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CHAMBERS, ERNEST JOHN, officier de milice, journaliste, auteur et fonctionnaire, né le 16 avril 1862 à Penkridge, Angleterre, dernier fils d’Edward Thomas Chambers et de Louisa Percy Davies ; le 31 août 1898, il épousa Bertha Macmillan, de Kingston, Ontario, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 11 mai 1925 à Vaudreuil, Québec.

Ernest John Chambers fréquenta la grammar school à Penkridge. En 1870, sa famille immigra au Canada. Son père deviendrait directeur de l’établissement montréalais de la Société d’école anglaise et canadienne à Montréal. Ernest John poursuivit ses études à la Prince Albert School de Saint-Henri-des-Tanneries (Montréal), puis à la High School of Montreal. Dès sa jeunesse, il manifesta du goût pour la milice : il accéda rapidement à un grade de capitaine dans le Montreal High School Cadet Rifles et, dans les années 1880, il serait officier dans le 6th Battalion of Infantry (Fusiliers).

À l’instar de son frère Edward Thomas Davies, Chambers opta pour le journalisme. En qualité de correspondant du Montreal Daily Star, il se rendit dans l’Ouest en 1885 pour faire des reportages sur la répression du soulèvement métis par le major général Frederick Dobson Middleton*. Il fut aide-de-camp volontaire aux batailles du ruisseau Fish et de Batoche (Saskatchewan) et participa aux opérations contre Gros Ours [Mistahimaskwa*], ce qui lui valut d’être décoré. En 1888–1889, il fut directeur de la rédaction et éditeur du Calgary Herald.

De retour à Montréal, Chambers fut, de 1893 à 1896, copropriétaire et rédacteur en chef de la Canadian Military Gazette. Les histoires de régiments qu’il produisit à compter de 1897 (il avait repris du service dans le 6th Battalion) montrent combien ses convictions militaristes et impérialistes le guidaient. Par exemple, dans Origin and services of the 3rd (Montreal) Field Battery of Artillery, paru à Montréal en 1898, il dépeignait une unité fière d’étaler sa « détermination à faire en sorte que l’Union Jack flotte toujours au-dessus du grand dominion [du Canada] ». En avril 1903, lorsque la milice forma une unité de renseignements, le Corps of Guides, il devint l’un des capitaines et officiers du renseignement du district militaire no 5 (Montréal et le sud-ouest de la province de Québec). En outre, il s’illustra dans les cercles montréalais de musique. Associé au Montreal Amateur Operatic Club et à la chorale de la cathédrale Christ Church, il avait été nommé en 1901 secrétaire honoraire au Canada de deux organismes britanniques, la Royal Academy of Music et le Royal College of Music.

Chambers quitta Montréal pour Ottawa à la suite de sa nomination, le 1er mars 1904, à un prestigieux poste de fonctionnaire au Sénat, celui de gentilhomme huissier de la verge noire. Quatre ans plus tard, il assuma en plus la direction du Canadian parliamentary guide. En 1912, la section canadienne de l’Empire Parliamentary Association le choisit comme secrétaire. Même après son installation dans la capitale fédérale, il continua d’appartenir au Corps of Guides, où il fut promu major en 1911, lieutenant-colonel en 1915 et colonel en 1917.

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le gouvernement avait instauré une surveillance des transmissions internationales par câble et par télégraphie sans fil. Tout en continuant d’exercer ses fonctions parlementaires, Chambers travaillait comme censeur au quartier général de l’armée. De temps à autre, étant donné son expérience journalistique, il était appelé à s’adresser à la presse. Moins d’un an après le début des hostilités, le cabinet des ministres, après avoir constaté qu’il y avait des fuites, fut forcé de resserrer son contrôle. Le 10 juin 1915, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre, il créa, par un arrêté en conseil, le poste de censeur en chef de la presse. Vu ses remarquables talents pour les rapports interpersonnels, ses nombreuses relations dans les milieux du journalisme et ses solides états de service dans la milice et la promotion de l’Empire, Chambers obtint ce poste. Il était habilité à biffer tout écrit qui critiquait la politique militaire, prônait la désaffection, aidait l’ennemi ou « mett[ait] en péril [de quelque autre manière] le succès des opérations de guerre ». Tout de suite, pour les encourager à coopérer, il fit distribuer des instructions aux éditeurs, aux services policiers, aux fonctionnaires de tout le pays et à tout groupe susceptible de traiter de l’information sur le conflit.

Chambers s’employa à soustraire à la vue des citoyens tout ce qui risquait de compromettre leur engagement dans l’effort de guerre, y compris les détails horribles sur la vie dans les tranchées. Les lettres de soldats reproduites dans les journaux devaient être irréprochables. Certains rédacteurs en chef, dont Frederick William Field du Monetary Times de Toronto, prenaient la précaution de montrer les lettres à Chambers. Le censeur en chef approuvait volontiers des extraits inoffensifs – « les tranchées n’étaient pas si mal », par exemple. Cependant, il exigea la suppression d’un passage où un simple soldat avait écrit : « celui qui a dit que la guerre était l’enfer n’y connaissait rien ; c’[est] bien pire ». En outre, des règlements adoptés de 1915 à 1918 lui donnèrent une assez grande latitude quant à l’arrangement du contenu des photographies, des films, des productions théâtrales, des enregistrements pour gramophone et même des partitions musicales destinés au public.

En général, Chambers agissait avec beaucoup de doigté, mais parfois, il avait la main lourde. Au cours de son mandat, il interdit 253 tracts. De ce nombre, 222 venaient des États-Unis, 164 parurent dans une autre langue que le français ou l’anglais et 93 défendaient des idées de gauche. Ses interdits et sa surveillance reflétaient l’intolérance à l’égard du pacifisme, l’antipathie des milieux officiels envers le socialisme de même que les fortes tendances « nativistes » de l’époque, et ils eurent pour effet de les renforcer. Au début de la guerre, Chambers avait voulu sévir contre la presse en langue étrangère, mais ses pouvoirs étaient alors limités et ses supérieurs politiques, prudents. Il tenta plusieurs fois d’amener le Devoir (Montréal) d’Henri Bourassa* à atténuer ses dénonciations de la guerre, mais le premier ministre sir Robert Laird Borden* intervint chaque fois, par crainte d’un choc en retour. Néanmoins, les pouvoirs de Chambers s’accrurent constamment. Un arrêté en conseil de septembre 1918 l’autorisa à fermer toutes les entreprises de publication en « langue ennemie ». Par la suite, des amendements l’autorisèrent à sévir dans des cas qui n’avaient rien à voir avec la guerre. Par exemple, à la suite de la grève générale de Winnipeg en 1919, il frappa d’interdiction un journal yiddish favorable aux grévistes, le Volkstimme.

Le poste de censeur en chef de la presse fut éliminé à la fin de 1919. Chambers, qui fut porté en avril 1920 sur la liste des réservistes du Corps of Guides, continua quand même de lutter contre ceux en qui il voyait des ennemis. Ainsi, à titre officieux, il donna des avis à la Gendarmerie royale à cheval du Canada sur les « dangereuses » tendances gauchisantes de périodiques tels le British Columbia Federationist de Vancouver et le Searchlight de Calgary.

Quand ses fonctions parlementaires lui laissaient des loisirs, Chambers se consacrait à ses sports préférés – le golf, le yachting, le tir et la pêche – dans la région d’Ottawa et au Québec. Il dirigea le Canadian parliamentary guide et fut gentilhomme huissier de la verge noire jusqu’à son décès, survenu dans sa maison d’été de Vaudreuil, après une courte maladie pulmonaire. De confession anglicane, il fut inhumé au cimetière du Mont-Royal à Montréal. Les éloges funèbres et les nécrologies évoquèrent moins la censure draconienne qu’il avait exercée durant la guerre que sa production littéraire et ses années de service sur la colline du Parlement. « Il cadrait mieux que quiconque avec le rituel et le symbolisme parlementaires », dit l’Ottawa Evening Journal.

Jeffrey A. Keshen

Les publications d’Ernest John Chambers comprennent : The Montreal Highland Cadets ; being a record of the organization and development of a useful and interesting corps, with some notes on the cadet movements in Britain and Canada (Montréal, 1901) ; The Queen’s Own Rifles of Canada ; a history of a splendid regiment’s origin, development and services [...] (Toronto, 1901) ; The Governor-General’s Body Guard, a history of the origin, development and services of the senior cavalry regiment in the militia service of the Dominion of Canada [...] (Toronto, 1902) ; «The Duke of Cornwall’s Own Rifles » ; a regimental history of the Forty-Third Regiment, active militia of Canada (Ottawa, 1903) ; The 5th Regiment, Royal Scots of Canada Highlanders ; a regimental history (Montréal, 1904) ; The book of Canada ; illustrating the great dominion [...] (Montréal, [1905]) ; The Royal North-West Mounted Police : a corps history (Montréal, 1906) ; et The Canadian militia ; a history of the origin and development of the force (Montréal, [1907]).

AN, MG 26, H ; RG 6, E1.— Ottawa Evening Journal, 12–13, 15 mai 1925.— W. A. Bausenhart, « The Ontario German language press and its suppression by order-in-council in 1918 », Études ethniques au Canada (Calgary), 4 (1972), nº 1/2 : 35–48.— Canada, dép. de la Milice et de la Défense, Militia list (Ottawa), 1903–1920.— Canadian annual rev., 1903 : 412.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1905 : 39 ; 1918 : 87.— Canadian who’s who (1910).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— W. Entz, « The suppression of the German language press in September 1918 (with special reference to the secular German language papers in western Canada) », Études ethniques au Canada, 8 (1976), nº 2 : 56–70.— G. S. Kealey, « The early years of state surveillance of labour and the left in Canada : the institutional framework of the Royal Canadian Mounted Police security and intelligence apparatus, 1918–1926 », dans Espionage : past, present and future ?, W. K. Wark, édit. (Londres, 1994), 129–148 ; « State repression of labour and the left in Canada, 1914–20 : the impact of the First World War », CHR, 73 (1992) : 281–314.— J. A. Keshen, Propaganda and censorship during Canada’s Great War (Edmonton, 1996).— Arja Pilli, The Finnish-language press in Canada, 1901–1939 : a study in the history of ethnic journalism (Helsinki, 1982).— Who’s who and why, 1919–1920.— Who’s who in Canada, 1922.

Bibliographie générale

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Jeffrey A. Keshen, « CHAMBERS, ERNEST JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chambers_ernest_john_15F.html.

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Auteur de l'article:    Jeffrey A. Keshen
Titre de l'article:    CHAMBERS, ERNEST JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    19 mars 2024