BRIDGAR, JOHN, un des premiers gouverneurs des forts de la Hudson’s Bay Company sur la baie d’Hudson et sur la baie James ; circa 1678–1687.
Il fut engagé par la Hudson’s Bay Company le 19 avril 1678, au traitement de £40 par an, et arriva à la baie James le 22 août pour y servir sous les ordres du gouverneur Charles Bayly. À son départ pour l’Angleterre, l’année suivante, ce dernier confia à Bridgar la direction du Poste d’Albany (Sainte-Anne), qui venait d’être fondé. Deux ans plus tard, Bridgar retournait à Londres et, le 15 mai 1682, recevait la charge de gouverneur de Port Nelson et du territoire situé à l’ouest de la baie et s’étendant au nord du cap Henriette-Marie, au traitement de £100 par an, pour une période de trois ans. Il était de plus chargé « de pénétrer à l’intérieur des terres afin d’y faire toute découverte possible, de se lier et de commercer avec les Indiens de ces régions ».
Il s’embarqua sur le Prince Rupert, vaisseau de la compagnie (capitaine : Zachariah Gillam), accompagné de l’Albermarle (capitaine : Esbon Sanford) ; au cours du mois de septembre, il entrait dans l’embouchure de la rivière Bourbon (Nelson). Il y rencontra Pierre-Esprit Radisson*, qui s’y trouvait déjà pour le compte des Français (lesquels cherchaient à évincer les Anglais de la baie) et qui contesta la légalité de sa présence dans cette région. Radisson et son beau-frère, Médard Chouart Des Groseilliers, avaient déjà bâti un fort sur la rive droite (c’est-à-dire sud) de la rivière Hayes (Sainte-Thérèse). Bridgar choisit un emplacement sur la rive nord de la Bourbon et y construisit le premier établissement de la Hudson’s Bay Company dans cette région.
Douze ans auparavant, Radisson, alors qu’il était au service de la compagnie anglaise, avait débarqué à l’embouchure de la Bourbon et avait eu la perspicacité d’y reconnaître la voie d’accès aux vastes territoires du Nord-Ouest pour le commerce des fourrures. Cependant, le vaisseau à bord duquel il voyageait avec le gouverneur Bayly avait été chassé vers le large par une tempête et aucun fort n’avait été construit à cet endroit.
L’expédition de Bridgar eut, elle aussi, ses revers de fortune. Son adjoint, Sanford, mourut le 6 octobre ; le 21 du même mois, le Prince Rupert fut repoussé vers l’intérieur de la baie par une tempête, et fut perdu corps et biens. Parmi les victimes du naufrage, se trouvait Zachariah Gillam, à qui Radisson avait appris que son fils Benjamin Gillam*, de la Nouvelle-Angleterre, faisait le commerce des fourrures, plus loin en amont de la rivière, à son comptoir de l’île Gillam, en violation de la charte de la compagnie ; mais Bridgar n’en savait encore rien.
Au début de l’année suivante, Radisson s’empara du fort et du vaisseau du jeune Gillam, et fit prisonniers tous ceux qui s’y trouvaient avec lui ; au cours de l’été, il prit le fort de la compagnie, faisant prisonniers Bridgar et ses hommes. Il emmena ce dernier à Québec à bord du vaisseau de Gillam ; Bridgar fut remis en liberté par le gouverneur Le Febvre de La Barre, et retourna en Angleterre en passant par la Nouvelle-Angle-terre. En 1685, il s’embarquait à nouveau pour la baie James, à bord, semble-t-il, du Success (capitaine : John Outlaw), pour assumer les fonctions de gouverneur adjoint de ce territoire sous les ordres de Henry Sergeant, à qui il était censé succéder au poste de gouverneur « du fond de la Baie », et il prit la direction du fort Moose (Saint-Louis).
Le 10 juin (20 juin, nouveau style) 1686, il mit à la voile avec ses officiers en direction du fort Charles ; cette même nuit, un détachement de Français de Ville-Marie, sous la direction de Pierre de Troyes et de trois des frères Le Moyne, attaqua le fort Moose, en l’absence du commandant, et l’enleva aux 17 commis qui s’y trouvaient. Mais Bridgar ne devait pas s’échapper si facilement. Les Montréalais, dans leurs canots d’écorce, suivirent son bateau jusqu’au fort Charles, montèrent à l’abordage, en firent la capture, et s’emparèrent du fort du même coup : une fois de plus, l’infortuné Bridgar se retrouvait prisonnier des Français.
Il fut cependant, cette fois encore, remis en liberté, passa l’hiver à New Severn ou à Port Nelson, puis retourna en Angleterre en 1687. Il semble que, peu de temps après être rentré au pays, il ait quitté le service de la compagnie, mettant ainsi fin à sa carrière, courte mais mouvementée, à la baie d’Hudson.
HBRS, VIII (Rich) : 213, 235 ; IX (Rich) : 141, notes 2, 3 ; XI (Rich and Johnson) : 377 ; XXI (Rich) : 134, 137s., 178, 214, 216.— Nute, Caesars of the wilderness. 188–196.
Clifford Wilson, « BRIDGAR, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bridgar_john_1F.html.
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Auteur de l'article: | Clifford Wilson |
Titre de l'article: | BRIDGAR, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |