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RASTRICK, FREDERICK JAMES, architecte, ingénieur civil et agent foncier, baptisé le 29 août 1819 à West Bromwich, Angleterre, troisième fils de John Urpeth Rastrick et d’une prénommée Sarah ; le 21 juillet 1857, il épousa à Hamilton, Haut-Canada, Anna Mary Stephens, et ils eurent six fils et une fille ; décédé le 12 septembre 1897 dans cette ville.
La formation professionnelle que reçut Frederick James Rastrick est absolument impressionnante. Vers l’âge de 17 ans, après avoir fréquenté des écoles du Yorkshire et de Londres, il travailla pour son père, important ingénieur des chemins de fer. Puis, en 1839, il entama un apprentissage de cinq ans auprès de l’éminent architecte Charles Barry. Après l’avoir terminé, il s’inscrivit à la Royal Academy of Arts, puis quitta l’Angleterre pendant quatre ans afin d’aller étudier et dessiner en Europe, en Asie mineure et en Égypte.
De retour en 1848, Rastrick exerça à Londres où, quelques années plus tard, il forma avec Charles Ainslie une association qui s’avéra éphémère. En 1852, il abandonna une carrière prometteuse en Angleterre pour immigrer à Brantford, dans le Haut-Canada. Quelques mois plus tard, il ouvrit un deuxième bureau non loin de là, à Hamilton, où il s’installa à la fin de 1853. Les marchands de la ville, qui se connaissaient tous, lui confièrent bientôt une bonne partie de leurs commandes. Mieux formé que d’autres architectes de la région, il avait l’avantage d’être sur place, contrairement aux Torontois William Thomas* et Frederic William Cumberland*, qui jusque-là avaient raflé la plupart des contrats importants à Hamilton.
Un des premiers ouvrages de Rastrick fut un bel entrepôt de pierre, de style classique, construit en 1854 à l’angle des rues MacNab et Merrick pour la Young, Law and Company en 1854. Deux ans plus tard, le beau-frère de John Young*, James McIntyre, lui commanda un immeuble semblable, et la Bank of Upper Canada lui demanda de s’inspirer d’un palazzo italien pour dessiner les plans d’une banque qui s’élèverait à l’intersection des rues James et Vine. L’édifice à bureaux construit rue James en 1855–1856 par la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie d’après des plans de Rastrick, qui utilisa abondamment le fer forgé dans la façade, était d’un style à l’italienne moins retenu. C’est peut-être lui qui fut l’architecte du vaste entrepôt de pierre de Richard Juson, rue James, dont la construction débuta en 1853, qui transforma le Dundurn Castle de sir Allan Napier MacNab* en 1854–1855 et qui dessina Sandyford Place, que Donald Nicholson construisit en 1856–1857. En outre, il fut ingénieur du comté de Wentworth de 1854 à 1858.
Les années 1850 furent, pour Hamilton, une période d’expansion, comme en témoigne la décision que l’on prit en 1855 d’y construire un bureau de la douane. MacNab, alors copremier ministre de la province, commanda les plans de la structure à Rastrick, mais démissionna avant qu’ils soient terminés et que l’on ait évalué le coût des travaux. Par la suite, on jugea trop coûteux le projet de Rastrick et, en juillet 1857, on lui demanda de dresser les plans d’un édifice plus petit. Les appels d’offres furent lancés en avril 1858, mais sur l’insistance d’Isaac Buchanan*, député de Hamilton à l’Assemblée, on abandonna les plans presque immédiatement parce qu’ils étaient trop modestes. Cinq semaines plus tard, on approuva une proposition plus ambitieuse, celle de Frederick Preston Rubidge, du département des Travaux publics, qui s’était probablement beaucoup inspiré des plans initiaux de Rastrick.
La perte de cette commande suivait deux autres revers dans la carrière de Rastrick, qui ne retrouva jamais le même élan. D’abord, il n’avait pas obtenu le poste d’architecte du département des Travaux publics. Le commissaire adjoint du département, Hamilton Hartley Killaly*, l’avait pourtant encouragé à croire que cette nomination viendrait ; au début de 1857, Rastrick s’était donc installé à Toronto, où il avait attendu en vain pendant cinq mois. Puis, en septembre 1857, l’économie s’était mise à ralentir. Dans les derniers mois de l’année précédente, soit au moment où il comptait à la fois sur le poste des Travaux publics et la commande du bureau de la douane, Rastrick s’était associé à William Hall et à Daniel Berkely Wily. Toutefois, plus la dépression s’installait, moins ils trouvaient de travail. Parmi leurs rares commandes figuraient une maison pour John Brown (Highfield, rue Bay) en 1858 et, l’année suivante, l’agrandissement d’Oakbank, rue James, pour William Paterson McLaren*. En juillet 1860, l’association était dissoute.
Pendant une bonne partie de la décennie suivante, Rastrick gagna surtout sa vie comme « agent foncier, agent immobilier et commissionnaire ». À l’occasion, on lui demandait d’inspecter des édifices publics en vue de réfections, mais il se vit refuser plusieurs fois un poste au département des Travaux publics et, en mai 1865, on rejeta la soumission qu’il présenta pour être architecte surveillant des travaux d’achèvement des édifices du Parlement à Ottawa. En 1867, une « grave pénurie de travail » le força à mettre en vente une bonne partie de son exceptionnelle bibliothèque d’architecture. L’année suivante, il dut passer une partie de son temps à exercer à Montréal.
En 1870, Rastrick fut obligé de retourner à Hamilton à cause de sa santé ; il allait y rester jusqu’à la fin de sa vie. Plusieurs longues périodes de maladie l’obligèrent à interrompre son travail – le plus souvent des commandes résidentielles tout à fait banales. En 1879, il forma la F. J. Rastrick and Sons avec ses fils Edward Lewellyn et John Urpeth. Deux ans plus tard, celui-ci se noya dans un accident de bateau. Rastrick continua d’exercer avec Edward Lewellyn jusqu’à sa mort, en 1897, sauf pendant trois ans, vers la fin des années 1880. L’année qui suivit sa mort, un troisième de ses fils, Francis Reginald, s’intégra à la compagnie, qui resta en activité jusqu’à ce que, vers 1923, un incendie détruise le bureau et probablement la plus grande partie de ce qui restait des dessins et des dossiers de Rastrick.
Rastrick s’était distingué par sa ténacité, que ce soit en tentant, durant 15 ans, de percevoir le solde des honoraires qu’on lui devait, affirmait-il, pour les plans du bureau de la douane ou en essayant de fonder un regroupement professionnel d’architectes. Au moins trois associations précédèrent les organismes permanents qui virent le jour en Ontario et dans la province de Québec à la fin des années 1880. Rastrick fut vice-président de l’Association of Architects, Civil Engineers and Provincial Land Surveyors of the Province of Canada en 1860–1861 et de l’organisme qui la remplaça en 1862, soit l’éphémère Association of Surveyors, Civil Engineers and Architects. Quatorze ans plus tard, il devint le premier président du Canadian Institute of Architects, qui ne dura guère non plus. Enfin, le lieutenant-gouverneur, sir Alexander Campbell, le nomma au premier conseil de l’Ontario Association of Architects, qui avait été fondée en 1889 et constituée juridiquement l’année suivante.
Homme sociable, Frederick James Rastrick fut aussi un membre actif du Hamilton Mechanics’ Institute, de la loge maçonnique, des Sons of England et de la St George’s Society. On l’élut membre de l’Académie royale canadienne des arts en 1880–1881.
Une liste complète des immeubles dessinés par Frederick James Rastrick, répertoriés par Stephen A. Otto, se trouve dans les fichiers du DCB.
AN, RG 11, A1, 25, n° 29098 ; 29, nos 33898, 34225, 34270, 34884 ; 32, n° 37319 ; A3, 139, n° 1765 ; B1(a), 372 : 373–375 ; 374 : 339–341 ; B1(b), 639, nos 55350, 63617, 75097, 84154.— Canada Life Assurance Company Arch. (Toronto), Corporate records.— HPL, United Counties of Wentworth and Halton, council minutes, 13 déc. 1854.— West Bromwich Central Library (West Bromwich, Angl.), All Saints’ Church (West Bromwich), reg. of baptisms, marriages, and burials.— « Association of Architects, Civil Engineers and P.L. Surveyors of the Province of Canada », H.-C., Board of Arts and Manufactures, Journal (Toronto), 1 (1861) : 14.— Builder (Londres), 20 (1862) : 573.— British Colonist (Toronto), 20 juill. 1852, 7 aval 1858.— Gazette (Montréal), 7 déc. 1868.— Globe, 29 sept. 1858.— Hamilton Spectator, 5 nov. 1852, 2 janv., 16 févr. 1854, 1er avril, 9 juill., 13 déc. 1856, 22 juill. 1857, 5, 26 aval, 27 mai 1858, 23 mai 1859, 3 août 1866, 1er janv. 1870, 3 mars 1879.— Mail (Toronto), 29 déc. 1876.— Montreal Herald, 2 mars 1870.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1 : 253.— DHB.
Stephen A. Otto, « RASTRICK, FREDERICK JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rastrick_frederick_james_12F.html.
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Auteur de l'article: | Stephen A. Otto |
Titre de l'article: | RASTRICK, FREDERICK JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |