Titre original :  John Davis

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DAVIS (Davys), JOHN, navigateur et explorateur, qui découvrit le détroit de Davis et les îles Falkland, compilateur des premières Sailing Directions pour les Indes orientales, fils d’un petit propriétaire foncier, né en 1550( ?) à Sandridge, près de Dartmouth, dans le Devonshire, marié le 29 septembre 1582 à Faith Fulford, fille de Sir John Fulford, qui lui donna une fille et quatre fils, dont trois lui survécurent, mort le 27 décembre 1605 au large de l’île de Bintang, dans les Indes orientales.

Il eut pour voisins dans son enfance et pour amis de toute sa vie Humphrey et Adrien Gilbert et leur jeune demi-frère Walter Raleigh. On ne connaît rien de sa jeunesse, mais ses écrits et les liens d’amitié qui l’unirent par la suite aux mathématiciens et aux cartographes anglais les plus éminents de son temps font penser qu’il avait reçu au moins une instruction classique et qu’en 1579 il avait déjà une grande réputation de marin et de navigateur.

Comme beaucoup de ses contemporains, il était convaincu de l’existence d’un passage au Nord-Ouest ; sa grande ambition était de le découvrir et, ainsi, de fournir au commerce anglais une route directe vers les Indes, libre de toute ingérence espagnole ou portugaise. En 1585, ses amis avaient réussi à persuader le secrétaire de la reine, Sir Francis Walsingham, de lui accorder sa protection pour un tel voyage de découverte ; de riches marchands de Londres et du Devonshire avaient fourni des navires et de l’argent, et Davis reçut le commandement de l’expédition. Il mit à la voile à Dartmouth le 7 juin 1585 avec le Sunneshine de Londres (50 tonneaux) et le Mooneshine de Dartmouth (35 tonneaux) que Davis appelle toujours le Moonelight, pour revenir le 30 septembre. Il avait atteint le Groenland, dont la plupart des Européens avaient oublié l’existence depuis qu’on avait perdu le contact avec les colonies norroises au xiiie siècle puis, après avoir traversé le détroit nommé plus tard Davis, il avait atterri sur la côte orientale de Baffin dans l’estuaire d’Exeter à environ 66° 40’ nord. Il n’avait pas découvert le passage, mais il était dorénavant convaincu qu’il était situé soit à l’ouest du golfe de Cumberland (Sound) ou vers le nord du détroit de Davis.

Le 7 mai 1586, Davis partit pour son deuxième voyage dans l’Arctique. Outre ses deux premiers navires, il disposait aussi de la Mermayde (120 tonneaux) et d’une pinasse, le North Starre, de 10 tonneaux. Le Sunneshine et le North Starre, détachés à la recherche d’un passage vers le Nord entre le Groenland et l’Islande, furent arrêtés par les glaces et le North Starre se perdit dans une tempête. Le Mermayde et le Mooneshine continuèrent vers le détroit de Davis où les conditions étaient moins favorables que l’année précédente. Le Mermayde se révéla peu manœuvrable dans les glaces, et on finit par le renvoyer en Angleterre. Après avoir gagné le côté ouest du détroit, le Mooneshine continua seul jusqu’à ce qu’il fût arrêté par les glaces à environ 67, nord. Se tenant bien au large à cause du vent, Davis se dirigea vers le Sud jusque vers 54° 30´ nord (à l’estuaire du Hamilton), où il refit son approvisionnement de vivres grâce à d’abondantes prises de morue. Il rentra de ce voyage le 14 octobre.

Davis reprit la mer le 19 mai 1587. Cette fois, le Sunneshine et le trois-mâts basque Elizabeth de Dartmouth devaient se livrer à la pêche de la morue pendant que Davis, dans la pinasse de 20 tonneaux Ellen (Helène) de Londres, poursuivrait ses explorations. Les conditions étaient exceptionnellement favorables le long de la côte occidentale du Groenland et il atteignit 72° 12´ nord à travers des eaux libres de glaces avant que des vents violents ne le forcent à modifier sa route. À cet endroit, soit au point le plus septentrional, il donna à une haute falaise le nom de « Sanderson, his Hope » (Hope Sanderson) en l’honneur de son principal bailleur de fonds, William Sanderson, riche marchand de Londres. Il fit ensuite voile vers l’Ouest jusqu’à ce qu’il fût arrêté par la dérive des glaces du Courant canadien. Il mit le cap au Sud pour descendre le long de la côte de Baffin, explora de nouveau le « golfe » de Cumberland et nota les entrées du bras de mer de Lord Lumley (baie de Frobisher) et du détroit d’Hudson, qu’il qualifia « chute furieuse ». Il nomma le cap Chudleigh (Chidley), qui en forme la limite sud, entra dans le fjord du Labrador, qui porte encore son nom (Davis Inlet), et atteignit enfin les parages de l’estuaire du Hamilton. Il rentra le 15 septembre, après que son petit navire eût parcouru sans encombre plus de 20 degrés de latitude sur les eaux arctiques. Il avait cartographié de longues étendues des côtes du Groenland, de Baffin et du Labrador, et avait fait de minutieuses observations sur les glaces, le relief, les formations rocheuses, la température, la végétation et la vie animale. L’étude qu’il a consacrée aux Inuits est l’une des premières que nous possédions. Il y décrit leur mode de vie avec beaucoup d’exactitude et de sympathie. Le « Traverse book » de son troisième voyage devint le modèle que suivent, depuis, les journaux de bord des bateaux. Les cartes originales de ces voyages se sont perdues, mais les résultats de ses découvertes furent portés sur les cartes de son temps, publiées à son retour, en particulier sur la grande mappemonde (1598–1600) de son ami, le mathématicien Edward Wright, et sur le célèbre globe de Molyneux (1592). De fait, on croit que c’est probablement Davis qui présenta Molyneux à Sanderson, leur protecteur à tous deux.

Il ne devait plus explorer l’Arctique. L’Angleterre consacrait désormais ses énergies à la lutte contre l’Espagne et, après la mort de Walsingham en 1590, « plus personne ne s’intéressa au voyage ». Cependant, Davis, convaincu que la découverte du passage du Nord-Ouest contribuerait à l’essor du commerce anglais et, de la sorte, à la grandeur de l’Angleterre, s’efforça de continuer les explorations. En 1591, il se joignit à l’expédition de Thomas Cavendish qui tentait sa seconde circumnavigation du globe. On convenait que, une fois passé le détroit de Magellan, Davis et son navire seraient libres de poursuivre l’exploration vers le Nord, en passant « derrière l’Amérique » pour trouver l’entrée occidentale du passage. L’expédition se solda par un échec désastreux et sa seule réalisation fut la découverte par Davis des îles Falkland. En 1595, il publia son traité, The worldes hydrographical discription ; mais cet effort en vue de trouver un appui pour les explorations si chères à son cœur ne porta pas de fruit.

De 1598 à 1600, il servit avec distinction en qualité de pilote lors de la deuxième expédition hollandaise aux Indes et, à son retour à Londres, il fut nommé pilote en chef de la première expédition de la East India Company, qui fut couronnée de succès. Il rentra en Angleterre en septembre 1603.

En décembre 1604, en qualité de pilote de Sir Edward Michelborne, il mit à la voile à bord du Tiger (240 tonneaux) pour son troisième voyage aux Indes, au cours duquel il releva le tracé de la côte occidentale de Sumatra et compila les premières « Instructions de navigation » connues de cette région. Au large de la côte orientale de la Malaisie, le Tiger amarina un pirate japonais et, le 27 décembre 1605, pendant la visite de ce navire, les pirates se soulevèrent et Davis fut leur première victime.

Davis avait consacré sa vie de marin et d’explorateur au service de son pays et de la science de la navigation dans la meilleure tradition de la marine élisabéthaine. Bien qu’il eût pris part aux campagnes navales des guerres avec l’Espagne, son humeur tranquille le portait nettement vers les travaux de la paix. Il était hautement considéré par ses collègues et ses équipages pour ses qualités morales et sa grande compétence, sa patience et la compréhension dont il faisait preuve à l’égard d’autrui, ainsi que pour ses jugements mesurés et ses dons de chef. Il avait une connaissance théorique aussi bien que pratique des problèmes de la navigation. Afin de faire bénéficier les autres navigateurs des connaissances qu’il avait acquises au cours de toute une vie passée à naviguer et à observer les choses de la mer, il publia en 1599 ses Seaman’s secrets, manuel pratique de navigation qui fut pendant de longues années le vade-mecum du marin. Il inventa le « backstaff », ou quadrant de Davis, qui, jusqu’à l’invention du quadrant à réflexion en 1731, resta l’instrument officiellement recommandé pour déterminer la latitude. Son traité intitulé The worldes hydrographical discription (1595) constitue une somme magistrale des connaissances géographiques du temps, en particulier en ce qui concerne le passage du Nord-Ouest. On a dit avec raison de lui que, dans ses découvertes arctiques, il conduisit Henry Hudson dans son détroit et Baffin dans sa baie, et qu’il indiqua à Hans Egede le théâtre de ses labeurs groenlandais.

Margaret Montgomery Larnder

La plupart des comptes rendus originaux des voyages de Davis, ainsi que The worldes hydrographical discription (London, 1595), ont été réunis dans les volumes III et IV de Hakluyts Collection of the early voyages, travels and discoveries of the English nation, [ed. R. H. Evans] (5 vol., London, 1809–12), et dans A selection of curious, rare and early voyages and histories of interesting discoveries, chiefly published by Hakluyt, or at his suggestion, but not included in his [...] compilation, to which, to Purchas, and other general collections, this is intended as a supplement, [ed. R. H. Evans] (London, 1812).— V. aussi : Hakluyt, Principal navigations (1903–05), VII.— Le récit de son dernier voyage et de sa mort, dû à la plume de Michelborne lui-même, pense-t-on, se trouve dans Purchas, Pilgrimes : (1905–07), II: 347–366.— Il existe aussi deux excellentes biographies : Albert Markham, The voyages and works of John Davis, the navigator (Hakluyt Soc., 1st ser., LIX, 1880), qui renferme également la reproduction de l’ouvrage de Davis, Seaman’s secrets (« Newly corrected by the author » Y, London, 1599), et Clements R. Markham, A life of John Davis, the navigator, 1550–1605, discoverer of Davis Straits (London, 1889).-Oleson, Early voyages, 77, 88, 156–160.

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Margaret Montgomery Larnder, « DAVIS, JOHN (mort en 1605) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/davis_john_1605_1F.html.

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Auteur de l'article:    Margaret Montgomery Larnder
Titre de l'article:    DAVIS, JOHN (mort en 1605)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    2 déc. 2024