WISWALL, JOHN, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 15 avril 1731 à Boston, fils de Peleg Wiswall et d’Elizabeth Rogers ; le 17 décembre 1761, il épousa Mercy Minot de Brunswick (Maine), et ils eurent quatre enfants, puis en mars 1784, Margaret Hutchinson du New Jersey ; décédé le 2 décembre 1812 à Wilmot, Nouvelle-Écosse.

Fils d’un professeur réputé, John Wiswall reçut un diplôme du Harvard Collège, en 1749, et il enseigna dans plusieurs écoles de la région de Boston. En 1753, il commença des études de théologie sous la direction de Jonathan Mayhew et d’autres ministres congrégationalistes, et, pendant les quelques années qui suivirent, il voyagea au Massachusetts en tant que prêcheur suppléant. Par la suite, en 1755 ou 1756, il fut nommé ministre d’une église congrégationaliste à Falmouth (Maine) qui faisait alors partie du Massachusetts et constituait en fait un « poste frontalier ». La vie dans cette ville lui procura des plaisirs, puisqu’en 1761 Wiswall y épousa Mercy Minot, une « grande [femme] raffinée » qui l’avait charmé avec ses « brillants yeux bleus », sa « gracieuse simplicité » et son « ineffable gentillesse ». Toutefois, la vie du ménage n’était pas seulement faite de bonheur. Une semaine après son mariage, Wiswall se « trouva dérangé » et, l’année suivante, il fut confié aux soins d’un médecin renommé de Boston qui tenta de guérir son patient en l’enfermant dans une « chambre noire ». Au début de 1763, en dépit de ce traitement, Wiswall recouvra la santé et retourna à Falmouth.

Infligé d’avanies à la suite de sa conversion à l’anglicanisme, en 1764, Wiswall justifia sa décision en évoquant qu’il n’y avait aucune « différence essentielle » entre l’Église d’Angleterre et la « communion congrégationaliste ». Des journaux d’aussi loin que New York commentaient sa conversion et l’un d’eux critiquait son apostasie prétextant qu’il y avait « énormément de désordre dans son haut intérieur ». Wiswall ignora, cependant, ces critiques et, vers la fin de 1764, il se rendit en Angleterre pour son ordination, parrainé par Benning Wentworth, le gouverneur du New Hampshire. Ordonné prêtre par l’évêque de Londres en février 1765, il fut de retour à Falmouth au mois de mai et desservit fidèlement sa nouvelle congrégation anglicane jusqu’aux « désordres publics » du début des années 1770. Lorsqu’il fut arrêté en 1775 ; il soutint que « ni la peine la plus sévère ni la crainte de la mort » n’ébranleraient son allégeance à la couronne. Libéré à la condition de demeurer à Falmouth, Wiswall manqua à sa parole et se rendit à Boston où il arriva au début de juin. Il demanda immédiatement l’aide du commandant en chef Thomas Gage*, mais sa requête ne lui procura qu’une nomination à titre d’aumônier adjoint de deux régiments. Pour comble de malheur, cet été-là, il perdit sa femme et l’une de ses filles. Affligé, Wiswall écrivit : « les souffrances et les persécutions que j’ai subies, conjuguées à l’esprit rebelle des gens, ont totalement détaché mon affection de mon pays natal – mieux vaut que je m’en retire le plus loin possible ».

Nommé aumônier de marine vers la fin de 1775, Wiswall passa la plus grande partie des quelques années qui suivirent en service auprès des troupes engagées dans la guerre. En 1781, il accepta un vicariat dans le Suffolk, en Angleterre, mais en moins d’un an il se trouva au service d’une paroisse dans le Kent et, plus tard, il alla s’établir dans une autre paroisse, située dans l’Essex. Au début de 1783, après avoir obtenu une pension temporaire de £60 par année en compensation des pertes qu’il avait subies pendant la Révolution américaine, il immigra en Nouvelle-Écosse pour remplacer Jacob Bailey comme ministre anglican à Cornwallis.

Wiswall arriva à Cornwallis en août 1783 et, au mois de février suivant, il fut officiellement installé dans ses fonctions de ministre de la paroisse. Jacob Bailey présida la cérémonie. En mars 1784, celui-ci, alors établi à Annapolis Royal, maria Wiswall à Margaret Hutchinson, veuve originaire du New Jersey ; il la qualifia de « très intelligente » et la jugea « sensée et [...] judicieuse dans la gestion des affaires domestiques ». Comme par le passé, cependant, Wiswall fut loin de connaître le bonheur. Bien qu’il vécût dans une « maison convenable », qu’il reçût un salaire annuel de £100 de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts (auquel il faut ajouter une subvention de plus de £200 provenant de la commission chargée des réclamations des Loyalistes), et qu’il fût marié à une femme qui avait récolté « les glanures d’une très vaste succession », Wiswall se sentait tout aussi pauvre que le plus misérable des colons parmi lesquels il œuvrait. Aussi, se plaignait-il amèrement de l’état de la religion dans sa région. Outre le fait de devoir faire face à une opposition de sa propre congrégation, dont une partie lui reprochait d’être un « homme passionné » et tentait de l’expulser de la terre bénéficiale de Cornwallis, Wiswall détenait la lourde tâche de renforcer l’Église d’Angleterre dans une région envahie par des non-conformistes. Peu après sa venue à Cornwallis, il écrivit que sa mission, qui comprenait aussi les colonies de Horton et de Wilmot, était remplie de « fanatiques » de toute secte, qui surpassaient en nombre les anglicans. Alors que Wiswall était le seul ministre anglican de la région, pas moins de six ministres non anglicans – le plus remarquable étant le méthodiste itinérant William Black* – desservaient Cornwallis et les agglomérations avoisinantes. De plus, Wiswall ne se trouvait pas dans les meilleurs termes avec ces prêcheurs rivaux : il écarta le baptiste Nicholas Piersons, le traitant de « cordonnier illettré », et il dut avoir recours aux tribunaux avant qu’une querelle avec le ministre presbytérien James Murdoch, à propos de la propriété de la terre bénéficiale de Horton, ne fût résolue en sa faveur.

En 1788, Wiswall nota amèrement : « Je regrette d’être venu dans ce pays – j’ai été lamentablement trompé [...] je suis proscrit par mes amis – et [je suis] voué à mener une vie des plus pénibles, gêné par la pauvreté et souvent ne sachant pas où me procurer les commodités courantes pour ne pas dire les nécessités de la vie. » Désespérant « de ne jamais voir prospérer l’Église à Cornwallis », à la fin des années 1780, Wiswall avait entrepris de consacrer ses énergies aux communautés voisines de Aylesford et de Wilmot. En 1789, il renonça à ses fonctions à Cornwallis et reçut la responsabilité d’exercer son ministère à Aylesford et à Wilmot ; à l’automne, il alla s’installer à Wilmot. Même un changement de lieu ne pouvait toutefois améliorer son moral. La plupart des membres de sa nouvelle mission étaient des baptistes et des méthodistes, et Wiswall se plaignit bientôt des « professeurs fanatiques qui erraient » et de leurs « auditeurs dupés ». Ses propres ouailles refusaient de contribuer à son soutien financier, prétendant qu’une apathie jointe à une infirmité physique l’empêchaient d’accomplir ses devoirs. Cette attaque semble s’être fondée sur quelques faits. Plusieurs années auparavant, la Society for the Propagation of the Gospel avait reproché à Wiswall son manque de zèle missionnaire, et Charles Inglis, l’évêque anglican de la Nouvelle-Écosse, soulevait la même question dans une lettre de 1791 : « Wiswall est un homme infirme, écrivait-il, et plutôt incapable de cet effort que requiert la situation du pays – tout comme trop de membres du clergé ici, il semble dépourvu de notions d’ordre, de conformité aux rubriques et de soumission que je pourrais souhaiter ; [et ne semble pas voir] la nécessité d’efforts vigoureux à l’intérieur du clergé. »

Pour sa part, John Wiswall fut froissé par les critiques d’Inglis et ne s’efforça aucunement de changer sa façon d’agir. À partir des années 1790, il paraît avoir consacré plus de temps à cultiver sa terre bénéficiale qu’à remplir son ministère auprès de ses paroissiens. En 1796, il demanda à être relevé de Aylesford, mais, à la recommandation de l’évêque Inglis, la Society for the Propagation of the Gospel refusa sa demande. Se pliant à la décision de la société, Wiswall demeura au service de ses deux paroisses jusqu’à ce que John Inglis*, le fils de l’évêque, fût nommé à Aylesford en 1801. La même année, Wiswall se blessa sérieusement lors d’une chute à cheval et, pendant les dix dernières années de sa vie, il fut trop infirme et frêle pour remplir son ministère à Wilmot, sur une base régulière. Il mourut le 2 décembre 1812, à l’âge de 81 ans, et fut enterré près de l’église anglicane de Middleton. L’un de ses fils, Peleg, fut élu député et devint plus tard juge à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse.

Maud M. Hutcheson

Acadia Univ. Arch. (Wolfville, N.-É.), John Wiswall, journal, 1771–1812 (mfm aux PANS).— PRO, AO 12/10 : f.309 ; 12/61 : f.39 ; 12/99 : f.42 ; 12/109 : f.312 ; AO 13, bundles 51, 8283. USPG, Journal of SPG, 24 : 134136, 262264, 314317, 337341, 358362 ; 25 : 25, 37, 6971, 100, 144, 149s., 157159, 184s., 201204, 211 ; 26 :19, 99, 193s., 415417 ; 27 : 117119, 128130, 204208, 277s., 284286, 377s. ; 28 : 25, 52, 80s., 177, 184186, 359361, 382384 ; 29 : 8s., 9597, 175s., 205207, 335356 ; 30 : 1013, 151s., 284. Jacob Bailey, « Nova Scotia, 1784 : a letter of Jacob Bailey », David Siegenthaler, édit., Canadian Church Hist. Soc., Journal (Sudbury, Ontario), 19 (1977) : 131137.— Glimpses of Nova Scotia, 1807–24, as seen through the eyes of two Halifax merchants, a Wilmot clergyman and the clerk of the assembly of Nova Scotia, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1957).— Journals of the Rev. Thomas Smith, and the Rev. Samuel Deane, pastors of the first church in Portland [...], William Willis, édit. ([2e éd.], Portland, Maine, 1849).— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 172s., 188.— Jones, Loyalists of Mass. Sabine, Biog. sketches of loyalists, 2.— Calnek, Hist. of Annapolis (Savary).— A. W. [H.] Eaton, The Church of England in Nova Scotia and the tory clergy of the revolution (New York, 1891).— Fingard, Anglican design in loyalist N.S.— Stark, Loyalists of Mass. (1910).— E. M. Saunders, « The life and times of the Rev. John Wiswall, M.A., a loyalist clergyman in New England and Nova Scotia, 1731–1821 », N.S. Hist. Soc., Coll., 13 (1908) : 1–73.

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Maud M. Hutcheson, « WISWALL, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wiswall_john_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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