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PEARCE, WILLIAM, arpenteur, ingénieur civil, fonctionnaire et statisticien, né le 1er février 1848 dans le canton de Dunwich, Haut-Canada, fils de John Pearce et d’Elizabeth Moorhouse ; frère de John Seabury Pearce* ; le 20 septembre 1881, il épousa dans le canton de McKillop, Ontario, Margaret Adolphine Meyer, et ils eurent cinq fils, dont deux moururent en bas âge, et deux filles ; décédé le 3 mars 1930 à Calgary.
William Pearce naquit aux confins des terres colonisées du Haut-Canada, près de Tyrconnell sur le lac Érié. Retiré de l’école à l’âge de 12 ans pour aider au défrichement de la propriété familiale, il y retourna par la suite et finit, probablement en 1868, par s’inscrire en génie à la University of Toronto. Après un an d’études dans cet établissement et trois ans d’apprentissage au bureau d’ingénieurs Wadsworth and Unwin à Toronto, il obtint en 1872 un brevet d’arpenteur de l’Ontario. Le savoir-faire qu’il manifesta l’année suivante au cours du difficile relevé des Mille-Îles impressionna ses collègues les plus anciens dans le métier. Parmi eux se trouvait l’arpenteur général du dominion, John Stoughton Dennis*, qui lui offrit d’aller travailler au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest. C’est ainsi que, en 1874, Pearce s’intégra aux équipes des arpenteurs des terres du dominion. L’année suivante, il fut nommé au comité de sélection de ce groupe de fonctionnaires.
Engagé pour des périodes de 12 mois jusqu’après le milieu des années 1870, Pearce établit des subdivisions officielles dans la région de Winnipeg, où il se fit connaître pour la compétence avec laquelle il traita un dossier complexe et politiquement délicat : les demandes de reconnaissance des titres de propriété des Métis [V. Donald Codd*]. En outre, il fut l’un des premiers à entreprendre les levés – selon les méthodes du méridien, de la base et du quadrillage cantonal – qui occuperaient des équipes d’arpenteurs fédéraux durant 30 ans. Pendant qu’il exécutait ces tâches aux environs du mont Turtle, dans le sud-ouest du Manitoba, il prit l’initiative de donner son avis à ses supérieurs sur le régime d’affectation des terres. Après avoir observé les activités de la première vague de détenteurs de concessions statutaires dans la région et le détournement de ressources vitales auquel se livraient, selon lui, les premiers arrivants, il fit valoir que le gouvernement devrait, en vertu de l’Acte concernant les terres publiques de la Puissance adopté en 1872, mettre de côté de grandes superficies où l’on trouvait du bois et de l’eau. À son avis, il fallait réserver ces précieuses terres à l’usage des vrais fermiers au lieu de les céder à des spéculateurs et à une poignée d’entreprises commerciales qui s’en serviraient à leur propre avantage. Durant toute sa carrière, Pearce demeurerait fermement convaincu que l’intérêt général commandait de veiller à ce que les terres et les richesses naturelles soient exploitées pour le bien de la majorité, même si cela bridait les entreprises commerciales ou restreignait les droits des particuliers propriétaires. En prônant un tel degré d’intervention gouvernementale, Pearce bravait la mentalité de laisser-faire qui prédominait parmi les colons de l’Ouest.
En février 1882, Pearce fut nommé inspecteur des agences des terres du dominion, ce qui lui offrit l’occasion de mettre ce point de vue en pratique. Avec le bureau du commissaire des Terres de la couronne, son inspectorat formait une nouvelle entité au sein du département de l’Intérieur, le Conseil des terres fédérales. Le mandat de l’organisme consistait surtout à superviser les bureaux des terres du dominion dans les localités des Prairies, à s’assurer que les agents locaux appliquaient uniformément la loi, à arbitrer tous les litiges fonciers et à conseiller le gouvernement sur la mise en valeur des terres et des ressources. Le Conseil des terres fédérales ouvrit son bureau de Winnipeg en mars. L’infatigable Pearce entama une série d’inspections dont les effets ne tardèrent pas à se faire sentir : congédiement d’agents, éviction de squatteurs, obligation pour des personnages publics de rendre des comptes sur des cas de spéculation foncière. Pearce acquit du respect, mais suscita des polémiques et se fit quelques ennemis puissants, en particulier Frank Oliver*, le propriétaire et rédacteur en chef de l’Edmonton Bulletin. Animé d’un zèle de missionnaire, Pearce avait tendance à se montrer brusque et autoritaire. À certains moments, ses supérieurs politiques devraient refréner sa rigidité.
Étant donné ses attributions d’inspecteur, l’expérience qu’il avait acquise au Manitoba et le fait qu’il était connu pour se documenter avec soin, Pearce fut appelé en 1883 à examiner les revendications foncières des colons et des Métis établis le long de la rivière Saskatchewan-du-Nord entre Battleford et Prince Albert (Saskatchewan). C’était une lourde besogne, et il ne parvint pas à la terminer avant 1885 [V. sir David Lewis Macpherson*] – ce qui, de l’avis de certains à l’époque et d’autres par la suite, contribua au déclenchement de la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*]. Après, Pearce reçut le mandat d’étudier en détail les causes de la rébellion et d’évaluer la responsabilité du gouvernement fédéral. Son rapport de 1886, qui blanchissait Ottawa, n’impressionna pas l’opposition libérale. Considéré comme un conservateur par ses opposants, lui-même refusait toute étiquette. En 1897, dans une lettre à Clifford Sifton, il déclarerait que, pour garder la confiance de la population, il s’était abstenu, depuis son entrée dans la fonction publique, de voter à toutes les élections fédérales, territoriales et municipales et d’assister à la moindre assemblée politique.
À mesure que la construction du chemin de fer canadien du Pacifique progressait jusque dans les Rocheuses, en 1884, et qu’arrivaient des demandes d’obtention des droits miniers sur des propriétés avoisinantes, les autorités fédérales acquirent la conviction qu’un boom minier et foncier était sur le point de se produire. Elles proposèrent d’affecter à Calgary un haut fonctionnaire du département de l’Intérieur dont le travail consisterait expressément à administrer l’exploitation des ressources forestières et minières de la région. Le titulaire de ce nouveau poste de surintendant des Mines était William Pearce ; sa nomination eut lieu le 15 mai. Lui qui comptait déjà parmi les rares fonctionnaires fédéraux investis d’un pouvoir réel dans l’Ouest devint ainsi un personnage encore plus influent. Remarquablement compétent et dynamique, placé sous l’autorité directe du sous-ministre de l’Intérieur (jusqu’au début de 1897, Alexander Mackinnon Burgess*), il régnait en maître quasi absolu sur la bande du chemin de fer, c’est-à-dire le territoire fédéral bordant des deux côtés le tronçon principal du chemin de fer canadien du Pacifique à partir de la vallée de la Rivière-Rouge jusque dans les Rocheuses et l’intérieur de la Colombie-Britannique. On comprend aisément pourquoi certains de ses détracteurs le surnommaient le « tsar de l’Ouest ». En sa double qualité de membre du Conseil des terres fédérales et de surintendant des Mines, il était chargé non seulement de l’application des règles qui gouverneraient la mise en valeur des richesses naturelles dans les Territoires du Nord-Ouest, mais aussi de la formulation de ces règles.
Pearce s’employa d’abord à récrire la réglementation fédérale sur l’exploitation minière, mais, comme le boom minier ne se produisait pas, il passa à autre chose. Pour commencer, il évalua en 1886 des prétentions rivales à la propriété des sources chaudes découvertes peu de temps auparavant près de Banff (Alberta). Il avait été de ceux qui avaient conclu que la couronne devait conserver la propriété de ces sources, et c’était en grande partie grâce à lui que, en 1885, la région avait été réservée à un usage collectif. En s’inspirant de la loi américaine de 1872 sur le parc national de Yellowstone, il rédigea la loi de 1887 qui créait le premier parc national du Canada, celui des Rocheuses. Par la suite, il jouerait un rôle de premier plan dans la mise de côté et la délimitation des territoires qui formeraient les parcs nationaux Yoho et des Glaciers en Colombie-Britannique. En prévision de la croissance de Calgary, il mit également de côté, en vue d’en faire des parcs, les îles St George et St Patrick ainsi que la rive nord de la Bow, en face.
Préserver des régions aux panoramas exceptionnels importait beaucoup à Pearce, mais bientôt, la gestion de l’eau lui parut plus urgente. Témoin de la terrible sécheresse qui s’abattit sur les Prairies à la fin des années 1880, Pearce acquit la conviction que l’avenir de cette région reposait sur la répartition de ses faibles réserves d’eau. Le gouvernement devait donc prendre en charge la gestion de cette ressource précieuse. Les idées de Pearce en cette matière furent beaucoup influencées par ses voyages dans l’Ouest américain de même que par les écrits de John Wesley Powell, le distingué chef de la United States Geological Survey, et ceux d’Elwood Mead, la plus grande autorité américaine en matière de droit de l’irrigation et de l’eau. Tous deux soutenaient que, dans l’Ouest aride, l’administration de l’eau devait relever du gouvernement.
Estimant que la plus grande partie du sud de l’Alberta et de l’ouest d’Assiniboia était trop sèche pour la culture céréalière et plutôt propice au pâturage, Pearce conseillait de limiter le peuplement par concessions statutaires et de soutenir plutôt l’industrie de l’élevage, déjà solidement implantée. Sous sa conduite, le gouvernement commença en 1886 à mettre de côté, pour un usage collectif, des sources de choix et des emplacements stratégiques en bordure de ruisseaux, de rivières et de lacs. Constitué au cours de la décennie suivante en vue d’empêcher les détenteurs de concessions statutaires et les grosses compagnies d’élevage de barrer l’accès à une ressource vitale, ce réseau de réserves d’abreuvement se révélerait d’un grand secours pour les éleveurs lorsque les premiers colons arriveraient en masse dans les Prairies à la suite de la campagne d’immigration menée par Clifford Sifton à la charnière du xixe et du xxe siècle.
Gérer l’eau en faveur de l’industrie de l’élevage n’était qu’une étape vers le véritable objectif de Pearce : nationaliser la gestion de toutes les réserves d’eau des Prairies. Pour lui, ouvrir complètement la région des pâturages à la colonisation était contre-indiqué, mais il savait bien que, à l’intérieur de la zone aride, s’étendaient de vastes terres fertiles que l’on pourrait fort bien irriguer. Ses calculs montraient cependant que l’eau disponible suffirait à en irriguer seulement une partie. Pour continuer de mettre en valeur la zone aride, il fallait donc, selon lui, adopter une loi progressiste en matière d’irrigation.
Sans relâche, Pearce s’employa à gagner à sa cause les élites locales, les hommes politiques et les hauts fonctionnaires fédéraux. C’était toute une gageure. La difficulté n’était pas tant de faire accepter le principe de l’irrigation ; la sécheresse, en effet, continuait de sévir. Le problème tenait plutôt à la nature de l’assise juridique que Pearce voulait mettre en place. Dans l’Ouest américain, il avait pu constater que les tribunaux étaient encombrés par les litiges et qu’une distribution efficace et équitable de l’eau était quasi impossible parce que les lois adoptées par le pouvoir central et les États constituaient un fouillis et s’inspiraient de diverses doctrines juridiques sur l’eau. Instruit par cet exemple, il soutenait que la clé d’une gestion progressiste était de confier la propriété de l’eau au gouvernement fédéral. Or, l’idée de soustraire complètement l’eau à la propriété privée, sauf pour la consommation domestique, allait à l’encontre de la vieille doctrine anglo-saxonne des droits riverains, suscitait une vive controverse et inquiétait beaucoup les supérieurs administratifs et politiques de Pearce. En fin de compte, étant donné que la sécheresse continuait, que la densité de population était encore faible dans les Territoires du Nord-Ouest – ce qui donnait une chance d’agir avant qu’un grand nombre de particuliers aient des droits acquis – et que Pearce sut mobiliser des appuis régionaux, ses collègues surmontèrent leur prudence et acceptèrent d’aller de l’avant. Rédigé par Pearce, l’Acte concernant l’utilisation des eaux des Territoires du Nord-Ouest pour des fins d’irrigation et autres fut adopté par le Parlement en juillet 1894. Cette loi transférait au gouvernement fédéral la propriété de toute l’eau des territoires, faisait officiellement de l’eau une ressource publique, donnait aux droits collectifs la préséance sur les droits individuels et habilitait les fonctionnaires fédéraux à gérer l’eau en vue de l’intérêt général. Pour Elwood Mead et d’autres sommités américaines, cette loi était un modèle de sagesse. Elle orienta la gestion de l’eau des Prairies canadiennes dans une direction différente de ce qui se faisait ailleurs sur le continent et demeure le fondement du droit contemporain de l’eau en Saskatchewan et en Alberta.
Pour que naisse l’éden de verdure dont rêvait Pearce, il restait à construire un réseau de barrages, de réservoirs et de canaux. Faute d’avoir réussi à convaincre Ottawa de bâtir cette infrastructure, Pearce avait entamé des pourparlers avec William Cornelius Van Horne*, le patron de l’une des seules organisations privées capables d’entreprendre un projet d’une telle ampleur : la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Conscient du fait que, en vertu de sa charte, la compagnie avait encore droit à près de quatre millions d’acres de la part du gouvernement du Canada et que le seul grand bloc de terres non concédées des Prairies se trouvait dans la portion de la zone aride qui bordait le tronçon principal du chemin de fer entre Medicine Hat (Alberta) et Calgary, Pearce proposa à la compagnie et au gouvernement de régler la question en affectant des terres à l’irrigation. En août 1903, en grande partie grâce à sa persistance, plus de 3,5 millions d’acres – dont 2,9 millions d’un seul tenant, le « irrigation block » – furent transférés à la société ferroviaire. En 1904, celle-ci mit en chantier le canal principal qui partait de la rivière Bow, juste à l’est de Calgary. Ce projet d’irrigation et de colonisation était l’un des plus ambitieux en Amérique du Nord et comprenait un programme de peuplement assisté conforme au plan de Pearce. En plus, Pearce avait aidé Elliott Torrance Galt à former en 1896, à l’est et au sud de Lethbridge, un bloc de terres destinées à l’irrigation.
Dès le début, Pearce avait vu sa loi sur l’irrigation comme une première étape qui exigeait plusieurs mesures complémentaires. La plus problématique d’entre elles était la création d’une vaste réserve forestière dont la fonction serait de protéger les sources des cours d’eau qui coulaient dans les Prairies à partir des Rocheuses. Malgré la résistance des entrepreneurs forestiers, des éleveurs et des colons, la Foot Hills Forest Reserve (Alberta) fut créée en 1898. Bordée à l’ouest par le sommet des Rocheuses, à l’est par les Prairies, au sud par la frontière canado-américaine et au nord par la rivière Bow, cet immense territoire, qui porte depuis 1912 le nom de Rocky Mountain Forest Reserve, témoigne encore aujourd’hui de la prévoyance de Pearce.
Ces réussites mises à part, la décennie qui suivit l’adoption de la loi sur l’irrigation des Territoires du Nord-Ouest fut une période pénible pour Pearce. Les conditions atmosphériques et la conjoncture politique se conjuguaient pour menacer son rêve. Presque tout de suite après que la loi eut obtenu la sanction royale, un nouveau cycle météorologique débuta ; pendant plusieurs années, il plut, ce qui détourna les fermiers des projets d’irrigation. En outre, les libéraux fédéraux prirent le pouvoir en 1896 sous la direction de Wilfrid Laurier*, et l’influence de Pearce déclina, comme celle de ses collègues les plus haut placés au département de l’Intérieur. En 1901, Pearce fut nommé inspecteur en chef des levés, ce qui était une rétrogradation. Puis, à la fois à cause des pressions en faveur de son congédiement et d’une offre intéressante du président de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, sir Thomas George Shaughnessy, il quitta la fonction publique en 1904 et se joignit à l’équipe qui préparait la réalisation du gigantesque projet d’irrigation de la rivière Bow – celui-là même dont il avait été l’un des instigateurs. Enfin, il pourrait se concentrer sur sa priorité.
Une fois les travaux d’irrigation bien amorcés, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique fit appel à la connaissance inégalée que Pearce avait des Prairies en lui confiant une nouvelle mission d’envergure. Il s’agissait de recenser la population et les richesses naturelles de l’immense concession foncière de la compagnie, en accordant une attention particulière aux millions d’acres toujours invendus. Ce relevé canton par canton, dont la compagnie entendait se servir pour planifier son réseau d’embranchements particuliers, prendrait presque cinq ans et, au bout du compte, aiderait à diriger la phase finale de la colonisation des Prairies.
Peut-être à cause de l’ampleur de la tâche qui l’attendait, Pearce partit en 1910 faire le tour du monde. Naturellement, il alla surtout voir de grands ouvrages d’irrigation, notamment en Égypte, au Soudan, en Inde, aux Philippines, en Chine, au Japon et en Australie. Ces visites, de même que les dizaines de concessions statutaires abandonnées qu’il verrait dans la zone aride au cours de son relevé pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, renforcèrent en lui la conviction que, dans une bonne partie des Prairies, l’irrigation était essentielle au peuplement. Ce point de vue se retrouve dans le travail qu’il fit à la commission sur l’économie et le développement en 1916. Par exemple, la commission recommanda au gouvernement fédéral d’étudier divers schémas globaux d’irrigation pour les zones semi-arides de l’Ouest. Pearce en avait justement un à proposer. Impressionné par l’ampleur des ouvrages d’irrigation qu’il avait vus dans le nord de l’Inde, il envisageait de détourner la Saskatchewan-du-Nord pour arroser une bande de près de 20 millions d’acres sur la frontière de l’Alberta et de la Saskatchewan. Comme la présentation de ce plan coïncida avec le début d’une nouvelle période de grande sécheresse, on l’examina avec beaucoup d’attention. Les levés topographiques préliminaires, menés en toute hâte à cause de l’exode des colons hors de la zone aride, montrèrent que le plan était réalisable. Toutefois, l’élan retomba à cause du coût estimé des travaux, 105 millions de dollars, et de la fin de la sécheresse en 1923. Pearce continua de défendre ce projet, mais la clameur de la prospérité retrouvée étouffa sa voix.
Bien que ses idées sur l’irrigation n’aient plus éveillé autant d’intérêt, Pearce demeurait sans conteste la sommité régionale en matière de mise en valeur des terres et des richesses naturelles, et l’on continuait de solliciter abondamment ses avis et sa participation. Plus tôt, il avait influé d’une autre manière sur le développement économique de l’Alberta : à titre de vice-président de la Calgary Petroleum Products Company Limited, il avait fait partie du petit groupe d’entrepreneurs locaux qui avait été à l’origine de la découverte d’un gisement pétrolifère dans la vallée de Turner en 1914. Cette découverte allait transformer sa province d’adoption.
Selon sa fille Adolphina Thornton Tassie, Pearce avait « l’étoffe d’un pionnier », une « bonne santé et une constitution solide, une endurance illimitée ». Il avait, auprès de ses contemporains, la réputation d’être un passionné de la marche et de pouvoir parcourir de longues distances en raquettes. En outre, il avait une grande curiosité intellectuelle : chez lui, il y avait quatre encyclopédies. Sa fille rappelait qu’il disait souvent à ses enfants de se servir d’un dictionnaire, parfois même avant qu’ils sachent lire. Pilier de l’Église d’Angleterre à Calgary, il appartenait au Ranchmen’s Club de cette ville et au Club de Manitoba à Winnipeg. Il gardait le lien avec les membres de ses deux professions par l’entremise de l’Alberta Land Surveyors’ Association (dont il fut le premier président), de l’Institut canadien des ingénieurs, de l’Association of Professional Engineers’ of Alberta et de la Corporation of Land Surveyors of the Province of British Columbia. De plus, il était membre de la Royal Geographical Society et occupa la vice-présidence de la Canadian Forestry Association. Intéressé par l’urbanisme, il fut président de la City Planning Commission de Calgary pendant un certain temps et président honoraire de l’Alberta Town Planning and Housing Association.
William Pearce prit sa retraite en 1926 mais garda, à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, un bureau où il continua de travailler à des projets qui lui étaient chers, notamment une histoire des Prairies, cette région où il avait joué un rôle si déterminant. Il mourut le 3 mars 1930 dans sa propriété, Bow Bend Shack ; il était très attaché à cette demeure dont l’intérieur s’ornait de belles boiseries et qui s’élevait au milieu de jardins irrigués. Au moment de son décès, une autre période de sécheresse s’amorçait. Bien qu’il n’ait pas été physiquement présent pour diriger le débat, ses observations, de même que les assises juridiques qu’il avait contribué à mettre en place, éclaireraient les discussions au cours de cette sécheresse et de toutes celles qui suivraient. Il laissait en héritage d’autres œuvres durables : la réserve forestière et les parcs des Rocheuses canadiennes. Le gouvernement fédéral avait envoyé Pearce dans l’Ouest pour qu’il prenne part à l’édification d’un pays neuf. Il avait accompli sa mission de bâtisseur consciencieusement et avec compétence.
William Pearce est l’auteur de « Detailed report upon all claims to land and right to participate in the North-West half-breed grant by settlers along the South Saskatchewan and vicinity west of range 26, W. 2nd meridian, being the settlements commonly known as St. Louis de Langevin, St. Laurent or Batoche, and Duck Lake », Canada, Parl., Doc. de la session, 1886, nº 8b. Il a écrit par la suite « Establishment of the national parks in the Rocky and Selkirk mountains : a paper delivered to the Historical Society of Calgary, 16 Dec. 1924 », Calgary Herald, 27 déc. 1924 : 5, publié aussi dans Alberta Hist. Rev. (Calgary), 10 (1962), nº 3 : 8-27.
AO, RG 80-5-0-98, nº 4799.— Univ. of Alta Arch. (Edmonton), William Pearce fonds.— Assoc. of Ontario Land Surveyors, Annual report (Toronto), 1931 : 94–97.— D. H. Breen, The Canadian prairie west and the ranching frontier, 1874–1924 (Toronto, 1983).— C. S. Burchill, « The origins of Canadian irrigation law », CHR, 29 (1948) : 353-362.— Canada, Parl., Doc. de la session, rapport du dép. de l’Intérieur, 1880–1905 ; Statuts, 1894 : c.30.— A. A. den Otter, Civilizing the west : the Galts and the development of western Canada (Edmonton, 1982).— S. A. Donaldson, « William Pearce : his vision of trees », Journal of Garden Hist. (Londres), 3 (1983) : 233–244.— D. C. Jones, Empire of dust : settling and abandoning the prairie dry belt (Edmonton, 1987).— C. S. Kenny, A treatise on the law of irrigation and water rights [...] (2e éd., 4 vol., San Francisco, Calif., 1912), 1.— W. F. Lothian, A history of Canada’s national parks (4 vol., Ottawa, 1976–1981), 1.— Elwood Mead, Irrigation institutions : a discussion of the economic and legal questions created by the growth of irrigated agriculture in the west (Londres, 1903).— E. A. Mitchner, « William Pearce and federal government activity in western Canada, 1882–1904 » (thèse de ph.d., Univ. of Alberta, 1971) ; « William Pearce : father of Alberta irrigation » (mémoire de m.a., Univ. of Alberta, 1966).— A. [T. Pearce] Tassie et C. S. Howard, « Prairie surveys and a prairie surveyor », Canadian Banker (Toronto), 60 (1953), nº 2 : 53–73.
David Breen, « PEARCE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pearce_william_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/pearce_william_15F.html |
Auteur de l'article: | David Breen |
Titre de l'article: | PEARCE, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |