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TOMAH (Tomas, Tomer, Tomma), PIERRE, chef malécite de la vallée de la rivière Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), circa 1775–1780.

C’est pendant la Révolution américaine que, pour la dernière fois, les Malécites parurent importants aux yeux des conquérants européens de l’Amérique du Nord. Les gouvernements du Massachusetts rebelle et de la Nouvelle-Écosse loyale crurent l’un et l’autre que ces habitants de la vallée de la Saint-Jean, de même que les tribus voisines, détenaient la balance du pouvoir au nord de la baie de Fundy. Les chefs des deux colonies se rappelaient leurs luttes passées contre les Indiens et les Français, et, craignant des attaques aussi dévastatrices que celles qu’ils avaient connues, ils se disputaient l’appui de ces Indiens. Les Malécites, toutefois, hésitaient à se lancer dans la guerre. Depuis un siècle, ils avaient vu le Massachusetts détruire les tribus indiennes les unes après les autres. Démoralisés par ces défaites et économiquement affaiblis par le déclin de la traite des fourrures, ils cherchaient à préserver ce qui restait de leur mode de vie traditionnel. Diplomatiquement, la situation était difficile, car ils avaient à maintenir un certain équilibre entre le Massachusetts, dont les tactiques militaires menaient au génocide des Indiens, et les Britanniques de la Nouvelle-Écosse, dont la présence se renforçait sur la Saint-Jean. Les querelles à l’origine de la guerre ne concernaient pas cette tribu mais, après des années passées à se battre contre la négligence des autorités coloniales, elle avait un besoin vital des approvisionnements qu’elle obtiendrait des colonies belligérantes en retour de son appui.

Par suite des avances du Massachusetts en mai 1775, les Malécites vinrent à établir des relations plus étroites avec les Américains. Pierre Tomah et Ambroise Saint-Aubin, deux de leurs principaux chefs, arrivèrent au poste de traite de la rivière Penobscot (Bangor, Maine) en septembre, et firent parvenir une lettre d’appui au gouvernement rebelle. Ils demandaient qu’on leur envoyât des provisions et affirmèrent qu’ils n’avaient aucun autre endroit où trafiquer. Le gouvernement du Massachusetts répondit favorablement à cette requête et, pendant plus d’un an, une étroite collaboration se maintint entre eux. Tomah et Saint-Aubin prirent la direction d’un contingent malécite qui se joignit à Jonathan Eddy* lors de l’attaque du fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) à l’automne de 1776. En décembre, Tomah et quelques autres rencontrèrent George Washington sur les rives de la Delaware. Le Massachusetts fit de son mieux pour approvisionner la tribu. Au début de 1777, il tenta même d’établir un poste de traite sur la Saint-Jean, à Maugerville. Les Britanniques, cependant, chassèrent les Américains de la Saint-Jean en juillet. Les Malécites eurent là la preuve que les Américains étaient incapables de les protéger sur la terre de leurs ancêtres, et cela fut la cause de divisions parmi eux. Le groupe de Tomah voulait prêter le serment de fidélité aux Britanniques, de manière à prévenir toute mesure d’hostilité, et tenter d’en venir à des accommodements avec les deux parties. La majorité des membres de la tribu, toutefois, partit en hâte avec Saint-Aubin pour Machias (Maine).

À partir de ce moment, Tomah voyagea librement entre les Britanniques et les Américains, rendant à l’occasion des services aux uns et aux autres. Il porta des lettres destinées à l’agent américain John Allan* et, en 1778, il l’aida à éviter une scission parmi les Indiens de Machias. En effet, certains d’entre eux, excités par l’entrée en guerre de la France, désiraient lui apporter sans délai leur appui. Il conjura aussi la menace d’un mauvais parti que l’on voulait faire à James White, l’agent adjoint britannique des Affaires indiennes de cette région, lequel s’efforçait d’empêcher les Malécites d’attaquer les établissements situés près du fort Howe (Saint-Jean). En septembre 1778, lors d’une conférence d’une grande importance tenue à Menagouèche, près du fort Howe, Tomah signa un traité avec les Britanniques, de même qu’une lettre interdisant à Allan d’intervenir dans les affaires des Indiens vivant à l’est de Machias. Toutefois, un an plus tard, il était de retour à Machias, où il assura à Allan qu’il avait agi sous l’effet de la crainte. Il lui offrait de renoncer à tout lien avec les Britanniques si l’agent américain voulait bien assurer l’approvisionnement de sa tribu. Quand les Américains ne purent satisfaire à ses demandes, il mena les Malécites en direction est, à la baie de Passamaquoddy. Le 31 mai ou le 1er juin 1780, il dit à l’agent américain que la tribu appréciait ses efforts, mais que la pauvreté et le zèle pour la religion les obligeaient à rencontrer Michxl Francklin, le surintendant des Affaires indiennes en Nouvelle-Écosse, qui les attendait sur la Saint-Jean avec des approvisionnements et un prêtre acadien, Joseph-Mathurin Bourg. Même si le nom de Tomah disparaît par la suite des archives, il est probable qu’il dirigea les Malécites jusqu’après la fin de la guerre. En tous les cas, les orientations qu’il donna à leur action durent continuer de les guider, car ils « vécurent aux dépens de l’un et l’autre des partis ennemis ».

Les écrivains traditionnels, tant canadiens qu’américains, virent dans l’activité de Tomah la preuve de la manipulation des Malécites par l’un ou l’autre des deux gouvernements. Cette conception ethnocentrique nie aux Indiens la capacité de concevoir et de mettre en pratique une politique qui réponde à leurs propres visées, et conduit à blâmer chez les Malécites les « faiblesses de leur naturel indien » et leur échec à se rallier à la bonne cause. L’habileté avec laquelle Tomah protégea ses gens et sut utiliser la guerre à leurs fins suffit amplement, toutefois, à réfuter une opinion aussi peu flatteuse sur les capacités des Indiens.

Richard I. Hunt

APC, MG 11, [CO 217] Nova Scotia A, 72 ; pp.44s. ; 74, p.94 ; 75, pp.24s., 41s. ; 78, pp.83–85 ; 83, pp.19–24 ; 87, pp.123s. ; 97, pp.209, 228 ; 98, pp.180–183 ; 101, pp.134, 268s. ; 102, pp.16, 52s. ; [CO 220] Nova Scotia B, 12, pp.158s. ; 13, p.216 ; 14, pp.90s.— Documentary history of Maine (Willis et al.), XIV-XIX, XXIV.— Military operations in eastern Maine and N.S. (Kidder).—J. H. Ahlin, Maine Rubicon ; downeast settlers during the American revolution (Calais, Maine, 1966).— R. I. Hunt, British-American rivalry for the support of the Indians of Maine and Nova Scotia, 1775–1783 (thèse de m.a., University of Maine, Orono, 1973).-R. H. Lord et al., History of the archdiocese of Boston in the various stages of its development, 1604 to 1943 (3 vol., New York, 1944), I.— Raymond, River St. John.

Bibliographie générale

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Richard I. Hunt, « TOMAH, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tomah_pierre_4F.html.

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Auteur de l'article:    Richard I. Hunt
Titre de l'article:    TOMAH, PIERRE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    19 mars 2024