient allés s’établir au Brésil et en Argentine. Par leurs lettres, Olesków apprit cependant que les conditions dans ces pays étaient souvent plus difficiles qu’en Galicie. Il se tourna donc vers le Canada. Le 16 mars 1895, il demanda des renseignements au département de l’Intérieur. Après avoir établi des contacts, il rédigea avec beaucoup de sérieux un opuscule, Pro vilni zemli (À propos des terrains concédés), publié en juillet 1895 par une importante organisation éducative ukrainienne, la société Prosvita, dans lequel il affirmait que le Canada était la terre d’accueil qui convenait le mieux aux agriculteurs ukrainiens.

Le 25 juillet, Olesków et un représentant de la communauté agricole, Ivan Dorundiak, entreprirent une mission d’exploration à titre d’invités du gouvernement canadien. Arrivés à Montréal le 12 août, ils rencontrèrent les responsables de l’immigration à Ottawa avant de poursuivre leur route jusqu’à Winnipeg, où le Bureau des terres de la Puissance affecta à leur service un guide parlant allemand, Hugo Carstens*. Olesków était particulièrement intéressé par le district de Stony Plain (Alberta), à l’ouest d’Edmonton, où plusieurs Allemands s’étaient déjà fixés. Il rencontra, dans la région de Beaverhill Creek, au nord-est d’Edmonton, 16 familles ukrainiennes qui avaient récemment acquis des concessions. Après une visite d’inspection dans l’île de Vancouver, il revint à Winnipeg, puis passa par les États-Unis pour se rendre à Ottawa.

Dans un mémoire à l’intention du gouvernement canadien, Olesków réaffirma sa foi dans le Canada et demanda, mais sans succès, que le gouvernement accorde une aide financière aux immigrants ukrainiens. À son retour chez lui, il organisa, à Lemberg, un congrès au cours duquel fut formé un comité d’aide aux émigrants, composé de nombreux citoyens en vue. Olesków continua avec enthousiasme à vanter les mérites du Canada dans un autre opuscule, O emigratsii (De l’émigration), et dans une brochure en polonais, Rolnictwo za okeanem a przesiedlna emigracja (l’Agriculture de l’autre côté de l’océan et la transplantation des émigrants). Ces deux publications connurent une large diffusion, et leur auteur reçut une foule de visiteurs et de lettres lui demandant conseil sur l’immigration au Canada.

En février 1896, Olesków informa les fonctionnaires d’Ottawa qu’une trentaine de familles, triées sur le volet, étaient prêtes à s’établir dans l’Ouest. Choisies en fonction de leur capacité d’adaptation et de leur capital, ces gens étaient bien préparés à affronter les rigueurs de la vie de colon au Canada. Pour éviter qu’ils ne s’aliènent les autres Canadiens, Olesków alla jusqu’à s’assurer qu’ils soient vêtus comme eux. Le groupe, accompagné par le frère d’Olesków, Wladimir, arriva à Québec le 30 avril 1896, et toutes les familles sauf trois s’établirent près d’Edna (Star, Alberta).

Le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier*, qui prit le pouvoir en juin 1896, commença bientôt à encourager l’immigration massive d’Européens de l’Est. Dans une de ses nombreuses lettres au département de l’Intérieur, Olesków avait instamment demandé la nomination d’un « surintendant de l’émigration de Galicie », qui agirait en qualité d’intermédiaire entre le gouvernement et les colons ukrainiens. Ottawa refusa mais, plus tard la même année, il nomma un interprète à Winnipeg, du nom de Cyril Genik*. Ce dernier, qu’Olesków avait convaincu d’immigrer en 1896, exercerait une grande influence sur le peuplement ukrainien dans l’Ouest. William Forsythe McCreary, nommé commissaire de l’immigration au Canada l’année suivante, reconnut qu’Olesków était un important intermédiaire pour la venue de colons dignes de confiance. En janvier 1898, Olesków rencontra les représentants canadiens à Londres et devint l’agent d’immigration du Canada en Galicie. Le gouvernement accepta secrètement de lui accorder une subvention pour les frais d’impression et de publicité, et de lui donner 2,50 $ (soit la moitié du montant versé aux agents maritimes) pour chaque immigrant adulte qu’il recrutait. Le travail qu’Olesków faisait pour le Canada devait demeurer confidentiel, car l’opposition à ses activités grandissait en Galicie. Entre 1898 et 1900, le département de l’Intérieur dépensa près de 6 000 $ pour aider Olesków, mais refusa toujours d’ouvrir officiellement un bureau d’immigration canadienne à Lemberg.

Les activités d’Olesków nuisirent cependant à l’immigration sélective qu’il préconisait. Profitant de la publicité qu’il donnait au Canada, les agents maritimes intensifièrent leur recrutement, et une émigration massive s’ensuivit. Mal préparés et manquant d’argent, beaucoup de colons connurent de rudes épreuves. Olesków avait toujours recommandé aux émigrants pauvres de se rendre aux États-Unis pour y gagner de l’argent avant de s’établir dans une ferme au Canada. On ne connaît pas le nombre d’immigrants qu’il recruta lui-même, mais ce ne fut probablement pas plus que quelques centaines de familles. Cependant, en 1914, on comptait environ 170 000 Ukrainiens établis au Canada, ce qui constituait le plus important groupe slave du pays. En 1981, près de 800 000 Canadiens se diraient d’ascendance ukrainienne.

En 1900, Jósef Olesków dut renoncer à promouvoir l’émigration, en raison de pressions politiques, du décès de sa première femme, et de son départ de Lemberg, à la suite de sa nomination à la direction d’un institut pédagogique à Sokal. Il mourut subitement trois ans plus tard à l’âge de 43 ans. Après avoir été salué comme le « père de l’émigration ukrainienne au Canada », il fut vite oublié dans les deux pays. Cet homme qui voyait pourtant loin avait fort mal évalué l’avenir de ses compatriotes au Canada. Opposé à l’émigration massive des paysans pauvres, qu’il croyait incapables d’affronter les rigueurs de la vie de pionnier, il avait sous-estimé leur ténacité et leur débrouillardise. Dans sa correspondance avec Ottawa, il avait fait valoir la propension des Ukrainiens à l’assimilation, laissant à entendre qu’ils s’intégreraient rapidement et facilement à la société anglo-celte. En réalité, les Ukrainiens résisteraient à l’acculturation plus que toute autre minorité et joueraient un rôle de premier plan dans le mouvement visant à faire reconnaître le caractère multiculturel du Canada.

Oleh W. Gerus

Jósef Olesków est l’auteur de deux brochures en ukrainien, Pro vilni zemli (Lviv, [Ukraine], 1895 ; réimpr., à Winnipeg, en 1975, avec une page de titre en anglais, Free lands) et O emigratsii (Lviv, 1895), et d’une autre en polonais, Rolnictwo za okeanem a przesiedlna emigracja ([Lviv], 1896), sur l’immigration au Canada. La recherche approfondie de Vladimir Julian Kaye a fait ressortir le rôle d’Olesków dans l’établissement des Ukrainiens au Canada. Peu d’autres recherches sur cet aspect de l’histoire ukraino-canadienne ont été entreprises depuis la publication de Early Ukrainian settlements in Canada, 1895–1900 ; Dr. Josef Oleskow’s role in the settlement of the Canadian northwest (Toronto, 1964), de Kaye ; cet ouvrage demeure la seule source de documentation exhaustive sur Olesków.  [o. w. g.]

J.–P. Himka, « The background to emigration : Ukrainians of Galicia and Bukovyna, 1848–1914 », V. J. Kaye et Frances Swyripa, « Settlement and colonization », dans A heritage in transition : essays on the history of Ukrainians in Canada, M. R. Lupul, édit. (Toronto, 1982), 11–31 et 32–58. M. H. Marunchak, Biographical dictionary to the history of Ukrainian Canadians (Winnipeg, 1986) [texte en ukrainien].— Jaroslav Petryshyn, Peasants in the promised land : Canada and the Ukrainians, 1891–1914 (Toronto, 1985).— Statistical tables to « The Ukrainian Canadians : a history », M. H. Marunchak, compil. (Winnipeg, 1986).— Julian Stechishin, History of Ukrainian settlements in Canada [texte en ukrainien] (Edmonton, 1975) ; traduit en anglais par Isidore Goresky sous le titre A History of Ukrainian settlement in Canada (Winnipeg, 1992).

Bibliographie générale

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Oleh W. Gerus, « OLESKÓW, JÓSEF », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/oleskow_josef_13F.html.

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Auteur de l'article:    Oleh W. Gerus
Titre de l'article:    OLESKÓW, JÓSEF
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024