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BURKE (Bourke), EDMUND, prêtre catholique, vicaire apostolique, professeur et auteur, né en 1753 à Maryborough (Portlaoighise, république d’Irlande) ; décédé le 29 novembre 1820 à Halifax.
Après avoir fait ses études à l’université de Paris, Edmund Burke fut ordonné prêtre en 1775 ou 1776. Pendant plus de dix ans, il exerça son ministère dans le comté de Kildare (république d’Irlande). Sur le conseil de l’archevêque de Dublin, il s’embarqua pour Québec en 1786 : il s’était mis à dos des gens influents pour avoir appuyé un certain candidat à l’épiscopat. À son arrivée, il fut immédiatement nommé professeur de philosophie et de mathématiques au séminaire de Québec. Selon un article de journal publié après sa mort, ses cours attiraient une foule d’étudiants désireux d’entendre « un homme célèbre de l’université de Paris, qui était supérieur à la plupart des gens de son temps dans les sciences mathématiques et aussi dans la connaissance des classiques, en particulier des langues grecque et hébraïque ».
Malgré la popularité dont il jouissait au séminaire, Burke désirait être en mesure d’enseigner la religion à un plus grand nombre de personnes. Convaincu que la prédication de l’Évangile était « un emploi plus convenable à un prêtre que l’enseignement de l’astronomie », il sollicita et obtint une charge pastorale : en 1791, il fut nommé curé des paroisses Saint-Pierre et Saint-Laurent, à l’île d’Orléans, poste qu’il conserva jusqu’en 1794. Cette année-là, le lieutenant-gouverneur Simcoe, du Haut-Canada, inquiet de la présence d’agitateurs républicains dans le voisinage des postes de l’Ouest, fit appel à lord Dorchester [Guy Carleton] pour qu’un prêtre catholique fût nommé dans la région de la rivière Raisin, près de Detroit. Cet appel fut transmis à l’évêque de Québec, Mgr Hubert*. En conséquence, Burke fut nommé non seulement missionnaire dans la région de la rivière Raisin, mais aussi vicaire général de l’évêque de Québec et supérieur des missions du Haut-Canada.
Burke, qui fut peut-être le premier prêtre catholique de langue anglaise à œuvrer à l’ouest du comté de Glengarry, dans le Haut-Canada, arriva au fort Miamis (Maumee, Ohio) en février 1795, déterminé « à contrecarrer les machinations des émissaires jacobins [...] parmi les colons et les nombreuses tribus indiennes des alentours ». Dans l’ensemble, il réussit assez bien à maintenir l’ordre. Sa présence paraît avoir mis fin aux tentatives des habitants de la région pour faire nommer Jean-Antoine Ledru*, soupçonné de sympathies républicaines, curé de la paroisse. Il essaya en outre d’aider Simcoe à supprimer la vente de boissons alcooliques aux Indiens et il persuada les colons, « par des efforts assidus et au risque de sa vie », de faire honneur à leur obligation de servir dans la milice. Néanmoins, peut-être à cause de ses succès mêmes, Burke se sentait sans cesse menacé dans sa nouvelle mission. Affirmant que, dans la région de la rivière Raisin, on ne rencontrait « jamais un homme, ni Indien ni Canadien, sans un fusil à la main et un couteau sur la poitrine », Burke se plaignait que sa vie fût « continuellement à la merci » de « brigands ». Peu de temps après son arrivée, il écrivait ce qu’il avait dû faire pour se protéger : « J’ai été obligé de prendre avec moi deux Indiens chrétiens bien armés, qui dormaient dans ma chambre en compagnie d’un intrépide Canadien. Je ne sortais jamais sans être accompagné et armé. » Une couple d’années plus tard, il soutenait que ses ouailles, bien que baptisées dans l’Église catholique, étaient des « hommes méchants, enclins à tous les vices, mais en particulier à l’ivrognerie et aux péchés contre nature. À peine [aurait-on pu] trouver une fille de dix ans qui n’[eût] point été violentée. »
Lorsque le fort Miamis ainsi que Detroit passèrent aux mains des Américains en 1796, Burke traversa la frontière pour se rendre dans le Haut-Canada, où il devint aumônier de la garnison du fort George (Niagara-on-the-Lake). Pendant les quelques années qui suivirent, il aida, en qualité de vicaire général et de supérieur des missions, à jeter les fondements de la foi catholique dans le Haut-Canada, grâce à de fréquentes et longues tournées missionnaires. En même temps, il sollicita constamment l’appui de Rome et de Québec en vue d’augmenter le nombre de prêtres dans la colonie ; malheureusement, il n’en obtint jamais assez pour ses besoins. Le plus mauvais moment de sa carrière survint en 1801. Cette année-là, un officier du fort George l’accusa d’avoir tenté d’« abuser de sa femme par la force ». Burke, en colère, repoussa cette accusation, qui, à vrai dire, semble avoir été sans fondement, et dénonça son accusateur, lequel aurait passé tout son temps au cabaret et fréquenté des prostituées.
Burke quitta le Haut-Canada en mai 1801. Il succédait à son homonyme Edmund Burke au poste de vicaire général de la Nouvelle-Écosse, territoire encore sous la juridiction épiscopale de Québec. Il arriva à Halifax en octobre. À titre de vicaire général, il entreprit de fonder un séminaire, mais il se buta à une forte opposition de la part du lieutenant-gouverneur Wentworth et de l’évêque anglican Charles Inglis. Par la suite, le séminaire obtint du gouvernement provincial le permis nécessaire à son établissement, mais il n’ouvrit jamais ses portes, car Burke était dans l’impossibilité de recruter des professeurs compétents. L’hostilité d’Inglis à l’égard de ce projet, de même que ses attaques contre les catholiques et les dissidents à l’occasion de son mandement de 1803, amena Burke à dénoncer son adversaire anglican dans la postface de sa Letter of instruction to the Catholic missionaries of Nova-Scotia, and its dependencies, datée de 1804. Wentworth, à son tour, blâma Burke pour avoir attaqué Inglis d’une manière « déraisonnable et répréhensible » ; cette critique devait être reprise par le procureur général Richard John Uniacke*. Mais Burke, loin de se repentir, resta aussi déterminé que jamais à défendre les intérêts de son Église. Après s’en être pris à Inglis en 1804, il écrivait que l’évêque anglican « était complètement bouleversé par la médecine dont il avait été l’objet ». Et il ajoutait : « Cela est bon pour lui. Peut-être sera-t-il guéri de son envie de calomnier les catholiques, que cet homme mauvais supprimerait jusqu’au dernier s’il le pouvait. » L’année suivante, il répondit aux critiques dirigées contre sa Letter of instruction par deux ministres anglicans éminents, William Cochran* et Robert Stanser* ; en 1809, il fit de nouveau montre de ses talents de polémiste au cours d’un débat sur les mérites de la foi catholique avec le révérend Thomas McCulloch*, ministre presbytérien de la faction anti-burgher et maître d’école à Pictou.
À l’été de 1815, Burke traversa l’Atlantique, partie pour se faire soigner, partie pour faire des démarches en vue d’obtenir que fût changé le statut ecclésiastique de la Nouvelle-Écosse. Après une courte visite en Irlande, pays qu’il considérait comme le plus beau et le plus « charmant » du monde, il se rendit d’abord à Londres, puis à Rome. À la suite des rapports qu’il soumit au Vatican, la Nouvelle-Écosse fut élevée au rang de vicariat apostolique, ce qui eut pour effet de la soustraire à la juridiction de Québec pour la placer sous l’autorité directe de Rome. Cette première division du diocèse de Québec – peut-être la plus grande contribution de Burke à la vie religieuse en Nouvelle-Écosse – entra officiellement en vigueur au mois de juillet 1817, soit un an après son retour à Halifax. Vicaire apostolique de la Nouvelle-Écosse avec le titre d’évêque de Sion, Burke fut consacré à Québec, par Mgr Plessis*, le 5 juillet 1818. Il était âgé de 65 ans.
Fort de sa nouvelle autorité, Burke avait l’indépendance voulue pour poursuivre son œuvre en Nouvelle-Écosse. En 1819, il discuta avec l’abbé Angus Bernard MacEachern*, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la fondation d’un séminaire à Arisaig, en Nouvelle-Écosse. Cette institution ne vit pas le jour, mais Burke collabora à l’établissement d’un monastère de trappistes près de Tracadie [V. Jacques Merle*]. Avant sa mort en 1820, il avait aussi inauguré une école de garçons et de filles, à Halifax, et avait ordonné cinq jeunes prêtres. De plus, il avait recommandé l’érection d’une cathédrale (la cathédrale St Mary’s), dont il posa la pierre angulaire le 24 mai 1820.
Sur le caractère d’Edmund Burke, les jugements varient. En 1794, Mgr Hubert le jugeait « d’une certaine inconséquence de caractère », mais il disait aussi que Burke était « un homme sociable, d’une conversation édifiante et, surtout, très recommandable par sa science profonde ». Lord Selkirk [Douglas] se montra plus sévère en affirmant, à la fin de 1804, au cours d’une visite à Halifax : « Burke me paraît un homme d’un réel génie, [doué] de perspicacité et de talent [...], mais il semble [de tempérament] sanguin et manque beaucoup de sang-froid ; peut-être, dans certaines conjonctures, pourrait-il [se révéler] un dangereux ennemi. » Il nota aussi que Burke avait « la réputation d’être fanatique » et qu’il n’était pas aussi populaire auprès de ses ouailles que l’avait été l’abbé James Jones. Mais ce serait une erreur que d’accorder, dans l’ensemble, trop grande créance aux affirmations de Selkirk. Burke semble avoir été hautement respecté dans la société de Halifax, et, malgré ses heurts avec un certain nombre de ministres du culte, il fut généralement en bons termes avec les membres des diverses confessions religieuses. Un historien du xixe siècle écrivait que Burke ne permit jamais que des « différences d’opinions vinssent nuire aux rapports aimables et d’une grande distinction qu’il entretenait avec ses amis et qui étaient chez lui si remarquables ». Grâce à son esprit tolérant, les catholiques de Halifax, au nombre d’environ 2 000 en 1820, furent mieux acceptés dans l’ensemble de la société qu’ils ne l’avaient été antérieurement à son arrivée.
Edmund Burke est l’auteur de Letter of instruction to the Catholic missionaries of Nova-Scotia, and its dependencies (Halifax, 1804) ; Remarks on a pamphlet entitled Popery condenmed by Scripture and the Fathers (1809) ; Remarks on the Rev. Mr. Stanser’s examination of the Rev. Mr. Burke’s Letter of instruction to the C.M. of Nova Scotia ; together with a reply to the Rev. Mr. Cochran’s fifth and last letter to Mr. B. published in the Nova-Scotia Gazette [...] (1805) ; A treatise on the first principles of Christianity [...] (2 vol., 1808–1810) et de A treatise on the ministry of the church […] (2 vol. en 1, Dublin, 1817).
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R. A. MacLean, « BURKE (Bourke), EDMUND (1753–1820) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burke_edmund_1753_1820_5F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/burke_edmund_1753_1820_5F.html |
Auteur de l'article: | R. A. MacLean |
Titre de l'article: | BURKE (Bourke), EDMUND (1753–1820) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |