BUTLER, JOHN, homme d’affaires et fonctionnaire, né probablement en Angleterre ; il épousa le 29 octobre 1753, à Halifax, Rachel Wall, une veuve ; décédé le 25 octobre 1791, à Martock, Somersetshire, Angleterre.
John Butler vint à Halifax via l’île Long, New York. Il reçut une propriété lors du premier lotissement des terres, à Halifax, en 1749. Par la suite, il en acquit d’autres, de grande étendue, dans le futur comté de Hants, et, quelque temps avant 1754, construisit l’hôtel Great Pontack qui devint le centre des activités sociales à Halifax. En 1758, on en parlait comme d’un distillateur, probablement à cause de ses relations avec Joshua Mauger. Il était l’agent d’affaires de la compagnie anglaise Watson and Rashleigh [V. sir Brook Watson*] et, quand Mauger quitta la Nouvelle-Écosse, en 1760, Butler y devint son fondé de pouvoir. Avec Michæl Francklin et Isaac Deschamps*, il veillait aux intérêts économiques et politiques de Mauger dans la province.
En 1762, Butler fut élu à la chambre d’Assemblée comme un des représentants du comté de Halifax. Dix ans plus tard, il fut nommé au Conseil de la Nouvelle-Écosse, sur la recommandation de Francklin, alors lieutenant-gouverneur, et devint agent pourvoyeur et officier payeur des troupes de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve à la mort de Benjamin Gerrish. Fait lieutenant-colonel dans la milice de Halifax le 1er janvier 1774 et nommé au nombre des juges de la Cour inférieure des plaids communs, trois mois plus tard, il reçut une commission de colonel en titre dans la milice le 1er novembre 1776. Pendant la Révolution américaine, il se joignit aux marchands de Halifax pour équiper un navire armé, le Revenge.
Le souci principal de Butler, cependant, visait le progrès des intérêts de Mauger en Nouvelle-Écosse. En 1761, il adressa avec succès une pétition à l’Assemblée pour s’opposer à deux projets de loi qui auraient allégé le tarif douanier qui protégeait les distilleries de Mauger. En 1767, Butler et John Fillis avaient la mainmise sur les cinq sixièmes du commerce du rhum dans la province. Cette année-là, le réseau d’affaires Halifax-Londres s’alarma quand le gouverneur, lord William Campbell, donna son appui à un projet de loi pour réduire le tarif protecteur. Bien que Butler parût devant le conseil pour marquer son opposition au projet, la mesure fut votée. Rapidement, Butler et Fillis adressèrent une pétition, opposée à la loi, au Board of Trade, et les marchands de Londres, représentés par Butler, purent tirer parti du fait qu’ils avaient la main haute sur la dette de la province pour convaincre le Board of Trade de rétablir l’ancien tarif.
Les adversaires politiques, les amis temporairement insolvables et les gouverneurs tracassiers recevaient de Butler un traitement uniforme : il les harcelait impitoyablement. John Day, un rival politique qui jouissait d’une réputation d’honnêteté, vit son crédit sérieusement ébranlé par une lettre anonyme que Butler transmit à Watson and Rashleigh ; Malachy Salter aurait perdu son navire, le Rising Sun, aux mains de Butler, si ce dernier eût réussi à persuader Simeon Perkins* de saisir le bâtiment pour dettes ; et Michæl Francklin, fortement endetté envers Mauger, fut à plusieurs reprises mis dans l’embarras à cause de la manière méprisante avec laquelle Butler le traitait. L’animosité de Butler à l’endroit du gouverneur Campbell se manifesta par de constantes intimidations, et, en 1773, Butler et Mauger lancèrent une campagne pour obtenir son rappel.
L’affrontement le plus féroce de Butler se produisit avec le successeur de Campbell, Francis Legge. Le désir de ce dernier de mettre de l’ordre dans les finances de la colonie amena un examen complet des comptes publics en 1774–1775. Pendant la première année, Legge, aidé par l’Assemblée, réussit dans son projet et parvint même à poursuivre certaines personnes pour des sommes d’argent dues au trésor ; mais, quand Jonathan Binney* choisit d’aller en prison plutôt que d’accepter le verdict de la cour, les adversaires de Legge saisirent l’occasion pour saper la position du gouverneur auprès des autorités de la métropole. Leurs méthodes étaient totalement dénuées de scrupules, même par rapport aux normes politiques du xviiie siècle. Legge répliqua, étiquetant plusieurs des députés de la chambre comme « débiteurs publics », cherchant sans succès à obtenir la démission de la plupart des conseillers et enquêtant sur une accusation, qui se trouva fausse, selon laquelle Butler aurait entretenu une correspondance avec des rebelles américains. Legge dut partir de Halifax le 12 mai 1776 pour tenter de se justifier à Londres. L’année suivante, Butler fut décrit fort à propos comme celui « qui se qualifie lui-même de seigneur, roi et gouverneur de Halifax ». On croit qu’il quitta la Nouvelle-Écosse vers 1781, mais on ignore tout de sa carrière ultérieure.
APC, MG 23, A1, sér. 1, 13, no 2 474, Mauger à Pownall, 9 déc. 1773.— Conn. Hist. Soc. (Hartford), Jonathan Trumbull papers, Mauger à Trumbull, 24 nov. 1752.— Halifax County Court House (Halifax), City of Halifax allotment book (mfm aux PANS).— Halifax County Court of Probate (Halifax), Book 4, p.27, no 87 (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 447 (D. C. Harvey docs.), folder 198 ; RG 1, 44, doc.67 ; 45, doc.7 ; 47, p.91 ; 136, p.255 ; 168, pp.349s., 355s., 480, 517–519 ; 211, 3 mai 1762 ; 212, 3 mars 1776.— PRO, CO 217/26, pp.239, 271 (mfm aux PANS).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Registers of baptisms, burials, and marriages, 29 oct. 1753 (mfm aux PANS).— Somerset Record Office (Taunton, Angl.), Martock, Register of burials, 2 nov. 1791.— Brebner, Neutral Yankees.
Allan C. Dunlop, « BUTLER, JOHN (mort en 1791) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/butler_john_1791_4F.html.
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Auteur de l'article: | Allan C. Dunlop |
Titre de l'article: | BUTLER, JOHN (mort en 1791) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |