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Titre original :  Sir Robert Linton Weatherbe . - 1877 - Archives de Montréal

Provenance : Lien

WEATHERBE (Weatherbee, Weatherby), sir ROBERT LINTON, avocat et juge, né le 4 ou le 7 avril 1834 à Bedeque, Île-du-Prince-Édouard, deuxième des 15 enfants de Jonathan Weatherbee et de Mary Baker ; le 16 juin 1864, il épousa à Wolfville, Nouvelle-Écosse, Amelia (Minnie) Johnston (décédée en 1923), et ils eurent huit fils ; décédé le 27 avril 1915 à Halifax.

Fils d’un marchand et propriétaire de navires, Robert Linton Weatherbe fit d’abord ses études à Charlottetown. Il quitta l’Île-du-Prince-Édouard pour entrer à l’Acadia College de Wolfville en 1854, à peu près au moment où sa famille émigra au Wisconsin. Ses parents et bon nombre de ses frères et sœurs demeurèrent dans le Centre-Ouest américain, mais Weatherbe, lui, allait passer le reste de sa vie en Nouvelle-Écosse. Peu après avoir obtenu une licence ès arts à l’Acadia College en 1858, il entreprit son stage de droit chez le premier ministre conservateur de la Nouvelle-Écosse, James William Johnston*. Il fut admis au barreau le 26 octobre 1863. Weatherbe devait être entré dans le cercle de Johnston par la filière baptiste. Il consolida sa position dans les plus hautes sphères de l’élite provinciale en épousant en 1864 la nièce de Johnston, Amelia Johnston.

D’abord favorable à la Confédération pendant les débats de 1864, Weatherbe publia cette année-là un opuscule intitulé The dawn of a new empire. Peu après, pour des raisons encore mystérieuses, il se joignit à l’Anti-Confederation League, dont il devint l’un des secrétaires. Toujours dans les années 1860, il changea aussi de parti politique. Les Weatherbee avaient été réformistes du temps où ils étaient à l’Île-du-Prince-Édouard, mais en 1864, Robert Linton pouvait se vanter d’être recommandé par « bon nombre des hommes les plus puissants du Parti conservateur ». Une fois passé du côté des anti-confédérateurs, il devint libéral et le resta.

Après la Confédération, Weatherbe fut en mesure de se consacrer plus pleinement à sa carrière juridique. En février 1868, on le nomma greffier en loi au Conseil législatif ; il conserverait ce poste jusqu’en 1878. Il pratiqua d’abord le droit seul, puis avec un autre avocat ; ensuite, il s’associa à Wallace Nesbit Graham peu après l’admission de celui-ci au barreau en 1871. En 1874, ils prirent Robert Laird Borden* comme stagiaire. Weatherbe et Graham allaient tous deux devenir des avocats très cotés et accéder à la dignité de juge en chef, bien que leur personnalité et leurs affiliations politiques aient complètement différé. Weatherbe se tailla une réputation à l’époque où les fleurs de rhétorique et les discours passionnés étaient très en vogue. Dans une large mesure, ses plaidoiries étaient de ce style. Pourtant, il sut aussi présenter tout un faisceau d’arguments et de faits historiques, scientifiques et sociologiques devant la commission des pêches de Halifax en 1877 [V. sir Albert James Smith*]. Avec quatre autres avocats, il réussit à convaincre les trois commissaires que les États-Unis devaient 5,5 millions de dollars à la Grande-Bretagne pour les privilèges de pêche concédés en 1871 en vertu du traité de Washington.

Weatherbe finit par récolter de jolis dividendes à cause de sa fidélité au Parti libéral : il reçut du gouvernement fédéral d’Alexander Mackenzie* le mandat de représenter le département de la Justice à Halifax et fut nommé conseiller de la reine en 1876 par le gouvernement provincial de Philip Carteret Hill*. En quête d’une nomination dans la magistrature, il reçut l’appui de bon nombre des membres libéraux du barreau de Halifax. En effet, ceux-ci déclarèrent en 1877 au ministre de la Justice, Edward Blake, que Weatherbe était « à la tête des barristers de la Nouvelle-Écosse qui appu[yaient] le gouvernement actuel ». Il devint l’un des « juges de la dernière heure » de Mackenzie : il fut nommé le 7 octobre 1878, après la défaite du gouvernement Mackenzie et deux jours avant le retour au pouvoir de sir John Alexander Macdonald*.

La Cour suprême des années 1870 manquait d’éclat, et la présence de Weatherbe ne lui en ajouta guère. Impatient, vain, dominateur, il eut du mal à s’adapter à la vie contemplative d’un juge ; en plus, il ne s’entendait pas bien avec ses collègues. Le mieux que Wallace Nesbit Graham put dire à son sujet en 1885 est qu’il était « une espèce d’avocat du diable dont ils ne [pouvaient] se passer », en précisant : « il y aurait plus d’injustice s’il n’était pas là ». Weatherbe avait la réputation d’être un juge dissident, ce que confirment amplement ses quelques jugements en matière de droit constitutionnel. Il soutenait que seul le Parlement fédéral pouvait adopter des lois sur la tempérance et que les lois provinciales sur ce sujet violaient la constitution. En 1883, il déclara inconstitutionelle une loi provinciale visant à faciliter les ententes entre les sociétés ferroviaires et leurs créanciers, car selon lui elle empiétait sur la compétence fédérale en matière de transport interprovincial, de faillite et d’insolvabilité.

En 1880. Weatherbe condamna à mort un homme reconnu coupable d’un crime qui choqua les Néo-Écossais parce qu’il leur semblait provenir d’un autre âge. Le bureau de bienfaisance de Digby avait confié l’entretien des pauvres de la localité à Joseph Nick Thibault. Après la découverte des restes calcinés de l’une des personnes dont il avait la charge, une femme enceinte nommée Charlotte Hill, Thibault fut traduit en justice pour meurtre et trouvé coupable par le jury. Le jour de sa pendaison, 700 personnes en colère détruisirent la clôture de la prison d’Annapolis Royal pour assister à l’exécution.

Weatherbe, qui eut longtemps des intérêts dans l’exploitation de houillères, comparut trois fois en 1897 devant ses collègues de la magistrature à titre de plaignant. Après avoir allégué que le capitaliste bostonien Henry Melville Whitney* l’avait convaincu d’acheter des actions de la Dominion Coal Company Limited en déguisant la vérité, il eut droit à des dommages-intérêts. Une autre fois, il se plaignit que Whitney était revenu sur sa promesse après s’être engagé à lui acheter une part de 50 000 $ dans des houillères. Weatherbe ne badinait pas : il avait pris la précaution de faire arrêter Whitney au cours d’une visite à Pictou pour l’empêcher de s’enfuir du territoire de la juridiction locale, mais le tribunal cassa le mandat.

Peu avant la fin de la trentaine d’années durant lesquelles Weatherbe fut juge, certaines personnes cherchèrent désespérément un moyen de se débarrasser de lui. En 1902, le libéral Benjamin Russell* supplia sir Wilfrid Laurier d’aider Weatherbe dans son projet d’obtenir une nomination dans la nouvelle Union sud-africaine « ou n’importe où ailleurs ». Le premier ministre répondit qu’il ne pouvait rien faire puisque Weatherbe « pendant longtemps encore [devait] juger les causes des bonnes gens de la Nouvelle-Écosse et mettre leur patience à l’épreuve ». En 1904, le juge en chef James McDonald prit sa retraite ; Weatherbe, le plus ancien des juges puînés, lui succéda en 1905, devenant ainsi le onzième juge en chef de la Nouvelle-Écosse. Cependant, il prit sa retraite dès mars 1907. Suivant la coutume, il reçut le titre de chevalier en 1906.

Dans les dernières décennies de sa vie, sir Robert Linton Weatherbe consacra beaucoup de soins à St Eulalie, son grand domaine de la vallée de la Gaspereau, où il menait le train de vie d’un gentleman campagnard. À un moment donné, son verger de pommiers était réputé le plus grand de la province. À sa mort, il laissa la totalité de sa belle fortune à celle qui était sa femme depuis plus d’un demi-siècle. Weatherbe avait fait un parcours brillant. Malgré des débuts peu prometteurs, il s’était taillé une place sûre dans l’élite canadienne, impériale même. Son genre de vie, son titre de chevalier, son adhésion à l’anglicanisme et une généalogie anglaise peut-être inventée confirmaient sa position. L’exemple de ses six fils survivants, dont cinq devinrent officiers dans l’armée de la Grande-Bretagne, du Canada ou de l’Inde, montre quelles perspectives de carrière dans l’Empire allaient presque nécessairement de soi pour les familles de ce genre au début du xxe siècle : D’Arcy, ingénieur, devint grand prévôt de Hong-Kong ; Wilfred s’établit au Kenya après avoir servi en Inde ; Paul, aussi ingénieur, prit sa retraite à Grand-Pré après avoir servi en Australie et à Ottawa ; Lewis Johnston, médecin, se fixa en Angleterre ; Philip étudia à Édimbourg, participa à la guerre des Boers et pratiqua la médecine dans le Yorkshire avant de retourner à Halifax ; enfin, Karl sillonna le continent nord-américain en tant qu’ingénieur des chemins de fer.

Philip Girard

On trouve un article de sir Robert Linton Weatherbe intitulé « The Acadian boundary disputes and the Ashburton Treaty » dans Nova Scotia Hist. Soc., Coll. (Halifax), 6 (1888) : [17]–51 ; un texte ayant pour titre « Codification » a paru dans l’American Law Rev. (St. Louis, Mo.), 20 (1886) : 322–331, et un jugement rendu par lui en 1891 à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse a été publié sous le titre Liquor Licence Act, 1886 : judgement of Hon. Mr Justice Weatherbe [...] (Toronto, 1892). Sous le pseudonyme de « A British American », Weatherbe a aussi écrit The dawn of a new empire : being a reply to « Remarks upon the proposed federation of the provinces, by a Nova Scotian » ([Halifax ?], 1864), texte qui a été reproduit par l’ICMH et dont le titre figure dans le Répertoire.

AN, MG 26, D : 6268 ; G : 66892.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, nos 8077, 10393, 11792, 19349, 23962.— PARO, P.E.I. Geneal. Soc. coll., reference files, Weatherbee family.— Halifax Herald, 23 mars 1907, 27 avril 1915.— Morning Chronicle (Halifax), 11 oct. 1878.— R. C. Brown, Robert Laird Borden, a biography (2 vol., Toronto, 1975–1980), 1.— A. W. H. Eaton, The history of Kings County Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Clara Greco, « The superior court judiciary of Nova Scotia, 1754–1900 : a collective biography », dans Essays in the history of Canadian law, D. H. Flaherty et al., édit. (7 vol. parus, [Toronto], 1981– ), 3 (Nova Scotia, Philip Girard et Jim Phillips, édit., 1990) : 42–79.— Nova Scotia Reports (Halifax), 1866–1907.— Waite, Man from Halifax.

Bibliographie générale

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Philip Girard, « WEATHERBE, sir ROBERT LINTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/weatherbe_robert_linton_14F.html.

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Auteur de l'article:    Philip Girard
Titre de l'article:    WEATHERBE, sir ROBERT LINTON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024