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CONSTANTINE, CHARLES, fonctionnaire et officier de police et de milice, né le 13 novembre 1846 à Bradford, Yorkshire, Angleterre, fils unique d’Isaac Constantine et de Mary Rhodes ; le 5 novembre 1873, il épousa à Point Douglas (Winnipeg) Henriette Armstrong (décédée en 1934), et ils eurent trois fils, dont deux moururent jeunes ; décédé le 5 mai 1912 à Long Beach, Californie.
Charles Constantine immigra dans le Bas-Canada avec ses parents vers la fin des années 1840 et passa ses années de formation à Stanbridge. Attiré tôt par la vie militaire, il s’enrôla dans la milice locale. En 1870, il se porta volontaire pour la Rivière-Rouge (Manitoba) [V. Garnet Joseph Wolseley], où il arriva en juin avec le 2nd (Quebec) Battalion of Rifles. À l’époque de son mariage en 1873, son engagement militaire prit fin et il fut nommé shérif adjoint du Manitoba sous l’autorité de son beau-père, Edward Armstrong. Il quitta cette fonction en juillet 1880 pour devenir chef de police de la province. Par la suite, il fut également inspecteur des permis et président de la commission de contrôle des permis d’alcool.
La rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*] donna à Constantine l’occasion de réintégrer l’armée. Il s’enrôla dans le Winnipeg Light Infantry Rifles à titre de capitaine et en devint adjudant. Son expérience des affaires policières et militaires ainsi que sa connaissance de l’Ouest en faisaient un candidat presque tout désigné pour la Police à cheval du Nord-Ouest. Après avoir sollicité une commission en août 1886, il fut nommé inspecteur le 26 octobre. On l’envoya à Banff (Alberta) afin qu’il installe un détachement dans le nouveau parc national. Deux ans plus tard, le 28 avril, il fut affecté à la Depot Division (Regina) ; il vivait et travaillait à Moosomin.
En mai 1894, Lawrence William Herchmer, commissaire de la Police à cheval, convoqua Constantine à Ottawa et lui confia une mission spéciale : aller évaluer la situation au Yukon. L’afflux des mineurs américains, le trafic de l’alcool et ses effets sur les Amérindiens de même que toute la question de l’ordre public préoccupaient le gouvernement. Constantine passa moins de quatre semaines dans le Nord, mais il y affirma la souveraineté du Canada en appliquant les règlements douaniers. Dans son rapport, il recommanda l’envoi d’une quarantaine de policiers à cheval au Yukon. Finalement, en 1895, les autorités fédérales décidèrent d’y affecter 20 hommes sous le commandement de Constantine. Ce petit contingent arriva en juillet à Forty Mile, sur le fleuve Yukon, et se mit sans délai à bâtir le fort Constantine, premier poste de la Police à cheval sur le territoire. D’autres hommes arrivèrent en 1897, si bien qu’il y avait des policiers dans toute la vallée du Yukon au plus fort de la ruée vers l’or en 1898 [V. sir Samuel Benfield Steele].
Promu surintendant en 1897, Constantine retourna dans les Prairies en juin 1898 et exerça le commandement tour à tour à Moosomin, à Regina et au fort Saskatchewan (Fort Saskatchewan, Alberta). En 1902, dans le cadre d’une mission confidentielle, il enquêta sur l’industrie baleinière de la côte ouest des États-Unis. L’année suivante, on l’envoya installer des détachements au fort McPherson (Fort McPherson, Territoires du Nord-Ouest) et dans l’île Herschel, au Yukon. Arrivé au fort le 14 juillet avec cinq autres policiers, dont Francis Joseph Fitzgerald, il loua un bâtiment qui servirait de quartiers, ordonna à Fitzgerald de se rendre dans l’île Herschel et repartit dès le 16. Pour lui, ces détachements n’étaient là qu’à titre temporaire afin de veiller à ce que les pêcheurs de baleine américains acquittent les droits de douane. Mais les dés étaient jetés. En franchissant le cercle polaire, la Police à cheval du Nord-Ouest avait ouvert un nouveau chapitre de sa propre histoire et de celle du Nord.
En 1905, Constantine fut placé à la tête de la toute nouvelle division N, qui englobait le district d’Athabasca. Sa principale mission n’avait rien à voir avec le travail habituel de la police. Il s’agissait d’aménager une piste de 750 milles pour relier le fort St John (près de Fort St John, Colombie-Britannique) à l’extrémité du lac Teslin, au Yukon. Constantine supervisa lui-même cette mission incroyable en 1905 et, bien que des mésaventures l’aient empêché d’atteindre le bout de la piste en 1906, il retourna sur les lieux en 1907 pour évaluer l’avancement des travaux. La même année, sa santé l’obligea à renoncer au commandement direct et à retourner à son quartier général, au Petit lac des Esclaves. Son rêve d’être le premier policier à cheval à pénétrer dans le Yukon par le sud-est s’évanouit en 1908, car on abandonna alors la piste à mi-chemin.
En 1908, Charles Constantine prit le commandement de la division A (Maille Creek, Saskatchewan). Trois ans plus tard, il fut muté à Prince Albert, où il contracta la fièvre typhoïde. Il mourut en 1912 des suites d’une opération subie en Californie, où il était allé en convalescence, et fut inhumé à Winnipeg avec tous les honneurs militaires. Dédaigneux de l’administration et des tracasseries bureaucratiques, Constantine avait son franc-parler. Robuste sans être imposant, il était tenace et industrieux, qualités essentielles dans la Police à cheval du Nord-Ouest à l’époque pionnière.
AN, MG 30, E55 ; RG 2, P.C. 1916, 26 oct. 1886 ; P.C. 1201, 26 mai 1894 ; RG 9, II, B1, 82, dossier 12069 ; RG 18, 22, dossier 383-1888 ; 100, dossier 17-1896 ; 1121, dossier 384-1888 ; RG 31, C1, 1851, Missisquoi, [Québec], district 224, no 1 : 31.— Gendarmerie royale du Canada (Ottawa), Hist. sect., Service file O.79.— General Register Office (Londres), Reg. of births, Bradford (Yorkshire), 13 nov. 1846.— PAM, GR 1530, 55, 14 déc. 1871 ; 265, 26 juill. 1880 ; 570, 14 nov. 1881 ; 1484, 30 avril 1884.— St John’s cemetery (Winnipeg), Tombstone inscription.— Manitoba Free Press, 26 nov., 4 déc. 1881 ; 14 mai 1912.— Manitoban (Winnipeg), 8 nov. 1873.— Regina Leader, 25 avril 1889.— Waterloo Advertiser (Waterloo, Québec), 3 mai 1889.— Whig-Standard (Kingston, Ontario), (9 févr. 1934 : 4.— Winnipeg Free Press, 19 févr. 1934 : 3.— Canada, Police à cheval du Nord-Ouest, Report (Ottawa), 1874–1903, publié par la suite sous le titre Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest, 1904–1907.— W. R. Morrison, Showing the flag : the mounted police and Canadian sovereignty in the north, 1894–1925 (Vancouver, 1985).
Glenn Wright, « CONSTANTINE, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/constantine_charles_14F.html.
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Auteur de l'article: | Glenn Wright |
Titre de l'article: | CONSTANTINE, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |