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SIMPSON, ROBERT, homme d’affaires, né le 16 ou le 17 septembre 1834 à Speymouth, Écosse, fils de Peter Simpson, propriétaire d’un magasin général, et de Jane Christie Parmouth ; le 29 mars 1859, il épousa à Newmarket, Haut-Canada, Mary Anne Botsford, et ils eurent une fille ; décédé le 14 décembre 1897 à Toronto.
Robert Simpson étudia dans une grammar school écossaise jusqu’à l’âge de 16 ans, puis il fit son apprentissage chez un commerçant d’Elgin. À son arrivée dans le Haut-Canada, en 1854, il fut commis au magasin général de la D. Sutherland and Sons, à Newmarket, localité desservie depuis peu par le chemin de fer. En octobre 1858, le commerce des Sutherland ayant été acheté par William McMaster, Simpson et un autre commis, William Trent, fils d’un fermier assez aisé de l’endroit, ouvrirent à Newmarket un petit magasin où ils vendaient au détail des marchandises sèches, des produits d’alimentation, de la quincaillerie, des bottes et des souliers. Comme la concurrence était féroce en ce temps de crise, les associés fixèrent leurs prix au plus bas et, suivant une tendance courante en Amérique du Nord, annoncèrent qu’ils exigeaient d’être payés comptant. Cependant, plusieurs indices, dont le fait qu’ils achetaient des produits agricoles de la région, laissent croire que la plupart des transactions continuaient de se faire à crédit. L’association fut liquidée en mars 1862 et, deux mois plus tard, Simpson en conclut une nouvelle avec M. W. Bogart, que ses concitoyens considéraient comme un piètre homme d’affaires ; le père de ce dernier avait d’ailleurs garanti sa participation.
Le 6 décembre 1862, un incendie se déclara au magasin de Simpson ; plusieurs fois au cours de sa carrière, le feu allait endommager ou détruire ses locaux. L’assurance remboursa les pertes, évaluées à 1 000 $, et les affaires reprirent presque tout de suite. Un deuxième incendie, le 19 février 1864, causa des dégâts plus sérieux : cette fois, il fallut réinstaller le magasin dans des locaux temporaires. Bogart rompit ses liens avec Simpson le 9 mars, d’abord à cause du sinistre mais aussi, sinon surtout, parce que ses affaires allaient déjà mal. À l’aide du produit de l’assurance, Simpson remboursa la plus grande partie de ses dettes à son fournisseur de longue date, la Thompson, Claxton and Company de Montréal, et se relança seul en affaires, toujours à Newmarket.
La croissance économique des années 1860 s’accompagna d’une petite révolution dans le secteur urbain du commerce de détail et permit même à un marchand rural comme Simpson de réaliser en 1866 un chiffre d’affaires de 60 000 $. En avril 1867, il s’installa dans ce qui était, selon lui, « le plus grand et le plus beau magasin au nord de Toronto ». Grâce à une publicité imaginative, et notamment à la distribution de prospectus dans toute la campagne environnante, il parvint non seulement à maintenir sa position par rapport à ses concurrents, mais aussi à améliorer sa cote de crédit. À l’époque, les détaillants tentaient de s’approvisionner directement auprès des fournisseurs et manufacturiers de Grande-Bretagne. C’est peut-être pour cette raison que Simpson, pendant l’hiver de 1868–1869, se rendit en Écosse, où il n’était pas retourné depuis son arrivée au Canada. Apparemment, malgré sa réussite évidente, des problèmes de santé, sans doute liés à l’alcool, assombrirent ses dernières années à Newmarket.
Le 29 octobre 1870, un incendie au magasin de Simpson détruisit des marchandises d’une valeur de 40 000 $ ; la plupart étaient en consignation et une bonne partie n’étaient pas assurées. Le Monetary Times l’accusa d’irresponsabilité et lui reprocha de maintenir un stock beaucoup trop important pour le volume annuel de ses ventes. En annonçant la procédure de faillite, le journal signala qu’il y avait eu « très grave négligence dans la conduite de ses affaires » ; Simpson, poursuivait-on, recourait beaucoup au crédit, ce dont le journal blâmait les grossistes. Ses méthodes de comptabilité manquaient de rigueur mais, comme le déclara un marchand de l’endroit, ses « livres n’étaient pas plus mal tenus que ceux de n’importe quel autre détaillant de la région ».
Presque tout de suite après avoir conclu avec ses créanciers un arrangement qui prévoyait l’acquittement d’à peine le tiers de ses obligations, Simpson rouvrit son magasin, d’abord dans des locaux loués, puis à son ancienne adresse. Il l’exploita jusqu’à l’été de 1872, vendit alors son stock à son cousin James Simpson et s’installa à Toronto avec sa famille. Au cours de l’hiver de 1872–1873, avec un personnel de trois commis, il ouvrit un petit commerce de marchandises sèches au 184 de la rue Yonge, tout juste au nord de la rue Queen, quartier que commençaient à fréquenter les clients habituels de la rue King. Apparemment, au moins jusqu’en juillet 1879, il eut un associé, son beau-frère Charles Botsford.
Simpson faisait peu de réclame dans les journaux de la ville mais, grâce à l’urbanisation et à l’industrialisation de Toronto, son magasin prospérait de manière soutenue. Pendant l’hiver de 1879–1880, pour renforcer sa position, il ouvrit rue Colborne un commerce de marchandises sèches en gros avec son cousin James Simpson et un autre Écossais, James Robertson. On ignore s’il réagissait ainsi aux augmentations des tarifs douaniers appliquées par le gouvernement fédéral dans le cadre de sa Politique nationale. À peu près au même moment, Timothy Eaton* ouvrit aussi un commerce de gros à Toronto. Qu’un détaillant devienne grossiste était chose courante à l’époque, mais le commerce de gros rapportait de moins en moins puisque les détaillants cherchaient à conclure des ententes directes d’approvisionnement en Grande-Bretagne et en Europe. L’entreprise de gros de Simpson n’eut qu’un succès limité ; dès 1885, on y faisait aussi de la vente au détail. Robertson se retira de l’association en 1886, et l’entreprise ferma peu après la mort de James Simpson, survenue en novembre 1889. Dès lors, Robert Simpson put se consacrer tout entier à son commerce de détail, qu’il avait installé en 1881 dans des locaux plus vastes, au 174-176 rue Yonge, à côté du magasin d’Eaton.
À l’été de 1883, Eaton, qui avait besoin de s’agrandir, s’établit plus au nord, au 190 de la rue Yonge. Cependant – et c’est là un indice de la concurrence qui régnait entre les deux hommes – il laissa son ancien magasin verrouillé et inoccupé durant plus de six mois afin que Simpson ne puisse s’y installer et profiter de sa clientèle. Simpson était d’ailleurs à peu près le seul propriétaire de magasin dont Eaton parlait dans ses lettres à son frère, ce qui laisse croire qu’il le prenait peut-être plus au sérieux que certains de ses concurrents de moindre importance. Bien que tous les commerçants de marchandises sèches se soient livré une dure lutte dans les années 1870 et 1880, et bien qu’Eaton et Simpson aient eu des personnalités fort différentes (le premier était un méthodiste strict et un abstinent, le second, disait-on, un grand buveur), rien ne laissait présager l’intense rivalité qui opposa par la suite leurs magasins. Eaton et son fils John Craig* assistèrent aux obsèques de Simpson et firent mettre en berne les drapeaux de leur établissement ce jour-là.
Le magasin de Simpson, qui en 1885 offrait une gamme de plus en plus variée de marchandises et employait près de 60 commis, était, dès le début des années 1890, véritablement un grand magasin où l’on trouvait marchandises sèches, produits d’alimentation, médicaments brevetés, meubles et bien d’autres choses encore. Son succès, en cette époque où la demande des biens de consommation avait augmenté, reposait largement sur des techniques de vente dynamiques et sur un système de prix unique et de paiement comptant.
En 1894, Robert Simpson put faire construire, selon les plans d’Edmund Burke*, un immeuble de six étages à l’angle sud-ouest des rues Yonge et Queen. Un an plus tard, le troisième des terribles incendies qui ravagèrent le centre-ville de Toronto détruisit complètement cet édifice, et le magasin dut s’installer dans des locaux temporaires. Au début de 1896, l’immeuble actuel, identique à l’ancien mais doté de plusieurs dispositifs de protection contre l’incendie, ouvrit ses portes. Le magasin comptait alors quelque 500 employés et 35 rayons, plus un restaurant et un service bien organisé de vente par correspondance. En mai, l’entreprise fut constituée en société par actions à responsabilité limitée, la Robert Simpson Company Limited, dont Simpson devint président. Sa mort subite à l’âge de 63 ans, le 14 décembre 1897, laissa un lourd fardeau sur les épaules de sa femme et de sa fille Margaret (il n’avait pas de fils pour lui succéder). En mars 1898, on vendit la société pour la somme de 135 000 $ à trois hommes d’affaires torontois, Harris Henry Fudger, Joseph Wesley Flavelle* et Alfred Ernest Ames*.
AO, MU 307, Simpson à Buell, 15 avril 1867.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 26 : 195 ; 27 : 136.— CTA, RG 5, F, 1867–1900.— GRO (Édimbourg), Speymouth, reg. of births and baptisms, Robert Simpson, record of birth, 17 sept. 1834, recorded 1854.— Daily Mail and Empire, 1867–1900.— Evening News (Toronto), 3 avril 1884, 17 févr., 3 mars 1885, 3 janv., 1er, 17 févr. 1888.— Globe, 1867–1900.— New Era (Newmarket, Ontario), janv. 1855–déc. 1872.— Toronto directory, 1867–1900.— Merrill Denison, This is Simpson’s ; a story of Canadian achievement told in celebration of the 75th anniversary of one of her great institutions ([Toronto, 1947]).— Hist. of Toronto.
Joy L. Santink, « SIMPSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/simpson_robert_12F.html.
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Auteur de l'article: | Joy L. Santink |
Titre de l'article: | SIMPSON, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 9 nov. 2024 |