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ZHAUWUNO-GEEZHIGO-GAUBOW (qui signifie « celui qui se tient debout dans le ciel austral » ; dans les registres de la Hudson’s Bay Company, on l’appelle Maisaninnine ou Mesnawetheno, nom cri signifiant « personne élégante », et Jack Fiddler), shaman sauteux et chef des Suckers du lac Sandy, dans le nord-ouest de ce qui est aujourd’hui l’Ontario, né dans les années 1830 ou au début des années 1840, fils de Peemeecheekag* ; dans le courant de sa vie, il eut cinq femmes, Kakakwesic, Nakwasasive, Nocome, Kaopasanakitiyat et Kayakatopicicikec, et de ces unions naquirent huit garçons et cinq filles ; décédé le 30 septembre 1907 à Norway House (Manitoba).

Zhauwuno-geezhigo-gaubow faisait partie des Suckers du lac Sandy, sur la haute rivière Severn. Ce groupe n’avait guère de contacts avec les Blancs. Au plus tard en 1844, la Hudson’s Bay Company ferma son poste le plus proche, au lac Island (Manitoba), où les Suckers avaient coutume de faire de la traite. De 1857 à 1868, Zhauwuno-geezhigo-gaubow se procura des fournitures de chasse au lac Big Trout (Ontario). Il commença à faire de la traite au lac Island à la fin des années 1860, après la réouverture du poste, et y retourna assez régulièrement jusqu’à la fin de sa vie. À un moment donné, il travailla probablement à bord des bateaux York qui transportaient des marchandises entre ce poste et York Factory (Manitoba). À compter de 1887, il figure souvent dans les registres de la Hudson’s Bay Company sous le nom de Jack Fiddler. D’ailleurs, on surnommait parfois les gens du lac Sandy la « tribu des violoneux » (Fiddler tribe) parce que, dit-on, ils s’étaient mis à sculpter des violons semblables à ceux qu’ils voyaient dans les postes de la compagnie. Après la mort de son père en 1891, Zhauwuno-geezhigo-gaubow devint chef du groupe du lac Sandy et de groupes alliés voisins, ce qui représentait 100 ou 120 personnes en tout. De plus, il avait de l’influence sur d’autres groupes vivant à une certaine distance.

La région du lac Sandy était si isolée que, même à l’aube du xxe siècle, la mentalité occidentale n’y avait guère pénétré. Le premier missionnaire méthodiste qui se rendit au lac Sandy, le révérend Frederick George Stevens, y alla en 1899 et n’y resta que deux jours. Peu de ces gens savaient même quelques mots d’anglais. Avoir des dons de shaman était primordial pour un chef. Les histoires qui évoquent les pouvoirs de Zhauwuno-geezhigo-gaubow font encore partie intégrante de la tradition orale de son peuple. Bien des légendes parlent de ses guérisons, mais il était surtout reconnu pour savoir affronter et vaincre le terrible windigo.

La croyance dans les windigos était universelle dans la forêt boréale. Pour les autochtones, un windigo était un être humain possédé par un esprit si malfaisant que quiconque entendait son cri perdait connaissance et devenait incapable de résister à l’insatiable appétit de cette créature cannibale. Si un windigo hantait une région, le gibier, effrayé, s’enfuyait ; la famine menaçait donc les habitants. Bien des documents font mention de personnes qui demandaient à des membres de leur famille de les tuer parce qu’elles se sentaient près de tomber sous l’emprise de cet esprit rapace. Même le sang d’un windigo mort était dangereux ; c’est pourquoi on brûlait souvent les cadavres [V. Abishabis*]. Zhauwuno-geezhigo-gaubow affirma au ministre méthodiste cri Edward Paupanakiss* qu’il avait vaincu 14 windigos dans le courant de sa vie.

En 1906, la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest entendit parler d’« une bande d’Indiens païens » qui avaient « coutume de s’entretuer lorsque l’un d’eux [était] pris de délire à cause de la fièvre ou de quelque autre motif ». Au début de l’année suivante, un groupe de patrouilleurs partit faire enquête. Aux abords du lac Sandy, ils apprirent de Minowapawin (Norman Rae), dont la femme appartenait à la bande des Suckers, que Zhauwuno-geezhigo-gaubow et son frère Pesequan (Joseph Fiddler) avaient éliminé un windigo l’année précédente. Les patrouilleurs continuèrent leur route vers le lac Caribou (lac Deer). Le 15 juin 1907, ils arrêtèrent les deux hommes pour le meurtre de la bru de Pesequan, Wahsakapeequay, puis ils les emmenèrent à Norway House. En août, l’événement faisait la manchette : « Noirs forfaits chez les Indiens de Keewatin – Ils étranglent et brûlent des amis malades », titrait le Globe de Toronto.

Cependant, il y avait des gens mieux renseignés qui voyaient l’affaire d’un autre œil. Gilbert Edward Sanders, surintendant de la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest, recommanda d’abandonner les poursuites : « Il semble que les preuves accumulées ne justifieront pas une condamnation », écrivit-il. Le sergent David Bennett Smith, du détachement de Norway House, rapporta : « Jack Fiddler est très vieux [...] Il est sujet à des chutes et, en ces occasions, son cœur et son pouls sont très faibles. » Le missionnaire méthodiste Joseph Albert George Lousley déclara : « Il ne montre pas le moindre signe d’inimitié ni de haine envers Dieu et les hommes, ni révolte ni impiété ; voilà un homme digne et paisible qui a toujours eu la conscience claire. » Le 30 septembre, après 15 semaines de captivité, Zhauwuno-geezhigo-gaubow trompa la surveillance de la sentinelle et s’enfonça dans la forêt. Plus tard le même jour, on le trouva « étendu sur un rocher, sa ceinture formant un gros nœud coulant autour de son cou [...] L’autre bout de la ceinture était attaché à un arbre [...] Il était mort. »

Pesequan, quant à lui, comparut devant un jury de six hommes le 7 octobre. Le département de la Justice avait déconseillé aux Affaires indiennes de lui adjoindre un avocat. James Kirkness, employé de la Hudson’s Bay Company qui connaissait mieux que quiconque les gens du lac Sandy, ne fut pas appelé à témoigner sur les mœurs de la tribu, même s’il assista à tout le procès en qualité d’interprète. D’après le témoignage de Minowapawin, la victime était très malade lorsqu’on l’avait transportée dans un campement sucker. Comme elle « ne voulait pas rester tranquille », quelques femmes avaient dû la retenir. Lorsque Minowapawin l’avait revue le lendemain, elle reposait calmement. Zhauwuno-geezhigo-gaubow et Pesequan étaient en train d’enrouler autour de son cou un lacet avec lequel ils l’étranglèrent. S’ils ne l’avaient pas tuée, fit-on valoir, elle serait devenue un windigo. Aylesworth Bowen Perry, commissaire de la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest qui présidait le procès à titre de magistrat rémunéré, déclara dans son exposé au jury : « Ce que la loi interdit, aucune croyance païenne ne saurait le justifier. » Quant au fait que l’accusé ignorait la loi, cela relevait « de la clémence du pouvoir exécutif ». Le jury prononça à contrecœur un verdict de culpabilité, mais recommanda la grâce. Perry condamna Pesequan à la pendaison.

Pendant son incarcération au pénitencier de Stony Mountain, Pesequan passa la plus grande partie de son temps à l’hôpital. Les requêtes en faveur de sa libération finirent par être agréées, mais l’ordre du 4 septembre 1909 arriva trop tard. Pesequan était mort de consomption trois jours plus tôt. En 1989, le chef Josias Fiddler rappela devant la commission d’enquête manitobaine sur la justice et sur les autochtones le triste sort que Pesequan et Zhauwuno-geezhigo-gaubow avaient subi sous l’emprise d’un système judiciaire qui leur était étranger.

James Richard Stevens

Nous remercions Mary Black-Rogers pour ses commentaires sur la biographie, ainsi que le petit-fils du sujet, le chef Thomas Fiddler, pour les détails concernant la famille.  [j. r. s.]

AN, RG 13, B1, 1452, dossier 386A ; RG 18, 324 ; 345, dossier 42, particulièrement la deuxième partie ; 347, dossier 42, 2e partie.— EUC-C, 3188, dossiers 28–33 ; 3292, dossier 2.— PAM, HBCA, B.93/a/2, 5–6, 8–9, particulièrement B.93/a/9 : f.24d ; B.93/d/13 ; B.156/a/10, 13 ; B.220/d/16b ; 35b : f.2d ; 38a : f.3d ; 41b : f.3d ; B.220/z/1— Manitoba Morning Free Press, oct. 1907.— Thomas Fiddler et J. R. Stevens, Killing the shamen (Moonbeam, Ontario, 1985).— « The killing of Wa-sak-apee-quay by Pe-se-quan, and others », Ontario, Provincial Museum, Annual archœological report ; being part of an appendix to the report of the minister of education, Ontario (Toronto), 1907 : 91–121 ; a aussi été publié dans Ontario, Legislature, Sessional papers, 1908, suite au no 12.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

James Richard Stevens, « ZHAUWUNO-GEEZHIGO-GAUBOW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/zhauwuno_geezhigo_gaubow_13F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/zhauwuno_geezhigo_gaubow_13F.html
Auteur de l'article:    James Richard Stevens
Titre de l'article:    ZHAUWUNO-GEEZHIGO-GAUBOW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024