PHILIPPE (Philippes) DE HAUTMESNIL DE MANDEVILLE, FRANÇOIS (connu aussi sous le nom de sieur de Marigny), commerçant, officier en Louisiane ; baptisé le 10 octobre 1682 à Montréal, septième des 13 enfants de Jean-Vincent Philippe de Hautmesnil (Hautmesnyl) de Marigny, originaire de Bayeux, France, qui avait épousé Marie-Catherine Lambert de Baussy en 1671 ; mort le 24 octobre 1728 à la Nouvelle-Orléans.

En 1702, François et son frère aîné Gabriel Philippe, sieur de Saint-Lambert, avec qui on le confond fréquemment, se joignirent à l’expédition de Charles Juchereau de Saint-Denys à Montréal. Après la mort de Saint-Denys, et peut-être de Gabriel également, François s’employa, sans grand succès semble-t-il, à récupérer la tannerie et son matériel. En 1705, ou un peu plus tard, il avait remplacé Gabriel comme enseigne dans la compagnie de François Juchereau de Vaulezar. L’on sait que de 1708 à 1711 il était à Paris où il prépara un mémoire sur la Louisiane et reçut une commission de garde de la marine. De retour au Canada, avec le grade de lieutenant, il fut accusé par Le Moyne* de Bienville d’avoir trompé la cour « en se faisant passer pour son frère décédé » ; si tel est le cas, on peut mettre en doute qu’il ait été effectivement commandant en second de l’expédition de Saint-Denys. Plus tard, Mandeville commanda sa propre compagnie à l’île Dauphine (Dauphin Island, Alabama), à Mobile où une concession porte encore son nom, et à la Nouvelle-Orléans. En 1724, il était le plus ancien des capitaines dans la colonie. Il avait épousé Madeleine Le Maire à Paris en 1720 ; il avait un fils, Antoine (1722–1779), et une fille illégitime de sang métis. En 1727, Mandeville fut nommé au poste prestigieux de major de place à la Nouvelle-Orléans. Quand la famille quitta Mobile, l’ingénieur Devin se lamentait que le départ de Mme de Mandeville privait le poste de son « ornement », ajoutant : « il n’y a, pour ainsi dire, plus de société ». Mandeville fut « cassé » en 1721 pour insubordination envers la Compagnie des Indes, mais il fut rétabli à son ancien grade la même année. Son opposition à Bienville, qui était enclin à la controverse, fut qualifiée d’« exécration » par un des partisans de Bienville ; cependant il était généralement respecté en tant que soldat.

Sous plusieurs angles, Mandeville fut le prototype de l’officier colonial : il fit des explorations, tenta des expériences et se livra parfois à la spéculation dans le nouveau pays ; il arriva à connaître les Indiens et à gagner leur respect ; il contribua à des améliorations dans la colonie même et la justice locale eut recours à son arbitrage ; il avait le respect des civilités dans une société où la vie était rude et manquait de confort, et ses vastes connaissances rendaient de précieux services à ses supérieurs. Qu’il se soit laissé gagner par l’esprit égoïste et querelleur d’une société isolée n’est pas surprenant ; il est toutefois plus important de retenir que ses services ont contribué à maintenir la paix dans une certaine mesure dans la colonie de la Louisiane en un temps où le besoin s’en faisait le plus sentir.

John Fortier

AN, Col., B, 43, ff.738–739 ; Col., C13A, 3, ff.685, 687 ; 7, ff.213v.–214 ; Col., D2C, 222/2, p.45 (l’Alphabet Laffilard confond Gabriel et François).— Découvertes et établissements des Français (Margry), V : 425s., 438s. ; VI : 184, passim.— Fleur de Lys and calumet : being the Pénicaut narrative of a French adventure in Louisiana, trad. par R. G. McWilliams, édit. (Baton Rouge, Louisiane, 1953), reproduit le récit de Pénicaut publié dans Découvertes et établissements des Français (Margry), V.— MPA (Rowland et Sanders), II : 46–52 ; III : 18–29, passim.— Claude de Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–51.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, RAPQ, 1929–30.— Tanguay, Dictionnaire [dans le vol.I, Jean-Vincent Philippe est inscrit sous les noms de Hautmesny et Flip].— Alvord, Illinois country.— Giraud, Histoire de la Louisiane française.— P. J. Hamilton, Colonial Mobile (Boston, 1897 ; éd. rev., 1910).— N. W. Caldwell, Charles Juchereau de St. Denys : a French pioneer in the Mississippi valley, Mississippi Valley Hist. Review, XXVIII (1942) : 563580.— Ægidius Fauteux, Jean-Vincent Philippe du Hautmesnil et sa descendance, BRH, XXXVIII (1932) : 199210.— J.-J. Lefebvre, La succession de Charles Juchereau de Saint-Denis (16551703), premier juge royal de Montréal (1693), RAPQ, 195960 : 233273.— É.-Z. Massicotte, Jean-Vincent Philippe de Hautmesnil, BRH, XXII (1916) : 345s. ; M. Philippe de Hautmesny, BRH, XXII (1916) : 4043.— R. Roy, Philippes de Hautmenil, BRH, XXII (1916) : 111s.

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John Fortier, « PHILIPPE (Philippes) DE HAUTMESNIL DE MANDEVILLE, FRANÇOIS (sieur de Marigny) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/philippe_de_hautmesnil_de_mandeville_francois_2F.html.

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Auteur de l'article:    John Fortier
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    12 déc. 2024