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MACDONELL (Greenfield), JOHN ALEXANDER, avocat, organisateur politique, officier de milice et auteur, né le 23 juin 1851 à Kingston, Haut-Canada, fils d’Archibald John Macdonell (Greenfield), barrister, et de Mary Ann Catherine Innes ; le 3 septembre 1879, il épousa à Toronto Isabel Sophie Crawford, et aucun enfant issu de ce mariage ne survécut ; décédé le 11 avril 1930 à Alexandria, Ontario.

Natif du comté de Glengarry dans l’est du Haut-Canada, le père de John Alexander Macdonell pratiquait le droit à Kingston et fut l’associé de John Alexander Macdonald* à partir de 1855. Après la mort du père de Macdonell en 1864, Macdonald devint le mentor du jeune garçon et le prit comme stagiaire dans son bureau. Le travail de Macdonell pour le juge en chef et chancelier de la province dans les années 1870 lui permit d’acquérir de l’expérience dans les causes électorales. Macdonell poursuivit sa formation avec Christopher Robinson* à Toronto ; admis au barreau en 1875, il exercerait dans cette ville jusqu’en 1888. En 1879, il consolida ses liens avec l’est de l’Ontario en épousant l’une des filles de John Willoughby Crawford*, ancien lieutenant-gouverneur qui avait des attaches à Brockville.

La loyauté farouche de Macdonell envers Macdonald, devenu premier ministre en 1867, ainsi que sa profonde compréhension de la politique de l’est de l’Ontario, région où les noms écossais abondaient, firent de lui un organisateur naturel, un collaborateur approprié pour certains leaders de cette région au Parlement comme Alexander Campbell* et John Graham Haggart*. Macdonell aida au déroulement du congrès des conservateurs de 1874 à Toronto, qui visait à reconstituer le parti à la suite du scandale du Pacifique et du retour des libéraux au pouvoir. En 1877, il organisa des associations du parti dans les circonscriptions en bordure du fleuve Saint-Laurent et il devint secrétaire de la Toronto Liberal-Conservative Association. Au début de l’année suivante, Macdonald demanda à Jack Macdonell, alors âgé de 26 ans (on l’appelait aussi souvent Jack Greenfield), de devenir secrétaire politique du United Empire Club de Toronto, cœur de l’organisation politique et sociale du parti conservateur en voie de renouveau. Comme il était militant en coulisse pour Macdonald en Ontario, on lui promit une caisse spéciale de 10 000 $, bien que le collecteur de fonds Charles Tupper* n’ait réuni environ que la moitié de cette somme. Pendant la campagne électorale de 1878, Macdonell organisa des itinéraires pour les hommes politiques importants, dont les orateurs du groupe de façade des conservateurs, la Dominion National League. De plus, il donna des conseils d’organisation aux candidats et il supervisa la distribution de plus de 400 000 documents par l’intermédiaire du club pendant la campagne. Les conservateurs reprirent le pouvoir et balayèrent pratiquement l’est de l’Ontario.

L’intense esprit de parti de Macdonell apparut dans toute son évidence durant cet épisode survenu à la Chambre des communes le 10 mai 1879. Assis près du président, il insulta Lucius Seth Huntington* et le traita « de tricheur et d’escroc » ; il faisait évidemment référence au rôle de ce dernier dans la révélation au grand jour du scandale du Pacifique. Il fut expulsé trois fois. Plus tard, il fut forcé de s’excuser auprès de la Chambre pour son comportement inconvenant. À Toronto, après la victoire de 1878, il travailla dans un cabinet d’avocats avec James Joseph Foy, autre organisateur important, ainsi qu’avec le fils de Tupper, James Stewart. Bien que Macdonell ait demandé la charge des affaires juridiques du gouvernement dans l’est de l’Ontario comme récompense de ses accomplissements politiques, il dut se contenter d’une part – tout de même considérable – des affaires juridiques de Toronto. Après la faillite du United Empire Club, il participa de près à la création en 1882 de l’organisme qui lui succéderait, l’Albany Club, et il conserva un grand intérêt pour le favoritisme. Après s’être remis d’une grave maladie en 1887, époque où, à l’évidence, il travaillait seul, il demanda (et appela ses amis à faire pression en ce sens) le poste de juge des comtés de Prescott et de Russell, adjacents à celui de Glengarry ; toutefois, il semble que sa maladie ait atteint ses habiletés d’élocution de manière permanente et il n’obtint pas le poste.

En 1888, Macdonell s’installa dans le comté de Glengarry où, à Alexandria, il s’associa avec un libéral, Francis T. Costello. Après un certain temps, les deux hommes agirent en tant que solicitors pour le diocèse catholique d’Alexandria [V. Alexander Macdonell*] et pour la succursale locale de la Banque d’Ottawa ; ils semblent s’être chargés de beaucoup d’affaires gouvernementales. En 1889, le ministre fédéral de la Justice, sir John Sparrow David Thompson*, considéra que les honoraires de Macdonell étaient excessifs et que sa demande d’avances était inappropriée. Macdonell, combatif, affirmait avoir besoin de l’argent à cause d’une récidive de sa maladie et il menaça de le poursuivre en justice. Il est possible que cette altercation ait refroidi son ardeur politique, mais il travailla avec énergie durant l’élection de 1891. La mort de Macdonald cette année-là et le paysage démographique changeant de l’est de l’Ontario, où la prédominance écossaise s’affaiblissait avec la croissance de la population née au Canada, réduisirent l’influence de Macdonell. Il avait également des problèmes avec Roderick (R.) McLennan*, le député conservateur de Glengarry entre 1891 et 1900, mais il conserva le poste de secrétaire de la Glengarry Liberal-Conservative Association, fonction qu’il assumerait jusqu’en 1912. Sa femme aussi « exerça son influence en faveur des conservateurs au cours de plus d’une élection » à Glengarry, circonscription qui devint libérale en 1900. Comme il y avait une possibilité pour les conservateurs de reprendre le pouvoir à l’échelle nationale en 1911, Macdonell travailla dur dans l’est de l’Ontario. En 1917, il agit de connivence avec Costello pour faire entrer le député de Glengarry dans le gouvernement d’union de sir Robert Laird Borden*. Après 1918, ses activités politiques semblent avoir ralenti brusquement. Costello fut nommé juge de comté en 1929 et Macdonell s’associa alors un moment à l’un de ses cousins, Donald Alexander Macdonald.

Macdonell se décrivait publiquement comme un « avocat indifférent ». Il usa sans aucun doute de ses relations politiques et religieuses pour promouvoir sa carrière juridique. Étant donné l’ampleur de ses services auprès des conservateurs, il recommandait bien sûr d’autres personnes pour des postes et cherchait à l’occasion des emplois en or pour lui-même. Après les efforts qu’il avait fournis en 1891, il alla jusqu’à espérer obtenir un poste de sénateur, objectif qu’il se fixa à nouveau lorsqu’il apporta son soutien au gouvernement d’union de Borden. Toutefois, la plupart de ses gestes de favoritisme servirent à aider d’autres personnes. Sa plus grande réalisation à cet égard avait été la réclamation en 1884 d’un poste de sénateur pour le docteur Donald McMillan qui, nota Macdonell, « a[vait] dans le district de l’est plus de sept mille parents par le sang, [ce qui] compren[ait] ceux du troisième degré ».

Les champs d’intérêt de Macdonell étaient en grande partie liés à sa région d’origine et à son héritage de Highlander. Il collectionnait des objets historiques et militaires, dont certains remontaient à la bataille de Culloden en 1746 ; dans son testament, il chargea un représentant de la famille de les conserver et de les distribuer. Parmi ces éléments se trouvait sa correspondance avec Macdonald à laquelle il tenait beaucoup. Sa fascination pour la vie militaire se reflétait également dans le grade de capitaine du 59th (Stormont and Glengarry) Battalion of Infantry qu’il détint entre 1888 et 1897, dans un article qu’il écrivit sur le général sir Isaac Brock*, ainsi que dans son histoire de Glengarry, où il porta énormément d’attention aux exploits militaires des Highlanders de l’est de l’Ontario. Macdonell voulait faire ériger des cairns de champ de bataille pour commémorer la guerre de 1812, au cours de laquelle son arrière-grand-père Alexander Macdonell of Greenfield et deux de ses grands-oncles, John Macdonell* (Greenfield) (aide de camp de Brock) et Donald Macdonell* (Greenfield), avaient servi. Sa fervente foi catholique se manifesta dans son mémoire sur l’évêque Alexander McDonell*, ancien aumônier des Glengarry Light Infantry Fencibles. Profondément conservateur, Macdonell croyait fermement à la hiérarchie : en 1904, il tenta de former un second régiment de Glengarry dans lequel les officiers ne seraient issus que de l’aristocratie terrienne et de la classe professionnelle. Sa vanité fut flattée en 1912 lorsque le ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes, le nomma au comité du corps des cadets du ministère et lui accorda le grade honorifique de lieutenant-colonel. La posture droite et la barbe bien coupée de Macdonell mettaient en valeur son allure militaire et sa personnalité énergique. Particulièrement engagé dans les activités de bienfaisance durant la Première Guerre mondiale, il aimait aussi s’occuper de son jardin ; sa femme s’intéressait à la musique, à l’art oratoire et à l’équitation.

Malgré sa santé qui déclinait depuis deux ans, John Alexander Macdonell (Greenfield) se rendit régulièrement à son bureau jusqu’à peu de temps avant sa mort. Isabel Sophie Macdonell, qui vivait dans la ville de Prescott en 1903, possédait, au moment du décès de Macdonell, une résidence à Brockville, où elle conserva une partie des meubles de ce dernier et une grande partie de sa bibliothèque, quoique ces biens aient été légués à un petit-neveu. Mme Macdonell ne reçut rien mais, avec certains des amis proches de son mari, elle était à son chevet quand il mourut. Ce ne devait pas être facile de vivre avec cet homme dont la passion était parfois très colérique et qui pouvait boire une quantité prodigieuse d’alcool ; toutefois, sa bonhomie un peu fruste et sa loyauté le rendaient sympathique, comme en témoigne le nombre de personnes présentes à ses obsèques. Macdonell fut inhumé dans le cimetière catholique de St Raphaels.

Ben Forster

John Alexander Macdonell (Greenfield) est l’auteur de : A sketch of the life of the Honourable and Right Reverend Alexander Macdonell [...] ([Alexandria, Ontario], 1890) ; Sketches illustrating the early settlement and history of Glengarry in Canada, relating principally to the Revolutionary War of 1775–83, the War of 1812–14 and the rebellion of 1837–8 [...] (Montréal, 1893) ; et « Major General Sir Isaac Brock, k.b. », Ontario Hist. Soc., Papers and Records (par la suite OH), 10 (1913) : 5–32. Ses papiers sont conservés à BAC, MG 27, I, I15. Son testament figure dans Glengarry Hist. Soc., Glengarry Hist. Research Notes (Williamstown, Ontario), nº 1 (1992).

AO, F 978, St Mary’s Roman Catholic Cathedral, Kingston, Ontario, RBMS ; RG 80-5-0-87, nº 12835.— BAC, MG 26, A ; F ; H ; MG 27, I, C2 ; E8.— Glengarry News (Alexandria), 18 avril 1930.— Globe, 26 août 1878, 12 mai 1879, 6 juin, 19 nov. 1887, 17 mars 1892.— Ottawa Free Press, 22 oct. 1878.— William Boss, The Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders, 1783–1951 (Ottawa, 1952).— Canada Gazette, 15 févr. 1890 : 1645.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— E. M. Chadwick, Ontarian families : genealogies of United-Empire-Loyalist and other pioneer families of Upper Canada (2 vol., Toronto, 1894–1898 ; réimpr., 2 vol. en 1, Lambertville, N. J., [1970]), 1 : 9s.— Ben Forster, A conjunction of interests : business, politics and tariffs, 1825–1879 (Toronto, 1986) ; « A Conservative heart : the United Empire Club, 1874–1882 », OH, 78 (1986) : 83–104.— J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry ; a history, 1784–1945 (Oshawa, Ontario, 1946).— Types of Canadian women [...], H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903), 217.

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Ben Forster, « MACDONELL (Greenfield), JOHN ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonell_john_alexander_15F.html.

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Auteur de l'article:    Ben Forster
Titre de l'article:    MACDONELL (Greenfield), JOHN ALEXANDER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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