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ROSS, HARRIET (Tubman ; Davis) (prénommée d’abord Araminta, elle fut aussi connue sous le nom de Moïse), esclave enfuie et « chef de train » pour le « chemin de fer clandestin », née en 1820 ou en 1821 près de Bucktown, comté de Dorchester, Maryland ; vers 1844, elle épousa John Tubman (décédé en 1867), puis en 1869, Nelson Davis (décédé en 1888) ; elle n’eut pas d’enfants ; décédée le 10 mars 1913 à Auburn, New York.

Araminta Ross naquit dans une vaste plantation du Maryland. Elle était l’une des 11 enfants de Benjamin Ross et de Harriet Greene, tous deux esclaves, et prit dès son jeune âge le prénom de sa mère. Obligée de travailler aux champs dès son enfance, elle accomplit des tâches qui exigeaient force et endurance ; elle subit bon nombre des sévices qui étaient le lot des esclaves américains. Lorsqu’elle avait environ 13 ans, un gardien la blessa à la tête en lançant un objet métallique ; à cause de cette blessure, elle aurait toute sa vie des attaques d’apoplexie et des accès de somnolence. En 1844, elle épousa un Noir libre, John Tubman ; même après son second mariage, elle garderait Tubman comme nom de famille. En 1849, après la mort de son maître, craignant d’être vendue à un propriétaire d’esclaves du Sud profond, elle s’enfuit sans son mari et monta à Philadelphie. Elle se mit alors à travailler comme cuisinière dans des hôtels et des clubs pour financer des excursions clandestines dont le but était de libérer d’autres esclaves. Elle utiliserait pour ce faire le chemin de fer clandestin ; c’est ainsi que l’on désignait le réseau plus ou moins organisé de cachettes et de personnes qui aidaient les fugitifs à passer des États esclavagistes aux États libres du Nord. Harriet Tubman retourna une première fois dans les États esclavagistes en 1850 pour secourir sa sœur Mary Ann Bowley, de Baltimore, et les deux enfants de celle-ci.

Ce genre de mission convenait parfaitement à Harriet Tubman : elle débordait d’énergie, avait un grand sens de l’organisation et savait parvenir à ses fins en recourant tour à tour à la flatterie et à l’intimidation. Au début, elle laissait ses protégés dans les États du Delaware et de New York ou à Philadelphie. Cependant, à compter de l’entrée en vigueur du Fugitive Slave Act en 1850, les propriétaires d’esclaves eurent beaucoup plus de facilité à poursuivre les fugitifs. Les esclaves en quête de liberté ne pouvant plus trouver la même protection qu’auparavant dans les États du Nord, Harriet Tubman commença à les conduire jusque dans le Haut-Canada, à Niagara Falls. Ils n’avaient alors qu’un court chemin à faire pour gagner St Catharines, où ils pouvaient compter sur l’aide du révérend Hiram Wilson, abolitionniste et dirigeant de la communauté locale de réfugiés.

À l’automne de 1851, Harriet Tubman s’installa à St Catharines ; durant sept ans, elle poursuivrait ses activités antiesclavagistes à partir de là. Membre d’une association interraciale, la Refugee Slaves’ Friends Society, elle devint indispensable, non seulement parce qu’elle conduisait au Canada des esclaves en fuite, mais aussi parce qu’elle les aidait à apprendre à vivre libres dans un nouveau pays. À compter de 1850, St Catharines connut une expansion rapide à cause de l’arrivée des esclaves : dès 1855, 123 familles de Noirs figuraient au rôle d’évaluation.

De 1852 à 1857, soit la période où elle résida à St Catharines, Harriet Tubman se rendit 11 fois aux États-Unis pour secourir des fugitifs. Ces excursions étaient d’autant plus périlleuses qu’un groupe de propriétaires d’esclaves offrait une récompense de 40 000 $ à qui la capturerait, morte ou vive. Dans les derniers mois de 1857, elle accomplit ce qui fut probablement son voyage le plus risqué : elle alla chercher ses vieux parents dans le Maryland. Ces derniers passèrent l’hiver avec elle à St Catharines. Par la suite, elle les installa à Auburn, dans l’État de New York, sur une terre qu’elle avait achetée de William Henry Seward, sénateur favorable à la cause des Noirs et futur secrétaire d’État d’Abraham Lincoln.

À St Catharines, Harriet Tubman louait une maison de pension où elle logeait quelques esclaves réfugiés. Au printemps de 1858, le célèbre abolitionniste américain John Brown resta chez elle à St Catharines. À ce moment-là, son domicile permanent se trouvait à Auburn, mais elle était encore très active à St Catharines. Elle y séjourna pendant l’hiver de 1861–1862 et appartint au comité directeur d’une association fondée en 1861, la Fugitive Aid Society of St Catharines. En outre, elle continuait de recevoir des fonds provenant de particuliers du Canada ; une grande partie de ces sommes lui était acheminée à Auburn par le révérend Michael Willis*, de Toronto.

En décembre 1860, Harriet Tubman se rendit une dernière fois dans le Maryland pour aller chercher des esclaves. Pendant la guerre de Sécession, elle se consacra à la cause de l’Union. Armée de lettres de recommandation de certains des citoyens les plus influents du Massachusetts, elle s’installa en 1862 près de Beaufort, en Caroline du Sud. De là, elle aida l’armée de l’Union durant trois ans en tant que cuisinière, infirmière, espionne et éclaireuse. En 1868, Seward adressa une requête au Congrès pour qu’elle reçoive une pension militaire. La requête fut rejetée. Cependant, on lui octroya une pension en 1890, deux ans après la mort de son deuxième mari, qui avait servi dans l’armée de l’Union.

Après la guerre, Harriet Ross Tubman retourna à Auburn. Elle demeura active jusqu’à sa mort, recueillant de l’argent pour des œuvres telles que l’instruction des affranchis du Sud, hommes et femmes, et un foyer situé à Auburn, le Harriet Tubman Home for Aged and Indigent Colored People. Une bonne partie des bénéfices de la vente d’une biographie de Harriet Tubman écrite par Sarah Elizabeth Hopkins Bradford et parue en 1869 alla à ces œuvres. Harriet Tubman mourut d’une pneumonie en 1913, à l’âge de 93 ans. Bien qu’elle ait été analphabète et ait eu des problèmes de santé, elle avait réussi, au fil d’une quinzaine ou d’une vingtaine de voyages dans les États esclavagistes, à libérer environ 300 esclaves. Aucun « chef de train » du chemin de fer clandestin ne fit autant d’excursions et ne mena autant d’esclaves jusqu’à la liberté. Harriet Tubman demeure un modèle de courage, d’altruisme et d’ingéniosité.

Owen Andrew Thomas

Ontario Heritage Foundation (Toronto), Harriet Tubman file.— St Catharines Hist. Museum (St Catharines, Ontario), Harriet Tubman file.— L. W. Bertley, Canada and its people of African descent (Pierrefonds, Québec, 1977).— The black abolitionist papers, C. P. Ripley, édit. (5 vol., Chapel Hill, N.C., 1985–1992), 2.— Linda Bramble, Black fugitive slaves in early Canada (St Catharines, 1988).— W. A. Breyfogle, Make free ; the story of the Underground Railroad (Philadelphie, 1958).— Henrietta Buckmaster, Let my people go ; the story of the Underground Railroad and the growth of the abolition movement (New York, 1941 ; réimpr., Columbia, S.C., 1992).— Earl Conrad, Harriet Tubman (Washington, 1943 ; réimpr., New York, 1969).— D. G. Hill, The freedom-seekers : blacks in early Canada (Agincourt [North York], Ontario, 1981).— S. [E.] H[opkins] Bradford, Scenes in the life of Harriet Tubman (Auburn, N.Y., 1869 ; réimpr., Freeport, N.Y, 1971).— J. A. McGowan, Station master on the Underground Railroad : the life and letters of Thomas Garrett (Moylan, Pa, 1977).— Notable American women, 1607–1950 : a biographical dictionary, E. T. James et al., édit. (3 vol., Cambridge, Mass., 1971), 3 : 481–483.— Benjamin Quarles, « Harriet Tubman’s unlikely leadership », dans Black leaders of the nineteenth century, L. [E] Litwack et August Meier, édit. (Urbana, Ill., et Chicago, 1988), 43–57.— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (Montréal, 1971).

Bibliographie générale

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Owen Andrew Thomas, « ROSS, HARRIET (Tubman ; Davis) (Araminta ; Moïse) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_harriet_14F.html.

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Auteur de l'article:    Owen Andrew Thomas
Titre de l'article:    ROSS, HARRIET (Tubman ; Davis) (Araminta ; Moïse)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024