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HARCOURT, GEORGE, horticulteur, professeur et fonctionnaire, né le 3 novembre 1863 ou 1864 près d’Auburn, Haut-Canada, fils de John Tompkins Harcourt et de Helen (Ellen) Ratcliffe ; le 25 juillet 1893, il épousa à Stanley, Manitoba, Henrietta Jane (Jean) Stirton, et ils n’eurent pas d’enfants, puis le 12 juin 1901 à Toronto Ethel Jane (Jean) Cross (1876‒1924), et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 6 octobre 1940 à Edmonton et inhumé dans cette ville au cimetière Mount Pleasant.
George Harcourt grandit dans la ferme de son père ; à 25 ans, il reçut un diplôme, avec une médaille d’or pour ses aptitudes, de l’Ontario Agricultural College de Guelph. Il obtint un baccalauréat en science de l’agriculture de la University of Toronto en 1889, puis devint assistant de James Wilson Robertson*, professeur à l’Ontario Agricultural College. L’année suivante, après le départ de Robertson, futur premier commissaire fédéral de l’industrie laitière et agricole, Harcourt fut promu, avec un meilleur salaire, au poste d’aide-chimiste. De 1891 à 1894, il enseigna l’agriculture au Prince of Wales College, dirigé par Alexander Anderson*, à Charlottetown ; parmi ses collègues figurait Samuel Napier Robertson. Durant ces années, Harcourt fut aussi rédacteur du journal local le Guardian.
En 1893, Harcourt se rendit au Manitoba pour étudier le potentiel agricole de la province. Il y rencontra et épousa sa première femme, Henrietta Jane Stirton, qui mourut apparemment peu de temps après leur mariage. De 1894 à 1898, il exerça en Ontario les métiers de cultivateur et de rédacteur, puis décida, comme beaucoup d’habitants de l’Est à cette époque-là, de s’installer dans l’Ouest canadien. Il vécut d’abord à Winnipeg, où il fut rédacteur au Nor’-West Farmer entre 1898 et 1903. Durant cette période, Harcourt épousa sa seconde femme, Ethel Jane Cross, avec laquelle il aurait quatre enfants. En 1903, on le nomma directeur des foires et des centres de formation pour agriculteurs, puis il fit son entrée au ministère de l’Agriculture des Territoires du Nord-Ouest. Le poste était basé à Regina, mais Harcourt voyagea énormément pour encourager les fermiers à entreprendre la culture expérimentale de plantes comme la luzerne, le trèfle, le maïs de plein champ et le blé d’hiver, et pour promouvoir l’utilisation de graines de colza pour l’alimentation des porcs. Il pilota également un programme qui recrutait annuellement des milliers de jeunes hommes de l’Ontario, de la province de Québec et des Maritimes pour participer aux récoltes saisonnières. De nombreuses autres personnes travaillaient pour ouvrir l’Ouest, notamment le scientifique William Saunders*, le spécialiste de l’irrigation William Pearce* et l’arpenteur John Stoughton Dennis.
En 1905, le gouvernement de la nouvelle province de l’Alberta, dirigé par le premier ministre Alexander Cameron Rutherford*, nomma Harcourt sous-ministre de l’Agriculture. Ce dernier conserva ce poste pendant dix ans, d’abord sous la gouverne du ministre William Thomas Finlay*, puis de Duncan McLean Marshall*. Finlay connut des problèmes de santé pendant son mandat, de 1905 à 1909. Harcourt assuma alors ses tâches ; il adorait ce genre de responsabilités. À l’apogée de son influence sur le développement de l’agriculture en Alberta, il mit sur pied le ministère de l’Agriculture et engagea des membres du personnel : notamment Horace Aldridge Craig, lui aussi diplômé de l’Ontario Agricultural College, qui devint directeur des foires et centres de formation pour agriculteurs et, plus tard, sous-ministre, et Zechariah McIlmoyle, qui fut l’assistant de Harcourt et secrétaire du Board of Agricultural Education. En 1908, en reconnaissance de son double rôle, de sous-ministre et, pratiquement, de ministre, Harcourt fut élu au conseil universitaire de la University of Alberta à Edmonton.
Marshall, qui succéda à Finlay en 1909, était beaucoup plus à même de diriger le ministère, et son assurance suscita des tensions avec Harcourt, qui reprit difficilement le travail traditionnel de sous-ministre. Ce dernier croyait aussi, selon le botaniste Roger Vick, que Marshall menait un train de vie « personnellement extravagant aux frais des contribuables de l’Alberta ». Situation plus préoccupante, une sécheresse commença à sévir en 1909‒1910 dans la zone aride du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, où les gouvernements provinciaux de Rutherford et de Thomas Walter Scott, et le ministre de l’Intérieur de sir Wilfrid Laurier*, Clifford Sifton*, avaient encouragé la colonisation agricole. En 1911, Harcourt soutint qu’il fallait aider les fermiers à adopter de meilleures méthodes ; le ministère créa des fermes de démonstration, d’une superficie de 160 à 640 acres, à Athabasca Landing (Athabasca), Claresholm, Medicine Hat, Olds, Sedgewick, Stony Plain et Vermilion. Comme ces fermes, à exploitation mixte, se trouvaient toutes, sauf celle de Claresholm, dans les circonscriptions de ministres du cabinet, le choix des emplacements suscita quelques critiques. À une certaine époque, grâce au train qui reliait les fermes, le Mixed Farming Special, les cultivateurs et leurs familles s’y rendaient facilement, afin d’en observer le fonctionnement et de s’y instruire.
Harcourt vécut le moment le plus remarquable de sa carrière de sous-ministre au septième International Dry-Farming Congress, qui se tint à Lethbridge du 19 au 26 octobre 1912, en même temps que le deuxième International Congress of Farm Women et la Conference of Agricultural Colleges and Experiment Stations. Plus de 40 000 personnes visitèrent l’exposition et, selon l’historienne Stephani Keer, Lethbridge acquit une grande notoriété « en tant que capitale mondiale de l’aridoculture ». L’événement rencontra un vif succès et attira des personnalités du gouvernement, comme Spencer Argyle Bedford, sous-ministre de l’Agriculture et de l’Immigration du Manitoba, et des hommes politiques tels que Robert Rogers et William Richard Motherwell*. Pourtant, il contribua peu au soulagement des cultivateurs de la zone aride. L’historien Curtis R. McManus noterait que Harcourt avait témérairement blâmé les cultivateurs pour « le manque de méthodes intelligentes » et s’était entêté à parler de conditions « arides » plutôt que de sécheresse pour décrire la situation désastreuse. Afin de promouvoir l’éducation, ainsi que le développement des ressources de la province, Harcourt, Marshall et le directeur de la University of Alberta, Henry Marshall Tory*, préconisèrent la création d’écoles provinciales de techniques agricoles. En 1913, grâce au financement du gouvernement fédéral de Robert Laird Borden, le ministère ouvrit des écoles à Vermilion, Claresholm et Olds. La situation continua cependant à se détériorer dans le sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, et, un an plus tard, les gouvernements provinciaux et fédéral offrirent aux colons des tarifs de train réduits pour partir et chercher du travail ailleurs.
Pendant plusieurs années, non seulement Harcourt connut des difficultés professionnelles, mais il vit sa fortune personnelle décliner à cause de mauvais placements immobiliers effectués avec son ami Tory. Quand la faculté d’agriculture de la University of Alberta vit le jour, le 1er mai 1915, grâce aux efforts de Tory (et malgré l’opposition de Calgariens comme Thomas Henry Blow, qui voulaient que leur ville possède son université), on nomma Ernest Albert Howes au poste de doyen et Harcourt à celui de vice-doyen. En outre, il devint le premier maître de conférences en horticulture de la faculté. Il conserverait les deux emplois jusqu’à sa retraite, en 1935. Harcourt joua un rôle majeur dans la création d’un programme de quatre ans en agriculture, puis il se consacra à des travaux sur l’horticulture, publia une liste de cultures recommandées pour l’Alberta et s’investit dans la promotion de la culture de potagers. Il souhaitait particulièrement développer des pommiers robustes et des pommetiers, et réalisa une série de plantations expérimentales de fruits, légumes et plantes ornementales pour le campus. Harcourt aida également l’université à répondre à certaines critiques selon lesquelles elle avait trop d’influence sur l’agriculture dans la province. En 1921–1922, trois cultivateurs du sud de l’Alberta demandèrent à la province de placer la faculté d’agriculture sous l’autorité du ministère de l’Agriculture ; grâce à ses nombreuses relations, Harcourt eut une influence déterminante dans la campagne que l’université mena, avec succès, pour obtenir le soutien de députés.
Considéré par ses collègues comme un travailleur acharné à l’extrême, George Harcourt trouva néanmoins le temps de participer activement à l’Edmonton Horticultural Society et au Vacant Lots Garden Club, qui préconisait la culture de légumes pour répondre aux pénuries alimentaires durant la Première Guerre mondiale. Le club tiendrait aussi une place importante pendant la Grande Dépression, en fournissant des lots de terre sans loyer à des citoyens bénéficiaires de l’assistance sociale. En 1928, Harcourt utilisa la station radiophonique de l’université, CKUA, pour diffuser des conférences sur les couches chaudes et froides des potagers, les légumes de jardin et l’aménagement paysager des terrains résidentiels. Durant sa retraite, il donna des conférences dans les Prairies à bord du Tree Planting Car du chemin de fer canadien du Pacifique, exposition horticole itinérante. En 1955, 15 ans après la mort de Harcourt, la University of Alberta introduisit une nouvelle variété de pomme nommée en son honneur, afin de souligner son legs. La George Harcourt Residence, située dans le quartier de Windsor Park, près de l’université d’Edmonton, figure au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux.
Univ. of Alberta Arch. (Edmonton), Dept. of plant science fonds.— Maureen Aytenfisu, « The University of Alberta : objectives, structure and role in the community, 1908–1928 » (mémoire de m.a., Univ. of Alberta, 1982).— Kathryn Chase Merrett, « Edmonton Horticultural Society : the history of EHS » : edmontonhort.com/history (consulté le 24 avril 2017).— The encyclopedia of Canada, W. S. Wallace, édit. (6 vol., Toronto, [1948]).— The first fifty years : a history of the faculty of agriculture, 1915–1965, W. E. Bowser, édit. ([Edmonton, 1965]).— D. C. Jones, Empire of dust : settling and abandoning the prairie dry belt (Edmonton, 1987).— Stephani Keer, « Lethbridge was the world’s capital of dryland farming, and then… », dans Alberta in the 20th century : a journalistic history of the province in twelve volumes, [Ted Byfield et al., édit.] (12 vol., Edmonton, 1991–2003), 3 (The boom and the bust, 1994), 150–163.— C. R. McManus, Happyland : a history of the « Dirty Thirties » in Saskatchewan, 1914–1937 (Calgary, 2011).— E. B. Swindlehurst, Alberta’s schools of agriculture : a brief history ([Edmonton, 1964 ?]).— Roger Vick, « George Harcourt, horticulturist », Alberta Hist. (Calgary), 39 (1991), 3 : 21–25.
Adriana A. Davies, « HARCOURT, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 14 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harcourt_george_16F.html.
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Auteur de l'article: | Adriana A. Davies |
Titre de l'article: | HARCOURT, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2021 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 14 nov. 2024 |